TROPHEE JULES VERNE
Un anticyclone peut en cacher un autre
Orange est reparti plein sud
vendredi 15 mars 2002 –
5 heures 45 ce matin. Nuit opaque. Orange glisse 20 noeuds dans un vent de Nord Ouest bien établi. Philippe Péché prend son quart. Comme à l’accoutumée, les hommes montant sur le pont ralentissent légèrement le " géant " et se livrent à une inspection complète du bateau avant de relancer la machine pour une impitoyable chasse aux milles. Un objet brille sur les filets, une petite tige de métal longue de 50 cm. Péché la ramasse et scrute instinctivement la tête de mât ; " la têtière de grand voile ! " pense - t’il.
En quelques minutes, Florent Chastel est hissé en tête de mât (voir photo du jour). Bingo ! Le chariot de têtière de grand voile a perdu sa butée, libérant une des deux tiges de métal qui assurent la rigidité et le bon fonctionnement du chariot. Les " castors juniors " du bord entrent en action. Deux heures d’usinage et Yves Le Blévec et Ronan Le Goff, lampe frontale allumée et lime à la main, livrent une merveille de chariot. On renvoie jusqu’au premier ris. On borde le gennaker médium et Orange reprend sa course. 20 noeuds tout d’abord, puis 23,24... temps réel perdu : 5 heures, soit une cinquantaine de milles. L’anticyclone, lui, n’a pas ralenti. La concertation entre le bord et les spécialistes de Météo-Consult prend un ton unanime : il faut couper le centre des hautes pressions, en pariant sur une évacuation rapide des zones de calme au Nord-Est, afin d’entrer avec un minimum de transition dans les forts vent d’ouest qui circulent par 40° Sud. La mer s’est faite plus dure. Orange est reparti plein sud. 14e jour de course. Une journée ordinaire sur le Jules Verne, entre défi technologique, pari météo et réactivité des marins...
Ils ont dit :
Gilles Chiorri : " Nous marchons à 24 noeuds sous grand voile un ris et gennaker médium, route au sud. Samedi et dimanche seront décisifs, car il nous faudra traverser une zone de calme. Mais il y a du vent derrière, beaucoup d’air pour nous propulser pleine balle vers le sud du continent africain... "
Philippe Péché : " C’est un vrai coup de chance ! Pensez, une tige métallique de 5O cm de long qui tombe d’une hauteur de 40 mètres sur notre filet ! Elle aurait pu couler à pic, et nous n’aurions découvert l’avarie qu’avec " l’explosion de la têtière de GV ! Nous avons eu de la chance... après, les petits génies du bord, roi de la caisse à outils s’en sont donnés à coeur joie de tout réparer. Plus que jamais, la vigilance et la surveillance de tous les instants sont à l’ordre du jour de chaque quart. "
Bruno Peyron : " La grande réactivité de ce groupe ne cesse de m’étonner. L’avarie à peine déclarée, ils étaient neuf sur le pont à ralentir le bateau, envoyer un homme dans le mât, puis amener la GV et réparer... On savait le Trophée Jules Verne exigeant sur le plan technique et compliqué sur le plan météo, c’est surtout une histoire Histoire #histoire d’hommes... "
Denis van den Brink / Mer & Media / Orange
Voir la carte du tour du monde : Geronimo vs Orange
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