Sea, Sail & Surf news

Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

Transat 650 2005 : Corentin Douguet

Transat 650

Record entre La Rochelle et Bahia pour Corentin Douguet

En 24 jours et 21 heures, il succède à Yannick Bestaven et Armel Tripon

jeudi 27 octobre 2005Redaction SSS [Source RP]

C’est à 0h22 heure de Paris jeudi 27 octobre 2005 que Corentin Douguet a coupé en vainqueur la ligne d’arrivée de la Transat 6.50 à Salvador de Bahia (Brésil). Sur son bateau de 6,50 mètres de long, E.Leclerc-Bouygues Telecom, il pulvérise le record Record #sailingrecord de l’épreuve de plus de 4 jours et abaisse le nouveau temps-référence à 24 jours et 21 heures. Déjà vainqueur et recordman de la première étape entre La Rochelle et Lanzarote (Canaries), Corentin Douguet est arrivé deuxième de la deuxième manche, 40 minutes derrière l’espagnol Alex Pella.

Corentin Douguet
Il remporte la Transat 650 quatre ans après sa 17e place

« Je passe par tous les états psychologiques... J’avais préparé un tas de discours toute la journée et je ne sais plus quoi dire, là maintenant.. (un blanc...) C’est bizarre, c’est la première fois que je ne gagne pas une étape cette année et pourtant c’est évidemment la plus belle, la plus belle... (un second blanc...) Je réaliserai plus tard. Je pense que nous allons faire quelques belles fêtes...Je vous embrasse tous ». Quelques premiers mots volés depuis un zodiac, cette nuit, dans l’éclat des fumigènes triomphants, au beau milieu d’une Baie de tous les Saints éclatante de mille feux et bénie pour l’éternité d’un jeune skipper de 31 ans, Corentin Douguet, au bout de son rêve.

Corentin Douguet qui vient de frapper un grand coup à la porte du cercle très fermé des grands marins. Des grands compétiteurs, aussi. Il est minuit 22 en France, ce jeudi 27 octobre 2005. Sous grand voile et foc, au près, il vient tout juste de franchir la ligne d’arrivée de la mythique Transat 6.50 Charente Maritime-Bahia, au terme de quatre jours de duel final extraordinaire avec l’Espagnol Alex Pella. Ce dernier remporte cette étape mais n’a pu refaire que quarante minutes de son retard de 9 heures et 38 minutes concédé à Corentin Douguet lors de la première étape, déjà courue à la vitesse Vitesse #speedsailing record Record #sailingrecord de 8,14 nœuds de moyenne par le skipper d’E.Leclerc-Bouygues Telecom. « Je pars pour gagner la Transat, depuis deux ans toute mon énergie est tendue vers ce but », avait-il répété dès le début de saison. Il l’a fait. C’est fort. On lui pardonne volontiers d’arriver barbu comme un viking. Sa jolie fiancée Marine Marine Marine nationale , qui court elle aussi cette même Transat sur un bateau de série, n’arrivera de toutes façons que dans deux ou trois jours.

Une régularité de métronome

Cette deuxième étape de 2900 milles (plus de 5300 km) à travers l’Atlantique entre Lanzarote et Bahia a été avalée en 18 jours et moins de six heures par le navigateur d’E.Leclerc-Bouygues Telecom. Au total, après sa victoire dans la première étape (6 jours et 15 heures) Corentin Douguet abaisse donc le temps de référence de la Transat 6.50 à 24 jours et 21 heures. Pour l’anecdote, il succède à son ami Armel Tripon, un autre nantais comme lui membre du Team Defimer, qui avait remporté l’édition 2003. Et il abaisse le record Record #sailingrecord de son copain de plus de 4 jours !

Faisant preuve d’une régularité exemplaire, Corentin Douguet, n’a jamais quitté les avants postes de cette édition plutôt ventée de la course, marquée notamment par une première étape entièrement sous spi et un pot au noir aux abonnés presque absents dans la seconde. Depuis le départ de La Rochelle le 17 septembre dernier, puis celui de Lanzarote le 8 octobre, il n’a jamais été classé au-delà de la troisième place de tous les pointages intermédiaires, et le plus souvent monopolisé la première place. Sur son prototype sur plan Manuard à quille orientable et ballasts latéraux, il a su résister sur l’ensemble de l’épreuve aux attaques d’autres grands prétendants comme Yves le Blevec, Sébastien Gladu, Andrea Caracci et pour finir Alex Pella.

En outre, le navigateur d’E.Leclerc-Bouygues Telecom a parfaitement assumé son statut de favori de l’épreuve, en remportant de main de maître cette Transat 6.50 qu’il prépare depuis deux ans déjà et s’offre un palmarès de rêve. Cette année, Corentin Douguet a tout gagné ou presque : Mini Pavois, Mini Fastnet, Transgascogne et maintenant Transat 6.50. La plus belle. Celle qui a donné le goût du large de l’aventure Aventure et de la compétition aux Loïck Peyron, Yvan et Laurent Bourgnon, Yves Parlier, Ellen Mac Arthur, Thomas Coville, Marc Thiercelin, Isabelle Autissier, VDH et autres Thierry Dubois ou Michel Desjoyeaux... Chapeau l’artiste.

