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Vendée Globe • S4

Jean Le Cam et Vincent Riou creusent encore l’écart avec les premières dépressions

Premières gros soucis techniques pour Thomson, Humphreys et Dinelli

dimanche 5 décembre 2004Christophe Guigueno, Information Vendée Globe

Les 60 pieds Open sont entrés dans le Grand Sud en franchissant la "porte" des quarantièmes rugissants. Jean Le Cam et Vincent Riou se sont succéder à la tête de la course avant de choisir chacun des routes différentes. Au jeu Jeu #jeu des distances au but vers les waypoints suivant, Riou a été mis en retrait mais le skipper de PRB était quasiment toujours le bateau de le plus à l’Est... Les deux hommes ont en tout cas décroché Roland Jourdain et Sébastien Josse quand le reste de la flotte approche du sud de Cape Town tout en sefaisant bousculer par les vents des premières dépressions. Retour sur la quatrième de semaine de course autour du monde en solitaire.

Dimanche 28 novembre 2004 : Vincent Riou et Jean Le Cam continuent de creuser l’écart et devraient compter 1 000 milles d’avance sur Nick Moloney, 7e

La lutte, à tous les niveaux du classement, n’a jamais aussi intense et donc intéressante à suivre après trois semaines de course. Il y a bien évidement les deux premiers, l’irrésistible couple Riou/Le Cam, mais le mano à mano entre Sill et Veolia et VMI est tout aussi passionnant, tout comme, beaucoup plus loin, à quelques 1 300 milles, la régate que se livre Benoît Parnaudeau (Max Havelaar Best Western) face aux deux demoiselles de la course, Anne Liardet (Roxy) et Karen Leibovici (Benefic).

« J’ai pris deux à trois paquets de mer sur la tronche, c’est froid ». Vincent Riou (PRB) tient toujours solidement les rennes de la course, même si la nuit a été difficile, suite à un choc avec un objet flottant non identifié. « J’étais à l’intérieur. J’ai entendu un premier choc, puis un second sur l’arrière et mon bateau est parti au tas ». Dehors, il fait nuit noire, le vent souffle à 30 nœuds et le bateau est couché sur l’eau. Le safran, sous l’impact, s’est relevé comme souhaité, mais la sortie de route est inévitable.

« Je croyais en avoir fini avec les cochonneries dans l’eau... c’est le genre de truc aléatoire qui sont pénibles à admettre. Une vraie roulette russe ». Cette passe d’arme montre bien que la vie des solitaires ne sera jamais de tout repos. Comme l’explique volontiers, dans un grand éclat de rire, un Jean Le Cam toujours en pleine forme. « Hier, j’en ai eu marre de me traîner. Allez hop, je hisse le pépin après avoir empanné. 17,18, 19 nœuds, tout va bien et puis 21,22,23 et là on fait comment pour affaler les 350 m2 sans lâcher la barre... ». Manœuvre réussie pour le Roi Jean qui, lors de la vacation, fait vivre, via le téléphone, une petite pointe à 18,4 nœuds, adjugé, vendu !

- Sébastien Josse (VMI) : « Cela a changé d’atmosphère. Il commence à y avoir des beaux talus de 5/6 mètres et quand on en chope un, cela descend bien, sinon on tape dans des petites vagues intermédiaires d’environ 2 mètres. Maintenant c’est la douche sur le pont. J’ai déjà deux polaires sur le dos et je dors avec mes bottes et mon ciré sur les genoux pour être prêt à tout instant. »
- Mike Golding (Ecover) :« Le sud, c’est avant tout une course contre soi-même. Mon bateau est prêt, j’ai toutes mes voiles et nous commençons une nouvelle étape. Dans cette partie, il faut savoir garder sa place. Doubler un autre concurrent me semble difficile à faire si tout se passe naturellement ».
- Raphaël Dinelli (Akena Verandas) : « J’ai encore quelques petits travaux à faire. Je le fais selon la force du vent et l’allure. J’ai ainsi fini de stratifier mon puits de dérive bâbord qui fuyait après le choc subit la nuit du départ. Je travaille assez tôt le matin et le soir pour ne pas cramer sous le soleil comme un poisson volant ».
- Nick Moloney (Skandia) : « Je voulais apprendre le français à bord, mais le rythme est vraiment fou. On n’a le temps de rien faire d’autre que s’occuper du bateau. Cela ne va pas être facile dans les prochains jours avec deux belles dépressions à venir. Ma décision est de garder une route assez nord, au sud, cela va être trop fort ».

