Transat Jacques Vabre

Objectif 3 démâte • Pindar abandonne • Ecover confirme

Les premiers 60’ monos sont à mi-distance entre Ouessant et le Cap Finisterre

lundi 3 novembre 2003Information Transat Jacques Vabre

Le passage de la pointe Bretagne n’a pas été de tout repos pour les équipages de la Transat Jacques Vabre. Avec 40 à 50 nœuds de vent de face, les alentours de l’île d’Ouessant sont généralement déconseillés. « Nous avons eu un choc énorme dans une vague » a raconté Conrad Humphreys, skipper du 50 pieds mono Hellomoto. « Mon ordinateur portable est détruit. Les pires conditions étaient ce matin : 45 nœuds de vent et des vagues de plus de 7 mètres ! Trois chandeliers ont été arrachés... Il faut maintenant être prudent lorsqu’on se déplace sur le pont. » Hellomoto est actuellement 2e des monocoques 50 pieds, derrière StorageTek (Régis Guillemot et Olivier Salnelle) qui réalise une course superbe dans le sillage des 60 pieds.


Webcam views from Team Cowes : Sam Davies at chart table and Nick Moloney at the helm

Pour Objectif 3, Mollymawk, Pindar et Labesfal la course est définitivement terminée. Le monocoque 60 pieds Objectif 3 a démâté au large d’Ouessant. Charles Hedrich et Javier Sanso sont actuellement en remorquage vers le port de Brest. Ils y retrouveront Emma Richards et Mike Sanderson (Pindar), qui abandonnent suite à une panne générale de l’électronique. Le trimaran de 50 pieds Mollymawk a heurté un ofni dans le nord de l’Aber Wrac’h (Bretagne). L’un des flotteurs est rempli d’eau. Avec l’abandon de Ross Hobson et Andi Newman, qui se dirigent vers Southampton, il n’y a donc plus de 50 pieds multicoques en course. Le monocoque 50 pieds Labesfal, en escale à Dartmouth depuis dimanche soir, a signalé son abandon. Ricardo Diniz et Mark Taylor ont connu des problèmes d’étai la première nuit, fragilisant le gréement du voilier.

Les nouvelles sont meilleures pour Adecco et Loire-Atlantique. Les deux monocoques 60 pieds sont repartis de leur port d’escale respectif. Bob et Servane Escoffier (Adecco) s’étaient arrêtés à Perros-Guirec pour réparer la barre de liaison entre les deux safrans. Antoine Koch et François Robert (Loire-Atlantique) ont quitté Cherbourg avec la grand-voile de convoyage, en remplacement de celle de course déchirée dimanche matin.

Toujours en escale, Tir Groupé (Mike et Robert Birch) et Défi Vendéen (Jean-François Durand et Stéphane Chemin) n’ont pas annoncé d’abandon. Le Canadien et son fils ont amarré leur 60 pieds à Dartmouth (Angleterre) depuis dimanche soir, tandis que le monocoque 50 pieds Défi Vendéen a rejoint Saint-Malo au même moment.
 
En tête de la course, la régate continue entre Ecover, Sill et Virbac qui se tiennent en 13 milles. « On a dû affaler la grand-voile pour changer des lattes » a expliqué Mike Golding, leader avec Brian Thompson de la classe mono 60’. « Il y a beaucoup de petits détails à réparer. C’est un bateau neuf. Ce matin, nous avons pu nous faire un bon petit déjeuner typiquement anglais ! » « C’est le paradis par rapport à la première nuit » plaisantait Roland Jourdain (Sill). « Nous n’avons plus que 28 nœuds de vent, avec une longue houle d’Atlantique, bien plus agréable que les vagues hachées de la Manche. » « On a été cueilli à froid la première nuit avec environ 50 nœuds de vent » résumait Jean-Pierre Dick (Virbac). « C’était très éprouvant pour les hommes et le matériel. On a eu des petits soucis de drisse et on a perdu une girouette, arrachée par les éléments déchaînés… »

