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Transat 650

Le Blévec ao Salvador de Bahia !

"Privé d’infos depuis 6 jours, il me fallait attaquer en permanence"

mardi 23 octobre 2007Redaction SSS [Source RP]

Yves le Blevec, sur le mini Lombard Groupe Actual, a remporté la 16e édition de la Transat 650 Charente Maritime - Bahia en 23 jours 3 heures 51 minutes 24 secondes. Le double co-détenteur du Trophée Jules Verne remporte ainsi sa première transat en solitaire. Après avoir mis ses compétences de préparateur et de marin au service du catamaran Orange 2 de Bruno Peyron, Yves, 42 ans, vient de faire la démonstration de son excellence.

Trente minutes après avoir franchi la ligne d’arrivée, les premiers mots d’Yves le Blevec : "J’arrive tout juste, c’est énorme ! Cela fait une semaine que je suis sans les positions de la flotte. Je me doutais que j’étais premier, je ne voulais pas me réjouir trop tôt !!!"

Cette course, il la voulait plus que n’importe quelle autre. Depuis 2 ans, il la préparait minutieusement et son prototype Mini 6.50 GROUPE ACTUAL a été son principal compagnon et confident. Yves le Blevec pensait Mini, il dormait Mini, il riait Mini. Homme avenant et chaleureux, Yves a toujours mené son projet avec une énergie positive remarquable. Même dans la difficulté, il continuait à sourire et à dire « Ca va aller ! » en balayant d’un éclat de rire une question embarrassante. En début de saison, un démâtage en entraînement et la perte d’un safran en course ne le déstabilisaient pas. Ce n’était qu’une manière de mieux avancer vers la victoire en fiabilisant le matériel.

Dès le début de sa construction, il confiait : « Cette série me permet d’exprimer tout ce que j’aime. Concevoir, faire naviguer un bateau, le préparer. Elle permet aussi de garder une dimension humaine et de monter un projet accessible pour un sponsor. (...) Mon profil de course au large convient bien à cette série, je m’y sens bien. (...) Je vais enfin avoir un bateau qui sera le mien, celui auquel je pense depuis longtemps. Il n’est pas révolutionnaire mais il est très personnalisé ».

Il affichait clairement son objectif : remporter la Transat Charente Maritime - Bahia. S’il n’a pas le profil attendu du navigateur solitaire, Yves le Blevec ne possède pas moins une expérience affûtée aux côtés des meilleurs. Après avoir été responsable technique de la préparation du maxi catamaran Team Adventure pour The Race, il enchaîne la préparation du VMI de Sébastien Josse, du maxi catamaran Orange 1 et endosse le titre de team manager et boat captain sur Orange 2. Ces dernières expériences constituent une véritable école de vie : « Participer à la gestion des projets Orange 1 et 2 avec Bruno Peyron m’a apporté énormément. (...) Cela permet de mettre en place un projet homogène. Avant de pouvoir gagner, il faut être certain d’arriver ... et avoir travaillé la sécurité et la fiabilité sur le long terme ».

Une transat sur le fil d’Yves

Il a pourtant bien failli ne pas prendre le départ. Inscrit sur liste d’attente, Yves le Blevec n’a été assuré de prendre le départ que 4 jours avant. Malgré sa détermination à ne pas se laisser déconcentré par cette incertitude, le skipper met du temps à trouver son rythme sur la première étape entre La Rochelle et Madère.

Yves le Blevec, skipper du Mini 6.50 GROUPE ACTUAL termine la première étape à la 3e place, en 5 jours, 21 heures, 16 minutes et 34 secondes, entre La Rochelle et Funchal dans l’archipel de Madère. Il compte 5 heures, 43 minutes et 4 secondes de retard sur Isabelle Joschke, première à Madère et un peu plus d’une heure après le deuxième, Samuel Manuard.

Malgré sa troisième place, Yves tire alors un bilan mitigé de cette étape : « Troisième, c’est bien ! J’ai été un peu trop prudent dans ma façon de naviguer. J’ai choisi une option en début de course. Je me suis écarté de la flotte pour éviter de rester collé 12 heures dans une bulle sans vent. Au final, j’ai perdu beaucoup de temps par rapport à la tête de la flotte. Le vent est resté devant. Ensuite Samuel Manuard a appuyé sur l’accélérateur, je n’ai pas voulu jouer à ce jeu Jeu #jeu là. J’ai levé le pied. Je voulais avant tout préserver le bateau et éviter de casser. Nous avons tous les trois réussi à creuser sur les autres concurrents. La deuxième étape est longue. Il peut se passer beaucoup de choses, rien n’est éliminatoire !... »

Samedi 6 octobre, les 89 concurrents s’élancent pour la deuxième étape soit près de 3100 milles depuis Funchal pour une traversée de l’Atlantique seul, sans routage et sans information.

