Sea, Sail & Surf news

Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

Volvo Ocean Race

Seb Josse : "Dans la Volvo Ocean Race, on appuie sur le champion"

Sidney Gavignet : "Sur ABN AMRO One, c’est clairement nous partons pour gagner"

vendredi 11 novembre 2005Redaction SSS [Source RP]

A 24h du départ, les deux Français de cette VOLVO 2005-2006, Sébastien Josse, skipper de ABN AMRO TWO et Sidney Gavignet, barreur sur ABN AMRO One sont prêtés au jeu Jeu #jeu du question-réponse.

Question : La dernière sortie en mer jeudi après midi, à deux jours du départ, est consacrée au dernier test. Quels sont-ils ?

- Sidney : On a testé les derniers systèmes de hooks, qui servent à bloquer les voiles sur le mat, à tester les chaussettes qui servent à affaler les spis qui font jusqu’à 500 m2.

Question : Le programme heure par heure d’ici le départ c’est quoi ?

- Sébastien : après cette dernière brève sortie jeudi après midi, on sera presque près car le bateau a déjà été chargé avec les victuailles, les effets personnels, les sacs de couchage, les cartes papier, le matériel de sécurité et tout le tralala. Il restera aux équipiers à préparer les affaires qu’ils vont faire partir pour Cape Town. Vendredi après-midi, on part pour Vigo pour une petite navigation de parade. Et puis samedi matin, c’est le grand départ.

Question : C’est une question pour Sidney qui a connu les VOR 60 des précédentes éditions de la Volvo. Ces nouveaux VO 70 sont très exigeants. Est-ce que cela va entraîner une nouvelle inflation d’exigences physiques ?

- Sidney : l’exigence physique sur ces VO 70 est réelle, mais comme ils sont conduits par des hommes de plus en plus expérimentés qui gèrent de mieux en mieux leur énergie, cela ne pose pas de problème majeur. De plus, les deux bateaux du team ABN AMRO qui ont été dessinés par le même architecte, Juan Kouyoumjian ont deux safrans ce qui apporte un confort de barre exceptionnel par rapport aux autres bateaux. On les barre presque avec deux doigts. De ce côté-là, ce sera du repos par rapport aux VOR 60 - plan Farr que j’ai connus. A bord, c’était un peu la lutte avec beaucoup de départs au loff à cause de la barre qui était très dure. Sur ABN AMRO One et ABN AMRO TWo, barrer sera plus calme. De plus comme on va aller beaucoup plus vite que la dernière fois, l’étape sera plus courte ...

Question : on parle en gros de 15 à 20 % d’augmentation de vitesse Vitesse #speedsailing par rapport à l’édition précédente, est-ce le cas ?

- Sidney : oui, au moins 20 %. Jean Yves Bernot qui vient d’être nommé consultant de notre Team météo a remarqué que nous sommes dans le même style de polaires et de performances de vitesse Vitesse #speedsailing qu’au temps des premiers maxi catamarans comme Crédit Agricole et Jet Services. C’est assez impressionnant de se trouver quelques années plus tard avec les mêmes polaires de vitesse sur monocoque.

Question : Seb, vous découvrez ces monocoques en équipage, c’est quelque chose d’enthousiasmant ?

- Sébastien Josse : Sur un Vendée Globe on préserve beaucoup le matériel et le bateau, donc on appuie sur le champignon seulement quand les conditions sont maniables et quand s’est souhaitable, alors que dans la Volvo Ocean Race, on appuie sur le champion dès le coup de canon et on arrête à l’arrivée... Il n’y pas cette notion obsédante de préserver de matériel. On doit bien sûr faire très attention à nos voiles, mais nos bateaux sont très solides et sont conçus pour être menés à 100 %, voire plus. Cette différence de cadence et d’approche au début cela impressionne un peu et puis on y prend goût.

Question : Donc pour bien naviguer sur ces bateaux, il faut un savant mélange de vieux loup de mer, marin et prudent, et un côté tête brûlée et tout à fond.

- Sébastien : Je penses qu’il faut naviguer intelligent. Dans cette course, nous avons un nombre de voiles embarquées limité donc il faut y faire attention. Mais à part cela, c’est à fond, à fond, à fond.... Le fait d’être en équipage et le fait que les barreurs changent toutes les 1h 30 /2h, afin d’être toujours attentifs, performants et reposés font que c’est vraiment une navigation complètement différente à celle en solitaire.

