Route du Rhum
Le retour aux affaires de Stève Ravussin
« Le Rhum 2002, c’est évacué depuis longtemps. En moto, on a l’habitude de tomber puis de repartir »
vendredi 29 septembre 2006 –
En 1998, Stève Ravussin se fait remarquer sur la Route du Rhum en prenant le départ sur un trimaran de l’ancienne Formule 40. « Je ne suis pas un fêlé. Je sais ce que je fais. J’ai rarement été en sur limite... »avoue-t-il aujourd’hui. Et d’ailleurs il s’imopse alors dans sa catégorie. Quatre ans plus tard, c’est en Formule 60 qu’il se distingue avant de chavirer en tête de la course avec une large avance… Cette année, le funambule suisse est de retour. Il a cassé son trimaran mais revient avec un plan Lombard loué par Orange pour l’occasion.
Stève Ravussin vient jsute d’en terminer avec trois jours et trois nuits de navigation en solitaire, à bord de son trimaran Orange project. Parti de Cowes vendredi dernier pour effectuer son parcours de qualification, il a rallié Lorient dans la nuit de mardi à mercredi après avoir connu tous les types de temps, essayé toutes ses voiles et navigué pratiquement à toutes les allures. C’est donc un Ravussin particulièrement serein qui aborde la dernière ligne droite avant le départ de la Route du Rhum-La Banque Postale. Son plan Lombard de 2001, seul trimaran à avoir terminé sans escale la dernière édition de la Route du Rhum, dispose bien de la puissance et de la solidité annoncées. Stève s’en félicite et voit là ses principaux atouts pour damer le pion aux unités plus récentes et plus légères. Retour sur ces trois jours de navigation « musclés ».
Des pointes à 34 nœuds... « J’ai vraiment connu de belles conditions de navigation, avec un large éventail de situations météo, de la brise à la « pétole ». La remontée vers le Cap Lizard s’est faite dans des conditions difficiles avec vraiment beaucoup de mer et du vent fort. Je suis arrivé de nuit sur le Fastnet et le vent a légèrement baissé alors que la mer restait grosse, avec des trains de vagues très courtes. Je suis parti alors pour un long bord de « reaching » très tonique avec des pointes de vitesse à 34 nœuds ! J’ai croisé Jérémie Beyou en qualif’ lui aussi sur son 60 pieds Open. Le vent a sérieusement molli passée la pointe de la Bretagne et j’ai terminé dans du petit temps. J’ai donc pu passer en revue toutes mes voiles, du petit foc au grand gennaker, tout en descendant la gamme des ris de la grand voile. »
« Ce bateau est très différent de celui que j’ai perdu l’automne dernier durant la Transat Jacques Vabre. Il est plus large, plus puissant, avec beaucoup d’inertie. Il est très à l’aise dans la brise et me paraît très bien adapté au solitaire. J’ai eu le temps de l’apprécier. J’aime ses formes de coque. Il est bien sûr un peu lourd pour le petit temps, mais c’est un bateau très bien optimisé qui m’inspire grande confiance. »
Attendre le départ du Rhum, dans la sérénité... « Nous allons effectuer une dernière vérification générale du mât et du gréement cette semaine en démâtant. Les voiles sont neuves et ne demandent pas d’intervention particulière. C’est un bateau qui a été très bien construit et qui me semble très sain. J’attends donc le Rhum tranquillement. Je me réjouis de pouvoir à nouveau prendre le départ. J’espère que l’on aura du vent pour contrer les bateaux de la dernière génération. Je pense que la course en solitaire nivelle quelque peu les potentiels de vitesse entre les trimarans. Bien sûr, l’arrivée sur la Guadeloupe peut se juger dans le petit temps. Je me souviens en 1998 avoir beaucoup peiné dans le contournement de l’île. »
Roger Nilson, l’ami de Bruno Peyron et navigateur sur le maxi-catamaran Orange II sera le routeur de Stève Ravussin pour la Route du Rhum. Stève Ravussin : « Je continue ma collaboration au sein de l’Orange sailing team avec le Suédois Roger Nilson. Nous nous entendons très bien tous les deux. J’ai navigué en Scandinavie sur la Oops Cup avec lui. C’est un spécialiste de la météo, doublé d’un excellent navigateur. Il l’a prouvé encore cet été lors de l’extraordinaire record de l’Atlantique de Bruno Peyron à bord de Orange II. C’est un homme très rigoureux qui sera derrière moi à 500%. Nous avons en quelque sorte répété nos gammes durant mon parcours de qualification. C’est quelqu’un de sérieux, mais je parviens quand même à rigoler avec lui... »
Voir en ligne : Info presse Mer & Media / www.orange-sailing-team.com
Portrait de Stève Ravussin, skipper du trimaran Orange project
Lorsqu’il évoque sa prochaine participation à la Route du Rhum, les yeux rieurs de Stève font plaisir à voir ! Ils renferment de la malice et une sacrée dose d’énergie. Enfant, l’asthme l’empêche de suivre le père et le grand frère Yvan dans leurs randonnées au cœur des montagnes suisses.
