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Volvo Ocean Race

Deux Frenchies autour du monde

Sébastien Josse, skipper, et Sidney Gavignet, barreur, embarquent sur les 70’ du team ABN Amro

mercredi 5 octobre 2005Christophe Guigueno

Le départ de la Volvo Ocean Race sera donné le 12 novembre prochain d’Espagne. Deux Français embarquent à bord du Team ABN Amro pour porter le plus haut possible les couleurs de la course au large made in France. Sidney Gavignet, 36 ans et Sébastien Josse, 30 ans, deux Figaristes réputés, équipiers de multicoques, sont aussi les premiers à naviguer sur les nouvelles machines de 70 pieds conçues pour ce tour du monde revu et corrigé par Glenn Bourke. Rencontre à Paris des deux (trop) rares Frenchies sur cette nouvelle formule de la course autour du monde en équipage.

La prochaine Volvo Ocean Race aura deux gros défauts. Le premier vient du fait que le plateau est limité avec seulement sept équipages au départ (et six teams seulement puisque les ABN Amro présenteront deux voiliers sur la ligne). Enfin, il n’y aura pas d’escale française cette année. Alors comment se passionner pour un tel événement ? D’abord il y a les bateaux. Enfin, il y a Sébastien Josse, skipper du bateau des moins de 30 ans et Sidney Gavignet, barreur du voilier de Mike Sanderson. Les nouveaux Volvo 70 semblent être des machines extraordinaires au potentiel ravageur. "Ces bateaux-là ont les polaires de vitesse Vitesse #speedsailing de Jet Services et Royale des années ’84-’85 !" explique Sébastien Josse. "Les records de vitesse Vitesse #speedsailing des 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures vont exploser !" prévient l’ancien co-détenteur du Trophée Jules Verne. Et c’est d’ailleurs déjà le cas puisque Movistar, le V70 espagnol a parcouru 530 milles en une journée début avril dernier. Ce n’est donc sûrement qu’un début comme le précise Sébastien en comparant les performances de son bateau à celles des maxi-multicoques de 25 mètres des années 80. Vingt ans après, un monocoque de 70 pieds va donc aussi vite. Et les polaires, il les maîtrise parfaitement le jeune skipper du second bateau hollandais (mais premier mis à l’eau).

Depuis dix jours, les deux voiliers enchaînent les entraînements à Sanxenxo où sont aussi basés le bateau espagnol et prochainement celui de Paul Cayard. Mais la proximité des autres concurrents n’implique pas pour autant des navigations en commun. "Une fois, dans le petit temps, les Espagnols de Movistar se sont rapprochés de nous..." raconte Sidney sui sera un des barreurs du bateau des "vieux". "Ils ont très envie de naviguer avec nous car nous avons deux bateaux et que nous avons donc des références de vitesse qu’ils n’ont pas." En effet, le gros point fort de cette équipe menée par Mike "Moose" Sanderson vient de ses deux bateaux et donc de ses entraînements plus poussés que celui des autres équipes. "Pour revenir de Hollande [après le baptème], nous avons parcouru 2000 milles à deux bateaux !" ajoute Sidney. "Et pendant ce convoyage, on a réalisé 230 speed tests à la télémétrie" ajoute Sébastien. "Chaque speed test dure entre 7 et 8 minutes et on sait vite si on a gagné ou pas" renchérit Sidney. On comprend ainsi l’intérêt des autres équipes pour se comparer aux performances du tandem. D’autant plus que quasiment tous ont choisi des plans Farr alors qu’ABN Amro s’est fait construire deux plans (différents) signés Juan Kouyoumdjian.

"Un Volvo 70 est 30% plus rapide qu’un 60 pieds Open"

