Sea, Sail & Surf news

Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

Vendée Globe • S1

Envol de solitaires pour un 5e tour du monde non-stop

La dernière semaine à terre et le départ des Sables d’Olonne

dimanche 7 novembre 2004Christophe Guigueno, Information Vendée Globe

Toutes les versions de cet article : [English] [français]

13h02. Les Sables d’Olonne, Vendée. France. Les vingt voiliers de 18 mètres engagés sur le 5e Vendée Globe dont le départ vient d’être donné se déhalent à peine. Le vent de nord-est est faible. Le calme avant la tempête. Une tempête de 90 jours lors de laquelle va se jouer cette nouvelle édition du tour du monde en solitaire et sans escale, une nouvelle édition de cet Everest de la voile et de la course au large.

Les monocoques réunis au moment du départ du 5e Vendée Globe
Photo : J.Vapillon / DPPI / Vendée Globe

Comme un hommage au quatrième vainqueur du Vendée Globe qui lui a confié la barre de son bateau un peu moins de quatre ans plus tôt, PRB a franchi la ligne de départ en tête, quelques secondes après le coup de canon libérateur. A sa barre Vincent Riou n’a laissé à personne d’autre le soin de déflorer la ligne de départ. Son monocoque aujourd’hui orange, hier blanc, mais toujours aux couleurs de l’entreprise vendéenne PRB, connaît le chemin. La dernière fois qui est venu aux Sables, c’était après avoir bouclé sous les commandes de Michel Desjoyeaux son premier tour du monde en 93 jours. Le revoilà donc en route pour le grand Sud, les trois grands caps en point de mire : cap de Bonne Espérance au sud de l’Afrique, cap Leeuwin au sud-est de l’Australie et enfin, le terrible cap Horn au sud de l’Afrique. Mais le bateau vendéen sera-t-il une nouvelle fois le premier à rentrer au port en février 2005 ? Ils sont en effet dix-neuf à lui prétendre la victoire, donc quatre bateaux conçus spécialement pour cette édition et barré par des marins exceptionnels.

A l’issue du parcours côtier entre Port Bourgenay et Les Sables d’Olonne, ces quatre grand favoris viennent d’ailleurs vite pointer leurs bout-dehors aux premières places. Jean-Pierre Dick sur Virbac-Paprec le rapide plan Farr construit en Nouvelle Zélande lui vole même un temps la vedette sur son plan d’eau. Mais à l’issu du tremplin de lancement vendéen, PRB a repris les commandes et s’élance en tête vers le large. Ce sont par contre Jean-Le Cam, sur le plan Lombard Bonduelle et l’Anglais Mike Golding sur le plan Owen-Clarke construit lui-aussi chez les Kiwis (comme le Kingfisher d’Ellen MacArthur il y a quatre ans) qui reviennent le titiller. Ces deux-là sont grandissimes favoris avec Roland Jourdain qui barre un sister-ship de Bonduelle, Sill Véolia. Mais attention aux jeunes aux dents longues tel Sébastien Josse sur VMI, ou les deux Brits Alex Thomson sur Hugo Boss (ancien bateau de Jourdain), Conrad Humphreys sur Hellomoto (ancien bateau de Mike Golding) et l’Australien Nick Moloney sur Skandia (ancien bateau d’Ellen MacArthur). Attention aussi aux anciens comme Marc Thiercelin sur Proform et Dominique Wavre sur Tenemos. Ils sont ainsi une grosse dizaine au potentiel de vainqueur...

CG


Le fil de la semaine avant le départ

Tous les dimanche : le résumé de la semaine autour du monde. Source : Mer & Média / http://www.vendeeglobe.org

• Dimanche 7 novembre • jour J : Top départ !

