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Solitaire Afflelou Le Figaro

De Caen à Crosshaven, Duthil devance une flotte compacte

La moitié des Figaristes boucle la première manche en une heure d’écart

vendredi 3 août 2007Information Solitaire du Figaro

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Invraisemblable étape. L’hallucinante succession de phases de jeu Jeu #jeu sur les 415 milles entre Caen-Ouistreham et Crosshaven a donc vu ce matin peu après 11h la très belle victoire de Frédéric Duthil sur son Distinxion, devant le tenant du titre Nicolas Troussel sur Financo et l’inévitable Michel Desjoyeaux sur Foncia (lire le communiqué précédent). Mais dans la brume irlandaise, toute la flotte est arrivée très rapidement ce midi. Les écarts sont faibles. Et personne ou presque n’a véritablement entamé ses chances.

Sur la ligne d’arrivée, le distingué Fred Duthil a serré les poings, hurlé de joie et mimé un geste rageur des deux bras vers le bas comme pour donner le coup de grâce à cette « étape de psychopathes », selon le mot de Corentin Douguet. Ce n’est pas tous les jours qu’on déflore en vainqueur une ligne d’arrivée de la Solitaire Afflelou Le Figaro devant Nicolas Troussel, Michel Desjoyeaux… et tous les autres. Le skipper de Distinxion se souviendra toute sa vie de cette fin de matinée irlandaise où il entre au panthéon de la course au large. « Pour l’instant, avec le prologue Afflelou et celle là, je suis à 100% de réussite, faudrait que ça dure trois semaines » a-t-il plaisanté.

Seulement voilà, sur les moquettes épaisses du Royal Yacht Club de Crosshaven où depuis trois siècles on compte le temps par poignées de décennies car c’est plus simple, ils ont été nombreux à rejoindre très rapidement le vainqueur du jour. Autrement dit, les écarts sont faibles : le podium tient en moins d’un quart d’heure, la moitié de la flotte en une heure et sa quasi intégralité en trois heures. « Tout ça pour ça ! » rigole Gérald Véniard (Scutum, 16e à 44 minutes). « Après tout ce qu’on a fait, c’est pas cher payé » a abondé un Michel Desjoyeaux aux yeux creusés, ivre de fatigue. C’est l’heure d’analyser le classement et de n’y trouver qu’une seule certitude, mais non la moindre : rien n’est joué au classement général. Alors qu’on pouvait craindre des retards insurmontables pour les deux tiers de la flotte voila encore une trentaine d’heures, les marins éreintés affichent le sourire de ceux qui savent que chacun garde ses chances pour la suite. Au minimum pour la deuxième étape vers Brest Brest #brest , dont le départ sera donné lundi.

Favoris dans le match

Pour tirer malgré tout quelques conclusions hâtives après cette première et incroyable bagarre à rebondissements, disons que la plupart des grands favoris sont dans le match. En complétant le podium, le tenant du titre Nicolas Troussel (Financo) et l’inévitable Michel Desjoyeaux (Foncia) ont marqué leur territoire. Il faudra compter avec eux. Même chose pour un Thierry Chabagny (Brossard, 4e à 17 minutes) deuxième du général en 2006 et partagé entre la déception de n’avoir pas gagné et la satisfaction d’être parfaitement dans le rythme. Sentiment évoqué aussi par Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs, 5e à 19 minutes). Ces deux-là ne se sont pas quitté aux avant-postes, un peu comme s’ils étaient encore sur le même Figaro Bénéteau qui les a vu gagner ensemble Marseille-Istanbul au printemps. Excellente opération encore pour Etienne Svilarich (Grain de Soleil, 7e) qu’on n’attendait pas forcément à pareille fête, pour Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier, 6e). Ronan Treussart (Groupe Céléos), Jeanne Grégoire (Banque Populaire) et Corentin Douguet (E.Leclerc-Bouygues Telecom) complètent le Top Ten, à un peu plus d’une demi-heure du vainqueur.