Farr - Kouyoumdjian sera le match dans le match de cette compétition. Ou plutôt ce sera une lute de style. Le style maxi / course en équipage contre le style Open 60 / course en solo... Chez les "Hollandais" le grand maître est Mike Sanderson. C’est lui qui a imposé nombre de choix dans la conception des bateaux. "Moose a navigué en 60 pieds Open" rappelle Sébastien Josse se souvenant de la troisième place de Sanderson lors de la dernière Transat Anglaise. "Il y a alors une touche "Open" sur nos bateaux avec les deux safrans par exemple. Alors que les plans Farr n’en ont qu’un seul." "Ne pas faire le choix de plans Farr montre qu’il y avait une certaine ouverture d’esprit dès le lancement du projet" ajoute Sidney Gavignet. "D’un point de vue architectural, il y a donc des différences très significatives par rapport aux plans Farr. Nous avons un deuxième bateau qui est très puissant." Une puissance incomparable par rapport aux Open 60 et aux Volvo 60 des précédents tours du monde. "La brise commence très tôt sur ces bateaux" souligne Sidney. "Dès 15 noeuds de vent, on va déjà un peu plus vite que le vent. De même à vingt noeuds de vent." Sébastien Josse qui a remporté la course vers le Congo sur un Volvo 60 et qui a terminé 5e du dernier Vendée Globe sur un Open 60 a pu comparer les trois types de bateaux. "Un Volvo 70 est 30% plus rapide qu’un 60 pieds Open. Au près, il remonte à 80° bord sur bord contre 95 à 100° pour un Open. Et quand un Open remonte le vent à 10,9 noeuds, le Volvo 70 file à 12,5, 12,7 noeuds. Et sur un même angle de remontée de type "près océanique", il file à 14,5 noeuds !" Ce qui explique cela : "Les dérives d’un V70 font 4 mètres de long. C’est énorme par rapport à un 60 pieds. Le bateau est aussi moins large qu’un 60 pieds et le gréement a plus d’allongement car il y a plus de gens pour les réglages." Quant aux VOR60... Sébastien n’en garde pas un bon souvenir de son expédition au Congo.

"Ce qui va sauver la course, ce sont ces nouveaux bateaux ! Ils sont différents, à la mode !" prévient Sidney Gavignet. Et avec ces machines hi-tech, ce sont deux mondes qui se rejoignent... Le monde anglo-saxon et celui de la voile made in France. "J’espère que cela va faire une liaison avec le point de vue français" ajoute "Jojo", "entre les plans Farr typés pour la course en équipage et nos bateaux typés Open". Sidney voit aussi cette "connexion concrétisée par les choix de Mike Sanderson" en mettant en évidence "les choix du team manager pour la conception du deuxième bateau. Moose est à la base des choix dans le gréement et des voiles qui sont inspirés de ceux du milieu français". "J’étais déçu lors de la Route de l’Equateur par les anciens bateaux. Ils n’évoluaient plus. Désormais on peut s’attendre à voir les Anglo-Saxons vouloir des bateaux qui vont plus vite, ils vont vouloir faire du multicoque aussi" souligne Sébastien.

"Sur le papier, on est grands favoris !"

Dans l’autre sens, les deux hommes apprennent beaucoup dans ces échange de compétences. Surtout dans le domaine de l’organisation Organisation #organisation d’un team. "D’un point de vue de l’organisation Organisation #organisation , les Français ont du retard" explique Sidney. "Le rendement d’une équipe anglo-saxonne est très supérieur à celui de ce qui se fait en France." "Nous nous sommes des artisans en comparaison" ajoute Sébastien. "Chez Abn Amro, quand on va sur l’eau c’est pour progresser" comme par exemple quand une voile n’est pas taillée comme attendu, elle peut être débarquée immédiatement et disponible dès le lendemain matin. Mais tout cela n’est bien sûr possible que grâce à des moyens techniques hors du commun. Par exemple, cette équipe phare de la prochaine Volvo Ocean Race dispose de containers techniques parfois en double pour retravailler à chaque étape sur les voiles, la coque ou l’accastillage. "Les bateaux vont plus vite que les cargo lors des longues étapes alors il faut beaucoup de matériel en double" justifie Sidney. "Pour l’hébergement à Cape Town, on a réservé pas moins de 50 appartements pour toute l’équipe !" Dans ces conditions, les ABN Amro 1 et 2 font figure de favoris. "Sur le papier, on est grands favoris en effet" sourit Sidney. "On était les premiers à naviguer dès janvier, avant Movistar. On a une équipe à deux bateaux et ont dispose donc d’un bateau référence. On a fait un important travail sur les voiles et nos jeux sont donc plus avancés que ceux des bateaux qui viennent d’être mis à l’eau comme celui de Paul Cayard." En plus, "il y a un premier bateau qui a permis une énorme réflexion pour concevoir le second" ajoute Sébastien. "Ce serait triste si le second allait à la même vitesse que le premier" conclue Sidney avec le sourire. Les "Hollandais" seront ainsi les seuls à barrer un bateau de la deuxième génération. Des avantages de poids pour cette première Volvo en 70 pieds. On attend donc avec impatience les première régates pour comparer les sept monocoques. En espérant une prochaine édition à 12 ou 15 machines pour tourner autour du globe à grande vitesse... Et un Français ?


Voir en ligne : Plus d’informations sur le Team ABN Amro sur team.abnamro.com



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