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America’s Cup • China Team

Luc Gellusseau : "Nous serons 7es des challengers !"

"Coupe c’est 1 à 0, c’est tout… Tous les perdants, tous les autres sont des nazes"

lundi 29 janvier 2007Redaction SSS [Source RP]

Cinq America’s Cup America's Cup #AmericasCup à son actif, acteur clé des trois dernières éditions, passionné de rallye automobile, Luc Gellusseau, compétiteur dans l’âme, se livre à quelques jours de la mise à l’eau de CHN 95. Interview.

C’est votre 5e Coupe de l’America, qu’est-ce qui fait marcher Luc Gellusseau ? C’est quoi le moteur, la motivation profonde pour continuer à faire la Coupe ?

- Luc Gellusseau : Ma motivation ? C’est que j’ai envie de la remporter cette Coupe de l’America. La Coupe c’est un truc incroyablement difficile à gagner, le graal complet ! Buddy Melges l’a gagné à 62 ans sur America3. J’ai encore neuf ans devant moi et il peut se passer beaucoup de choses d’ici là. Et ce qui m’intéresse, c’est de profiter de toutes les éditions pour bâtir une équipe, accumuler de l’expérience, exploiter au mieux toutes les ressources, quel que soit le niveau des ressources.

Je suis un compétiteur dans l’âme et si j’ai une chance, même infime, c’est suffisant. Le mec qui gagne, c’est sûr, c’est celui qui exploite toutes les ressources dont il dispose, sachant que dans la Coupe de l’America, celui qui a le plus de ressources financières, a, bien-sûr, plus de chances de gagner. Russell Coutts a gagné la Coupe avec beaucoup d’expérience et beaucoup de ressources. Jochen Schueman est passé d’un premier défi suisse en 2000 avec peu de moyens, où il n’était rien, à un niveau infiniment supérieur en 2003. La différence principale, c’est juste le montant des ressources qui a changé.

Cela fait trois défis que vous montez, vous avez accumulé de l’expérience mais vous n’avez pas encore réussi à réunir ces ressources pour gagner. Pourquoi ?

- LG : Je ne sais pas. C’est la vie, les rencontres, que l’on fait, que l’on ne fait pas. Peut-être que la prochaine fois sera la bonne ! Mais enfin, il faut aussi remettre les choses à leur place. Nous sommes là, avec une équipe, des sponsors. Il y avait 30 défis à peu près qui ont essayé de se monter, 16 officiels qui ont abandonné. On est très performant, je trouve !

Performant ? Vous êtes en fin de classement ? Vous êtes vraiment performant ?

- LG : Cette question est-elle vraiment sérieuse ? Bien-sûr qu’on est performant et ultra performant, même. Cela veut dire quoi, performant. Il y a deux types de performance.

Il y a d’abord la performance pure, le résultat par rapport aux autres. Dans la Coupe de l’America, il n’y a que le vainqueur, que le gagnant qui a raison. Le seul que l’on applaudit c’est lui. La Coupe c’est 1 à 0, c’est tout. C’est ce qui fait la beauté de cette compétition. C’est pour cela que c’est un Graal, un truc incroyable. Tous les perdants, tous les autres sont des nazes, ils ne sont rien. Donc, il y aura un gagnant et onze nazes. De ce point de vue, on est d’accord. 1 est performant, 11 ne sont pas performants.

Mais sinon, la performance, c’est aussi ce que l’on obtient avec les moyens que l’on a, à ce moment là. Et ça, c’est intéressant. Prenez un exemple de non performance. Young America en 2000. Ils veulent gagner la Coupe, ils ont des moyens énormes, financiers et humains et leur bateau se casse. C’est vraiment ce que j’appelle ne pas être performant.

Par contre, faire ce que l’on fait, avec si peu de ressources comparé aux autres, je trouve que c’est très, très performant. Il y a 16 équipes qui ont abandonné, nous sommes dans les 12 premières ! Et moi, ma grande fierté, mon grand bonheur, c’est d’être ici, à Valencia, avec un bateau construit pour la première fois en Chine, livré à temps, dans les délais, avec une équipe qui travaille. Cela, c’est une vraie perf. Il y a un an, c’était loin d’être évident.

CHN 95 justement, c’est votre 4e bateau. Comment le qualifieriez–vous ?

- LG : C’est un bateau original, pour plusieurs raisons.

D’abord il est unique par l’histoire Histoire #histoire de sa conception. Nous avons constitué une task force de très peu de personnes, mais de personnes ayant une grande expérience commune et nous leur avons demandé de concevoir et de dessiner un bateau qui a le potentiel pour rivaliser avec les meilleurs, sans compromis particulier de forme.

C’est-à-dire ?

- LG : Les designers ont été libres. Nous ne leur avons pas dit, le bateau doit être comme ci, comme ça, ressembler à celui-ci, celui-là. Par contre, ils ont eu des contraintes très importantes, très difficiles : le temps (3 mois et demi pour le dessiner) et aussi l’obligation d’utiliser le pont et la structure d’un bateau existant, celui de CHN 69… pour des problèmes de coût, toujours ! Tout cela a été possible car nous avons fait appel à leur savoir faire, à leur expérience, aux outils et aux études dont nous disposons depuis déjà deux campagnes. Nous avons exploité l’ensemble des observations qui ont été faites sur les autres équipes. Ces contraintes et cette liberté en même temps ont obligé les designers à être très créatifs.

Après, il a fallu le construire, ce bateau. Nous sommes partis dans la grande aventure Aventure de fabriquer un bateau de course en Chine alors que cela n’avait jamais été fait auparavant, c’est une originalité en soi.

La rumeur dit que CHN 95 est dans la tendance ?

- LG : Je ne sais pas, cela ne veut rien dire. Il faut avoir vu les autres bateaux. Qui a suffisamment vu les nouveaux bateaux pour pouvoir dire qu’untel ou untel est « tendance » ? Pas moi en tous les cas. Nous, on a un bout dehors, ce qui amène une forme de carène avancée et d’autres spécificités. Et je ne suis pas sûr que les autres bateaux aient un bout dehors par exemple. On a un volume de carène avancé et la majorité des bateaux sont sur la même voie mais aujourd’hui, de légères différences sur certains points peuvent apporter des gros plus en performances. Prenez NZL 84 et 92 qui semblent très similaires, et bien il est certain que 92 est allé plus loin et est supérieur !

6e Sens avec Bouygues-Telecom Transiciel, Areva ensuite, maintenant la Chine, c’est quoi la ligne directrice ?

- LG : La vie, encore une fois ! Les opportunités, les rencontres. Coutts quand il part chez Alinghi c’est une rencontre. Moi, ce que j’ai fait, je l’ai toujours fait parce que je rencontrais des gens qui m’ont apporté leur confiance.

En 2000, vous êtes directeur technique mais vous montez à bord au 3e Round Robin pour sauver la mise, même chose en 2003. Vous attendez-vous à monter à bord pour cette 32e édition ?

- LG : Oui, mais personne n’est au courant !

Vos pronostics ?

Nous serons 7es des challengers !

Propos recueillis par Fdb / Info presse China Team



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