REGATA RUBICON
Première étape : "Un vrai condensé des livres de navigation"
samedi 18 mai 2002 –
"J’espère qu’on n’aura pas trop de près jusqu’à Gibraltar, parce que là, on en a bouffé" s’est exclamé Bernard Stamm (Bobst Group-Armor Lux) dès son arrivée. Partis de Saint-Nazaire samedi dernier, les huit monocoques en course - avant l’abandon de Bob Escoffier - ont navigué cinq jours sur six au près, que ce soit dans du gros temps avant le cap Finisterre ou dans la pétole au large du Maroc. La dernière journée de course, au portant dans les alizés fut une véritable délivrance et un pur moment de bonheur pour l’ensemble des équipages.
"On a fait des surfs à 22-23 noeuds au portant avec le spi de tête" se réjouissait Ellen MacArthur (Kingfisher). Mais toutes ces variations de vent ont imposé de nombreuses manoeuvres ainsi que l’utilisation de toute la garde-robe des bateaux. Les équipages ont donc tiré à fond sur leurs machines et les listes d’avaries sont aussi longues que des jours sans vent. Rail de mât cassé pour Kingfisher. Lattes de grand-voile brisées pour Virbac. Soucis d’accastillage et de communication Communication #Communication pour L’Héautontimorouménos. La palme revient à Bobst Group-Armor Lux dont l’équipage a déjà passé toute la première étape à bricoler, et qui doit encore - entre autres - réparer et démonter une partie du moteur.
Sur Temenos et Tiscali Global Challenge, les soucis viennent plutôt des petites blessures de deux équipiers qui ne pourront repartir sur la seconde étape. Philippe Echassoux, embarqué avec Dominique Wavre, s’est légèrement blessé à un doigt, ce qui est guère compatible avec le milieu marin pour une bonne cicatrisation. Dans l’équipage de Simone Bianchetti, c’est Laurent Cordelle qui ne repartira pas. Il s’est heurté sur la colonne à café la nuit précédant le passage du cap Finisterre, provoquant un bel hématome au niveau des côtes. Rien à signaler du côté de Sill Plein Fruit, dont le bateau et l’équipage semblaient les plus en forme à l’arrivée, à Lanzarote. Preuve, comme disait Michel Desjoyeaux dans le Vendée Globe, que la victoire est due en partie à une très bonne préparation du bateau.
Cette première partie de course fut particulièrement appréciée des coureurs pour sa variété météo et la tactique énigmatique. "On s’est vraiment régalé, dans tous les sens du terme" avouait le vainqueur de cette première étape, Roland Jourdain. "La course en équipage permet de tirer à fond sur les machines. Il y avait matière à faire de belles choses, surtout au niveau stratégique. Tous les scénarios étaient possibles. A l’est, à l’ouest, sur la route directe. Les logiciels de routage nous disaient d’aller d’un côté le matin, et de l’autre l’après-midi.
La dépression, la dorsale anticyclonique, etc... Un vrai condensé des bouquins de nav’ qu’on révise l’hiver." Bilou était également admiratif de la performance du jeune Antoine Koch, qui bien que dernier, a fait une belle étape pour une première expérience en 60 pieds. Enfin sur Temenos, l’ambiance à bord semble avoir atténué la déception de la contre-performance. "J’ai vraiment retrouvé l’ambiance de la Whitbread d’il y a quelques années" a déclaré un Dominque Wavre réaliste, qui avouait très honnêtement ses erreurs de choix météo. "J’ai été trop timide, et n’ai pas osé suivre mes intuitions. Je m’en veux un peu de ne pas avoir plus jouer. C’est sûr que j’en tiendrai compte dans la seconde étape."
Loïc Le Bras
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