Sea, Sail & Surf news

Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

Transat 650

Corentin Douguet : "Manuard a dessiné un avion de chasse"

"Avec mes trois victoires en quatre courses j’ai forcément ce statut de favori"

mardi 13 septembre 2005

Vainqueur cette saison de trois épreuves sur quatre - Mini Pavois, Mini Fastnet et Transgascogne - le navigateur nanto-rochelais Corentin Douguet part logiquement favori de l’épreuve reine : la Transat 6.50 Charente-Maritime / Bahia. Celle-ci s’élance samedi 17 septembre à 17h17 de La Rochelle, en un joli clin d’œil au département 17. Ce sera l’heure de vérité pour ce navigateur de 31 ans qui mûrit son projet depuis deux ans et fera tout pour décrocher la victoire. Interview.

Corentin Douguet, le départ de la Transat 6.50 approche. Le bateau est prêt ?

Oui. Même si par définition, un bateau est améliorable à l’infini et que nous allons peaufiner encore deux ou trois minuscules détails. Mais tout l’essentiel a été validé lors des courses que j’ai faites et gagnées cette saison. A priori, le bateau présente un excellent équilibre entre fiabilité et performance. L’architecte Samuel Manuard (avec qui Corentin Douguet a gagné le Mini Fastnet, NDR) a dessiné un avion de chasse et on l’a optimisé en fusée. Le bateau est très rapide et je pars avec une nouvelle grand’voile et un nouveau foc qui le rendent encore un peu plus performant. Nous avons passé beaucoup de temps en tests et ultimes réglages ces dernières semaines. Je suis confiant.

Le skipper ?

Tout va bien, merci ! Je suis en pleine forme. Même si je ne suis guère friand des footings ou de soulever de la fonte, j’ai fait du sport toute l’année. Outre la navigation, j’ai fait beaucoup de surf Surf #Surf , de tennis et de vélo. Et puis, j’ai commencé ces derniers jours à fractionner mon sommeil pour intégrer ce facteur qui va devenir important : sur la Transat, on ne dort au maximum que 5 heures par jour au total quand tout va bien, par tranches de 20 minutes maximum.

Impatient de partir ?

J’ai hâte, oui ! Si je pouvais faire avancer le départ je ne me gênerais pas, mais ça se fait rarement dans le domaine de la course au large... C’est tout de même l’aboutissement d’une préparation de deux années, l’objectif majeur pour tous ceux qui font du mini. Il va falloir attendre jusqu’à samedi, mais ça va, aucun problème de sommeil pour l’instant. Maintenant, j’ai vraiment très envie d’être sur l’eau...

Deux grands partenaires : E.Leclerc et Bouygues Telecom. C’est un avantage ?

Sur la course proprement dite, peut-être pas, mais dans la préparation cela compte énormément : cela m’a permis de faire une saison 2005 dans de très bonnes conditions et les partenaires adhèrent au projet. Tant mieux ! Michel-Edouard Leclerc vient d’ailleurs en personne baptiser mon bateau la veille du départ, vendredi.

Avec 3 victoires cette saison, vous partez favori. Avantage ou inconvénient ?

Ni l’un ni l’autre. Avec mes trois victoires en quatre courses j’ai forcément ce statut de favori, il faut vivre avec. Il y ‘a du bon et du pas bon là-dedans, à moi de positiver. Ce qui est important ce n’est pas d’être favori dans les journaux mais sur les pontons, dans l’esprit de mes concurrents. Si les autres ont un peu peur de moi, si j’ai un petit ascendant psychologique, tant mieux. En même temps c’est très relatif, car en voile rien n’est jamais gagné d’avance et surtout pas cette course qui est bien plus aléatoire que toutes les autres ! C’est plus long, le terrain de jeux est plus grand, la probabilité de casse mécanique est forcément plus importante...

L’objectif c’est forcément la gagne ?

Gagner, à minima être sur le podium. Nous sommes une dizaine a avoir des arguments pour cela.. Il y aura donc neuf déçus, le tout est de ne pas se trouver parmi eux !

Justement, qui sont vos principaux concurrents ?

Je pense que le plus dangereux est l’Espagnol Alex Pella, excellent navigateur, 3e de la dernière Transat avec un bon bateau et il a l’expérience... Yves Le Blévec, sur le bateau tenant du titre avec lequel avait gagné Armel Tripon en 2003, est forcément un client lui aussi. Je pense encore à Bernard Gallay, très expérimenté et qui part avec un bateau similaire au mien. L’Anglais Phil Sharp, l’Italien Andrea Caracci qui court sur l’ancien bateau de Sam Manuard, seront redoutables, tout comme Tanguy De Lamotte, Aloys Claquin, Isabelle Joschke, Stanislas Maslard... et quelques autres !

La première étape s’arrête aux Canaries. Qu’est ce qui la caractérise ?

Elle est très importante, puisqu’elle représente un tiers du parcours (1350 milles sur 4250, NDR). Elle peut surtout être propice à générer des écarts considérables, souvent plus importants que sur la deuxième étape, d’ailleurs. Jusqu’à Lanzarote, on aura une dizaine de jours de navigation qui peuvent être déterminants pour la suite jusqu’au Brésil. L’objectif idéal c’est de gagner aux Canaries en creusant un écart, et a priori il n’y a pas de raison que je sois loin du podium. Je vais devoir prendre le bon wagon d’entrée de jeu Jeu #jeu , comme je l’ai fait sur les autres courses cette saison, pour éviter de devoir cravacher afin de revenir ensuite. Il n’y a d’ailleurs aucune raison de s’économiser, car nous aurons une escale d’une dizaine de jours à Lanzarote qui permettra de récupérer largement. Il faudra être à fond dès le départ.

Seul à travers l’Atlantique sur un bateau de 6.50 m, c’est aussi une aventure Aventure ...

J’ai d’avantage une approche de compétiteur, mais effectivement la Transat 6.50 n’est pas une course comme les autres. Nous sommes complètement isolés et dans ce cas précis, le premier adversaire c’est soi-même. Nous n’avons pas de contact avec la terre, on ne peut pas appeler nos proches en cas de baisse de moral ou une éventuelle équipe technique en cas de casse. En clair, il n’y a personne pour nous tenir la main quand ça ne va pas. En 2001 je m’étais fait un peu surprendre par la difficulté psychologique de l’épreuve. Mais là je n’ai pas la même préparation. J’ai trouvé des méthodes qui me conviennent pour mieux me connaître, je suis un grand garçon, je sais comment je fonctionne, et comment me remettre dans le bon sens quand ça ne va pas. Enfin, j’ai une première expérience de cette Transat et je pense que c’est un plus important. Les deux précédents vainqueurs, Armel Tripon et Yannick Bestaven, me l’ont d’ailleurs confirmé.

La sécurité ?

Rester sur son bateau. J’ai fait un stage survie et médical à Lorient Lorient L’actualité du port de Lorient et de sa région. il y a peu, avec la même équipe de formateurs que ceux d’Orange 2. Pas de surprise de ce côté-là, il faut être vigilant, s’attacher, et c’est ce que je fais. On part paré pour le pire, mais le mieux c’est évidemment la prévention, pour ne jamais avoir à se servir de tout le matériel de sécurité qu’on embarque.

On vous attend aux environs du 26 septembre à Lanzarote ?

C’est la météo qui en décidera. En théorie, cette première étape va durer effectivement une dizaine de jours mais si je gagne en quatorze jours ce n’est pas un problème, ça m’irait bien aussi...

Propos recueillis par Bruno Ménard - DEFIMER


Voir en ligne : Info DéfiMer / corentin-ocean.org



A la une