Comme prévu, la cinquième édition du Vendée Globe est bien partie ce dimanche 7 novembre 2004 à 13h02 précises. C’est dans un vent de 8 nœuds de nord-ouest que les vingt concurrents ont pris le départ pour 23 680 milles soit 43 855 kilomètres de course autour du globe. C’est PRB skippé par Vincent Riou qui a coupé la ligne en premier. Il était suivi par Bruce Schwab sur Ocean Planet et Temenos de Dominique Wavre. Avant de s’élancer étraves pointées vers la pointe espagnole du Cap Finisterre distante de 400 milles (741 km), les vingt monocoques devaient « avaler » un parcours côtier de 6 milles mouillé entre Bourgenay et les Sables d’Olonne. C’est PRB (Vincent Riou) qui bouclera en premier ce parcours imposé, suivi de Virbac-Paprec (Jean-Pierre Dick) et de Bonduelle (Jean Le Cam). La prochaine marque à contourner et à laisser à gauche sur le parcours officiel est maintenant le Cap de Bonne-Espérance soit la pointe sud du continent africain.

Ordre de passage sur la ligne de départ :

1. PRB - 2. Ocean Planet - 3. Temenos - 4. VMI - 5. Akena Vérandas - 6. Hugo Boss - 7. Hellomoto - 8. Skandia - 9. VM Matériaux - 10. Bonduelle - 11. Virbac-Paprec - 12. Sill et Veolia - 13. UUDS - 14. Arcelor Dunkerque - 15. Max Havelaar/Best Western - 16. Ecover - 17. Roxy - 18. Brother - 19. Pro-Form - 20. Benefic

Classement du parcours côtier :

1. PRB - 2. Virbac-Paprec - 3. Bonduelle - 4. VMI - 5. Ecover - 6. Hellomoto - 7. Sill et Veolia - 8. Hugo Boss - 9. Skandia - 10. Roxy - 11. Arcelor Dunkerque - 12. UUDS - 13. Pro-Form - 14. Ocean Planet - 15. Temenos - 16. VM Matériaux - 17. Akena Vérandas - 18. Max Havelaar / Best Western - 19. Brother - 20. Benefic

- Nick Moloney (Skandia) : « Je remets un petit koala en peluche à chaque concurrent. C’est un petit animal australien qui vit accroché aux arbres. C’est donc le symbole parfait de notre association "Sail 4 cancer" qui lutte contre cette maladie ; un message simple pour tout un chacun et pour chaque concurrent du Vendée Globe : "accroche toi ! ».

- Dominique Wavre (Temenos) : « C’est toujours aussi fort un départ de Vendée Globe même si l’on oublie un peu après quatre ans... C’est vrai que repartir pour la deuxième fois en sachant là où l’on va est plus facile et en même temps, on sait que l’on va vers le dur... On n’a pas la trouille de l’inconnu, c’est une trouille différente ! ».

- Vincent Riou (PRB) : « Comment se sont passées ces dernières heures ? Au lit ! Je me suis réveillé vers 4 heures mais tout de suite je me suis rendormi. J’ai très bien dormi... Je me suis même demandé s’il n’avait pas mis un truc dans ma soupe pour que je dorme bien... (rires). En fait vivement ce soir qu’on soit loin de la côte et des bateaux spectateurs. Ce serait bien qu’il n’y ait pas de déçus ce soir ! ».

- Jean-Pierre Dick (Virbac) : « Je suis content que le bateau soit à ce niveau aujourd’hui ! Il va falloir par contre être vigilant jusqu’à la fin de la journée. Oui c’est vrai que je me suis fait mal au pied hier. Je voulais monter dans le mât et j’ai des chaussures spéciales pour cela. En faisant deux mètres sur le pont, j’ai glissé et je me suis cogné le petit orteil. C’est seulement le lendemain que je suis allé faire une radio. Mais il n’y a rien de grave, tout devrait rentrer dans l’ordre dans les semaines qui viennent ! ».

- Sébastien Josse (VMI) : « C’est vrai que ce n’est pas la nuit la plus agréable que j’ai passé... Je n’ai pas arrêté de tourner dans mon lit et de regarder le plafond... J’ai commencé mes nuits fractionnées involontairement. Une nuit de 7 novembre, quoi ! J’ai plein d’émotions internes, il va falloir que cela sorte et cela se fera petit à petit... Je pense que cela ira mieux au Cap Finisterre ».

