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Transat Paprec 2025 : Charlotte Yven et Hugo Dhallenne vainqueurs à St Barth

vendredi 9 mai 2025Redaction SSS [Source RP]

Ils faisaient partie des grands favoris de cette édition. Deux ans après sa victoire avec Loïs Berrehar, Charlotte Yven a décidé de s’élancer à nouveau avec Hugo Dhallenne, un des skippers les plus performants de la classe. Skipper Macif a impulsé le tempo tout au long de la course avant de faire la différence dans les dernières heures. En s’imposant pour la 2e fois, Charlotte Yven est la première skippeuse à remporter la Transat Paprec à deux reprises, ce que seul Armel Le Cléac’h avait déjà réalisé.


LEUR COURSE DÉCRYPTÉE. En or Macif !

Porter les couleurs de Skipper Macif, c’est l’assurance de viser haut. La filière s’est déjà fait une réputation et le sponsor a accompagné le dernier vainqueur du Vendée Globe, Charlie Dalin. En Figaro, c’est déjà un bateau Skipper Macif qui avait remporté la victoire, il y a deux ans. Charlotte Yven était devenue la deuxième femme lauréate de l’histoire de la course - seule Karine Fauconnier avait inscrit son nom au palmarès (en 2000) - après l’avoir emportée avec Lois Berrehar. Charlotte est donc de retour, cette fois avec Hugo Dhallenne, vainqueur de la Mini Transat 2021 et skipper hors pair.

Au bout du bout d’un “sacré match race”

L’hiver est studieux entre les entraînements, les briefings météo et la colocation pour parfaire le duo. « On a coché le plus de cases », assument-ils avant de s’élancer. Au départ à Concarneau, Charlotte et Hugo donnent la sensation de vouloir couper court aux interviews. Finis les mots, place aux actes. Dès le top départ, Skipper Macif est aux avant-postes. Ils filent légèrement à l’Ouest au Cap Finisterre et passent le way point de la Palma avec 7 minutes de retard sur les premiers d’alors (Martin Le Pape et Mathilde Géron sur DEMAIN). Dans la longue traversée de l’Ocean Atlantique, ils impulsent le rythme puis s’échappent avec Wings of the Ocean (Alexis Thomas et Pauline Courtois) et Cap Saint Barth (Cindy Brin et Thomas André).

« C’est un sacré match race, c’est intense et ça ne s’arrête jamais », confie alors Hugo. Malgré la décharge d’efforts, le duo est uni, solidaire et complice. « On sait que ça se joue aussi dans les têtes », poursuit le marin. Dans la dernière ligne droite, ils font partie de ceux qui privilégient une route Nord, plus longue mais plus rapide. Et ils tiennent bon jusqu’à ce que le scénario leur sourit enfin. Hier après-midi, alors que la plupart de leurs rivaux sont empétolés, eux profitent d’un « angle exceptionnel qui leur permet de creuser l’écart », explique Francis Le Goff. La course se joue là, après 18 jours de sprint intenable. Charlotte et Hugo ont gardé la tête froide, continué à croire en eux en toutes circonstances et sont ainsi récompensés. Ils peuvent enfin profiter de leur arrivée triomphante à Gustavia.

Charlotte Yven, à jamais la première

Il n’y a pas uniquement le scénario complètement dingue de la fin de course qui restera longtemps gravé dans l’histoire de la Transat Paprec. Il y a la constance de Charlotte Yven au meilleur niveau. Déjà victorieuse il y a deux ans avec Loïs Berrehar, la native de Morlaix s’impose à nouveau. Elle est la seule femme à avoir inscrit son nom au palmarès avec Karine Fauconnier qui avait levé les bras en 2000 avec Lionel Lemonchois.

Vingt-cinq ans plus tard, Charlotte devient donc la première navigatrice à s’imposer à deux reprises. Seul un marin avait réussi pareille performance : Armel Le Cléac’h (2004 et 2010). Interviewé il y a quelques jours, l’actuel skipper en Ultime évoquait d’ailleurs cette perspective : « ça me plairait bien que Charlotte me rejoigne au palmarès des doubles vainqueurs, d’autant qu’elle est originaire comme moi de la baie de Morlaix ! »


Romain Bouillard et Irina Gracheva (Décrochons la lune), deuxièmes de la Transat Paprec !