A la veille du départ, Yves le Blevec envisage déjà cette étape comme un sprint : "Cette étape va se courir sur un autre rythme, en mode sprint. Elle sera très variée avec beaucoup de passages différents. D’ici jusqu’aux Canaries, nous devrions trouver un peu d’alizés mais peu établis. Ensuite nous serons au portant jusqu’au Pot au Noir, qui se situe aux deux tiers du parcours. Là, impossible de savoir ce qui nous attend, ce peut être rapide ou long et fastidieux ... Puis ce sera à nouveau les alizés qui nous conduiront vers la côte du Brésil, où ils seront bien établis. Il faudra savoir s’adapter et manœuvrer souvent. Je pars avec l’intention de me battre ! »

48 heures après le départ, le skipper de GROUPE ACTUAL prend la tête de la flotte pour ne plus la quitter. Dès le départ de Funchal, Yves décide de rester proche de la route directe vers le Brésil. La flotte rencontre un vent portant musclé puisqu’il atteint jusqu’à 40 nœuds. Tandis que le skipper de GROUPE ACTUAL file à plus de 13 nœuds sur une route légèrement plus ouest que la flotte, deux de ses principaux adversaires chutent au classement après avoir subi des avaries. Isabelle Joschke, vainqueur de la première étape, doit s’arrêter au Cap Vert tandis que Samuel Manuard constate des problèmes techniques.

Vingt quatre heures plus tard, l’approche du Cap Vert s’annonce dans de bonnes conditions pour Yves le Blevec, qui anticipe déjà son virage à l’ouest après les îles du Cap Vert, marque de parcours obligatoire. Yves franchit le premier les îles capverdiennes sur une route plus à l’ouest que son poursuivant immédiat, Adrien Hardy.

A l’approche du Pot au Noir, il ralentit dans des alizés molissants.48 heures plus tard, le skipper de GROUPE ACTUAL compte 71 milles d’avance sur son poursuivant immédiat Adrien Hardy (Brossard). Yves le Blevec fait un sans faute dans son approche du pot au noir. Sa vitesse Vitesse #speedsailing chute à 4,8 nœuds. En se situant sur la route directe, Yves est actuellement en totale position de contrôle de la flotte.

Mardi 16 octobre, le skipper de GROUPE ACTUAL est toujours en tête de la flotte de la Transat 6.50 Charente-Maritime - Bahia, Yves se décale à l’Est de la route directe. Il contrôle toujours ses poursuivants, Nicholas Brennan (Rafiki), Adrien Hardy (Brossard) et David Sineau (Bretagne Lapins) qui se trouvent tous groupés à un peu plus de 30 milles derrière. Le passage du pot au noir ne s’annonce pas si facile, Yves le Blevec perd de son avance sur la flotte. Mais il devrait être le premier à toucher les alizés de sud-est ... à la sortie.

Mercredi 17 octobre, Yves augmente la distance, il devance de 28 milles le deuxième, David Sineau (Bretagne Lapins). Cinq poursuivants se trouvent à moins de 50 milles de son tableau arrière. Il est en position de contrôle du reste de la flotte et profite en premier des alizés.

Jeudi 18 octobre, l’avance d’Yves est passée à 53 milles. En 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures , le skipper de GROUPE ACTUAL a quasiment doublé son avance sur le groupe de poursuivants emmené par David Sineau (Bretagne Lapins). Il est le premier à passer en tête dans l’hémisphère sud.

Avec la rencontre des alizés du sud-est, le skipper de GROUPE ACTUAL se recale sur la route directe qui le mène à Salvador de Bahia. En effet, depuis son entrée dans le pot au noir, Yves le Blevec a clairement décidé de contourner par l’Est cette zone météo perturbée, si l’on en juge la "cuillère" qu’il a tracée durant 3 jours.

Alors qu’il affiche une vitesse Vitesse #speedsailing d’à peine 4 nœuds à la fin de la nuit, vendredi 19 octobre, Yves le Blevec reprend de la vitesse et accentue son avance sur ses poursuivants immédiats. L’écart se creuse, Yves a une avance de 61 milles, soit l’équivalent de 6 heures de temps, à 844 milles de l’arrivée. Yves se trouve par 1 degré sud, enfin dégagé du pot au noir et de ses effets. Il double la ville de Recife dans la nuit du dimanche à lundi. Yves avale près de 200 milles par jour à la vitesse de 8 nœuds. Plus le vent adonne, plus Yves accélère et creuse l’écart avec le reste de la flotte. Jusqu’au bout, il ne fait qu’accélérer pour franchir la ligne, magistralement, toutes voiles dehors, sous spi, à plus de 9 noeuds. Ce n’est qu’un petit mille avant l’arrivée qu’il réalise son exploit : "Y’en a combien d’arrivés ???" s’étonne t’il ...