• CLASSEMENT DU 28/11/04 15:00 GMT (16H00 PARIS)

Rg Nom Skipper Dist Arr Ecart Vmg Vit moy Cap moy
- 1 PRB VINCENT RIOU 18013,6 0,0 16,0 16,1 119
- 2 BONDUELLE JEAN LE CAM 18025,3 11,7 14,8 14,8 122
- 3 SILL ET VEOLIA ROLAND JOURDAIN 18381,8 368,2 13,9 14 124
- 4 VMI SEBASTIEN JOSSE 18391,0 377,4 12,5 12,8 130
- 5 ECOVER MIKE GOLDING 18575,6 562,0 14,3 14,7 133
- 6 HUGO BOSS ALEX THOMSON 18843,2 829,6 8,6 11,4 158
- 7 SKANDIA NICK MOLONEY 18979,4 965,8 6,0 6,1 139
- 8 VIRBAC-PAPREC JEAN-PIERRE DICK 19000,7 987,1 9,7 9,7 126
- 9 PRO-FORM MARC THIERCELIN 19051,4 1037,8 3,6 7,4 189
- 10 TEMENOS DOMINIQUE WAVRE 19059,5 1045,9 6,5 6,5 125
- 11 ARCELOR DUNKERQUE JOE SEETEN 19077,0 1063,4 6,7 7,2 109
- 12 HELLOMOTO CONRAD HUMPHREYS 19092,4 1078,8 1,6 5,8 201
- 13 UUDS HERVE LAURENT 19149,3 1135,7 12,0 12,2 117
- 14 OCEAN PLANET BRUCE SCHAWB 19157,6 1144,0 10,9 11,1 132
- 15 VM MATERIAUX PATRICE CARPENTIER 19179,9 1166,3 6,7 7,4 154
- 16 AKENA VERANDAS RAPHAEL DINELLI 19274,2 1260,6 11,6 11,6 132
- 17 ROXY ANNE LIARDET 19422,0 1408,4 12,0 12,4 146
- 18 MAX HAVELAAR BEST WESTERN BENOIT PARNAUDEAU 19422,9 1409,3 10,6 10,6 136
- 19 BENEFIC KAREN LEIBOVICI 19454,6 1441 9,2 11,2 166
- 20 BROTHER NORBERT SEDLACEK 19837,6 1824 5,8 8,5 186


Lundi 29 novembre : Vincent Riou prend 41,1 milles d’avance sur Jean Le Cam • première tempête australe avec des vents de 40 à 50 nds cette nuit

« Même si je donne l’impression d’être serein, j’ai tout de même quelques appréhensions ! Cela va être la première nuit de vrai mauvais temps avec une dépression qui arrive. Ce soir on va empanner, le vent va rentrer et l’on devrait avoir un bon 40 nouds de vent. Il faut surtout souhaiter que la mer s’organise. ». La phrase est de Vincent Riou (PRB) leader magnifique au classement de 16 heures. 27,2 milles d’avance au classement de 11 heures sur Jean Le Cam (Bonduelle), 41,1 milles à 16 heures : Vincent fait preuve d’une maîtrise et d’une « sérénité » remarquable distançant son principal adversaire à la régulière, soit sur la vitesse Vitesse #speedsailing du bateau.

