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France - île Maurice

Francis Joyon rejoint Port-Louis en 26 jours

Idec établit un premier temps de référence autour de l’Afrique

jeudi 12 novembre 2009Redaction SSS [Source RP]

Parti le samedi 17 octobre de Port Louis en France (Morbihan), à l’assaut des 8000 milles théoriques de ce nouveau record Record #sailingrecord entre la France et l’île Maurice (océan Indien) Francis Joyon est arrivé ce jeudi 12 novembre à 19 h, 03 minutes et 29 secondes, heure de l’île Maurice, soit 16 heures, 03 minutes et 29 secondes en heure française.

Il a bouclé sa navigation de 10304 milles nautiques en 26 jours 4 heures 13 minutes et 29 secondes, à la vitesse Vitesse #speedsailing moyenne de 16,40 nœuds*, soit dans le droit fil de sa prévision de départ qui était, pour mémoire, « autour de 25 jours ». Retour sur la chronologie et les grands moments de cette nouvelle aventure Aventure océanique - cette Route des Indes nouvelle formule - et ce premier temps de référence signé par le marin trinitain et son maxi trimaran IDEC.

Acte 1 : l’équateur en une semaine

Inventeur de ce nouveau record Record #sailingrecord de demi-fond au format original « entre le sprint d’une transat et le marathon d’un tour du monde », le solitaire Francis Joyon s’élance de Port louis le samedi 17 octobre à 12h, 50 minutes et 16 secondes. Objectif : rallier l’autre Port Louis, celui de l’île Maurice dans l’océan Indien, en « environ 25 jours ». La fenêtre météo est très réduite, puisqu’il faut partir très tôt pour éviter d’arriver dans l’Indien au moment de formation des cyclones. Avec son fidèle routeur Jean-Yves Bernot, Francis Joyon décide donc de sauter sur la première fenêtre météo exploitable. Une stratégie payante dans la première semaine de course, où il parvient à enchaîner des journées à 500 milles parcourus. Le 22 octobre, à son 5e jour de mer, IDEC a touché l’alizé et empanne vers un Pot au noir heureusement pas trop actif. L’équateur est atteint le dimanche 25 octobre à 16h57, en 8 jours, 5 heures et 7 minutes, soit dans le timing de « plus ou moins une semaine » imaginé par Francis Joyon à son départ.

Acte 2 : Bonne Espérance en 17 jours

L’Atlantique Sud est une autre paire de manches. L’anticyclone de Sante-Hélène, comme souvent, barre la route mais il est positionné très ouest et il n’y a pas d’autre choix que le contourner par la droite. Il faut donc faire le grand tour et IDEC est contraint d’aller flirter avec le Brésil, qu’il approchera à moins de 300 milles pour conserver une vitesse Vitesse #speedsailing satisfaisante. Cette parabole dans l’Atlantique Sud est exigeante pour le marin et le bateau, menés à fond d’abord, puis freinés par des zones de calme dans lesquelles il faut se battre et beaucoup manœuvrer avant la récompense : les grands vents d’ouest. Le 2 novembre, Joyon peut se retourner sur des journées à haute vitesse, le speedomètre d’IDEC indiquant régulièrement 30 noeuds, mais il doit aussi composer avec un paradoxe : il va plus vite que la dépression qui le propulse en bordure des Quarantièmes Rugissants… « quand je la dépasse, elle devient moins active et je ralentis » explique-t-il. Il faut se battre, aller chercher le vent, jouer les angles… et signer deux journées extraordinaires à 580 milles parcourus ! Tant et si bien qu’IDEC franchit la latitude du cap de Bonne Espérance le mercredi 4 novembre à 3h24, soit 17 jours, 14 heures et 34 minutes après son départ de France. Déjà, le Record Record #sailingrecord France – île Maurice fait savoir qu’il se mérite.

Acte 3 : trop calme Indien

Emmené par sa trajectoire dans l’Atlantique Sud et barré par le fort courant des Aiguilles qui interdit une route proche de la pointe de l’Afrique, IDEC doit descendre très « bas » - jusqu’à 45 degrés de latitude sud ! - pour entamer sa remontée dans l’océan Indien. « Je ne savais plus très bien si j’allais à l’île Maurice ou aux Kerguelen ! » plaisante Francis, toujours aussi serein, alors que le marin et le bateau ont pourtant déjà beaucoup donné pour gagner ces parages en moins de trois semaines, d’ailleurs sur une trajectoire qui n’est pas sans rappeler son exploit autour du monde de 2008. Au 20e jour de mer, tout va encore très bien pour Francis Joyon… sauf qu’une zone de hautes pressions – par définition totalement incongrue dans les Quarantièmes Rugissants – va lui barrer la route. Grande houle et pas de vent ! Dans les Quarantièmes ! Cette bizarrerie va être un véritable enfer pendant deux jours pour Francis Joyon : de la houle, pas de vent, des voiles qui claquent et des manœuvres incessantes à la recherche du moindre souffle d’air… Francis vit « les deux journées les plus lentes de ma carrière de marin ». Une expérience hors du temps, usante, mais qu’il finira par surmonter en pouvant enfin remonter vers le nord et l’île Maurice à des vitesses de nouveau raisonnables… le tout au prix d’un engagement incessant, du vent contraire à la route se levant… puis s’évanouissant encore dans les 700 derniers milles. Jusqu’au bout il faudra se battre et se battre encore !

