"J’ai du monde qui pousse derrière !" avoue Corentin Douguet [1] la veille du grand départ de Lanzarote. "Mes douze plus proches poursuivants tiennent en douze heures, et les deux plus proches sont à une heure et trois heures... ce n’est rien du tout à l’échelle d’une traversée de l’Atlantique. L’histoire Histoire #histoire récente de la Transat prouve qu’on peut avoir beaucoup d’avance et devoir par exemple abandonner sur casse, comme Samuel Manuard qui démâte en 2003, ou bien mettre énormément de temps à faire les derniers milles. Ceci dit, je préfère tout de même avoir ce petit bonus que du retard, c’est évident, même si je répète que je n’ai vraiment pas un énorme droit à l’erreur. Et comme dans tous les sports, tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie."

Douze heures, cela semble rédhibitoire pour les retardataires qui ont encore l’espoir de venir grimper sur le podium de la Transat 650 Charente Maritime Bahia. Même si la course est encore longue entre les Canaries et Salvador, l’histoire Histoire #histoire démontre ce fait. Et d’ailleurs, pour espérer l’emporter au Brésil, mieux vaut être à la place de Douguet ou Gladu que dans celle de Pella ou de Lamotte. Mais comme temporise le skipper d’E.Leclerc Bouygues Telecom, tout peut arriver tant que la ligne n’est pas franchie et personne n’a oublié le démâtage de Jonathan McKee en 2003 alors qu’il avait course gagnée à l’approche des côtes brésiliennes. Arrivé avec deux heures de retard sur Manuard à Lanzarote, l’Américain avait passé le Français avant de creuser un écart suffisant pour s’imposer. Un démâtage, comme au départ de l’étape pour Fred Duthil, en aura décidé autrement. Plus tard, ce fut au tour de Sam Manuard de perdre son gréement. Quelle édition ! Une édition de la Mini qui sacrera finalement Armel Tripon, arrivé à Lanzarote 5 heures et 38 minutes après le vainqueur de la première étape. En prototype donc, pour récupérer 5 heures de retard à l’issue de la première étape, il fallait compter sur des gros soucis techniques chez les leaders.

En 2001 par contre, Yannick Bestaven, vainqueur de la première étape avait réalisé le coup double au Brésil en distançant Arnaud Boissières, deuxième de la première manche, de plus de 16 heures. L’Anglais Simon Curwen, finalement second, avait perdu encore 10 heures sur Bestaven pour en reprendre 7 sur Boissières. L’exemple de 2003 montre aussi que l’on peut surtout perdre beaucoup sur la seconde étape. Alex Pella n’avait pas terminé dans les dix premiers à Lanzarote. Il termine finalement 3^e au temps cumulé à 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures du vainqueur. S’il a perdu du temps, ses prédécesseurs ont, eux, surtout soit cassé, soit perdu encore plus. Cette année, le Catalan est arrivé 7^e à Lanzarote avec 9h38 de retard sur Douguet. Il va falloir qu’il carbure à fond pour remonter des places au classement. Revenir sur les deux premiers sera une mission très difficile. Le groupe de chasse mené par Adrien Hardi, arrivé 5^e à plus de huit heures du leader a donc un super challenge au programme de la deuxième étape. Dans ce groupe, les écarts sont très serrés et le classement du 5^e au 10^e au classement final risque d’être légèrement bouleversé. Reste à voir s’ils pourront venir manger Sharp ou Le Blévec pour une place sur le podium, voire reprendre Douguet et Gladu sur un bon coup.

Chez les séries, Laureyssens et Pontu sont au coude à coude eux aussi. Mais le groupe de chasse est plus proche. Bauwens, Sorin et Sannié se tiennent en 30 minutes à 5 heures... En comparaison avec l’édition 2003 disputée à deux niveau avec les nouveaux Pogo 2 d’une part, et les autres, les écarts sont plus grands. Les Pogo 2 d’il y a deux ans, étaient arrivés groupés à Lanzarote. Mais Erwan Tymen mettra tout le monde d’accord sur la seconde partie de la course, collant un jour et demi à David Raison ! Un beau signe d’espoir pour les skippers qui ont pris dans les 36 heures dans la vue sur la première manche. En 2001, Olivier Desport était lui parvenu à remonter ses presque 5 heures de déficit sur Michel Mirabel pour gagner la Mini en Pogo 1. Enfin, pour en terminer avec ces statistiques de course, on peut remarquer qu’entre 2001 et 2003, le vainqueur de la première étape s’était finalement imposé au Brésil une fois sur deux. Bestaven pour les protos en 2001. Tymen pour les séries en 2003. Qui de Laureyssens ou Douguet respectera la "tradition" ? Réponse fin octobre sous la chaleur de Bahia...