C’est à 0h20, heure locale, 6h20, heure française que Colbert Orco a franchi la ligne d’arrivée de cette deuxième étape remportée six heures plus tôt par Erwan Tabarly & Philippe Vicariot. Un premier feu de détresse lancé par un spectateur joyeux, puis un fumigène et le Figaro-Bénéteau blanc a coupé la ligne a son tour. Il est venu ensuite s’amarrer à coupe des quatre voiliers déjà alignés dans le port de Gustavia.

Les bras levé pour montrer leur victoire, puis un fumigène blanc dans la main d’Hervé Laurent, et c’est sous les applaudissements de la foule que les deux hommes ont enfin pu poser pied à terre et savourer la joie de la victoire. Une victoire en forme de consécration pour Hervé Laurent. Une victoire aux couleurs de la révélation pour son jeune équipier Rodolphe Jacq.

 » Premières impressions

Hervé Laurent (Colbert Orco) : "Le jeu Jeu #jeu était d’être devant pour une grande étape comme celle-là ! il fallait être à l’attaque dès le début et ce, dès la sortie de Madère. Puis on a contrôlé à la fois au nord et au sud. Ensuite, cela s’est allongé et les premiers sont partis devant. Il fallait être avec les premiers.

Pour moi, cette victoire dans la Transat AG2R c’est un accomplissement après des années de boulot et de routage pour les autres quand je ne pouvais naviguer.

La course s’est jouée sur la première étape sur la météo et ensuite, cela a été une course de vitesse Vitesse #speedsailing . Il fallait soutenir le rythme de nos adversaires.

Cette victoire me regonfle ! Cela me réconforte pour l’avenir et j’espère trouver un partenaire pour faire un nouveau Vendée Globe !"

Rodolphe Jacq (Colbert Orco) : "Je suis super content ! Cela s’est déroulé comme on l’espérait. On s’était dit avant le départ qu’à la sortie de Madère, le classement ne changerait pas beaucoup. Effectivement les huit premiers sont dans le même classement que tout de suite après le départ.

Pour moi, c’est génial car je vais pouvoir chercher sereinement des sponsors pour la Porquerolles et le Figaro.

Quand je vois Karine Fauconnier et Lionel Lemonchois qui naviguent maintenant sur trois coques, cela me fait rêver !"

 » Portraits express des vainqueurs

Hervé Laurent, 45 ans, n’avait pas participé à une grande course au large depuis deux ans. Mais ce pas pour autant qu’il avait oublié la régate et son péché mignon, la météorologie. Il a ainsi offert ses services de routeur à quelques coureurs. Avec plus d’une trentaine de transatlantiques à son actif et un tour du monde en solitaire sans escale, le Lorientais est aussi un des marins français les plus expérimentés. Il lui manquait encore une consécration. Avec une première étape gérée en fin navigateur et une deuxième étape contrôlée sans souci, il a bien "finalisé son coup" !

Palmarès 2000 : 4^e de la Transat AG2R ; 4^e de la Transat Québec - Malo 1997 : 3^e du Vendée Globe 1996 : 4^e de l’Europe 1 Star 1993 : 4^e de la Route du Café 1982, 90, 94 : trois participations à la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum

Rodolphe Jacq, 30 ans, avait comme une revanche à prendre sur cette course. En 1999, il avait été contraint d’abandonner lors de la Mini-Transat Mini-Transat #MiniTransat . L’an passé, bien qu’ayant participé aux courses qualificatives, il s’est vu claquer la porte au nez quand cinq des sept concurrents en liste d’attente ont pu prendre le départ. Rodolphe et son Pogo 650 étaient sixièmes… Cette année, il a trouvé un partenaire pour la saison Figaro-Bénéteau avec pour objectif de fidéliser cet engagement sur plusieurs années et disposer du nouveau bateau l’an prochain. Une victoire dans la Transat AG2R, course référence pour les futurs professionnels, et tout semble en bonne voie.

Palmarès 2002 : 1^er première étape Transat AG2R 2001 : DSQ Mini-Pavois (Mini) ; non qualifié Transat 650 1999 : 14^e série Transgascogne (Mini) ; 7^e 330 milles Concarneau ; 6^e Mini-Fastnet ; Abandon Mini-Transat Mini-Transat #MiniTransat 1996 : Tour de France à la Voile

 » La deuxième étape à bord de Colbert Orco

10 mai : Hervé Laurent (Colbert Orco) : "La participation à la Transat AG2R il y a quatre ans, nous a permis de préparer le bateau. Le parcours je le connais pour l’avoir fait sur la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum . Mais on s’est préparé très très tard. Donc le fait d’avoir couru avant sur ce parcours nous a permis de faire les bons choix et de ne pas trop se poser de question. Il y a quatre ans, c’était un coup d’essai et là, je finalise le coup !

Ce qui est sur c’est que je suis plus à l’aise en solitaire qu’en équipage sur un bateau. Le problème des courses en solitaire c’est que cela demande plus de moyens pour être au top niveau. C’est plus dur ce concilier un partenariat avec un sponsor. Le gros avantage de la Transat AG2R, c’est de courir avec un budget réduit (273 000 F). La voile océanique, le résultat est en rapport avec le budget et le talent du skipper et de l’équipage."

7 mai : Hervé Laurent (Colbert Orco) : "Pour nous, c’est maintenant un jeu Jeu #jeu de contrôle essentiellement. On est obligé de faire de la tactique par rapport aux autres. Ce n’est pas facile. Nous, notre route on l’a définie il y a quelques jours. Depuis le départ, j’ai pu contenir des bateaux plus rapides en étant plus au sud car il y a plus de vent au sud quand l’alizé est installé comme cela. Quand il est bloqué comme il va l’être dans le heures qui viennent, il est moins bloqué au sud. C’est une option moins extrême que celle que j’ai prise il y a quatre ans. On avait terminé quatrième."

2 mai : Hervé Laurent (Colbert Orco) : "On a piétiné un peu cette nuit. Ce n’est pas simple, surtout s’ils commencent à s’éclater sur la latitude. On surveille les concurrents directs au classement : Marseille et Saint Nazaire. Il y a aussi Jean Floch qui semble aller dans le sud. Mais la route est longue encore et toute petite différence de vitesse Vitesse #speedsailing peut faire de grands écarts."

29 avril : Hervé Laurent (Colbert Orco) : "Finalement, on a toujours l’oeil dessus les autres et on surveille la situation. Ils m’empêchent de faire un peu ce que je veux mais on ne peut pas trop les laisser partir. En plus il n’y a pas trop d’option possible. Cela va être pire plus tard. Je prends les positions des autres bateaux, c’est une grande nouveauté à bord ! Je prends tous les bateaux car ils sont tous dangereux. On n’est pas à l’abri d’une bulle de calme à l’arrivée. "

25 avril : Hervé Laurent : "La deuxième étape n’a rien à voir avec la première. C’est plus une course de vitesse. Il y a des possibilités d’options avec en particulier une route sud qui peut payer sur la fin. Mais, avec les alizés, tout le monde sera à la queue leu leu sur la route. Mais on n’est pas à l’abri de quelqu’un qui tente un coup. On va surveiller les autres même si ce n’est pas une habitude pour moi. De plus, on n’a pas le droit de prendre d’option extrême."