- Bruce Schwab (Ocean Planet) : « La somme de travail effectuée par mon équipe ces dernières 48 heures est phénoménale. Je suis heureux de pouvoir partir. Je pars sans pression. Etre ici à l’arrivée dans quelques mois serait une victoire. Je vais vite trouver mon équilibre, mon rythme de course et faire ma course. J’espère que la présence d’un américain dans le Vendée Globe servira à la promotion de la course aux USA. Ce serait formidable d’avoir d’autres projets américains sur le Vendée Globe. En ce qui me concerne, j’espère apprendre dans cette course quelque chose sur moi-même ».

- Jean Le Cam (Bonduelle) : « A chaque jour suffit sa peine. Cela fait seulement trois à quatre ans que je m’intéresse à cette course. Il y a trois mois, je n’avais pas lu un bouquin sur elle, pas vu un film. Et pour tout vous dire, c’est la première fois que j’assiste à un départ : le mien ! Lors de la première édition, lorsque Philippe Poupon a chaviré, je me suis dit que je ne ferai jamais cette course. Que des multicoques chavirent, d’accord, mais des monos... Et puis les choses ont changé... ».

- Mike Golding (Ecover) : « Ce n’est pas une course comme les autres. Il n’y a pas de plus gros challenge. Cette course demande un très gros investissement. Si je peux la gagner, ce sera parfait, mais je respecte trop tous mes adversaires pour savoir que ce ne sera pas simple. Je suis en bonne forme et nous nous sommes préparés en pression, forts des belles expériences accumulées cette année. Je ne vois pas ce que nous aurions pu faire de mieux dans notre préparation ».

- Alex Thomson (Hugo Boss) : « Cela ne sert à rien de s’inquiéter du départ. Une fois dans l’action, je saurai réagir. Pas d’inquiétude, juste envie de partir. je me sens très relax. J’ai passé une bonne nuit, comme c’est souvent le cas la veille de mes courses ».

- Conrad Humphreys (Hellomoto) : « Je n’ai pas très bien dormi. Je crois que j’ai la gorge un peu serrée. Ces derniers moments à terre sont plus chargés d’émotions que je ne l’aurais imaginé. Il est temps d’y aller ».

- Norbert Sedlacek (Brother) : « Tiens, ce sera pour les moments difficiles » lâche Norbert en offrant à tous les skippers une bouteille de vin autrichien.


• Samedi 6 novembre • J-1 : dernier briefing

Samedi matin, à 10h00, tout le monde était présent au dernier briefing des skippers : les vingt concurrents bien sûr, mais aussi l’organisation Organisation #organisation , la Direction de Course, le Comité de Course, les Affaires Maritimes, la Marine Marine Marine nationale Nationale et les quelques 400 journalistes venus aux Sables d’Olonne couvrir ce 5e Vendée Globe. Au programme : la météo du départ, la sortie du port, où chaque concurrent sera remorqué par un bateau de pêche des Sables d’Olonne ; et la procédure de départ, juste devant les Sables d’Olonne, avec le petit parcours côtier qui amènera les solitaires au plus proche des plages pour un dernier au revoir du public. Après le briefing, les vingt solitaires se sont prêtés volontiers à une dernière photo de famille avant le grand départ dimanche à 13h02.

La distance théorique de cette cinquième édition est de 23 680 milles (43 855 km). Voici les distances parcourues et les moyennes attenantes réalisées par les quatre précédents vainqueurs :
- Titouan Lamazou (1989-90) : 25 485 milles en 109 j. 8h. 48 min. (9,7 nœuds)
- Alain Gautier (1992-93) : 25 315 milles en 110j. 2h. 22 min. (9,58 nœuds)
- Christophe Auguin (1996-97) : 26 520 milles en 105j. 20h. 31 min. (10,44 nœuds)
- Michel Desjoyeaux (2000-01) : 26 700 milles en 93j. 3h. 57 min. (11,94 nœuds).

