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Route du Rhum

Michel Desjoyeaux : "tout ce qui ne tue pas rend plus fort"

"les deux bateaux qui ont le mieux marché sont ceux avec lesquels les skippers ont beaucoup navigué"

mardi 16 novembre 2010Redaction SSS [Source RP]

A 06 heures 31 minutes et 04 secondes ce mardi 16 novembre, Michel Desjoyeaux a franchi la ligne d’arrivée de la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum - La Banque Postale. Le skipper de Foncia prend la sixième place de l’épreuve, deux jours derrière le vainqueur et ami Roland Jourdain. Quel bilan au terme de la première transat du nouveau monocoque Foncia ? Michel fait le point, sans état d’âme. En résumé : le bateau est bien né et l’erreur humaine…

Bref rappel des faits : après un départ sous spi de Saint-Malo et un passage en 2e position au cap Fréhel, Michel Desjoyeaux prend le lundi matin, dès son entrée dans les eaux atlantiques, la décision qui conditionnera l’issue de sa course : plonger pour contourner par le sud l’anticyclone des Açores. Il est accompagné dans son option par Arnaud Boissières (Akena Verandas) tandis que leurs 7 concurrents optent pour la voie du nord. Très vite, la route des alizés se révèle compliquée : trop longue, pas assez rapide à cause de vents portant anémiques. Longtemps, Michel occupe la dernière place. Le 10 novembre, il finit par doubler son adversaire direct " Cali " (Arnaud Boissières) puis Christopher Pratt (DCNS 100), privé d’électricité et englué dans les calmes au nord. Entre temps, Kito de Pavant (Groupe Bel) avait jeté l’éponge aux Açores. Foncia termine donc 6e d’une course déroulée pratiquement 100% au portant. Son skipper est désormais rompu à l’art des changements de spis et gennakers. Après deux semaines de mer, Michel fait l’inventaire :

" La première chose, c’est que le bateau est bien né. Cela ne veut pas dire qu’on est totalement au vent de la bouée. Il y a une job list de plusieurs pages mais nous n’avons rien cassé et finalement, on s’en sort très bien. Ensuite, il n’y a pas de raison pour que le bateau n’aille pas vite, même si je n’ai pas pu réellement me tester face à la concurrence. Vincent Riou a dit que pour gagner cette course il ne fallait pas avoir de problèmes techniques au moment d’appuyer sur l’accélérateur (pour suivre Bilou). A ceci j’ajouterai : il fallait en plus être sur la bonne route… "

Cette option sud s’avère rapidement mauvaise, comment le vis-tu alors ?

" Je l’ai plutôt très mal vécu sur le moment. Pas tant pour le résultat. Parce que ça m’arrivera de prendre des ‘boîtes’ et de devoir m’en remettre. C’est plus sur la méthode. D’avoir un peu joué mon va-tout en me disant ‘tiens, je ne vais pas au même endroit que les autres et on verra ce que ça donne’. Même si à la base il y avait une réflexion calculée sur un fichier, il y avait d’autres indicateurs qui disaient que ce n’était pas forcément bon… Mais ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est de comprendre le système de décision qui m’a poussé à faire un truc un peu contre mon bon sens. Car j’étais venu faire cette course pour une bagarre et en même temps, on dirait que j’ai tout fait pour qu’elle n’ait pas lieu… "

Comment expliquer cela ? Un excès de confiance comme tu as pu l’évoquer ?