Glisse et vitesse Vitesse #speedsailing , voilà la recette du moment pour le groupe de tête qui doit maintenant amadouer le passage d’un front cette nuit puis l’arrivée d’une nouvelle dépression avec des vents de l’ordre de 40 noeuds. Mais le plus difficile pour le moment n’est pas la force du vent mais bien l’état de la mer. « Il y a des vagues longues où tu pars en surf Surf #Surf , cela se passe bien » explique Vincent. « Si tu vas trop vite, le bateau plante et l’eau le recouvre jusqu’au pied de mât. A terme, ce n’est pas la bonne solution. En fait, le problème est que si tu vas trop lentement, le bateau se fait ballotter dans tous les sens et si tu vas trop vite, tu plantes ! Le tout est donc d’aller à la bonne vitesse et de ne pas trop appuyer sur la pédale d’accélérateur ».

La palme du meilleur attaquant revient sans conteste à Alex Thomson sur Hugo Boss. A 845 milles de la tête de la course, l’anglais recordman du monde du nombre de milles parcourus en 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures en solitaire avec 468 milles est crédité à 16 heures d’un chrono sur 4 heures de 19 noeuds. Cela signifie qu’Alex a glissé de nombreuses fois entre 22 et 24 noeuds. Alex est actuellement à 100 milles dans l’ouest de l’archipel Tristan Da Cunha, archipel qui devrait raser dans son nord. La question du soir est : est-ce qu’il tiendra ce sprint longtemps dans cette course d’endurance qu’est le Vendée Globe ?

- Vincent Riou (PRB) : « La mer est bien conforme à ce que l’on m’avait dit : chaotique et désordonnée. Depuis deux ou trois jours, je navigue sous toilé car cela ne sert à rien d’aller plus vite, ce serait une prise de risque inutile. Je ne regarde pas beaucoup ce que fait Jean. Ce n’est pas ma principale préoccupation ! Je regarde bien sûr les positionnements toutes les quatre heures mais je cherche avant tout la solution intelligente pour me faufiler dans cette mer. Je manouvre beaucoup pour trouver les bonnes combinaisons de voiles par rapport aux conditions de navigation. Jean doit faire la même chose que moi. Il est clair que Jean a moins de vécu sur son bateau. On a toujours un petit noud dans le ventre quand tu viens dans ces coins-là ! Il faut avoir de la vigilance en permanence. ».

- Sébastien Josse (VMI) : « Cette nuit, j’avais envoyé le gennaker mais je l’ai affalé depuis. Je pense que Bilou l’a conservé. Je préfère me concentrer sur les trajectoires et essayer de tabler là-dessus pour revenir. En ce moment, je dors beaucoup car seule la position allongée est confortable à l’intérieur. Je suis dans les 40es mais je ne veux pas m’en faire une montagne. Je me dis que les dépressions à venir ne sont pas plus dures que certaines en Atlantique Nord, autrement je risque de mal naviguer à essayer de trop anticiper. »

- Karen Leibovici (Benefic) : « Cela va bien, cela glisse doucement. Je suis au grand largue sur une mer plate avec du soleil. Mais rien à faire, je n’arrive pas à aller plus vite par rapport à mes copains de devant. Entre ce que j’aimerai faire et ce que j’arrive à faire, il y a beaucoup de différence. Moi je me bagarre gentiment, on essaye de suivre. Je n’ai plus de fuite de gasoil depuis deux jours ! »


Mardi 30 novembre : première grosse dépression des océans du sud, les 40es Rugissants malmènent les quatre premiers

Après le calme, la tempête pour Josse et les autres skippers de tête.
Photo : Seb Josse / VMI

Alors que les six premiers sont passés de part et d’autre de l’archipel Tristan da Cunha, le gros de la flotte navigue actuellement à plus de 200 milles au nord de ces îles Britanniques de l’Atlantique Sud. Une route plus longue et moins rapide dictée par la météo... Pourchassé par l’anticyclone de Sainte-Hélène, le peloton du Vendée Globe, du 7e, Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec), au 14e, Joé Seeten (Arcelor Dunkerque), va être une nouvelle fois ralenti par la transition entre l’anticyclone et une deuxième dépression qui arrive par derrière, en provenance de l’Uruguay. Le retard de ce groupe - 1150 à 1300 milles mardi - devrait logiquement augmenter dans les jours qui viennent. Un coup dur pour le moral puisque c’est la troisième fois, après le Pot-au-Noir et Sainte-Hélène, que la météo tranche en faveur des premiers et creuse l’écart avec les suivants...