Samuel Tual, Directeur Général du GROUPE ACTUAL : "Comme lui, je suis fou de joie de ce que l’on est en train de vivre. C’est une réussite partagée, un moment unique que nous vivons. C’est un projet de 2 ans, c’est court et c’est long à la fois. Yves n’a rien laissé au hasard, il a pensé au bateau, à la technique, aux astuces. Sportivement, il a fait tout ce qu’il fallait pour être au top, avec un ingrédient en plus qui a transformé sa préparation en réussite ; c’est avec sa passion qu’il a réussi à faire l’impossible. Par rapport à notre métier et à notre groupe, soutenir un tel homme et son projet c’est une grande réussite."

Bruno Peyron, parrain du Mini GROUPE ACTUAL : "Sa course est exemplaire de contrôle. Après le passage du Pot au Noir, Yves s’est recalé en position de contrôle de la flotte. Vu sa course, on sentait qu’il était très confiant dans sa tête même si, à ce moment là, les écarts avec la flotte se sont réduits. J’imagine que, durant les dernières heures, il a du être très heureux et très serein. Comme sur le Trophée Jules Verne, il a du se dire qu’il a bien mené sa course, méthodiquement, que le travait est bien fait. Depuis hier seulement il a du commencer à savourer son arrivée. Il devait être très heureux, très lucide. Je lui adresse toutes mes amitiés et toutes mes félicitations. Je suis fier d’être le parrain du bateau qui a gagné !!!"

Marc Lombard, l’architecte de GROUPE ACTUAL : « C’est bien, nous sommes très contents ! Yves a mené son projet de manière très professionnelle. Il s’est bien rattrapé dans la deuxième étape malgré le passage du pot au noir. Cette victoire est le résultat d’une bonne préparation, d’un bon mental et d’un bon bateau. Cela montre que le bateau est homogène sans point faible. Toute l’équipe du bureau le félicite chaleureusement ! »

Le chantier Gepeto, le constructeur de GROUPE ACTUAL : « Tout a été bien pensé, c’est le résultat de sa passion et de ses idées. Nous le remercions de la confiance qu’il a eue dans notre chantier. Cette victoire démontre la capacité du bonhomme et du bateau ! »

Ronan Le Goff, co-détenteur du Trophée Jules Verne avec Yves : "Je l’ai beaucoup suivi durant la course. Je suis super content pour lui. Nous avons vécu 2 tours du monde victorieux ensemble. Je suis vraiment heureux de l’attendre ici à la maison !"

Info presse Agence Kaori

Yves Le Blévec : "C’est un sentiment inouï, incroyable. Deux années que je ne vis que pour ce projet, un projet que mon partenaire Actual et moi-même avons voulu gagnant, pas pour amuser la galerie... mais pour arriver ici, comme cela, à Salvador en vainqueur ! Mais toute cette histoire Histoire #histoire est énorme. Rappelez vous d’où je viens. Je me suis préparé ces derniers moi sans savoir si je prendrai le départ. (Yves a été "repêché" en dernière minute avec 4 autres coureurs. ndlr) Après la première étape, je me suis mis une pression terrible tant la concurrence était forte ; Isa (Joschke), Sam, (Manuard), mais aussi Hardy, Deshays et tous les autres... j’ai attaqué en permanence. J’ai chargé, chargé tant que j’ai pu, sans répit, avec seulement quelques moments d’inquiétude pour mon bateau en me demandant si tout cela était bien raisonnable. En franchissant l’équateur là où j’avais démâté en 2005, j’ai ressenti comme une libération. Il a fallu que je me reprenne en me disant "mais tu n’as encore rien fait, il te reste un demi océan à traverser. Et là, mon bateau m’a comblé, facile dans l’alizé, glissant avec un équilibre incroyable. Et pourtant, Dieu sait que je le sollicitais. mais ce pot au noir à double détente m’a à nouveau plongé dans le doute. J’ai été freiné une première fois, puis, alors que je pensais en sortir, un énorme nuage, monstrueux, chargé d’orages et de pluie m’a scotché, m’a puni, déversant des trombe d’eau sur le bateau... J’ai alors pensé qu’à ce moment de la course les autres étaient plus à l’aise dans l’est. J’ai constamment eu peur de me faire déborder sous les côtes du Brésil. Privé d’infos depuis 6 jours, il me fallait attaquer en permanence. Et le bateau a fait le reste..." [source GPO]


Voir en ligne : Le site d’Yves Le Blevec : www.yvesleblevec.com



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