Question : A deux jours du départ, quel est le profil météo qui se dégage, tout au moins jusqu’à l’Equateur ?

- Sébastien : On va avoir des conditions assez exceptionnelles ; Déjà, Vigo est au sud de l’Europe, c’est à dire qu’on se retrouve sous l’anticyclone qui génère les alizés. On va donc partir dans un flux d’alizés déjà bien établis, entre 20 et 25 nœuds, avec un pot au noir quasi inexistant. On ne le voit presque pas sur les cartes. Donc cela va faire des journées de navigation très rapides avec un vent finalement très très stable. Cela va donc être une course de vitesse pure où il va falloir éventuellement bien gérer de toutes petites bascules. En tout cas, cela va être comme cela jusqu’au premier point de passage, l’île Fernando de Noronha, au large du Brésil. C’est assez exceptionnel de rencontrer des conditions météo comme cela. On a eu à peu près les mêmes en partant du Vendée Globe, mais ce coup-ci, c’est vraiment un cran au-dessus !

Question : Alors vous prévoyez une ETA à Cap Town fin novembre et non début décembre ?

- Sidney : C’est très possible. Les ETA actuelles prennent désormais en compte 18 et 22 jours de course. Si tout va bien comme aujourd’hui, on mettra 18 jours et si on traîne un peu on en mettra 20. Mais comme on ne peut pas avoir de météo fiable à plus d’une semaine, il faut rester tout de même prudent.

Question : Comparativement aux multicoques dont on dit qu’il faut souvent les ralentir quand ils s’emballent un peu, est-que vous pensez qu’avec les nouveaux VO 70 ,vous allez devoir ralentir vos bateaux ?

- Sébastien : Non, je ne pense pas. L’avantage d’un mono c’est qu’il subit moins la mer qu’un multicoque. On n’a pas les problèmes des bras de liaisons et des flotteurs. On peut continuer à aller très vite dans une mer très formée. Les monocoques sont des bateaux plus marins. C’est prévu pour cela...

Question : Quels sont les objectifs de Sidney et de Seb sur cette Volvo.

- Sidney : Sur ABN AMRO One (le bateau noir) c’est à dire le bateaux des « vieux », c’est clairement nous partons pour gagner...il n’y a pas photo là-dessus. On a eu une première manche in-shore un peu décevante le 5 novembre, mais nous n’avons pas pu faire grand chose car le vent a fait cruellement défaut à nos deux bateaux taillés pour en découdre dans la brise. Pour cette première étape de large, entre Vigo et Cape Town, nous avons des conditions qui nous sont largement favorables, il faut donc vraiment qu’on arriver 1er à Capte town.

- Sébastien : Nos ambitions sont un peu plus modestes du fait que ABN AMRO a voulu, sur mon bateau, donner une opportunité à de jeunes talents de participer à cette course autour du monde. Six de mes équipiers ne sont pas des professionnels. Ce sont des jeunes amateurs de moins de 25 ans qui viennent de l’olympisme ou du dériveur. Ils ont donc encore pas mal de chose à apprendre même si nous avons beaucoup naviguer. C’est vraiment à Cape Town que nous pourrons voir le travail qui a été fait ensemble depuis 6 mois et quelle est la valeur réelle de notre équipage et comment on se situe par rapport aux autres. C’est vrai quand on lit les CV des équipiers d’ABN AMRO One, Ericcson, et Pirates, il y a quand même des sacrés marins à bord. Quand on regarde leurs parcours, c’est impressionnant de voir le nombre de participations à la Coupe America, à la Whitbread, à la Volvo et autres Trophée Jules Verne et Oryx Cup. Nous, c’est plus modeste mais on va regarder ce qui va se passer et de toute façon on va essayer d’attaquer comme les autres.

Question : Pendant une étape de deux à trois semaines, comment s’organise la vie à bord ?