- Vincent Riou (PRB) : « On a bien allumé jusqu’à ce matin en avant du front. Ça freine un peu à présent dans le secteur chaud de la dépression ; il pleut, peu de visibilité, 3 à 4 mètres de creux et 35 à 40 nœuds de vent. Tant que la mer est bien rangée, on attaque. Après, il faut trouver le bon compromis de voilure pour allier vitesse et préservation du matériel. PRB est vraiment bien étudié pour le sud. Je reste à l’intérieur avec ma commande de pilote. Pas besoin de sortir. Jean (Le Cam) et moi avons croisé cette nuit mais sans vraiment “optionner“. Les prochains jours, il s’agit de gagner dans l’est et de rester dans le nord de la prochaine dépression. Mes deux albatros me suivent toujours. Nous serons cette nuit à la longitude du Cap de Bonne Espérance. »

- Jean Le Cam (Bonduelle) : « Dehors, il fait de plus en plus froid et pas beau. Donc, comme à la maison, on n’a pas envie de sortir. Barrer, c’est pas la peine. Vaut mieux être dedans que dehors. On ne passe pas plus de deux heures par jour à l’extérieur. En ce moment, il y a des pointes de vitesse assez impressionnantes. Tout à l’heure, une déferlante a soulevé l’arrière du bateau et l’a fait tourner de façon assez désagréable. »

- Roland Jourdain (Sill et Veolia) : « Comme prévu, nous avons été cueillis cette nuit par la dépression. J’ai eu un bon 50 nœuds de vent. La mer est creuse et désordonnée et il est difficile d’aller droit. Une déferlante a couché le bateau cette nuit pendant que je somnolais à l’intérieur. Je me suis bagarré pour tout remettre à l’endroit et je n’ai aucun dégât à déplorer. Le vent a légèrement molli mais l’état de la mer nous force à lever le pied. Il fallait aller vite hier pour bien rester dans le même système météo que les deux premiers. C’est chose faite. »

- Sébastien Josse (VMI) : « Ça glisse, ça tape, ça cogne, ça part à droite, ça part à gauche... j’ai 40 nœuds et 6 mètres de creux. Je suis resté sur le pont une bonne partie de la nuit car il fallait rester dans le bon tempo du vent, avoir la bonne voile par rapport au vent. Je manœuvre beaucoup pour donner au bateau une bonne vitesse moyenne qui préserve et la machine et la vitesse. Tiens, 24,7 nœuds à l’instant ! Je suis très à l’écoute du bateau, prêt à sortir si nécessaire. C’est bien le sud qu’on attendait, ce pourquoi on vient sur le Vendée Globe. Les conditions sont difficiles. Lorsque je me déplace, je le fais à quatre pattes. Une prise de ris prend trois-quarts d’heure au lieu de 5 minutes habituellement. »

- Alex Thomson (Hugo Boss) : « Je suis passé à 16 milles de l’île de Tristan da Cunha. J’ai appelé par VHF et le gouverneur de l’île, Mr Mike Hentley, m’a répondu. C’était sympa de parler à des gens comme cela au milieu de l’Atlantique. Nous avons échangé des vœux de Noël et de nouvel an. Et juste avant, j’avais eu un autre contact VHF avec un voilier brésilien de 30 pieds en route pour Tristan da Cunha. La journée d’hier était vraiment très bien. Le vent est un peu plus faible aujourd’hui. Mon objectif est de garder le contact avec les adversaires qui me précèdent, et de garder à distance ceux qui me poursuivent. Il faut aussi préserver le bateau. J’évite donc de trop pousser et je prends beaucoup de temps à inspecter le matériel. Je crois que, sauf circonstances exceptionnelles, il sera difficile de revenir sur la tête de la course. »


Mercredi 1er décembre : Routes divergentes au passage du Cap de Bonne Espérance pour Riou (vers le Nord) et Le Cam (vers le Sud)