Le jeune homme, qui dispute sa deuxième saison en Figaro, et la jeune femme qui n’avait jamais participé à une course sur ce support, ont su rester aux avant-postes tout au long de la transatlantique. Bien placés dans la descente vers La Palma, distancés dans la ruée vers l’Ouest dans l’Océan Atlantique, ils se sont accrochés pour se mêler à l’incroyable bataille jusqu’à l’arrivée.

LEUR COURSE DÉCRYPTÉE. La bonne étoile de Décrochons la lune

Ils ne voulaient rien s’interdire, savaient que la course pouvait être aussi indécise et comptaient bien batailler aux avant-postes. Romain avait prévenu tout en assumant « s’autoriser à faire des choix stratégiques engagés et audacieux ». Les deux se sont lancés dans la course avec beaucoup d’envie et de détermination.

Dans le « top 10 » tout au long de la descente vers le Sud, ils pointent à la 3e place après Madère puis passent La Palma moins d’une heure après les premiers (Martin Le Pape et Mathilde Géron, DEMAIN). Dans les alizés, ils se font néanmoins distancer en étant un peu plus nord que les leaders avant de se retrouver, devant la grande zone de molle où se cassent les alizées, avec le groupe des outsiders plus au sud. Ils font d’ailleurs partie de ceux qui ont choisi l’option Sud, la plus courte mais potentiellement la plus délicate. Empétolés à plusieurs reprises, confrontés à un spi déchiré, ils ont tenu bon jusqu’au bout, puisant d’incroyables ressources. À l’arrivée, Romain et Irina parviennent à accrocher une incroyable deuxième place au terme d’un final complètement fou ! Une course dont ils se souviendront probablement très longtemps.


Cindy Brin et Thomas André (Cap St Barth), troisièmes de la Transat Paprec !

Du début à la fin, de leurs entraînements ensemble cet hiver à leur incroyable ténacité sur l’Océan Atlantique, le duo aura réalisé une prestation de haut vol. Première native de Saint-Barthélemy à disputer la course, Cindy a su se jouer de la pression et résister à tout. Libéré et déterminé, le Breton Thomas André a pu exprimer tout son talent, au point de s’offrir une arrivée forcément mémorable à Saint-Barthélemy. Au terme d’un mano à mano dont ils se souviendront sans doute longtemps, le binôme termine seulement 35 secondes devant Maël Garnier et Catherine Hunt (Selencia - Cerfrance), quatrièmes de la Transat Paprec.

LEUR COURSE DÉCRYPTÉE. Stars à domicile

« Ils font une course incroyable », assure Armel Le Cléac’h, double vainqueur de la Transat Paprec. « On a fini par être de moins en moins surpris », s’amuse Francis Le Goff. Et voici la surprise du chef, le tube de l’été, la sensation du moment. L’issue est d’autant plus belle que peu d’observateurs l’avaient prédit. À l’origine de cette histoire, il y a un rêve : celui de Cindy Brin, monitrice de voile à Saint-Barthélemy, personnalité appréciée de l’île qui permet à tant de jeunes de se tourner vers la mer, de disputer « le challenge de sa vie ».

Mais la mère de famille ne souhaite pas faire de la figuration. Alors rien n’est laissé au hasard. Éric Péron, qui a lui-même porté les couleurs de Saint-Barth lors d’éditions précédentes de la Transat Paprec, se décide à lui donner un coup de main. Ils trouvent un bateau, établissent un programme d’entraînement pendant l’hiver et s’accordent sur un co-skipper. Ce sera Thomas André qui a fait ses gammes en Mini et rêve désormais de s’aguerrir en Figaro. Il est aussi le seul à défendre la langue bretonne, qu’il parle couramment, et se fait une joie que leur duo contribue à la fierté des territoires de départ et d’arrivée.

Dès le top départ, l’émotion des « au revoir » est convertie en une incroyable envie. Cap St Barth est même en tête de l’exigeant parcours côtier. Dixièmes au Cap Finisterre, ils sont cinquièmes à La Palma avant de s’insérer parmi le trio de tête avec Wings of the Ocean (Alexis Thomas et Pauline Courtois) et Skipper Macif (Charlotte Yven et Hugo Dhallenne). Le temps passe et Cap St Barth est toujours là, désormais perçu comme un candidat sérieux à une place d’honneur. Après l’incertaine bataille de la fin de course, Cindy et Thomas terminent finalement troisièmes de cette édition, 35 secondes devant le quatrième, et peuvent savourer l’incroyable accueil que vont leur réserver tous les habitants de Saint-Barthélemy.


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