Derrière, la gestion des petits ou gros problèmes occupent la majeure partie du temps des équipages. Dominique Wavre et Michèle Paret (Carrefour Prévention) ont affalé leur grand-voile ce matin pour réparer des chariots. Sur Cheminées Poujoulat/Armor Lux, Bernard Stamm et Christophe Lebas connaissent des soucis de ballast. « Ce n’est pas pénalisant au portant, mais comme nous naviguons au près et que ça risque de durer, il va falloir prendre notre mal en patience et trouver le bon équilibre » a déclaré Bernard Stamm. « La route est encore longue et le moral est bon, même si on ne remonte pas 70 milles de retard assis dans un fauteuil… » 

Loïc Le bras

• Point météo 

Les concurrents s’attendent encore à des conditions difficiles la nuit prochaine à l’approche du Cap Finisterre (pointe nord-ouest de l’Espagne). Le vent d’ouest-sud-ouest devrait revenir au sud aux alentours de 30 nœuds. Les 16 monocoques toujours en mer devront encore tirer des bords pour contourner l’Espagne et descendre le long des côtes portugaises.

Propos de skippers

 NICK MOLONEY (TEAM COWES) : Le vent est tombé à environ 16 noeuds, mais la mer est toujours très forte. Nous progressons à 11 noeuds sous Solent et Grand Voile à 1 ris (meme configuration qu’au départ), et dans quelques heures nous allons pouvoir envoyer toute la Grand Voile car le vent va encore faiblir autour de 12 noeuds. Malheureusement, cela ne va pas durer. Les conditions vont se renforcer dès mercredi, avec à nouveau 35 noeuds de vent. Cette édition n’a vraiment rien à voir avec la précédente il y a deux ans !

Nous n’avons pas beaucoup mangé depuis le départ samedi. Nous avons seulement grignoté des barres énergétiques et de la Quiche Lorraine maison préparée avant le départ. Les conditions météo étaient vraiment trop mauvaises pour cuisiner quoique ce soit, meme des repas lyophilisés. Mais grace à la petite accalmie que l’on traverse en ce moment, on a pu manger quelque chose de chaud et se reposer avant le prochain coup de vent. Nous avons également passé en revue le bateau pour évaluer les dégats après les mauvaises conditions des deux derniers jours. Dans ce type de temps, la priorité c’est vraiment de préserver le matériel, en faisant route dans la bonne direction, car meme les plus petits détails peuvent parfois conduire à un gros problème et vous contraindre à vous arreter, chose difficile lorsqu’on avance sur le parcours."

 Emma Richards (PINDAR) : "Je suis très très déçue, surtout que depuis ces quatre ans de compétition avec Pindar nous ne comptons qu’un retrait de course, avant aujourd’hui. Du fait de tous les problèmes que nous avons eu à bord, à commencer par l’arrêt de l’anémomètre, nous ne sommes pas en mesure de donner le meilleur de nous même dans cette course. Nous aurions évidemment pu continuer sans instruments et même réparer l’anémomètre, mais pas dans 50 nœuds de vent et les conditions de mer qu’il y avait.

De plus au début de la nuit dernière la situation a empiré lorsque le tuyau qui maintient le cockpit à sec d’eau a explosé. L’eau provenant du cockpit envahissait alors le bateau au lieu d’être rejetée dans la mer. Je pense qu’à un moment donné nous avons eu jusqu’à 3 000 litres d’eau dans le bateau.

Tout notre système électrique est endommagé et notre auto-pilote est en rade. La nuit dernière nous avons navigué sans compas électrique et nous devions trouver des étoiles pour pouvoir utiliser notre compas manuel pour l’occasion du kit d’urgence.

Nous avons dormi à peine une demi-heure à nous deux ces deux derniers jours. Il est clair que toutes les conditions étaient réunies pour que nous endommagions le bateau, voir pire."

 Jean-Pierre Dick (VIRBAC) : « C’était vraiment des conditions plus que musclées depuis le début de la course. Lutter contre 30 nœuds de vent constant sans parler des rafales à 40/45 nœuds de face que l’on a eu est éprouvant. Je suis assez satisfait de la manière avec laquelle nous nous sortons de ce piège… Seule déception que je pourrais avoir vient de notre trinquette que nous n’avons pas eu le temps d’essayer par forte tempête. Nous n’allions pas vite à ce moment-là et l’on ne pouvait pas tirer dessus comme l’on voulait. On a eu du mal à bien s’en servir… Il y a aussi la perte de notre ’aérien’ qui ne va pas faciliter les choses… ».