« Je ne comprends vraiment pas qu’on se soit séparés sur un coup de tête pareil. Moi je ne voulais pas. Si vous l’avez, dîtes lui que je regrette » plaisante Jean Le Cam, interrogé lors de la vacation du jour sur la séparation des routes entre PRB et Bonduelle. En partant à plus de 70° de la route directe, Vincent Riou cède par conséquent la première place à Jean Le Cam afin d’anticiper sur la prochaine dépression dans l’Océan Indien. A la vacation, Vincent Riou s’est voulu rassurant. « Il existe différentes manières de se rendre à un même point. Je pars sur un bord plus maniable, en pariant sur le long terme. Le décalage est toujours intéressant. C’est un choix que ne motive nulle avarie. » Une stratégie que ne s’explique pas en tout cas Jean Le Cam. « Je ne comprends pas la stratégie de Vincent (Riou). Nous avons largement le temps de négocier la prochaine dépression. Il n’y a aucune raison de faire ça. Pour moi, il ne peut pas faire du tribord pour une raison technique. »

« J’étais enfin dans mon élément. J’avançais à 16-17 nœuds. Je faisais des pointes à 23 nœuds. J’attaquais à fond, avec l’espoir de refaire une partie de mon retard. Tout à coup, Pro-Form s’est planté dans une vague et a enfourné jusqu’au mât, puis s’est couché à 45°. » Bilan : un gennaker perdu, un balcon endommagé et surtout le bout-dehors cassé. Marc Thiercelin ne peut plus envoyer que son solent ou sa trinquette, ce qui sera particulièrement handicapant dans des conditions médium jusqu’à 20 nœuds.

- Jean Le Cam (Bonduelle) : « Je ne comprends pas la stratégie de Vincent (Riou). Nous avons largement le temps de négocier la prochaine dépression. J’ai tout intérêt à privilégier la route directe. Chaque mille parcouru, chaque heure qui passe, j’encaisse. Quand j’en aurais assez dans la casserole je verrais, mais pour le moment je passe à la caisse ! Je suis bien là où je suis. La mer est vraiment épouvantable. Il y a une grosse houle, avec du vent et de courtes vagues dans l’autre sens. Il faut naviguer en douceur sans tirer sur la machine. »

- Vincent Riou (PRB) : « Il existe différentes manières de se rendre à un même point. Je pars sur un bord plus maniable, en pariant sur le long terme. Le décalage est toujours intéressant. C’est un choix que ne motive nulle avarie. »

- Benoit Parnaudeau (Max Havelaar - Best Western) : « Le vent rentre et on a bien accéléré cette nuit. J’ai 35 nœuds avec une belle houle. Sans trop toiler le bateau, je marche à 13 nœuds. Je n’ai pas intérêt à « charger » le bateau. Cela sollicite le matériel pour un gain de vitesse insignifiant. Je consacre pas mal de temps à la table à cartes. Il se passe des choses intéressantes sur le plan météo. C’est un peu stressant mais “qui va piano va sano“. »

• CLASSEMENT DU 01/12/04 15:00 GMT (16H00 PARIS)