- Ellen MacArthur, 2e du Vendée Globe 2000-01 : « C’est bizarre de revenir ici. Ma dernière visite date de la remise des prix il y a 4 ans. C’est toujours le même sentiment, avec ce public si impressionnant. Je réalise aujourd’hui avec 4 ans de recul ce qu’a été l’aventure Aventure du Vendée Globe. Je crois que j’étais très jeune à l’époque. Cette course a changé ma vie. Trois mois de solitude, avec la fatigue toujours plus présente, cela génère des émotions incroyables. Aujourd’hui, j’ai tourné la page du Vendée Globe et je travaille sur d’autres projets. Cela ne veut pas dire que je n’y reviendrai pas. Mais ma tête est complètement dans mon tour du monde en solitaire sur mon trimaran. »

- Jean-Luc van den Heede, 2e du Vendée Globe 92 sur l’actuel bateau de Karen Leibovici : « C’est amusant de retrouver 13 ans après des aménagements que j’avais moi-même installés pour mon premier Vendée Globe. Ce bateau a très peu changé. La bôme et le mât sont d’origine. Ce mât est très certainement le plus vieux mât de la flotte ! »

- Sir Robin Knox Johnston, vainqueur du Golden Globe 68-69 : « Je pense que nous, les anglais, avons beaucoup de chance d’avoir trois remarquables compétiteurs inscrits dans cette course avec Mike Golding, Alex Thomson et Conrad Humphreys. Ils sont tous d’excellents marins, très expérimentés, et je pense que pour une fois, nous avons une chance réelle de faire un beau podium. Bien sûr, j’aimerais les voir tous les trois sur le podium. Mais c’est vraiment bien que les Anglais soient de retour. Après tout, c’est nous qui avons lancé ce genre de course et c’est bien de voir les jeunes tenter de percer et montrer de quoi ils sont capables. Donc je suis très confiant. »


• Vendredi 5 novembre • J-2 jours : Objectif 85 jours

En 2000-01, Michel Desjoyeaux a bouclé son tour en 93 jours et 3 heures. Ellen MacArthur et Roland Jourdain étaient également descendus sous la barre des 100 jours. Cette année, s’ils ne veulent pas dire précisément combien de nourriture ils embarquent, beaucoup avouent emporter moins de 100 jours de nourriture. Avec les progrès des performances des bateaux, certains estiment même qu’il est possible de réaliser une circumnavigation en 85 à 90 jours !

- Roland Jourdain (Sill et Veolia) : « Le Vendée Globe allie tout ce que j’aime dans ce sport. Une compétition qui dure trois mois, c’est génial. La planète est un super terrain de jeu Jeu #jeu qui procure des émotions fabuleuses. Nos bateaux vont très vite mais cela reste encore une allure où l’on peut prendre le temps de goûter à toutes les merveilles de notre grosse « boule ». Et là, tu prends conscience de l’endroit où tu vis. »

- Jean Le Cam (Bonduelle) : « Si j’ai peur de la solitude ? Non. Il y a des gens qui sont entourés de milliers de personnes à terre et qui sont plus seuls que nous en mer. C’est cela la vraie solitude ! »

- Nick Moloney (Skandia) : « La fin de notre vie normale de terrien approche - douche chaude, nourriture bien cuite, et qui ne saute pas en dehors de l’assiette ! Tous ces petits gestes simples, comme se laver les dents sans s’accrocher avec l’autre pour tenir en équilibre. Parfois, je me sens un peu nerveux, surtout le matin. Alors je prends une grande respiration. Tout ça est normal. Le contraire serait inquiétant ! »

- Titouan Lamazou, vainqueur du Vendée Globe 1989-90 : « Depuis 15 ans le Vendée Globe est lié à moi. Quand on me présente, même si je fais maintenant des dessins, des expos, des bouquins, eh bien on me présente toujours comme Titouan Lamazou, le vainqueur du premier Vendée Globe. Si je reviens ici, c’est une sorte d’hommage à cette course. »


• Jeudi 4 novembre • J-3 : L’Américain Schwab met les voiles

C’est à une véritable course contre la montre que se livre l’américain Bruce Schwab pour être au départ dimanche dans un état de préparation acceptable. Une grande partie de son jeu Jeu #jeu de voile neuf, réalisé dans une voilerie du Maine (USA), n’a été « libéré » par les Douanes que mercredi après-midi. 14 personnes ont par conséquent travaillé jusqu’au petit matin pour permettre au skipper/guitariste de sortir aujourd’hui pour une première navigation de réglage. La grand-voile en cuben fiber doit encore être marquée, ainsi que le gennaker et le nouveau grand spi. Soutenu par de nombreux professionnels du nautisme sablais, Bruce garde bon moral. Une dernière inquiétude à régler cependant : la livraison de ses panneaux solaires espérés pour demain vendredi. Ocean Planet a obtenu de la direction de course une dérogation pour sortir effectuer des essais en mer jusqu’à samedi, veille du jour J.

- Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) : « A trois jours du départ, je suis un peu excité. C’est le début de la course. C’est d’ailleurs difficile de gérer l’excitation due au départ. Pouvoir dormir, se relaxer. Mais aussi profiter de l’extraordinaire moment que cela représente. C’est le résultat de trois ans de travail et quelques fois de traversée du désert pour arriver jusqu’ici. »

- Hervé Laurent (UUDS) : « Je crois que les skippers qui ont effectué la précédente édition se font une fausse idée de ces endroits (les mers du sud, ndlr). J’entends encore le grondement des vagues qui viennent exploser sur le bateau (lors de l’édition 96, ndlr). Il faut savoir gérer le bateau, mais aussi le bonhomme ».

- Mike Golding (Ecover) : « Je suis arrivé ici avec tout à bord, même la nourriture. J’ai l’intention dans cette course de rester au contact avec les autres le plus possible. Si je suis 200 milles derrière le premier au Cap Horn, je serais très content. »

- Michel Desjoyeaux, vainqueur du Vendée Globe 2000-01 : « Il y a un peu de tout au niveau du plateau. Il y a deux bateaux qui comptent le plus de tours du monde, à bord desquels on trouve les deux femmes inscrites (Anne Liardet (Roxy) et Karen Leibovici (Benefic). Il y a aussi beaucoup de bateaux qui ont été optimisés comme PRB (Vincent Riou). Et puis, face à eux, il y a deux bateaux nés cette année qui, malheureusement, ont très peu couru (Bonduelle et Sill et Véolia). Par contre, il y a sur ces bateaux deux marins d’exception qui connaissent très bien la course en solitaire (Jean Le Cam et Roland Jourdain). Le fait d’être sur des bateaux récents ne leur posera pas de problème... Enfin, il y a deux autres bateaux, un peu moins récents, qui ont prouvé un très fort potentiel (Ecover et Virbac-Paprec). Mais une chose est sûre : c’est le couple homme machine qui fera la différence ».


• Mercredi 3 novembre • J-4 : Les portes font polémique

L’Australie, avec l’instauration des deux portes situées à 1 000 milles de sa côte sud, a été placée au centre du débat soulevé par quelques coureurs. Certains, à l’image d’Hervé Laurent, ne voient pas le bien fondé de telles portes. Il était normal que Nick Moloney, l’Australien de ce Vendée Globe, réagisse. « Je comprends qu’Hervé, avec un plus vieux bateau, soit tenté de prendre un maximum de risques pour s’imposer. Mais personne n’a envie de mourir, et mettre en danger la vie des sauveteurs n’est pas une bonne chose. Vu sa situation géographique, l’Australie est logiquement en première ligne. Mais tous les MRCC du monde auraient réagi de la même manière. Ils disposent tous des mêmes avions, avec donc la même autonomie en kérosène. Et puis cette course a une telle âme. Qu’importe son parcours. S’il fallait aller virer les îles Tonga (située au nord de la Nouvelle-zélande NDLR), et bien j’irais. J’ai toujours voulu faire le Vendée Globe, alors je fais le Vendée Globe ».

- Michel Desjoyeaux, dernier vainqueur du Vendée Globe : « 80% des routes des précédents Vendée Globe passent très proches ou au Nord des points de passage obligés dans le Sud. Maintenant, si ceux qui ne veulent pas de ces points de passage et de ce terrain de jeu balisé acceptent que personne ne vienne les chercher dans les mers du Sud s’ils se mettent en vrac, à ce moment-là on peut réinventer les jeux du cirque. On peut alors enlever les barrières, les lignes blanches sur le bord de la route. Maintenant ce n’est pas prévu comme cela, il faut savoir que dans les mers du sud, il n’y a quasiment que les concurrents du Vendée Globe qui sont là à ce moment là et que la sécurité de chacun est assurée collectivement par d’autres. Si quelqu’un a envie de faire le fou et qu’il se rate, c’est un de ses camarades, qui lui n’a pas envie de faire le fou, qui peut être amené à aller le récupérer. A ce moment là, l’intérêt collectif veut que l’on ne joue pas. Ce n’est que du bon sens ! ».