Acte 4 : le premier temps de référence est signé !

Au terme d’une dernière semaine de course très éprouvante, Francis Joyon finit par gagner l’île Maurice comme une délivrance, signant ainsi le premier temps de référence de la « Mauricienne »… chrono qui ne demande qu’à être amélioré. Le jeudi 12 novembre, à 16 h 03 minutes et 45 secondes (19h 03 mn et 45 s à Maurice), le grand trimaran rouge coupe la ligne d’arrivée devant Port Louis, à Maurice, en 26 jours 4 heures 13 minutes et 29 secondes, à la moyenne sur la route de 16,40 noeuds. Il a parcouru plus de 10 000 milles nautiques effectivement sur l’eau, soit 2000 de plus que la route théorique. Mais dans le sillage des découvreurs de la route des Indes, le colosse de Locmariaquer n’a pas craqué, pas le genre de la maison Joyon. Il est allé au bout de sa nouvelle aventure Aventure , à peine au-delà du timing de 25 jours qu’il imaginait au départ de France. Surtout, de nouveau, Francis Joyon a su transmettre avec passion, humanité et douceur ses aventures, son bonheur d’être en mer… et son courage dans l’adversité. Ce nouveau parcours ne lui a pas fait de cadeau. La météo n’a pas été vraiment bonne fille avec le pilote du grand trimaran IDEC. Mais la route est désormais ouverte !

Ce nouveau parcours entre au Championnat du Monde des Records

Une fois validé par le WSSRC (World Sailing Speed Record Council), l’organisme international d’homologation des records à la voile, ce nouveau parcours entre Port Louis en France et Port Louis capitale de l’île Maurice entrera au programme du Championnat du Monde des Records Océaniques qui référence et hiérarchise les 20 principaux records de la planète mer. Ce premier temps de référence, établi aujourd’hui par Francis Joyon en solitaire, appellera sûrement d’autres tentatives sur la belle route des Indes d’où il y a quelques siècles déjà, Hollandais, Portugais, Français et Anglais revenaient les cales chargées de porcelaine, d’épices, de thé ou de soie…

Les déclarations de Francis Joyon

Le Record France - île Maurice
- Francis Joyon : "C’est vrai qu’arriver ici à l’île Maurice à la tombée du jour dans le soleil qui se couche c’était assez beau. Ce parcours de la route des Indes c’est presque un demi tour du monde sauf qu’il a fallut aller mettre le cap sur les îles Kerguelen pour remonter ensuite vers l’île Maurice. Cette nouvelle route est un très beau parcours, riche d’une histoire Histoire #histoire maritime forte. L’île Maurice voulait depuis longtemps accueillir des grands bateaux de course donc ça nous a fait plaisir de le faire et je pense que beaucoup d’autres skippers y ont déjà pensé et réaliseront ce projet un jour ou l’autre".

Premier temps de référence en 26 jours et 4 heures
- Francis Joyon : " J’étais dans le timing prévu jusqu’au passage du Cap de Bonne Espérance, après j’ai rencontré un véritable mur de vent debout et de calme plat et cela a un peu détruit mon capital temps. C’est vrai que je n’aime pas trop les calmes plats, car cela engendre beaucoup de houle, les voiles qui claquent, le matériel qui souffre durant des heures avec le bateau qui ne dépasse pas 2 noeuds. Je n’avais pas encore connu cela, c’était un peu dur pour les nerfs"

Le rythme de ce nouveau record
- Francis Joyon : " Etablir un premier temps de référence avec une météo difficile c’est assez dur car on se dit que le prochain bénéficiera de meilleurs conditions et ira plus vite, aussi il faut se donner encore plus à fond et aller au bout du truc. Malgré une quinzaine de système météo à franchir, la remonté de l’Océan Indien a été le plus difficile de ce parcours, mais l’arrivée à Maurice était magique. On a même eu la visite d’une baleine lors de l’arrivée qui est venu nous saluer entre le trimaran et le bateau presse qui nous accompagnait"

* sous réserve d’homologation par le WSSRC

- Info Presse Agence Mer & Média / www.trimaran-idec.com



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