Rg Nom Skipper Dist Arr Ecart Vmg Vit moy Cap moy
- 1 BONDUELLE JEAN LE CAM 17021,4 0,0 14,8 14,8 122
- 2 PRB VINCENT RIOU 17102,9 81,5 13,8 14 115
- 3 SILL ET VEOLIA ROLAND JOURDAIN 17304,7 283,3 15,6 16,6 106
- 4 VMI SEBASTIEN JOSSE 17349,1 327,7 12,9 14,1 103
- 5 ECOVER MIKE GOLDING 17461,4 440,0 16,0 16,2 111
- 6 HUGO BOSS ALEX THOMSON 17889,8 868,4 3,8 6,2 59
- 7 VIRBAC-PAPREC JEAN-PIERRE DICK 18242,0 1220,6 15,1 16,5 111
- 8 TEMENOS DOMINIQUE WAVRE 18342,7 1321,2 14,0 18,1 96
- 9 HELLOMOTO CONRAD HUMPHREYS 18391,5 1370,1 12,6 16,2 96
- 10 SKANDIA NICK MOLONEY 18401,8 1380,4 13,0 15 106
- 11 UUDS HERVE LAURENT 18424,5 1403,1 13,7 16,8 100
- 12 PRO-FORM MARC THIERCELIN 18430,0 1408,6 11,4 16 92
- 13 ARCELOR DUNKERQUE JOE SEETEN 18430,3 1408,9 13,1 15,7 101
- 14 OCEAN PLANET BRUCE SCHAWB 18455,1 1433,7 12,7 14,9 102
- 15 VM MATERIAUX PATRICE CARPENTIER 18468,7 1447,3 12,6 13,8 108
- 16 AKENA VERANDAS RAPHAEL DINELLI 18583,2 1561,8 11,6 11,8 119
- 17 ROXY ANNE LIARDET 18655,4 1634,0 12,4 13,7 103
- 18 BENEFIC KAREN LEIBOVICI 18724,4 1703,0 11,0 12,3 100
- 19 MAX HAVELAAR BEST WESTERN BENOIT PARNAUDEAU 18724,9 1703,5 10,4 12,8 96
- 20 BROTHER NORBERT SEDLACEK 19120,3 2098,9 11 11,9 111


Jeudi 2 décembre : Alex Thomson fait route sur Le Cap suite à une avarie de vit de mulet

Coup dur pour Alex Thomson (Hugo Boss) qui a informé en fin de matinée (11 heures 45) la direction de course de la sérieuse avarie survenue à son monocoque. Joint à la vacation, Alex explique : « Je vais bien mais mon bateau est malade. Je naviguais dans plus de 40 nœuds de vent sous deux ris dans la grand-voile et trinquette. J’étais à l’intérieur. La mer était très courte, hachée et le bateau tapait fort. Brusquement, j’ai entendu un fort craquement, assez caractéristique d’un bris de carbone. J’ai tout de suite pensé au mât mais le bruit venait de plus bas. J’ai vérifié la quille qui était ok. Et j’ai alors vu le jour passer à travers le roof. La base du vit de mulet s’est écrasée et a traversé le pont. J’étais sous le choc après tous mes problèmes de la semaine dernière. Mon mât a l’air ok. J’ai envoyé des photos des dégâts à l’architecte Marc Lombard et à mon équipe technique. J’attends leurs recommandations, en vue d’une éventuelle réparation. Pour l’instant je fais route sur Cape Town (Afrique du Sud) au portant. J’ai toujours 45 nœuds de vent avec 50 sous les grains. J’ai un peu de matériel de réparation à bord mais j’ai peur d’être un peu court. Mon souci est de préserver le bateau de l’humidité et d’éviter d’aggraver les dégâts. Il y a eu tellement de travail, de temps et d’argent d’investis dans ce projet et je suis très abattu... Mais je n’en ai pas encore fini avec le Vendée Globe ».

A 17h20 ce jour, Alex a prévenu la Direction de Course du Vendée Globe qu’il faisait route vers la région de Cape Town (Afrique du Sud) afin de trouver un endroit abrité, de mouiller l’ancre et de réparer par ses propres moyens l’avarie survenue aujourd’hui. Au moment de cette liaison téléphonique, l’anglais avait 65 nœuds de vent, une mer démontée et naviguait sous tourmentin seul. Il est à 1000 milles de Cape Town à 16 heures ce jour.

