Le départ a été donné samedi en fin d’après-midi devant La Rochelle. Un départ que l’on pourra désormais appeler "à la rochelaise" puisque les minis ont été lancés sur une ligne pas vraiment perpendiculaire au vent... Pour éviter le long convoyage vers Fort Boyard comme lors des deux éditions précédentes et en raison de l’horaire tardif de lancement, les 650 sont partis à proximité de La Rochelle. Avec une marque au vent au 320 dans ces conditions de nord-nord-est 20-25 noeuds, le premier bord s’est donc joué au débridé. Mais le jury avait prévenu les petits malins : un départ prématuré même réparé, serait pénalisé d’une heure à l’arrivée. Déjà de quoi tuer une course ! Et si ce n’est pas réparé, ce sera 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures ... bye bye !

Avec une telle épée de Damoclès (full carbon ?) pointée sur leurs têtes de mâts, les skippers ont pris leurs distances avec la ligne... Certains même de grandes distances. Au bateau comité on retrouve quand même quelques gars sûrs d’eux comme Yves Le Blévec, Aloys "Aloha" Claquin et Corentin Douguet. Ils s’élancent rapidement en laissant sous leur vent le Slovène Andraz Mihelin qui connaît quelques soucis de voile et doit aller manoeuvrer sur le pont avant de son plan Manuard, le 510 à l’arrêt. Mais alors que les trois Français commencent à abattre pour aller chercher la petite bouée jaune, la meilleure option semble être celle prise par les skippers partis au bateau viseur, sous le vent du comité mais mieux décalé dans l’axe incliné du parcours. C’est ainsi que l’Anglais Nick Bubb vole la vedette aux Frenchies et prend la marque de La Rochelle à son compte. Le ton est donné dès la première bouée, les non-Français ne sont pas là pour amuser la galerie !

Il est alors temps de s’élancer vers Fort Boyard en frolant la meute de bateaux accompagnateurs venue apprécier le superbe spectacle de 72 minis en route vers les Canaries. Le premier à envoyer le spinnaker est l’un des benjamins de la flotte. Il s’agit d’Adrien Hardy qui barre l’ancien mini de Seb Magnen qui a remporté les deux Mini-Transat Mini-Transat #MiniTransat ’97 et ’99. Son numéro 198 fait un peu office de vieux gréement dans cette flotte où les numéros de la génération 500 sont légion, mais la Karen, pardon la carène, est encore très performante. Adrien envoie donc le ballon et se glisse à la deuxième place avant que ses principaux concurrents ne fassent de même. En peu de temps on retrouve vite les leaders aux commandes et Nick Bubb se voit harcelé par une multitude de spis asy largement gonflés. Il y a du vent, du soleil (entre les nuages) et un bon clapot. Ça surfe en direction de Fort Boyard !

Adrien se rend bien compte que la menace vient de derrière et barre la tête vers La Rochelle. D’ailleurs, à son vent, Douguet, Le Blévec et Claquin sont déjà revenus. Sous sont vent, Gallay et le Pogo 2 de Peter Laureyssens sont eux-aussi à l’abordage. A mi chemin vers le fort, on retrouve Bubb qui devance Hardy et Douguet. Il y a deux ans, à ce même endroit, Jonathan Mc Kee devançait Sam Manuard et Fred Duthil. Un plan Roger, un plan Manuard et un plan Magnen. Ce ne sont pas les mêmes bateaux qui mènent ce samedi 17 septembre 2005. Mais ce sont trois bateaux de ces trois mêmes architectes. Intéressant. Espérons alors que le même sort de les attend pas... un démâtage lors de la deuxième étape avait éliminé ces trois grands favoris de l’édition 2003.

Corentin Douguet premier à Fort Boyard

Quand le premiers arrivent à Fort Boyard, c’est Corentin Douguet qui a pris les commandes. A part Nicolas Bunoust qui a dû rentrer au port régler des problèmes de pilote automatique, tout le monde file vers le large. Il faut profiter de la bonne brise du nord pour avaler un maximum du golfe de Gascogne. Ca doit bien mollir au cap Finisterre et tout ce qui est à prendre vers Lanzarote doit l’être au plus vite. Le routage météo d’Yves Le Blévec propose une route qui pointe vers le milieu du golfe pour aller chercher la molle et la bascule avant de redescendre vers la pointe nord-ouest de l’Espagne. Mais en mini, c’est souvent la route la plus courte qui est la plus rapide. Et surtout la vitesse Vitesse #speedsailing . Le Blévec, co-détenteur du record Record #sailingrecord autour du monde à la voile sur Orange II s’y connaît. Il y a quatre ans, à la barre du même bateau, il avait parcouru pas moins de 240 milles lors des premières 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures de course et collé un wagon à tout le monde.

Ce dimanche matin, Yves est d’ailleurs quatrième, à 5 petits milles du leader de la course, le Catalan Alex Pella. L’Espagnol, grand favori de la 15^e Mini, devance son principal concurrent, Corentin Douguet de moins de deux milles. Le troisième homme du podium est Bernard Gallay, l’ancien skipper du Vendée Globe venu frotter ses 46 ans aux petits jeunes de la série. Le premier bateau de série d’ailleurs n’est pas une surprise non plus. Il s’agit du Belge Peter Laureyssens, septième au scratch ! Il devance Olivier Avram, 10^e toutes catégories et Marine Marine Marine nationale Chombart de Lauwe, première femme et 11^e.

Ce premier classement de la Transat 650 Charente Maritime - Bahia présente quelques surprises. Aloys Claquin n’est que 22^e, juste devant Tanguy de Lamotte. Tous deux comptent déjà 22 milles de retard sur le groupe de tête. Romain Vidal, grand favori en série, est à 15 milles de son adversaire numéro 1 Peter Laureyssens. Nick Bubb quui est passé en tête à la "bouée au vent" est 25^e, juste deux petits milles devant le Pogo 1 de Louis Duc. Les deux Slovènes Andraz Mihelin et Kristian Hajnsek ont mal débuté leur course et ils pointent respectivement 46^e et 37^e. Adrien Hardy, juste derrière David Lancry et son proto tout neuf pointe en 43^e place à 33 milles de Pella mais il a pour excuse de connaître des soucis de safran. Isabelle Joschke quant à elle est 50^e, loin de ses logiques prétentions dans la course. Mais la course ne fait que commencer et la hiérarchie va se mettre en place petit à petit.

Le vent moyennement fort et portant qui a soufflé sur cette première nuit de course a imposé un rythme élevé. Les ténors de la classe ont mis le pied au plancher. La victoire d’Armel Tripon en 2003 nous rappelle quand même qu’en 650, rien ne sert de courir... Cian Mac Carthy lui est déjà arrêté. Il a cassé son mât en milieu de nuit. Hardy, Mergui et Noblet déplorent des safrans cassés. Bunoust quant à lui est reparti. Ils sont 71 encore en course.