Info Bruno Ménard - DEFIMER

Transat 650 2005 : Corentin Douguet
Arrivée à Bahia dans la nuit du 26 au 27 octobre pour le vainqueur de la course

Voir en ligne : www.corentin-ocean.org


Corentin Douguet ou l’atavisme du grand large

« J’avais plus de chances d’être marin que guide de haute montagne. » A 31 ans, le navigateur nantais Corentin Douguet, aujourd’hui basé à La Rochelle, ne rechigne pas à manier la pirouette pour évoquer un atavisme familial profond. Descendant d’officiers de la marine marchande, il est lui-même titulaire de ce diplôme, acquis en deux ans d’études à l’Ecole Nationale de la Marine Marchande de Nantes.

« J’ai fait ma première croisière familiale à l’âge de deux ans, sur le Muscadet de mon père », s’amuse aujourd’hui ce jeune homme à la tête bien faite qui vient de remporter la Transat 6.50 Charente Maritime Bahia après avoir gagné cette même année 2005 - excusez du peu - le Mini Pavois, Le Mini Fastnet, et la Transgascogne. Des croisières familiales donc - « les voiliers de mon père grandissaient en même temps que la famille, on allait souvent en Espagne, en Angleterre, des traversées de manche et du Golfe de Gascogne... » - puis des rencontres déterminantes forgeront sa vocation. Il n’utilisera que rarement son diplôme de la marine marchande, mais en croisant à l’école des spécialistes de voile légère, du Figaro ou de la Coupe de l’America, Corentin se mettra très vite à la compétition : en Laser, en Class 8, en Figaro.

« C’était sympa car avec des garçons comme Thierry Douillard et Fred Guillemin, je découvrais la régate aux avants postes, et on gagnait souvent ». Corentin sera aussi préparateur de Ronan Guérin, et « navigue dès que l’occasion se présente », comme tous ceux pour qui l’appel du grand large et de la compétition est plus fort que tout. L’amour de la mer au ! ssi, quand les vagues se font propices pour le surfeur qu’il est. Sa rencontre avec le Figariste Thierry Chabagny, sera elle aussi déterminante et parallèlement à des courses en double avec lui comme la Transat Ag2R ou le Trophée BPE Saint-Nazaire-Dakar, Corentin Douguet court une première fois la Transat 6.50, en 2001. Grosse frayeur : pendant une manœuvre à l’avant, dans la brise, il tombe à l’eau au large du Portugal. Il parvient heureusement à remonter à bord. « Soutenu par mes amis, j’ai réussi à repartir mais je me suis posé beaucoup de questions, pour en venir à l’idée qu’il me fallait refaire cette course mais avec plus de moyens, plus de temps ». Cette année-là, malgré un arrêt forcé au Portugal, Corentin termine 17e au général. C’est déjà éloquent. Mais, idéalement préparé cette fois, il partait pour faire beaucoup mieux cette année... Et il a fait beaucoup mieux !

« Ce qui m’impressionne le plus chez lui », dit aujourd’hui Thierry Chabagny, « c’est la façon dont il a managé son projet depuis deux ans : il a acheté le meilleur bateau, l’a optimisé comme personne, et au final a fait une navigation parfaite et remporté la Transat, son but ultime. C’est génial et très fort, vraiment très fort. Je me sens super heureux pour lui et j’ai hâte de le retrouver pour faire une grande fête... en espérant qu’il ne prenne pas trop la grosse tête, car avec une victoire comme ça, il ne va plus vouloir me parler ! » Premier éclat de rire... Quelque chose nous dit qu’il va y en avoir beaucoup, des éclats de rires, dans les heures et les jours qui viennent.

B.M.


Le palmarès de Corentin Douguet}

2005 : Vainqueur et recordman de la Transat 6.50 Vainqueur de la Transgascogne Vainqueur du Mini Fastnet (avec Samuel Manuard, architecte de son bateau) Vainqueur du Mini Pavois

2004 : Vainqueur de la Select 6,50 4e du Mini Fastnet avec Thierry Chabagny 3e de l’Open Demi-Clé avec Eric Henseval 2e du circuit 6,50 Vainqueur de Falmouth - Cascais sur Solune (60 pieds mono RORC, Yacht of the year)

2003 : 4e du Trophée BPE St Nazaire - Dakar avec Thierry Chabagny (Figaro) 16e et 2e amateur du Tour de France à la Voile (skipper de Ville de Douarnenez) Championnat de France des équipages : 7e et 1er amateur (Mumm 30) Tour de Bretagne : 7e avec Thierry Chabagny (Figaro)

2002 : Vainqueur du National 6,50 sur Olvac (avec A. Tripon et D. Grimont) National Figaro : 7e Tour de France à la Voile : 7e sur Antibes-NEC (2e barreur) Transat AG2R : 6e avec Thierry Chabagny (Figaro)

2001 : Transat 6,50 : 8e de la 2e étape, 17e au général Circuit 6,50 : 6e (classement établi sur l’ensemble des épreuves) Sélect 6,50 : 4e Mini - Pavois : 5e Mini - Fastnet : 6e avec Thierry Chabagny Championnat de France de Dragon : 3e



A la une