« Nous sommes actuellement dans une période critique car il y a une bascule (ndlr : changement de direction du vent) à bien gérer pour réussir notre approche de l’Espagne. Il y a des gains à faire en tentant cela. L’option a été de miser sur la vitesse pour aller la chercher dans le sud et nous faisons actuellement un près bon plein à vitesse soutenue. Nous sommes à 12 nœuds de vitesse constante dans un vent de plus en plus mollissant. Nous allons d’ailleurs envoyer notre génois ! ».


• CLASSEMENT 03/11/03 15:00:00 GMT
 Carte de positions Mono 60’ : http://voile.esrifrance.fr/default_...
 Rang Nom du Bateau Latitude Longitude Vit Cap Date - Heure Dist. Arrivée Dist. du 1er

MONOCOQUES 60 Open IMOCA
 1 ECOVER 45 36.88’ N 6 45.36’ W 8.9 202 03/11/03 14:44:00 3936.6 0.0
 2 SILL 45 57.56’ N 6 58.32’ W 9.2 186 03/11/03 14:46:00 3949.1 12.5
 3 VIRBAC 46 00.60’ N 5 52.38’ W 11.7 192 03/11/03 12:02:00 3950.3 13.7
 4 PRB 46 01.64’ N 5 57.24’ W 9.8 189 03/11/03 14:46:00 3977.1 40.5
 5 TEAM COWES 46 32.92’ N 6 20.24’ W 10.2 197 03/11/03 14:36:00 3991.4 54.8
 6 VMI 46 38.92’ N 6 20.28’ W 8.3 200 03/11/03 14:46:00 3998.1 61.5
 7 CHEMINEES POUJOULAT-ARMOR LUX 46 46.74’ N 6 17.70’ W 9.2 197 03/11/03 14:30:00 4003.4 66.8
 8 ARCELOR-DUNKERQUE 46 45.84’ N 6 05.32’ W 9.0 191 03/11/03 14:44:00 4009.2 72.6
 9 CARREFOUR PREVENTION 47 00.36’ N 5 44.24’ W 8.4 192 03/11/03 14:44:00 4029.2 92.6
 10 GARNIER 46 58.16’ N 5 14.48’ W 10.1 189 03/11/03 14:32:00 4037.5 100.9
 11 60e SUD 47 41.32’ N 5 47.56’ W 8.9 183 03/11/03 14:44:00 4062.3 125.7
 12 ADECCO 49 00.48’ N 4 22.96’ W 7.8 304 03/11/03 14:44:00 4159.9 223.3
 13 TIR GROUPE 50 21.04’ N 3 34.60’ W 0.0 000 03/11/03 14:44:00 4245.0 308.4
 14 LOIRE ATLANTIQUE 50 08.12’ N 2 44.52’ W 6.8 207 03/11/03 14:32:00 4251.0 314.4

MONOCOQUES 50 Open
 1 STORAGETEK 47 39.72’ N 5 17.76’ W 8.0 174 03/11/03 14:44:00 4072.0 0.0
 2 HELLOMOTO 48 33.88’ N 5 06.68’ W 7.9 192 03/11/03 14:44:00 4121.2 49.2
 3 BRANEC III 48 44.40’ N 4 35.96’ W 8.1 183 03/11/03 14:44:00 4141.6 69.6
 4 DEFI VENDEEN 48 38.92’ N 2 01.40’ W 0.0 000 03/11/03 14:44:00 4239.4 167.4

Récapitulatifs des avaries

Abandons :
 3 monocoques 60 pieds : Ciment Saint Laurent Océan (Leblanc/Nadeau), quille arrachée par un ofni. Objectif 3 (Hedrich/Sanso), démâtage. Pindar (Richards/Sanderson), panne d’électronique.
 2 multis 50 pieds : Atlantic Nature (Caseneuve/Houdart), démâtage. Mollymawk (Hobson/Newman), voie d’eau causée par un ofni.
 1 mono 50 pieds : Labesfal (Diniz/Taylor), problème de gréement.

En escale 
 Défi Vendéen (Durand/Chemin) à Saint-Malo, bout-dehors cassé.
 Tir Groupé (Birch père et fils) à Dartmouth (Angleterre), rail de grand-voile cassé.
 



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