- Marc Thiercelin (Pro-Form) : « J’adore partir, se mettre un peu dans l’inconnu. Même si c’est mon quatrième tour du monde, je repars un peu dans l’inconnu. Je ne sais pas ce qui va m’arriver. C’est ça que je trouve génial. »

- Alex Thomson (Hugo Boss) : « Physiquement, je m’entraîne dur depuis trois mois. Je fais de la musculation et je déteste cela ; une vraie punition. En revanche, j’aime le squash. J’ai travaillé sur mes rythmes de sommeil. Je travaille aussi avec un diététicien. Et j’ai un psychologue du sport qui m’a confirmé que j’étais bien complètement fou (rires). »

- Alain Gautier, vainqueur du Vendée Globe 1992-93 : « Je ne fais pas de pronostic. Le plateau est superbe et très homogène. Il y a 8 ou 10 bons tandems marins/bateaux. Il y a aussi quelques inconnues, comme Bilou (Jourdain) ou Jean (Le Cam ndlr.) dont les bateaux impressionnent. Seront-ils fiables ? Ce sera une course très serrée et les coureurs pousseront leur bateau près de la limite, d’où les risques de casse. »


Mardi 2 novembre • J-5 : le parcours est officialisé avec portes au sud de l’Australie

Lors d’un briefing sécurité avec les skippers, la Direction de Course et le Comité de Course ont entériné le parcours définitif de ce 5e Vendée Globe, notamment les portes dans le sud. Denis Horeau, Directeur de course, et Sylvie Viant, Présidente du Comité de Course, ont donc officialisé le parcours de cette cinquième édition lors d’un briefing sécurité qui a réuni mardi matin les 20 skippers du Vendée Globe. Un point de passage et cinq portes, orientées ouest/est, larges chacune de 400 milles, vont canaliser l’ardeur des coureurs dans les mers du sud. Le système de portes, mis en place dès l’an 2 000, a été revu et corrigé. Rappelons que ce système a pour but d’empêcher une navigation au plus court autour du continent antarctique. Il limite au maximum le risque de rencontre avec des growlers et autres icebergs. Avec ces cinq points, la longueur totale théorique est dorénavant de 23 700 milles (43 892 km). Pour mémoire, Michel Desjoyeaux avait effectué 26 704 milles pour réussir son tour gagnant.

- Mike Golding (Ecover) : « Il y a ici quatre bateaux anglo-saxons capables de gagner, tous remarquablement préparés et encadrés professionnellement. Aucun n’est venu faire de la figuration ! »

- Marc Thiercelin (Pro-Form) : « Au début je souhaitais un bateau neuf (le plan Lombard 2), c’est finalement sur un huit ans d’âge que je repars. Je vais donc devoir être très fort dans tous les aspects du jeu. De la patience et de la régularité avec une bonne tactique pour rester dans le peloton de tête et. mystère ! »

- Raphaël Dinelli (Akena Vérandas) : « Je suis aux anges. Je n’ai jamais eu un tel sponsor. Sa réactivité a été fantastique. En moins de trois jours, le bateau et les voiles ont été marqués et la banque d’images réalisée. Et les employés d’Akena Vérandas ne sont pas en reste ! Dimanche, ils seront plus de 300 à faire la fête sur les pontons, à grand renfort de saucisses et de viennoiseries. Cela me donne un moral en béton ! »