- Sidney : Les conditions de vie, c’est difficile à expliquer comme cela rapidement. C’est comme sur tous les bateaux de course en équipage et c’est un peu différent de ce que l’on connaît en France. Sur les VO 70, on fonctionne en système de quart avec les 10 personnes qui sont à bord, le skipper et le navigateur étant hors quart avec leur propre système de veille. Nous fonctionnons donc avec deux quarts de 4 marins et dans ces quarts, il y des barreurs, des régleurs, des spécialistes de la plage avant, et chaque gars a sa spécialité mécanique ou technique car il faut aussi s’occuper des générateurs, du moteur, des système hydrauliques pour la quille, mais aussi les prises de vue pour les images TV, des photos, des compte-rendus écrits du bord, etc.... Il y a donc beaucoup de compétences à bord de ces bateaux. Comme dit Sébastien, sur les bateaux de cette Volvo Ocean Race, c’est vraiment bloc à bloc à bloc tout le temps. C’est vrai qu’il n’y a pas pas beaucoup de « fleurs bleues » à bord. C’est vraiment tout pour aller au plus vite en poussant les bateaux le plus possible....

Question : La cohabitation et la promiscuité à 10 marins sur un VO 70 (21,50m), c’est quelque chose qui vous fait peur ?

- Sébastien : Non pas dut tout. Les bateaux sont assez grands à l’intérieur. Ce n’est certes pas les bateaux les plus confortables que j’ai vus mais, ils sont quand même assez grands et comme on a toujours au moins 4 personnes sur le pont, l’intérieur n’est finalement pas trop encombré. Et puis, c’est comme toute vie en collectivité, il faut instaurer des règles. Et quand tout le monde respecte les règles, tout se passe bien. Quand t’es à l’heure, que tu fais le ménage et que tu ranges tes affaires et que tu considères un peu l’espace de l’autre, il n’y a pas de raison que cela se passe mal.

- Sidney : Pour moi, la promiscuité n’est vraiment pas un problème. C’est sûr que les gens qui sont à terre ont un peu de mal pour se rendre compte de ce qui se passe pour nous, mais, même si c’est une aventure Aventure magnifique, pour nous cela reste un travail qui doit être fait. Les problèmes de promiscuité, ils doivent être les mêmes pour ceux qui travaillent dans un bureau. Mais comme on est concentré sur notre boulot, cela se passe bien. Et si le boulot est bien fait, cela se passe très bien entre les gens. La première chose, c’est vraiment de bien faire notre travail, de bien naviguer tous ensemble, de naviguer propre, de naviguer vite. Vraiment, les histoires de promiscuité, ce n’est vraiment pas notre première préoccupation. L’impression de promiscuité dépend complètement de la façon dont on travaille ensemble. Nous, on a commencé à travailler ensemble depuis 10 mois (six mois pour ABN AMRO Two), on sait ce que valent les autres autour de nous et donc il n’y a aucune raison que cela se passe pas bien entre nous.

Question : Sur cette course la chasse au poids est devenue une véritable source de légendes. Est-ce toujours le cas sur les VO 70 ?

- Sébastien : Pour moi, du moment que l’on peut déplacer le poids sur ces VO 70, je ne fais aucune chasse à des poids qui vont me servir à matosser, car cela apporte de la puissance supplémentaire. Donc à bord, chaque équipier a droit au même poids, mais ce qu’il met dans son sac, cela m’est égal. S’ils veulent prendre 5 paires de chaussures ou 30 shorts c’est leur responsabilité. Ce qui est un changement, je crois, par rapport aux dernières Volvo Ocean Race. Mais Sidney peut en parler mieux que moi.

- Sidney : Nos VO 70 ont été dessiné pour un certain poids embarqué et aujourd’hui, avec tout ce qu’on a mis à bord sans vraiment nous restreindre, on est en dessous de poids prévu. On n’est plus à l’époque, où on coupait les manches de brosse à dent pour gagner des grammes ici et là. Mais c’est vrai qu’ on est seulement 10 à bord par rapport aux autres éditions où nous étions 12 sur des bateaux plus petits, les VOR 60. En plus, les mentalités évolues aussi. Les gens commencent à comprendre que pour que l’équipage soit à bloc tout le temps, il faut qu’il y ait un minimum de confort. Par exemple, sur cette étape on se permet éventuellement d’emmener une paire de bottes ET une paire de chaussures, ce qui était inconcevable il y a 4 ans !

Question : Comment allez-vous travailler l’aspect météo pendant les étapes ?

