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Route du Rhum

La Route du Rhum : un cocktail météo sacré corsé !

mardi 5 novembre 2002Information Route du Rhum

Tempêtes à répétition, coups de torchon à essuyer, alizés à toucher le premier, passage de fronts à bien négocier, options sud ou nord ou pourquoi pas médiane : la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum est un casse-tête météorologique, simple et compliqué à la fois, salé au début puis sucré une fois dans les vents chauds. Revue de détails de cette transatlantique hivernale qui a construit la légende de cette course.

Vue aérienne des bassins Vauban et Dugay Trouin
Photo : G.Martin-Raget

Une légende se construit dans le bonheur ou peut se vivre dans la douleur. Et la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum est indissociable de ses conditions météo qui imposent d’une main de fer ou d’un gant de satin les conditions de navigation de ses participants. Comme chacun le sait, l’Europe du Nord est au mois de Novembre traversée par de grosses dépressions qui se succèdent. L’anticyclone des Açores essaye de remonter vers le Nord mais la Manche et l’Atlantique Nord restent le plus souvent soumis au ballet de coups de vent générés par les dépressions qui défilent dans le Nord de la Grande-Bretagne.

Le décor est dressé : généralement le vent de secteur Ouest dominant s’engouffre dès le départ dans la Manche et plonge d’entrée les concurrents dans des conditions froides et humides. La sortie du « Channel » est déjà un "passage à niveau" important et les concurrents se glissent soit au Nord du rail des cargos vers la Grande-Bretagne ou longent les côtes de Bretagne Nord. L’Océan s’ouvre alors et des options tactiques sont alors prises. Route Nord, Sud ou médiane : tout est possible. Mike Birch en 1978 avait opté pour le Sud, Marc Pajot en 1982 était passé au centre des deux routes comme Philippe Poupon en 1986, Florence Arthaud avait choisi le Nord en 1990 et Laurent Bourgnon en 1994 et 1998 était parti Nord au départ pour plonger au sud en milieu de parcours. Chacun y est donc allé de son option…

Si les concurrents se font traditionnellement accueillir par les trains de dépression dès la première moitié du parcours. Ils doivent choisir leur route en fonction de la position de l’anticyclone des Açores qu’ils vont devoir traverser au bon endroit et au bon moment. Et plus cet anticyclone sera important, plus la bonne trajectoire sera difficile à trouver. Une erreur dans ce choix et la messe est dite. Et les tempêtes à essuyer, chacun y à goûter.

Chaque édition y a eu droit à son lot de vents puissants et de face et l’on compte en moyenne entre deux ou trois dépressions à essuyer avant de buter contre l’Anticyclone des Açores situé sur l’archipel du même nom. Les hommes comme les bateaux sont soumis à rude épreuve. Un second "passage à niveau" important pour tous les bateaux où il faut savoir doser puissance et douceur à la fois. Il faut savoir « lever le pied » de l’accélérateur pour préserver son bateau pour les longues glissades à venir.

Car la délivrance arrive au bout de ces six jours de course à peu près. Le but est bien sûr de toucher le plus rapidement le régime des alizés et de traverser un « no man’s land » intermédiaire entre les systèmes. Et si les multicoques se déhalent plus vite que les monocoques, c’est là que les écarts se creuseront entre les deux flottes. Les vents chauds et porteurs vont ensuite pousser alors les multicoques à pleine vitesse Vitesse #speedsailing vers la Guadeloupe soit en enchaînant les empannages, soit en descendant en route directe pour ceux qui auront choisi une option Nord.

A ce moment là de la course, les vagues sont moins croche-étraves, les multicoques sont au maximum de leur vitesse Vitesse #speedsailing et les marins peuvent prendre un peu plus de repos après ses jours de combat et de stress permanent. L’arrivée n’est alors plus très loin mais la météo et ses complexités auront eu raison de nombre de matière grise.  

  Pierrick Garenne


- Plaisirs innocents… 650 enfants de différentes écoles de Saint-Malo sont venus ce mardi 5 novembre dans l’auditorium du Palais du Grand Large à la rencontre de quelques skippers. Parmi eux, on pouvait croiser Michel Desjoyeaux, Philippe Monnet, Mike Golding, Joé Seeten, Bob et Franck Yves Escoffier, Pierre-Yves Guennec, Christophe Huchet, Didier Levillain… Et comme il se doit les questions ont fusé, les micros ont tourné et les carnets de note se sont noircis. « Pourquoi avez-vous choisi le métier de skipper ? » : « J’ai peut-être un peu trop lu les BD de Barbe-Rouge lâche Philippe Monnet. Plus sérieusement, j’ai eu envie d’aller voir très rapidement ce qu’il y avait de l’autre côté de ce fil tendu qu’est l’horizon ». « De quels concurrents avez-vous peur ? » : « J’ai peur de tous les concurrents et avant tout de moi-même souffle Christophe Huchet. Mais c’est aussi ce qui fait tout l’intérêt de cette course en solitaire ! ». « Comment mangez-vous ? » : « Moi, j’ai des barquettes avec des plats préparés et il faut penser à avoir une nourriture la plus équilibrée possible chante Georges Leblanc avec son accent québécois. Une heure trente de questions-réponses entrecoupée d’applaudissements à chaque intervention et allers et venues de skippers. Un grand moment où l’innocence des uns a fait le bonheur des plus autres !