Hormis pour Marc Thiercelin (Siemens, 42e à 2h) et Christophe Lebas (Lola La piscine Assemblée, 44e à 2h24), qui auront donc un handicap un peu plus lourd pour la suite, il n’y a pas de grands noms parmi les très relatifs « battus » du jour. Gildas Morvan (Cercle Vert) hérite d’une 22e place inhabituelle pour lui, mais n’a que 58 minutes de retard. Idem pour Eric Drouglazet (Luisina) et Pietro D’Ali (Kappa) aux 29e et 30e places mais avec un débours limité à un peu plus d’une heure et dix minutes dont on reparlera par exemple sur les 762 milles de la troisième étape entre Brest Brest #brest et La Corogne via le Fastnet…

Chez les bizuths, c’est l’excellent Nicolas Lunven (Bostik, 11e à 36 minutes) qui mène la danse devant Frédéric Rivet (Novotel Caen, 17e) et Vincent Biarnes (Côtes d’Armor). Nous reviendrons demain sur ces débutants dans La Solitaire. Pour l’heure, laissons la parole aux skippers. Ce sont encore eux qui parlent le mieux de cette étape de dingues où quinze fois sur le métier il a fallu remettre son ouvrage avant cette arrivée groupée dans la brume irlandaise.

B.M.

L’interview du vainqueur : Frédéric Duthil : « je tremblais… »

Frédéric Duthil (Distinxion) a remporté la première étape de La Solitaire Afflelou Le Figaro. Il a franchi la ligne d’arrivée à 11h09’55, ce vendredi 3 août 2007.

Fred Duthil a parcouru les 415 milles entre Caen et Crosshaven en 2 jours 19 heures 49 minutes et 55 secondes à la vitesse Vitesse #speedsailing moyenne de 6,12 noeuds. Nicolas Troussel (Financo) a pris la deuxième place 13 minutes et 5 secondes plus tard. Michel Desjoyeaux (Foncia) s’est offert la troisième marche du podium en arrivant 14 minutes et 17 secondes après le vainqueur (lire communiqué précédent). Voici l’interview du vainqueur.

La première impression ?
- « C’est énorme, vraiment bon ! Le finish était hyper stressant parce que les autres n’étaient pas très loin derrière moi. A 3 ou 4 milles de l’arrivée, il y avait de la brume, on n’y voyait pas à 50 mètres. Je me suis fait un coup de stress juste avant le passage du chenal car je ne savais plus où étaient les autres. Pendant une heure, ça tremblait quand je posais ma jambe par terre. Je me disais ‘qu’est-ce qui va se passer dans ta tête si tu ne gagnes pas ?’ Je me suis dit ‘c’est pas possible, celle là ne peut pas m’échapper, après La Rochelle (lors de l’édition 2005) où j’avais merdé à mon arrivée alors qu’elle m’était destinée. Je suis content, trop content.

C’était une étape incroyablement riche…
- C’était vraiment une manche particulière. Il y a eu des changements perpétuels en tête de la flotte. J’ai pris les commandes cette nuit. On était groupé avec Financo, Foncia et un autre bateau. Et j’ai réussi à glisser par en dessous et à m’échapper, je ne sais pas trop comment, en me concentrant, en faisant avancer le bateau et c’est là que j’ai pris l’avantage jusqu’à l’arrivée. Mais quand on voit ce qui est arrivé à Gérald Véniard alors qu’on avait passé ensemble la bouée de Fairway, ça fait peur. Il y a eu des rebondissements incessants.

La recette pour gagner, c’était quoi ?
- Il y avait plein de petites bascules à bien anticiper et ce n’était vraiment pas facile. Il fallait se dire : je me place du côté où ça peut arriver. C’est ce que j’ai toujours fait. J’ai n’ai pas pris de risque, je n’ai jamais été en tête de la flotte mais toujours dans le bon paquet. J’ai ensuite réussi à m’en sortir avec ma vitesse Vitesse #speedsailing sur la fin et j’ai commis un peu moins d’erreurs que les autres. Côté sommeil, ça a été musclé. J’ai du dormir deux heures en tout pendant la course.

La première étape après le prologue Afflelou, contrat déjà rempli ?
- Mon objectif, en venant sur La Solitaire cette année, c’était de gagner une étape. C’est chose faite. Il me reste à entrer dans les cinq premiers au général. Le reste, c’est du bonheur… Je vais essayer de me faire encore plus plaisir sur l’eau ! »

Les échos des pontons

Nicolas Troussel (Financo), 2e : « Contrat rempli ! L’étape était très dure. Donc c’est une belle deuxième place, je suis vraiment content. On s’est bien tiré la bourre, c’était sympa. On était un petit groupe de 4 à 5 bateaux depuis le départ. D’autres sont venus se greffer puis sont repartis en perdant des places. Il ne fallait rien lâcher car les conditions étaient changeantes. Mais tous ces changements étaient motivants. Côté fatigue, ce matin j’avais les yeux qui se fermaient tout seuls, je m’endormais à la barre ».