« J’en ai profité pour basculer dans les sports mécaniques. L’enduro, le moto-cross, c’est mon truc. Le parapente, le snow-board aussi ». Il n’échappe pas pour autant à la pratique de la voile sur le lac Léman. Une institution chez les Ravussin. Mais ce qui l’intéresse avant tout, c’est d’avoir « la poignée dans le coin ». C’est pour cette raison qu’il s’engage, pour sa première expérience au large, dans la Transat 6,50 en 1995. « De jolies petites bombes ! J’ai pris mon pied, découvert une ambiance. C’était la première fois que j’apprenais à gérer un projet de A à Z, avec une grosse dose de débrouille pour le réaliser ».
Un démâtage l’empêche d’aller au bout, mais Stève vient de trouver sa voie. Trois ans plus tard, en 1998, il est au départ de la Route du Rhum sur un « engin de plage », un Formule 40 prêté pour l’occasion et customisé avec Yvan. Après plus de deux semaines à naviguer entre deux eaux, Stève remporte haut la main la course dans sa catégorie. Il gagne surtout l’estime de tous les skippers qui apprécient la performance à sa juste valeur. « Je ne suis pas un fêlé. Je sais ce que je fais. J’ai rarement été en sur limite... ».
Quatre ans plus tard, toujours dans la Route du Rhum, Stève s’apprête cette fois à être bel et bien le premier à rejoindre les Antilles après une course épique qui a décimé la flotte. Il est sous le feu des projecteurs lorsque survient le chavirage, 24 heures avant l’arrivée. « Le Rhum 2002, c’est évacué depuis longtemps. En moto, on a l’habitude de tomber puis de repartir. Sinon cela n’a pas de sens ».
Voilà donc Stève une fois de plus dans les starting-blocks de la Route du Rhum, prêt à lâcher les chevaux de son Orange project. « Le jour où il n’y aura plus de multis, j’arrête la voile. Il faut que cela pulse. Moi, j’irai plutôt voir un coucher de soleil dans mes montagnes que sur la mer ». On l’aura compris, c’est bien la vitesse qui a fait de Stève un skipper. Et la mer est devenue son naturel terrain de jeu.
Palmarès de Stève Ravussin (extrait 2000-2005)
2005 : Transat Jacques Vabre à bord du trimaran Orange project
– Skipper du Trimaran Stena Sovcomfloti
– Vainqueur de la Nokia Oops Cup avec Bruno Peyron co-skipper sur certaines étapes.
2004 : Skipper du Trimaran Banque Covefi
2003 : Skipper du trimaran Banque Covefi, 7e du Championnat ORMA
2002 : Route du Rhum à bord du trimaran Technomarine
2001 : Vainqueur de la Transat en double Jacques Vabre (Groupama)
– 3e Challenge Mondial Assistance (Groupama)
2000 : Vainqueur de la Transat Québec-St Malo (Groupama)
– Vainqueur du Trophée Clairefontaine
– 2e Grand-Prix du Beau-Rivage