- Denis Horeau, Directeur de Course du Vendée Globe : « A la remarque de beaucoup de concurrents qui ont déjà fait le Vendée Globe ou le Trophée Jules Verne, on a constaté que, à l’approche du sud de l’Atlantique, la glace était plus haute et plus fractionnée que dans les années 90. Le signal d’alarme nous a donc été donné par les navigateurs. Ces portes sont prévues pour dissuader les coureurs de descendre trop sud. Pour qu’un avion puisse décoller d’Australie, venir survoler et éventuellement porter assistance à un navigateur qui aurait des problèmes, il faut, pour des raisons d’autonomie de l’avion, que ce concurrent soit à moins de 1000 milles (environ 1800 km) des côtes australiennes. Cela nous a donc amené à mettre deux portes sous l’Australie, au niveau de Perth et de Sydney. »


Sortie en mer pour Norbert Sedlacek
Photo : Bernard Gergaud

Lundi 1er novembre • J-6 : Le compte à rebours est lancé !

Nick Moloney (Skandia) veut passer une ou deux nuits à bord avant le départ et commencer à dormir en fractionné soit par tranches de 20 minutes pour des réveils programmés. Certains skippers vont ainsi plonger dans leur futur rythme des trois mois à venir bien avant le coup de canon libérateur. Autre méthode pour Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) qui ne plongera dans ce rythme à venir pas avant dimanche. Après être passé à la thalasso ce matin, il s’impose de courir un peu chaque jour pour s’entretenir physiquement sans oublier une sieste quotidienne et de faire des grandes nuits, « même si ce n’est pas facile de les faire avec le début de la course qui approche » concède son Responsable de projet Luc Talbourdet. A chacun son truc.

- Conrad Humphreys (Hellomoto) : « Lorsque je suis arrivé aux Sables d’Olonne pour l’ouverture du village, j’ai reçu un véritable choc ! Jamais je n’aurais imaginé une telle ferveur, une telle passion du public pour les bateaux et les coureurs. L’amour des gens pour cette course est tout simplement incroyable ! ».

- Vincent Riou (PRB) : « J’ai eu plus de temps que Michel (Desjoyeaux) pour préparer PRB. Lui, il avait mis son bateau à l’eau au mois de mai 2000 pour un départ en novembre. Moi, j’ai eu deux ans pour le préparer. La première année m’a servi à remettre PRB au niveau des autres et ensuite j’ai pu soigner des détails et changer tous les appendices du bateau. PRB est aujourd’hui parfaitement préparé et parmi les meilleurs ! ».

- Patrice Carpentier (VM Matériaux) : « Il y a 4 ans, mon histoire Histoire #histoire dans le Vendée Globe avait pour triptyque : achever ma 50e année sur un voilier de 50 pieds en traversant le 50e parallèle sud. Le pari fut tenu et la victoire au bout du voyage. Cette fois, j’ai 54 ans et il n’y a plus qu’une seule catégorie de voiliers, les 60 pieds ! ».


• Dimanche 31 octobre • J-7 : Succès populaire aux Sables d’Olonne

Superbe journée aujourd’hui sur les Sables d’Olonne et donc, sur le Village officiel du Vendée Globe. Aussi, ce long dimanche ensoleillé battra-t-il le record Record #sailingrecord d’hier samedi du nombre de visites sur les pontons ? On peut parier que oui. Rappelons que 16 000 personnes ont approché les bateaux hier faisant grimper le total des visites pontons à 175 000.

- Roland Jourdain (Sill et Veolia) : « Je vois d’ici notre regard et notre sourire entre Jean (le Cam) et moi. On va se quitter en se disant merde et, surtout, prends soin de toi et à dans trois mois au bar ! La sécurité du bonhomme passe avant le fait que nos bateaux soient identiques ».

- Bruce Schwab (Ocean Planet) : « Mes dettes sur ce bateau atteignent un montant phénoménal. Quelque chose comme 400 000 Euros. Mais la mobilisation des mécènes de la fondation Ocean Planet me permet d’être présent malgré tout aux Sables d’Olonne et de pouvoir partir ! ».

- Sébastien Josse (VMI) : « Ce n’est pas du tout un aboutissement pour moi que le Vendée Globe, bien au contraire ! C’est un point de départ. On verra cela dans trois mois, mais j’ai bien envie d’en faire un deuxième avec un projet de bateau neuf. J’y vais pour apprendre plein de choses. ».



A la une