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L’Atlantique en kitesurf

Grande première de Manu Bertin sur l’Atlantique

"J’ai toujours dit qu’il nous fallait accumuler de l’expérience pour arriver à nos fins"

mercredi 17 mai 2006Redaction SSS [Source RP]

Parti le 26 avril dernier de l’Archipel des Canaries pour une traversée de l’Atlantique en kite surfing, après trois semaines de mer, Manu Bertin est arrivé ce matin à Pointe à Pitre en Guadeloupe. Une aventure Aventure extraordinaire qu’il souhaite partager collectivement.

La voix est faible, à peine audible, Manu Bertin et son équipe sont amarrés dans la marina de Pointe à Pitre en Guadeloupe à plus de 2 700 miles de son point de départ situé sur l’île de la Gomera aux Canaries. « Je suis super content, j’ai vécu une aventure Aventure formidable. Avec les cinq membres d’équipage du catamaran d’assistance « Baies du Monde » sur le plan humain également c’était fabuleux. Toute cette traversée est hyper positive, j’ai appris sur le matériel, sur la stratégie, et humainement avec l’équipage. Entre la voile et le surfing, ce sont deux cultures associées, mais qui ne se connaissent pas complètement. On a appris les uns des autres. Je suis rincé et eux aussi. Ils ont donné beaucoup car il faut s’imaginer qu’ils me surveillent en permanence, qu’il faut me nourrir, me passer à la mer les différents engins, me lancer les ailes. Ils ont été extraordinaires. »

A 42 ans, le Douarneniste est un athlète de haut niveau depuis plus de 20 ans. Père fondateur du kite surf Surf #Surf il y a 11 ans, il n’a jamais cessé de faire évoluer sa discipline en empruntant les chemins océaniques : premier à rider en kite « Jaws » les vagues géantes d’Hawaii, à naviguer dans les icebergs au Groenland, à traverser la Manche en 2004, à réaliser une traversée continent-Corse en 2005. Ajoutez trois titres de vice champion du Monde de vitesse Vitesse #speedsailing en windsurf Windsurf #Windsurf , l’expérience maritime acquise est suffisamment éloquente pour pouvoir envisager une aventure Aventure en kite surfing sur l’Atlantique.

Monter un tel projet peut sembler facile de nos jours. À l’heure des traversées à la rame ou en planche à voile sur des canots habitables, certaines aventures apparaissent d’une banale simplicité. Loin s’en faut... Envisagée en 2002, la traversée de l’Atlantique est depuis cette date le grand projet de Manu Bertin. L’expérience accumulée lors de ses traversées océaniques passées allait asseoir les bases pour envisager une première tentative. Outre la résistance physique colossale, il faut appréhender la manière et les moyens pour la réaliser : comment, avec qui, avec ou sans assistance, sur quels supports et surtout de quelle manière ? Traverser en se laissant porter et subir les éléments ou encore traverser de manière sportive, dans l’esprit du surfing. Sur ce point-là, il n’y a pas eu de discussion. Se laisser porter dans un canot avec tout le confort nécessaire n’est pas dans la culture de Manu Bertin. Il fallait aller vite, être léger donc innover.

Découvreur insatiable, Manu Bertin a mis quatre ans à développer le kite surf Surf #Surf à Hawaii. Observateur avisé de tout ce qui touche au cerf volant et au surf, il accumule depuis des années données, renseignements et inventions liés à la discipline.

Pour cette tentative, Manu Bertin avait un leitmotiv : rester dans l’esprit glisse : légèreté et rapidité. Cela nécessitait d’être tracté en permanence. Le kite surfing ne pouvant être pratiqué 24 h/24, il fallait trouver d’autres moyens de se mouvoir qu’une planche de surf.

