CHALLENGE MONDIAL ASSISTANCE
2734 milles de Cherbourg-Octeville à Rimini
Lionel Lemonchois : "nous pouvons nous permettre de passer tout à côté des cailloux"
vendredi 9 mai 2003 –
Comme de coutume, les concurrents effectueront un parcours côtier long de 7 milles en rade de Cherbourg. Ce grand spectacle en perspective conclura de la plus belle des manières une semaine placée sous le signe de la ferveur populaire. Rien qu’hier jeudi 8 mai, ils ont été plus de 13 000 milles à se promener sur le village ceinturant les multicoques en partance.
Les douze skippers commencent à être rompu à l’exercice. Partir à la seconde près sur ces engins à trois pattes aussi larges que longs pour couper au mieux la ligne de départ demande un réel talent, un énorme sang froid et une excellente cohésion de l’équipage. Alors dimanche à 15 heures, avec une météo qui prévoit un vent de secteur ouest-sud-ouest 15 à 20 nœuds, ce sera chaud, très chaud. Il n’y aura pas de cadeau, le meilleur moyen pour effectuer sous les feux de la rampe ce parcours côtier, étant de partir en tête. « Tu ne peux plus te dire que tu vas la jouer cool au départ, explique Thomas Coville (Sodebo). Mine de rien, le positionnement, après le parcours côtier, à son importance. Naviguer par la suite dans du vent frais ou dans la fumée des autres, cela change tout et sur ce type de course, le passé le prouve, il ne faut rien laisser traîner ».
L’absence de marque parcours sur ce Challenge Mondial Assistance aiguise l’appétit des navigateurs. Pour sortir dimanche de la Manche, ils auront ainsi la possibilité de jouer « aux ras des cailloux » si le besoin s’en fait sentir. Ce qui risque d’être le cas puisque le vent devrait souffler dans l’axe de la route, avec obligation de tirer des bords. Ils pourront également contourner la pointe de Bretagne au plus serré avant d’entamer la traversée du Golfe de Gascogne.
A 20 nœuds de moyenne, avec des dérives qui plongent à 5 mètres sous l’eau, le travail à la table à carte ne manque alors pas de piment. Heureusement pour eux, pour les aider, les logiciels de navigation tournent à plein régime. Sur les écrans d’ordinateur, ils suivent la route, au mètre près, de leur monture qui trace un joli trait rouge sur fond de cartes marines. « Grâce à ce matériel, nous pouvons nous permettre de passer tout à côté des cailloux et autres dangers que l’on visualise bien sur l’écran, reconnaît Lionel Lemonchois (Gitana). N’empêche, cela reste des plus flippant. On monte vite dans les tours. Le droit à l’erreur n’existe pas ». Comme ses camarades skippers, Lionel avait plutôt le sourire en dévorant son steak au Yacht-Club de Cherbourg qui ne désemplit pas. « Jeudi, nous devrions arriver vers Gibraltar, analyse Ellen MacArthur qui a retrouvé aujourd’hui, avec plaisir le poste de navigation de Foncia, arrivé ce matin vers 4 heures. Il y aura une petite dorsale anticyclonique à traverser après la pointe de Bretagne et puis nous devrions toucher l’alizé portugais. On va glisser avec eux jusqu’à Gibraltar ».
Après, c’est la mer Méditerranée et ses pièges. Initialement, les équipages avaient le choix entre passer par le Détroit de Messine, en laissant donc la Sicile sur tribord, ou de la laisser à bâbord, un chemin plus long d’une vingtaine de milles. Dorénavant, seul ce chemin est autorisé. Pour Michel Desjoyeaux (Géant), le bon sens l’emporte. « Allez jouer dans le Détroit avec nos bateaux, ce n’était pas forcément intelligent. On sait tous qu’il y a plein de petites barques de pêcheurs. Ils n’ont rien demandé à personne et naviguent le plus souvent sans feux. Cela ne sert à rien d’aller les découper en rondelles avec nos engins ».
Information Nicolas Raynaud / Challenge Mondial Assistance
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