A la différence des cinq autres éditions de la Transat AG2R, le départ de la seconde étape sera donné groupé. C’est à dire que les voiliers ne repartiront pas dans leur ordre d’arrivée après une neutralisation de 72 heures minimum. Cette fois-ci, tous les voiliers largueront les amarres en même temps et mettront ensemble le cap vers les Caraïbes.

Il en résulte que le vainqueur à Saint Barthélemy ne sera pas le vainqueur de la course. Les équipages qui se sont fait distancer par Hervé Laurent & Rodolphe Jacq (Colbert Orco) entre Lorient Lorient L’actualité du port de Lorient et de sa région. et Madère peuvent repartir avec, au moins, l’ambition de s’illustrer sur cette traversée de l’atlantique. Pour l’équipage Lorientais par contre, l’objectif sera de contrer les attaques qui vont se multiplier au sein de la flotte.

"On oublie la première étape et nos erreurs comme nos succès et on repart comme pour une autre course !" prévient Ronan Cointo, deuxième à plus de dix heures du premier sur Escal’Atlantic Saint Nazaire avec Ronan Guérin. "On va partir dans des conditions idéales alors on sera à l’attaque d’entrée de jeu Jeu #jeu  !" ajoute Vincent Riou, à plus de 18 heures du premier sur Jean Floc’h avec Éric Drouglazet.

Les conditions météo qui règnent sur l’archipel Portugais sont celles d’alizés bien établi. Un fort vent d’est-nord-est souffle avec régularité sur l’atlantique nord entre force 3 et 5. Les spinnakers des Figaro-Bénéteau seront gonflés et vont tirer les machines à presque huit noeuds de vitesse Vitesse #speedsailing moyenne vers les Caraïbes.

Pendant cette première partie, c’est le rythme que pourront tenir les navigateurs qui fera la différence. Si les bateaux ont une vitesse Vitesse #speedsailing proche, les équipages les mieux aguerris pourront tenir des vitesses élevées plus longtemps et sans perdre le contrôle de leur machine. A chaque départ à l’abattée, à chaque départ au lof, c’est trente minutes de perdues, soit quatre milles de moins au compteur. Sur 15 jours de course, les écarts peuvent se creuser.

Enfin, l’autre donnée tactique de la course se jouera à l’approche de Saint Barthélemy. "Selon l’angle d’attaque sur l’arrivée" explique Vincent Riou, "un bateau peut aller au moins un noeud plus vite que le reste de la flotte. Sur 72 heures de course, cela peut faire 100 milles d’écart !"

Cent milles d’écart, c’est plus de 12 heures de route… La régate est donc loin d’être terminée alors qu’elle va repartir au tiers de son parcours total.

* Le 24^e, SOS Enfance en danger, est attendu vendredi soir à Funchal.

 » Le départ groupé en question

Corentin Douguet (Petit Navire) : "Dans des circonstances comme celles de cette année, cela avantage les équipages qui sont devant. Il vaut mieux pour eux partir groupé que décalé."

Arnaud Boissières (Département de l’Aisne) : "Avant, c’était original car on arrivait en temps réel à Saint Barth’. Il y a deux ans, Jérémie et Pascal (Béyou et Bidégorry, premiers à Funchal) étaient partis de nuit. Et ils se sont vite fait rattraper..."

Ronan Cointo (Escal’Atlantic Saint Nazaire) : "Cela change ! C’est pas mal pour les gens derrière, pour les amateurs. Car, quand on a pris pas mal de temps de retard, repartir au contact redonne le moral. Au moins, ils ne se retrouvent pas tous seuls. Pour les gens de devant, le jeu Jeu #jeu reste le même ! Le départ de l’île est assez difficile à gérer : on peut y rester collé ou bien partir seul sur une bouffe à 20 noeuds. Et pour nous, cela ne change rien à la régate. Avant, c’était bien car le premier arrivé était le gagnant. Mais cette fois-ci, c’est une nouvelle régate qui commence ! C’est donc une bonne formule et en plus il y aura moins d’écart à Saint Barthélemy entre les coureurs. Pour nous, cette deuxième étape, c’est comme une nouvelle régate qui commence. On va faire notre course au mieux."

Vincent Riou (Jean Floc’h) : "Sportivement, je trouve cette nouvelle formule plus sympa car il n’y aura pas trop d’écart dû au départ décalé. Cela reste quand même étonnant comme décision car médiatiquement, c’est mieux quand le vainqueur est le premier arrivé. Dans le cas d’un départ décalé, les autres ne partent pas dans les mêmes conditions météo que le premier. Tout dépend alors de la réussite de chacun. Cela peut fonctionner un coup dans le bon sens, un coup dans le mauvais ! Cela n’avantage donc pas celui qui exploite au mieux son bateau et les conditions météo".

Bruno Jourdren (Advance Game Boy) : "Sportivement, c’est plus sympa ! Mais médiatiquement, c’est moins bien. D’un point de vue sportif, ce qui est acquis reste acquis ! Les gros écarts avantagent donc celui qui est en tête. Avant, c’était à celui qui partait devant d’ouvrir la route. C’est une question qui ne se pose plus maintenant."

Amaiur Alfaro (Uhartz Absolut(e)) : "D’un côté c’est bien de partir groupé dans le sens où on a tous les mêmes conditions de départ. Mais après, ce sont les premiers qui sont avantagés car ils se sont plus reposés lors de l’escale. S’il n’y avait pas eu le décalage du départ en raison du jour férié aujourd’hui au Portugal, nous, on n’aurait eu que 36 heures pour se reposer."