Michel Desjoyeaux (Foncia), 3e : « De mémoire de jeune Figariste, je n’ai jamais vu autant de changements de leaders. Dans le style chaises musicales, vous avez maintenant la première étape 2007 de La Solitaire Afflelou Le Figaro. Il s’est passé vachement de trucs, des coups à jouer partout. Ce n’était pas évident de les réussir tous et tout le monde en a raté. Si les trois autres étapes continuent sur ce rythme là, ça va être dur pour les nerfs ! Là, je suis complètement rincé. Il faut dire que je me suis fait un changement de spi improvisé juste avant l’arrivée. Avec tous ces rebondissements, je pense que je m’en sors bien. Quand une étape n’est dominée par personne, sinon un vainqueur sur la ligne d’arrivée, c’est qu’il y a du niveau. Mais je suis encore dans le coup, j’ai été en tête à plusieurs reprises. »

Thierry Chabagny (Brossard), 4e : « A 50 milles de l’arrivée, j’étais en tête… Alors je suis un peu déçu quand même de ne pas avoir gagné. Je me suis fait tout simplement exploser par la fatigue. J’ai cru que je pouvais finir en m’arrachant encore un peu plus mais en fait j’ai perdu en lucidité et ça m’a fait faire des conneries. En même temps, je suis satisfait d’avoir été dans le match tout le temps et il n’y a pas d’écarts. A part ça, j’ai beaucoup pensé à Bertrand de Broc quand il s’était recousu la langue, parce que moi au départ j’ai du m’arracher à la pince un gros bout de plastique complètement enfoncé sous l’ongle de mon pouce et c’était un peu gore… »

Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs), 5e : « Pour moi, ça s’est joué à Lands End. J’avais perdu le fil de l’histoire Histoire #histoire et je pense que j’avais mal préparé cette dernière partie de course. On avait tous en tête la bascule au sud-ouest alors qu’il nous restait une journée avec du nord-ouest. Il y avait encore du travail à faire avant d’aller chercher cette bascule. C’est ce que Thierry (Chabagny) a fait et il a très bien joué.(…) Je suis fracassé. J’ai du dormir 5 heures au total. Compte tenu du plateau et de la difficulté, je suis content de cette 5e place, ma plus belle pour l’instant.

Nicolas Lunven, (Bostik) 11e, Premier bizuth : « Sur cette étape, il fallait tout recommencer, tout le temps, c’était incroyablement complexe et intéressant. Je suis habitué au Tour de France où il y a un ou deux gros coups à jouer par étape, mais là il y en a eu 10, 15, je ne sais plus… avec en plus toute la problématique du solitaire, du sommeil, de la gestion de soi. Je suis évidemment très satisfait du résultat, content aussi des deux moments où j’ai raté des coups et où je suis parvenu à bien revenir, c’était vraiment une très, très belle course. »

Etienne Svilarich (Grain de Soleil, 7e) : « Ah ben ça c’est de l’étape ! J’ai fait quelques erreurs… sinon j’aurais gagné (rires), mais pas des grosses et globalement, j’ai réussi toujours à être dans les gros coups avec le paquet de devant, bien dedans. En temps, ça n’est pas cher payé car il y a peu d’écart, mais c’était vraiment une étape incroyable ».

Jeanne Grégoire (Banque Populaire, 9e) : « Voilà bien une étape où j’ai rien compris ! Je parle de la fin de la côte anglaise où ce n’est pas ma faute si je suis revenue… Le seul truc où je suis fière de moi et qui était bien c’est la Mer Celtique. A part ça je découvre tout juste le côté apaisant d’écouter de la musique à bord, chose que je me refusais jusqu’ici et ça m’a aidée à rester zen. Au général, on repart tous à zéro ou presque et c’est bien, chacun a encore ses chances ».

Corentin Douguet (E.Leclerc-Bouygues Telecom, 10e) : « Une étape de psychopathes ! C’était énorme tous ces coups à jouer tout le temps et évidemment sans pouvoir dormir que par tranches de 5 minutes. Je m’en sors bien : je fais 10 comme mon numéro de voile… il ne me reste plus qu’à enlever le zéro et ce sera parfait (rires) ! »

Franck Le Gal (Lenze, 13e) : « Je me suis régalé comme jamais ! Du début à la fin c’était palpitant et j’étais dans le match à bloc, dans les bons coups. Je me dis que jouer une place dans les 15 n’est plus une utopie. Sous la côte anglaise, un moment il y avait les deux tiers de la flotte qui étaient très en retard, on les croyait perdus et ils sont revenus, c’était dingue. »