Être debout, assis, couché, tout en étant tracté par une aile de kite semblait le bon compromis pour Bertin. Trois engins allaient répondre à ses souhaits : le kite surf, le Kit Cat et le canot pneumatique. Si chacun d’eux existait dans les faits, seul le kite surf répondait aux critères nécessaires pour traverser un océan. Il a donc fallu consulter aux quatre coins du monde et faire venir le matériel, pour ensuite l’essayer et l’adapter en profondeur. Le Kit Cat est un parfait exemple de l’esprit innovant de cette aventure. Développé il y a 20 ans par le Néo-Zélandais Peter Lynn, la machine s’avérait parfaite dans des conditions de mer plate. Mais pas dans la houle. Il a fallu à Manu et à son ami Paolo Rista adapter des planches de surf à la place des deux coques, pour passer dans la houle. Un engin suffisamment léger pour être tracté avec des vents très faibles. Là encore innover et trouver une aile qui le permette ont été nécessaires. C’est un modèle de l’ingénieur de la NASA Francis Rogallo qui allait apporter in situ des grands moments de joie à Manu Bertin. « Avec 10 noeuds de vent, avec les ailes Rogallo, j’étais à 7-8 noeuds en vitesse Vitesse #speedsailing . Il faut savoir qu’une aile classique de kite ne vole pas à 10 noeuds, elle reste dans l’eau. Ça aussi c’est une des innovations dont je suis très content car pour traverser il faut pouvoir se déplacer dans toutes les conditions météo, chose que le kite ne permet pas toujours en l’état actuel. Le Kit Cat est l’engin d’avenir, il est facile, maniable, amusant. Mais la liste des innovations, des matériels et des méthodes testés est longue. On a essayé des combinaisons d’ailes, de matériels, les lancers d’ailes depuis le cata, sans parler de la nourriture, du repos, des systèmes contre les requins, de la sécurité, des transmissions, du Wavefinder, on peut remplir trois pages. Pour ma part, j’ai rédigé 90 pages dans mon carnet durant le parcours. »

« J’ai toujours dit qu’il nous fallait accumuler de l’expérience pour arriver à nos fins. C’est désormais chose faite. On partait dans l’inconnu, ne sachant pas si tout cela allait fonctionner. C’est une machine complexe à mettre en place avec des facteurs matériels, humains, naturels et météorologiques. Bref, beaucoup d’éléments qu’on ne maîtrise pas forcément. La météo nous a joué des tours et m’a obligé à remonter plusieurs fois à bord du cata d’assistance car nous n’avions pas les moyens d’attendre trois mois en mer que le vent revienne ici ou là. En dehors des finances, nous savions et disions que cet Atlantique serait une étape préparatoire à un objectif futur de performance dans le cadre d’une seconde tentative. Ce que nous avons appris ici n’a pas de prix. Je suis parti avec plein de points d’interrogations, plein de concepts. Ce sont désormais des réalités. Il n’y a pas grand chose qui puisse m’arrêter de sourire aujourd’hui. Je me suis fait peur à plusieurs reprises, avec des moments très chauds mais j’ai appris beaucoup sur moi, sur les autres, sur le kite et sur la voile. À tel point que je suis désormais apte à envisager un voilier à kite qui fonctionne. »

La tête embrumée par tant de moments forts, Manu Bertin a du mal à en choisir un. « Ils sont trop nombreux, Il faut juste s’imaginer seul sur ta planche ou ton canot dans l’immensité de l’Atlantique. Pas un bruit, seul le vent, les pieds dans l’eau et un immense espace vierge. Ce sont des moments de sérénité absolue. Mais s’il devait en rester un seul, ce serait un pur moment de grâce que les gens qui font de la glisse comprendront facilement. Une brise régulière, debout sur ma long board en équilibre parfait , les pieds joints. Tout était juste, impeccable, de la glisse sublime, seul au milieu de l’Atlantique avec les poissons volants qui t’accompagnent. C’était bien la première fois qu’ils voyaient passer une planche de surf à cet endroit... »

Entre fous volants, on se comprend. Chapeau Bertin.

Info presse RivaCom



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