Sponsoring

Coques en stock pour l’opérateur mobile et Bruno Peyron

Le maxi, un trimaran pour la Jacques Vabre et une filière de promotion en projet

mercredi 12 octobre 2005Christophe Guigueno

Bruno Peyron, France Telecom et Orange ont donc annoncé leur nouveau programme multi-coques pour les années à venir. Le catamaran le plus rapide autour du monde va poursuivre sa quête de vitesse avec un record en solo sur 24 heures et un record de l’Atlantique. Un petit frère est lancé avec le trimaran des frères Ravussin qui visent la Jacques Vabre et le prochain Rhum. Enfin, un 60 pieds neuf et le lancement d’une filière sont en projets...


Ça mouline chez Orange. Alors qu’on attendait une annonce de poursuite ou d’arrêt de leur investissement dans la course au large, les boss d’Orange France et de France Telecom ont annoncé la continuation de leur investissement dans la voile auprès de Bruno Peyron. Voilà qui fait du bien à cette discipline qui peine à trouver des investisseurs. Il est vrai que l’ORMA ou encore K-Challenge pour la Coupe de l’America ou bien l’absence de bateau français sur la Volvo Ocean Race montrent qu’il manque cruellement de sponsors à la hauteur de ces objectifs. Mais ces projets ont principalement une vocation internationale. Et où se trouvent les entreprises françaises capables de soutenir des projets de plusieurs millions d’euros pour des retombées mondiales ? ... Dans le cas des partenaires de Bruno Peyron, on reste dans la sphère française. C’est Orange France le principal partenaire. L’opérateur mobile cherche donc, avant tout, des retombées nationales et internes. Et il est comblé !

Un sondage qui fait honneur à la voile

Lors de la conférence de presse organisée au siège de la Fédération française de voile, Didier Quillot, Pdg d’Orange France, a expliqué comment il a été décidé de poursuivre l’investissement dans la voile... Tout vient d’un sondage ! "La voile est le troisième sport télévisé d’après une étude réalisée en 2005". Commentaire d’ailleurs à replacer dans le contexte d’une étude réalisée sur les journaux de 20 heures et après... le Vendée Globe. Quillot qui ne se voile pas la face avoue "accorder beaucoup d’importance aux retombées business" de son investissement. On imagine donc la parfaite évaluation des retombées média, image et interne du Trophée Jules Verne pour décider de poursuivre ou non. "On a interrogés nos clients et les Français sur la présence d’Orange dans la voile" poursuit Didier Quillot. "Ils ont jugé ce partenariat pertinent à 70% avec 80% des employés d’Orange souhaitaient continuer sur cette voie". Voilà donc un bon exemple de sponsoring réussi pour les autres investisseurs des sports nautiques. On se souvient trop souvent de partenaires "one-shot" qui se sont retirés après un bon coup estimant ne plus pouvoir mieux faire après. Ces études et la poursuite d’Orange dans la voile prouve donc qu’il est possible de continuer... mais à condition d’en faire plus.

C’est sans doute la logique qui est ressorti du brain storming conjoint de Bruno Peyron et de ses partenaires. Ils ont donc décidé de poursuivre avec le maxi-catamaran. Mais aussi de parrainer le trimaran de Stève Ravussin pour la Transat Jacques Vabre et jusqu’à la Route du Rhum. Parallèlement, Bruno Peyron et Orange on évalué le lancement d’un voilier de 60 pieds et le montage d’une filière de promotion. Tout cela dans l’esprit de l’investissement de France Telecom, maison mère d’Orange, dans la voile depuis 1996...Marc Meyer, le DirCom de France Telecom était d’ailleurs là, tout comme Yves Parlier, pour rappeler l’historique de l’entreprise dans le monde du nautisme. "France Telecom a débuté son sponsoring voile en 1996 avec Yves Parlier sur Aquitaine Innovation" a tenu à rappeler Mr Meyer avant de poursuivre... "En 2001 nous soutenions The Race organisée par Bruno Peyron pendant qu’Itineris était partenaire d’Innovation Explorer le catamaran skippé par son frère Loïck. En 2002, il y a eu le lancement de la marque Orange et le record d’Orange I sur le Trophée Jules Verne. Puis ce fut la construction d’Orange II et les records des 24 heures, de la Méditerranée puis le Trophée Jules Verne 2005. C’est donc un investissement qui fait sens dans une discipline qui ne laisse pas de place à l’amateurisme."

