« Le charme des marins c’est que quand ils arrivent, ils ne veulent plus repartir mais que, quelque temps après, ils sont à nouveau prêts à partir autour du monde ! » Le 3 février 2004 quand il mettait pied-à-terre à Brest Brest #brest après un tour du monde extraordinaire en 72 jours, 22 heures et 54 minutes, le héros Joyon ne pensait sûrement pas à remettre le couvert de si tôt. Un couvert que d’ailleurs personne ne devait soulever avant longtemps. Mais le couvert a sauté, moins d’un an plus tard, quand la jeune Ellen MacArthur a oblitéré le temps de référence international de 32 heures et près de 36 minutes. Ce bon coup de la Dame d’outre-Manche ajouté au record Record #sailingrecord de l’Atlantique Sud battu par Thomas Coville et puis le crash spectaculaire du bon vieil Idec sur les côtes bretonnes après un nouvel exploit du Français Francis sur l’Atlantique Nord ont fait mûrir une nouvelle envie de conquête dans l’esprit du marin. Et le re-voilà donc officiellement sur la route. Sur celles en bitume qui mènent au chantier pour le moment. Sur celles du grand Sud dès septembre 2007.

Dans un premier temps, Francis Joyon a envisagé de racheter à Olivier de Kersauson son trimaran Geronimo (32 mètres) qui devrait être bientôt remplacé. Trop cher pour le skipper et son fidèle sponsor. Ils enquêtent alors auprès des architectes et plus particulièrement auprès de Nigel Irens (auteur du Castorama d’Ellen et du 60 pieds de Francis avec lequel il a gagné la Transat Anglaise) et de Van Peteghem et Lauriot-Prévost (auteurs d’Idec ex-Poulain, de Geronimo et du futur Groupama 3). C’est finalement à Nigel Irens que Joyon a confié la conception d’un... trimaran ! « Ce n’est pas un prao ! » a certifié le skipper lors de la conférence de presse parisienne placée sous embargo depuis un mois. Pour le reste, quasiment rien n’a filtré. On ne connaîtra pas la taille du bateau... « Il y a des projets concurrents car le monde des records est de plus en plus attirant. Je souhaite donc garder l’avantage de mon expérience autour du monde » a ajouté Joyon. Dans le dossier de presse officiel, on en sait un peu plus : « Il aura trois coques, sera rouge... mais sera également un peu plus long que le détenteur actuel du record Record #sailingrecord du tour du monde » dixit Nigel Irens. Le trimaran d’Ellen MacArthur mesurant 75 pieds, on serait peut-être alors proche des 80 pieds du projet de monotype Monotype #sportboats conçu pour Yves Parlier.

Le géant sera en tout cas construit chez Marsaudon Composites dans la base sous-marine Marine Marine nationale de Lorient Lorient L’actualité du port de Lorient et de sa région. . Il bénéficiera d’une mise en œuvre originale pour un bateau de cette taille (25 mètres ou plus). « Cette méthode est nouvelle et présente un rapport qualité - prix intéressant » précise d’ailleurs le Français Benoît Cabaret, l’associé du sorcier de Bristol et chargé plus particulièrement de l’informatique. « Ici, on n’est pas dans le cas des anomalies de jauge comme pour les multicoques de 60 pieds où l’on a utilisé des technologies non indispensables pour aller en mer. Cette fois-ci, on est plus près de ce que l’on sait faire. Et avec l’infusion, on prévoit dès la conception un bateau solide à la mer, qui se mène avec moins de risque et qui est moins cher que du pré-imprégné (50 % d’économie annoncée) » ajoute Dominique Marsaudon qui construit le bateau avec son fils à Lorient Lorient L’actualité du port de Lorient et de sa région. . L’ancien skipper - constructeur annonce aussi que le bateau ne devrait pas être plus de 15% plus lourd que s’il était construit en pré-imprégné.

La mise en œuvre dans une des alvéoles de la base sous-marine Marine Marine nationale de Lorient a déjà commencé « depuis 3 semaines un mois ». Un an de chantier est prévu et Francis Joyon compte sur une mise à l’eau en mai 2007 pour pouvoir tenter un nouveau record dès septembre de la même année. Côté chrono, il compte « gagner 3 à 4 jours sur le temps d’Idec » établi en 2004. Soit un tour du monde sous la barre des 70 jours et à peine 20 de plus que celui en équipage détenu par Bruno Peyron. Un record à la portée de cette évolution du trimaran d’Ellen puisque celle-ci a longtemps tenu un rythme proche des 68 jours autour du monde. Reste qu’en 2007, Joyon ne sera peut-être pas seul sur la ligne de départ... Thomas Coville serait sur les rangs avec une autre machine de course pour les records en solo. De là à voir ces deux-là, au moins, en match-race contre la montre autour du monde... « Partir en groupe apporte une pression supplémentaire. Et ce n’est pas ce que je cherche pour le moment » sourit Joyon. Quand on est solitaire...