 
- Qui est-il ? C’est demain que Nick Moloney annoncera son sponsor pour cette Route du Rhum 2002. Rappelons que cet australien qui court sur l’ancien CCP Cray Valley vainqueur d’Around Alone dans la classe des Monocoques 50 pieds possède un palmarès à faire pâlir nombre d’anciens : Whitbread, Coupe de l’America, record de la traversée du Détroit de Bass en planche à voile, record du Trophée Jules Verne (tour du monde le plus rapide à la voile en équipage) avec Bruno Peyron sur Orange… Inutile de dire qu’il aimerait bien accrocher cette Route du Rhum à son palmarès. Et il en a les moyens ce garçon à la carrure de rugbyman car il figure sans hésiter dans les grands favoris.  

 
- Affluence record… Le Village couvert de la Route du Rhum situé le long du bassin Duguay-Trouin connaît des affluences record. En effet, on y compte environ 20 000 personnes par jour et tenez-vous bien, il y en a environ 15 000 qui traversent le Bassin Vauban sur sa passerelle flottante. Inutile de vous dire qu’il est déjà difficile de savoir combien de personnes se pressent autour des bassins en ce début de semaine.

 
- Baptême pour la Vie… Un grand moment souffle-t-on sur les pontons que devrait être le baptême du Sodebo de Thomas Coville. En effet, le vainqueur de la précédente édition en classe monocoques 60 pieds baptisera son tout nouveau trimaran de classe Orma ce jeudi 7 novembre entre 19 et 20 heures. Un vrai festival sons et lumières illuminera le bassin Vauban mais juste avant, comme la tradition le veut, la bouteille sera cassée. Le parrain du trimaran Sodebo est Philippe Moullier médecin-chercheur à l’INSERM en Thérapie génique, qui se bat quotidiennement pour la recherche de nouveaux traitements : « La clé du bonheur, celui que l’on touche du doigt dès l’instant où notre découverte nous rapproche un peu plus près de l’enfant malade, ne s’obtient que lorsque l’équipe est soudée pour tendre vers un seul et même but. En décrivant mon univers et ses règles, on comprend mieux la raison pour laquelle je me retrouve entre Sodebo et Thomas Coville ». Si ce parrain n’est donc pas là par hasard, il faut savoir que Sodebo réunit dans l’ombre nombre d’industriels pour venir en aide à cette mission. Il fallait le dire tout de même…

 
- Le saviez-vous ? « En ce moment, je mets mon réveil toutes les heures pour commencer à m’habituer lâche Didier Levillain (Chaleur Fioul Elan). C’est un peu désagréable pour la personne qui partage mes nuits mais bon… il faut commencer à entrer dans le rythme ! ». En effet, les concurrents de la Route du Rhum vont dormir par tranches de 20 minutes sachant qu’ils ont besoin d’environ 3 heures de sommeil pour avoir les idées les plus claires possibles. Une fois les ballets de dépression passé et touché les alizés, ils pourront alors s’octroyer des tranches de sommeil d’une heure trente. Mais rappelez-vous : Florence Arthaud dans l’édition 1990 avait été obligé de s’attacher à la barre pendant deux jours à cause d’une panne de pilote automatique.  

Météo à venir (source Météo-France)

  Anticyclone 1028 hPa par 37° Nord et 20° Ouest stationnaire qui se décale mercredi en matinée vers le Nord et se renforce. Il est prévu le jeudi 07/11 a 00 UTC a 1035 hPa par 44° nord et 13° Ouest. Dépression circulant au nord du 60° Nord. La perturbation associée traverse notre zone mercredi. Creusement mercredi matin d’un minimum dépressionnaire 1014 hPa sur la Bretagne et qui se décale au sud-est.  
- Du mardi 05 novembre a 15 UTC au mercredi 06 novembre a 00 UTC : Vent de Sud 4 a 5 sur Saint-Malo. Mer agitée.
- Mercredi 06 novembre de 00 UTC a 24 UTC : Vent de Sud 4 a 5 virant l’apres-midi Nord-Ouest 5 a 6 sur Saint-Malo. Mer agitée. Pluie ou bruine suivies d’averses en soirée.
- Jeudi 07 novembre de 00 UTC a 24 UTC : Vent de Nord-Ouest 4 a 6 sur Saint-Malo. Mer agitée. Averses.
- Tendance pour la période du vendredi 8 Novembre au lundi 11 novembre : Flux de secteur Sud-ouest modéré a assez fort.  



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