Les teams de la course au large

Toujours plus est donc le maître mot d’Orange sur la voile grâce aux projets de Bruno Peyron. L’aîné des Baulois avait navigué cet été sur le trimaran suisse lors de la Nokia Oops Cup. Une expérience nordique qui s’est soldée par une victoire. Et surtout, pour Stève, par l’entrée dans un team ambitieux et, enfin, des moyens à la hauteur de ses ambitions. A l’instar de Groupama qui aura bientôt un maxi trimaran et un ORMA, Orange disposera dès cette année d’un maxi catamaran et d’un trimaran de 60 pieds. Comme le team Brossard qui possède un trimaran ORMA, un Figaro et un mini, Orange veut donc multiplier ses retours sur investissements en multipliant ses participations sur le circuit de voile. C’est une nouvelle philosophie qui se met en place dans la voile. C’est une idée développée d’ailleurs par quelques équipes de 60 pieds qui ont imposé la Solitaire du Figaro à leur programme (Foncia avec Alain Gautier puis Armel Le Cléac’h, Géant avec Michel Desjoyeaux). L’idée s’est concrétisée à celle d’un team de trois skippers différents chez Team Océan (Bourgnon, Duthil, Hardy) et monte donc encore d’un cran pour Groupama et Orange.

Un 60 pieds pour le Vendée Globe plutôt qu’un trimaran ?

Reste à bien définir ses cibles. Chez l’assureur vert, les deux bateaux alterneront leurs programmes avec un seul et même skipper, Franck Cammas. Chez l’opérateur mobile, l’idée semble être de laisser le maxi aux commandes de Peyron et le trimaran à celles de Ravussin, mais sous le contrôle de Peyron. Quid du reste ? C’est Peyron qui décide... et il hésite. Le dossier de presse annonce la construction d’un nouveau trimaran de 60 pieds. Lors de la conférence de presse, Peyron confie que ce sera un trimaran ou un monocoque. Le président de l’ORMA est là. Peyron annonçait qu’il voulait développer une filière de promotion. Quillot rappellait qu’Orange a un contrat pluri-annuel dans le foot et le rugby et veut en faire de même dans la voile. Un journaliste l’interroge donc sur un partenariat possible avec l’ORMA qui est en difficulté. La réponse est cinglante, C’est non ! Pas tant que l’association des multicoques de 60 pieds ne sera pas sortie de sa crise. L’espoir est passé. Pire, l’arrivée d’Orange sur le "circuit" pour la Jacques Vabre et la Route du Rhum est peut-être le champ du signe de la classe, ou tout du moins de son circuit de grand prix. Orange et Peyron annonçaient donc un nouveau trimaran de 18 mètres pour rejoindre le circuit ? L’idée semble désormais quasi abandonnée. En effet, faire construire un trimaran de 60 pieds pour la Route du Rhum, c’est un peu tard... alors que le prochain Vendée Globe et ses retombées exceptionnelles se profile déjà. Et les retombées, chez Orange, on compte dessus. Le prochain 60 pieds pourrait donc être un monocoque, skippé ou non par Peyron lui-même ? Pas de réponse claire encore une fois du skipper devenu normand quelques dizaines de minutes après qu’il ait rappelé avoir promu, avec les maxi catamarans, des gens de talent comme... Sébastien Josse.

Promouvoir les talents, vers le solitaire ou l’équipage

Et la recherche, ou plutôt la promotion des nouveaux talents, ce sera aussi le cheval de bataille de Bruno Peyron avec l’Orange Project. Bonne idée du marin qui rappelle à son auditoire comment il a navigué en Scandinavie sous la direction tactique d’un jeune issu du "Top Ten" de la filière Optimist. Comment aussi, iil a invité à bord du géant les membres de l’équipe de France de voile olympique dont des talents méconnus comme ceux du Stariste Xavier Rohart. Enfin, une team de course au large pense à la promotion des régatiers olympiques ? Ce n’est peut-être pas nouveau puisque la Banque Populaire, partenaire de Pascal Bidégorry sur le circuit ORMA et de Jeanne Grégoire sur le Figaro, soutient l’équipe de France et Xavier Rohart justement via une de ses filiales. Cet effet d’annonce prouve plutôt les bonnes intentions de Peyron et surtout confirme ce nouveau mode de fonctionnement du sponsoring voile qui veut toucher toutes les disciplines. Reste que l’idée de promotion peut laisser septique. La course au large française fonctionne on ne peut mieux avec les minis, les Figaro, les 60 pieds. Si la voile à besoin de se développer, c’est plutôt dans la course au large en équipage. C’est justement là que les talents de régatier des sportifs olympiques peut apporter une valeur ajoutée à celle des marins complets comme les Figaristes. Et pour cela, il n’y a actuellement qu’un seul support en dehors des rares maxi-multicoques. C’est la Volco Ocean Race où les équipes Françaises sont absentes. Enfin presque puisqu’il y a Jojo qui lui reviendra en France avec une formation internationale d’organisation bien exceptionnelle.



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