Gérald Véniard (Scutum, 16e) : . « C’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses… et bien moi j’en ai fait deux ! Une (erreur, ndr !) à Eddy Stone et la deuxième au passage du front, j’ai pris 1,5 mille sur la première et 8 milles sur la deuxième… Heureusement qu’il n’y a pas d’écart et que je limite la casse car après avoir fait un bon début de course, je l’aurais eu mauvaise tout de même ! »


Classement de l’étape

- 1 7 Duthil Frédéric Distinxion arrivé le 03/08/07 à 11:09:55 en 67h49’55’
- 2 5 Troussel Nicolas Financo à 13’05’
- 3 45 Desjoyeaux Michel Foncia à 14’17’
- 4 92 Chabagny Thierry Brossard à 17’22’
- 5 68 Berenger Nicolas Koné Ascenseurs à 19’05’
- 6 38 Mahé Gildas Le Comptoir Immobilier à 30’00’
- 7 48 Svilarich Etienne Grain de Soleil à 34’40’
- 8 80 Treussart Ronan Groupe Celeos à 35’45’
- 9 8 Grégoire Jeanne Banque Populaire à 36’01’
- 10 10 Douguet Corentin E.Leclerc / Bouygues Telecom à 36’37’
- 11 * 19 Lunven Nicolas Bostik à 36’45’
- 12 70 Lepesqueux Marc Rapid’Flore Caen-La-Mer à 37’33’
- 13 24 Le Gal Franck Lenze à 39’26’
- 14 13 Mouren Jean-Paul M@rseillEntreprises à 39’30’
- 15 39 Wardley Liz Sojasun à 43’05’
- 16 4 Veniard Gérald Scutum à 44’36’
- 17 * 22 Rivet Frédéric Novotel Caen à 48’55’
- 18 97 Rouxel Thomas Défi Mousquetaires à 49’04’
- 19 9 Pratt Christopher Espoir Crédit Agricole à 50’52’
- 20 62 Defert Eric Suzuki Automobiles à 51’10’
- 21 * 72 Biarnes Vincent Côtes d’Armor à 53’36’
- 22 6 Morvan Gildas Cercle Vert à 58’05’
- 23 57 Tripon Armel Gedimat à 58’20’
- 24 * 95 Duprey du Vorsent Thierry Domaine du Mont d’Arbois à 58’27’
- 25 55 de Broc Bertrand Les Mousquetaires à 01h00’06’
- 26 30 Emig Marc A.ST Groupe à 01h04’45’
- 27 31 Pellecuer Laurent Cliptol Sport à 01h05’47’
- 28 60 Loison Alexis All Mer Inéo Suez à 01h09’07’
- 29 42 D’Ali Pietro Kappa à 01h10’20’
- 30 2 Drouglazet Eric Luisina à 01h12’17’
- 31 * 85 Belloir Aymeric Cap 56 à 01h17’45’
- 32 * 49 Nicol Jean-Pierre Gavottes à 01h18’03’
- 33 * 33 Monnet Jean-Charles Degrémont Suez Source de talents à 01h23’46’
- 34 23 Le Miere Grégoire Basse-Normandie / OTCex Group à 01h24’40’
- 35 * 77 Nigon Erik AXA Atout Coeur Pour Aides à 01h24’41’
- 36 * 93 King Nigel Nigel King Yachting à 01h32’50’
- 37 26 Nagy Robert Théolia à 01h33’53’
- 38 99 Bougard Patrice Kogane à 01h35’22’
- 39 14 Bos Christian Belle Ile en Mer à 01h40’35’
- 40 21 Bulot Jean-François Crédit Mutuel de Normandie - Ville de Caen à 02h04’57’
- 41 * 66 O’Rian Paul City Jet à 02h07’53’
- 42 44 Thiercelin Marc Siemens à 02h09’17’
- 43 47 Da Cruz Antonio-Pedro Baïko à 02h16’35’
- 44 11 Lebas Christophe Lola La piscine assemblée à 02h24’07’
- 45 * 69 Bouillard Didier MEDevent à 02h24’55’
- 46 37 Nabart Laurent Corsica à 02h35’30’
- 47 * 64 Le Nabour Quentin Votre Nom pour Le Figaro à 02h50’50’
- 48 * 43 Le Meitour Jean-Philippe Construction Dorso à 04h50’35’

* Bizuth (première participation)


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