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Transat 650

Cyril Ducrot : "Le jeu de la Mini est véritablement d’arriver en face"

"Mon rêve quand j’avais 12 ans était de participer à la Mini. Il va s’accomplir le 17 septembre"

lundi 12 septembre 2005Redaction SSS [Source RP]

En fin de semaine, samedi 17 septembre à 17h17, Cyril Ducrot coupera la ligne de départ de la 15e édition de la Transat 6.50 Charente Maritime / Bahia, au large de La Rochelle non loin du Fort Boyard. 1350 milles soit plus de 7871 km et 1 mois et demi de mer attendent le navigateur Nordiste. L’occasion de revenir avec Cyril sur sa préparation, ses espérances sportives ou encore ses racines. Entretien...

1) Quels sont tes objectifs sportifs sur cette Transat 6.50 ?

Le premier est sans conteste de finir la course. Le jeu Jeu #jeu de la mini 6.50 est véritablement d’arriver en face en l’occurrence Salvador de Bahia au Brésil.

Le deuxième est d’essayer de faire une place. En naviguant beaucoup sur « Région Nord-Pas-de-Calais », je me suis rendu compte que je possédais un voilier capable d’être parmi les meilleurs. Cela ne me déplairait donc pas d’être dans le coup. Enfin, mon objectif principal est de me faire plaisir. Je ne me suis pas donné autant de soucis pour me faire mal sur l’eau.

2) Peux-tu analyser le parcours de cette Transat 6.50 ?

La première étape qui va jusqu’aux Canaries est assez difficile. La première partie jusqu’au cap Finistère peut être dure à négocier notamment si il y a du gros temps. Quitter le plateau intercontinental n’est pas facile. Ensuite, nous pouvons rencontrer des conditions de vent de face entre les côtes portugaises et Lanzarote aux Canaries même si les statistiques nous donnent plutôt du portant (vent de travers ou vent arrière).

Les 10 jours que l’on va passer aux Canaries risquent d’être très sympa. On va se retrouver entre « Ministes » après l’effervescence du départ. L’ambiance va être particulière d’après les récits des anciens.

Sur la deuxième étape, il va falloir négocier Cap Vert. On se retrouvera ensuite dans les alizés de l’hémisphère nord. Puis, il faudra anticiper le passage du fameux pot au noir, ses grains, ses calmes... Contrairement aux trimarans de 60 pieds qui vont vite, en mini 6.50, nous allons certainement beaucoup plus subir le pot. Cette zone de convergence inter tropicale a la particularité d’enfler ou de se rétrécir. En espérant qu’elle se rétrécisse à mon passage. Il y a une petite partie de chance. Ensuite, nous voilà à nouveau dans les alizés et enfin il faudra aborder la baie de Salvador de Bahia que je connais bien pour avoir assisté à l’arrivée de la Mini Transat 6.50 2003 en tant que spectateur.

3) Comment s’est déroulée ta préparation ?

« Bon Pied, bon œil » est à domicile au bassin des Chalutiers. Il est désormais prêt pour l’aventure Aventure . Le châssis et le gréement sont validés depuis longtemps. Je n’ai rien inventé au niveau technique. Ce voilier a fait ces preuves. Ce n’est pas maintenant que je dois me servir de ma meuleuse et passer mon temps au fond du bateau. Le but était vraiment d’être ok le plus tôt possible de façon à pouvoir profiter cette semaine des amis et de ma famille. Je veux savourer ces instants. Je suis serein, le moral est au beau fixe.

A moyen terme, le gros changement a été, tout de même, la mise en place d’un mât en carbone. En 2004, j’ai appris à naviguer sur un mini et j’ai effectué beaucoup de milles. 2005 a été plus particulièrement consacré à la pose de ce mât. Après quelques tracasseries en début d’année, je sais désormais que je dispose d’un ensemble fiable et performant. La fiabilité est la clé de réussite sur une telle course. Et puis, j’ai eu de bonnes sensations sportives sur la transgascogne sur laquelle j’ai terminé septième, preuve que le marin et sa monture tiennent la route. J’ai bien progressé. Sur la deuxième étape (la transgascogne se court en deux étapes), j’ai notamment terminé 4e à 20 minutes du premier.

4) Quelle sera ton alimentation à bord ?

Comme tous les navigateurs, j’emporte avec moi du lyophilisé. J’ai fait en sorte de prendre ce que j’aime en piochant dans les réserves de Benoit Parnaudeau et Karen Leibovici après leur Vendée Globe. Je prends aussi des aliments hydratés comme des conserves, de la nourriture sous vide ou des fruits pour le départ. Mon bateau est assez confortable et pas trop humide. Je vais pouvoir me faire la popote. J’emmène aussi une petite bouteille de champagne pour mon premier passage de l’équateur.

5) As-tu des gris-gris ?

Ma chérie m’a confié un nounours que je vais emporter avec moi. J’ai cru comprendre aussi que je vais avoir quelques cadeaux de ma famille. J’ai aussi toujours avec moi, un petit bouquin « le marin Simdad ». C’est un conte pour enfant.

6) Quel est ton attachement à la Région Nord-Pas-de-Calais ?

Je suis né à Saint-Omer dans le Pas-de-Calais. C’est ma région. Les Nordistes ne sont pas des Italiens mais les liens familiaux sont très importants alors je reviens toujours dans le Nord pour voir ma famille et les amis. Je suis un vrai Ch’ti. Tous les gens qui sont passés dans le Nord reviennent toujours emballer. Mon amour pour la voile vient en partie de mes nombreuses navigations à Boulogne-sur-Mer. Je me vois encore observer et apprendre le bateau au large de Boulogne.

7) Comment te sens-tu à La Rochelle ? (Cyril a élu domicile en Charente Maritime depuis deux ans)

La Rochelle m’a bien accueilli. J’ai maintenant beaucoup d’amis dans cette ville. L’entraide entre coureurs est géniale. L’ambiance est très bonne au pôle France voile de La Rochelle dirigé par Marc Reine. Nous sommes en train de monter un très bon centre d’entraînement pour les Mini 6.50 mais aussi les Figaro et les 60 pieds.

8) Quel est ton engagement dans l’association Echo Mer ?

Lors du Vendée Globe sur lequel j’étais préparateur de Karen Leibovici, j’ai été sensible au message d’Echo Mer. Les marins sont tous un peu écolo. Cette association agit sur le terrain, ce n’est pas du blabla. Mon action sur la Mini 6.50 va être de sensibiliser les concurrents : économiser l’eau sur les pontons, récupérer les piles à Salvador de Bahia et les ramener en France, collecter les tissus du nautisme (voiles déchirées, tauds...) pour en faire des sacs...

9) Quel est ton rêve lors de cette Transat 6.50 ?

Mon rêve quand j’avais 12 ans était de participer à la Mini 6.50. Il va s’accomplir le 17 septembre. Je suis fier d’avoir monté le projet même si cela représente d’énormes sacrifices. Enfin, j’ai, peut être, désormais un autre rêve sportif mais je ne veux même pas en parler.


Voir en ligne : Info Tanguy Blondel / www.cyrilducrot.com



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