" Une des explications, mais ce n’est pas la seule, c’est de me dire que je n’ai pas assez navigué cette année. Ce n’est pas sur l’utilisation du bateau que j’ai eu du mal. Là-dessus, j’ai d’emblée été à l’aise. C’était plus une question de tempo, de rythme dans la succession des manœuvres, les transitions, les coups météo. On voit que les deux bateaux qui ont le mieux marché sont ceux avec lesquels les skippers ont beaucoup navigué, ou lorsque les skippers avaient eux-mêmes beaucoup régaté et à haut niveau, comme Armel (Le Cléac’h, ndr) sur l’AG2R et le Figaro. Cela montre aussi toute la polyvalence de ce sport : on n’est pas juste des sportifs et on n’est pas juste des techniciens. Il faut être un peu tout, trouver un équilibre au milieu de tout cela pour tirer son épingle du jeu Jeu #jeu . Et personne n’est à l’abri d’une contre performance… Il faut donc que je continue à travailler pour progresser. "

Quelle leçon positive peut-on en retirer pour la suite ?

" Il y a un proverbe qui dit : tout ce qui ne tue pas rend plus fort… "

Au delà du résultat sportif, le plaisir d’être en mer était-il là ?

" La traversée s’est super bien passée. Il y eu des grands moments de bonheur, des moments où je me laissais aller. Le bateau est vraiment agréable à naviguer. Je me suis bien entendu avec lui et cela vaut une place de 6e ! Mais on n’a pas chômé non plus. Je ne sais pas ce qu’en pensera Cali (Arnaud Boissières) mais on ne s’est pas laissé faire l’un l’autre. Et du coup, je crois que j’ai rattrapé en 15 jours une bonne partie de ce qui me manquait cette année en terme de navigation... "

La victoire de Bilou

" Des double vainqueurs, il n’y en a pas tant que ça sur le Rhum. Cette année, il y en a deux : Roland Jourdain et Lionel Lemonchois. D’entrée de jeu Jeu #jeu , Bilou s’est super bien placé, il a toujours attaqué et a très bien navigué. Vu de l’extérieur en tout cas ! Il n’a pas hésité à être incisif, à se décaler, le tout avec visiblement très peu de problèmes techniques, ce qui lui a permis de rester à la disposition de son bateau et de sa trajectoire. Il signe un Rhum de toute beauté et super mérité. "

En route vers Barcelone : chaud le programme !

Michel a mis pied à terre en Guadeloupe où il a retrouvé les siens et une petite partie de son équipe technique. A peine le temps de dire ouf et de siroter un ti’ punch qu’il reprend la mer ce mardi pour convoyer Foncia à Fort-de-France (Martinique). Le monocoque, doit en effet partir par cargo le 19 novembre pour rejoindre Barcelone où le départ de la Barcelona World Race Barcelona World Race #barcelonaworldrace sera donné dans un mois et demi (le 31 décembre 2010, ndr). Une première aventure Aventure s’achève, une autre voit le jour. " De belles choses nous attendent, conclut Michel. On tourne la page et on passe à autre chose. "

- Info presse Team Foncia / www.teamfoncia.com


Classement IMOCA Route du Rhum- La Banque Postale le 16 novembre à 11h50 :

  • 1. Roland Jourdain - Veolia Environnement arrivé le 14/11/10 à 06:12
  • 2. Armel Le Cléac’h - Brit Air arrivé le 14/11/10 à 14:08
  • 3. Marc Guillemot - Safran arrivé le 15/11/10 à 01:30
  • 4. Jean-Pierre Dick - Virbac Paprec 3 arrivé le 15/11/10 à 04:16
  • 5. Vincent Riou - PRB arrivé le 15/11/10 à 07:05
  • 6. Michel Desjoyeaux - FONCIA arrivé le 16/11/10 à 06:33 *
  • 7. Arnaud Boissières - Akena Vérandas arrivé le 16/11/10 à 09:36
  • 8. Christopher Pratt - DCNS 1000 à 35,6 milles de l’arrivée
  • ABD Kito de Pavant - Groupe Bel

* Le temps de course de Foncia est 15 jours, 17 heures, 29 minutes et 4 secondes. Sur le parcours théorique de 3 539 milles, Michel Desjoyeaux affiche une vitesse moyenne de 9.38 nœuds. Il est arrivé 02 jours 00 heure 18 minutes 08 secondes après le vainqueur Roland Jourdain (Veolia Environnement).


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