- Sébastien : Le routage est interdit. Toutes les communications (textes, photos, vidéos) émises ou reçues doivent être contrôlées par l’organisation Organisation #organisation . Ainsi, les connections Internet, les appels téléphonniques etc... tout va passer par le serveur de l’organisation Organisation #organisation . Ceci pour éviter toute tentation de tricherie. Pour la météo, c’est l’organisation qui nous fournit quatre fois par jour des dossiers très complets, avec des images satellites, des fichiers de vents, des cartes isobariques etc... En fait, on aura largement assez et même parfois trop pour choisir notre route ; Pour moi, c’est une situation assez pratique à utiliser à bord, mais qui va être je pense très compliquée à mettre en place pour l’organisateur. Mais je ne suis pas organisateur ....

Question pour Sid : On se souvient d’un papier que vous aviez écrit en vous référant à l’expérience de vos précédentes Volvo. Vous parliez d’un Mode OFF.

- Sidney : ce n’était pas tellement un mode Off, mais le mode Survie. Contrairement aux courses en solitaire où on passe beaucoup de temps à l’intérieur, dans les courses en équipages on est souvent à l’extérieur. Et quand je parlais de Mode Survie, c’est quand on est sur le pont pour contrôler le bateau dans du très mauvais temps, quand il fait froid et qu’on est trempés. Là, c’est vrai que l’ambiance est un petit peu Commando.


Voir en ligne : Info Anne Massot / www.abnamro.com/team


Les règles de course en bref

- Les étapes océaniques sont désormais gratifiées de demi-points lors de classements intermédiaires à des points de passage. Ces points de passages obligés sont fixés à Fernando de Noronha (au large du Brésil), aux Iles Kerguelen (Océan Indien), à Eclipse Island (Sud Ouest de l’Australie), au Cap Horn (Amérique du Sud), à nouveau à Fernando de Noronha et au Cap Lizard (au large de la pointe ouest de l’Angleterre).
- Ce système de « bonus », qui compte pour 20% des points distribués par étape, sera également utilisé pour les parcours en baie.
- Ces points supplémentaires iront s’ajouter au système de points déjà mis en place pour l’édition 2001-2002 par les organisateurs de la Volvo Ocean Race pour les victoires d’étape. A savoir pour 9 en compétition, 9 points sont attribués au vainqueur de chaque manche, 8 au suivant et ainsi de suite.
- Les résultats de chaque étape seront comptabilisés sans possibilité d’en annuler aucun.
- Le vainqueur de l’épreuve au Classement Général sera celui qui aura accumulé le maximum de points.

Agenda récapitulatif de la course

- 5 novembre 2005 : Ouverture de la Volvo Ocean Rcae 2005 - 2006
- Régate In-shore 1 - Sanxenxo (Espagne)

- 12 novembre : Départ 1re étape - 14h : Vigo - Cape Town
- Fin novembre : ETA Cape Town
- 26 décembre : Régate In-shore 2 - Cape Town

- 2 janvier 2006 : Départ 2e étape : Cape Town - Melbourne
- 19 janvier : ETA Merlbourne
- 4 février : Régate In-shore 3 - Melbourne

- 12 février : Départ 3e étape : Melbourne - Wellington
- 17 février : Eta Wellington - Pit Stop

- 19 février : Départ 4e étape : Wellington - Rio
- 13 mars : Eta Rio
- 25 mars : Régate In-shore 4 - Rio

- 2 avril : Départ 5e étape : Rio - Baltimore/Annapolis
- 20 avril : Eta Baltimore
- 29 avril : Régate In-shore 5 - Baltimore/Annapolis

- 7 mai : Départ 6e étape : Annapolis/New York
- 9 mai : Eta New York - Pit Stop

- 11 mai : Départ 7e étape : New York - Portsmouth
- 23 mai : Eta Portsmouth
- 29 mai : Régate In-shore 6 - Portsmouth

- 2 juin : Départ 8e étape - Portsmouth - Rotterdam
- 8 juin : Eta Rotterdam
- 11 juin : Régate In-shore 7 - Rotterdam

- 15 juin : Départ 9e étape : Rotterdam - Gothenbourg (Suède)
- 17 juin : Eta Gothenbourg - Fin de la Volvo Ocean Race 2005 -



A la une