- Vincent Riou (PRB) : « J’ai toujours été clair : je ne veux pas me mettre dans 70 nœuds de vent et je ne veux pas aller dans les glaçons. Depuis que nous sommes dans les mers du Sud, il n’y a plus de moments pour soi. Le but est de trouver le bon compromis car les conditions de navigation ne sont vraiment pas stables. J’ai dû changer 15 ou 20 fois de configuration de voilure dans la journée d’hier. Il faudrait cinq mecs en permanence sur le pont pour être au maximum du bateau. C’est vrai que l’on se demande un peu où l’on atterrit en venant ici ! La mer est vraiment « merdique » et pour les grands surfs, on oublie ! ».
- Sébastien Josse (VMI) : « C’est le bazar à l’intérieur et à l’extérieur ! J’ai fait du rangement mais à l’intérieur ce n’est pas gagné, il y a de tout et de n’importe quoi. Pour dormir ? Tu mets le casque antibruit et tu dors dans le baston. Le bateau va à 20 nœuds, c’est stressant, cela cogne, cela mouille mais au bout d’un moment, on dort ! »
- Jean Le Cam (Bonduelle) : « Le Sud va bien pour le moment et aujourd’hui ce n’est pas mal... Maintenant qui va tirer les marrons du feu ? C’est une autre histoire Histoire #histoire . C’est bizarre tout de même le bord que Vincent a fait... C’est le système météo qui est favorable soit au nord soit très sud. Maintenant, j’exclus le sud à long terme ou alors il faudrait aller dans la glace. Là, maintenant la mer s’est bien améliorée, par contre ce qui est clair, c’est que je ne voudrais pas être au près là-dedans. L’autre dépression ? Je pense que demain nous l’aurons ».
- Dominique Wavre (Temenos) : « J’ai 45 nœuds de vent et c’est magnifique ! il y a trois mètres de creux et quelquefois le bateau plante dedans... Le ciel est gris et mon baromètre est assez stable. C’est vrai que l’on est venu pour ce vent là. Le marin et le bateau sont venus chercher cela ici ! C’est clair qu’il ne faut pas se rater à la manœuvre dans ces conditions. Mais j’aime bien le spectacle et je vais boire mon café dans un thermos avec une petite paille, accroché à la bastaque de derrière, c’est superbe ! ».


Vendredi 3 décembre : Vincent Riou reprend la tête de la course avec 23 milles d’avance sur Le Cam

Nous venons de traverser une petite phase de transition mais cela redémarre doucement » explique Vincent Riou (PRB) à la vacation. « Nous voilà repartis vers l’Est, direction le Sud de l’Australie. Mon petit coup se traduit par 5 milles de retard (ndlr, au classement de 11h00) pour l’instant. Finalement, je ne vais pas gagner grand-chose car ce matin, j’ai raté le passage à la caisse. Au petit matin, après le lever du jour, j’ai voulu aller dormir. Ma sieste a duré 1h30 - 2h00 sous pilote en mode vent réel. Résultat : alors que je voulais faire de l’est, je me suis retrouvé à faire du sud. Je pense avoir perdu 10 à 15 milles en latitude ».

Echo quasi instantané et satisfaction de son collègue de route, Jean Le Cam (Bonduelle) : « Et oui, nous avons eu une phase de transition... Je suis assez content de voir Vincent là, je le croyais partir beaucoup plus que cela ! Mais il est mieux placé que moi maintenant... S’il me met 30 milles, ce ne sera pas trop grave ! ». Ainsi le petit décalage au nord opéré il y a deux jours de Vincent a tout de même rapporté, même si le nouveau leader du jour est déçu d’être passé à côté de son coup. Quoi qu’il en soit, Vincent navigue maintenant sur la bordure nord de la dépression et a touché le vent quelques heures avant Jean. Mer moins formée les jours précédents, vent un zeste plus tôt, PRB en a profité pour s’échapper sur cette bordure dépressionnaire très nord par rapport aux systèmes qui défilent traditionnellement dans le sud. Vincent et Jean naviguent une fois de plus de concert dans 30 nœuds de vent, mais le décalage en latéral nord/sud qui aurait dû être plus important sans le somme prolongé de Vincent est à 16 heures peu significatif puisque de seulement... 22 milles. Tous les deux se trouvent à 255 milles pile dans l’ouest des Iles du Prince Edward. Derrière, les vitesses ont augmenté avec l’arrivée de la dépression qu’ils ont touchée plus tôt. Roland Jourdain (Sill et Veolia), Sébastien Josse (VMI) et Mike Golding (Ecover), après des nuits difficiles dans les phases de transition entre les systèmes, ont retouché du vent portant et glissent cap à l’est/nord-est.

- Vincent Riou (PRB) : « Depuis 48 heures, l’environnement Environnement n’est pas très sympa. Il fait gris, la visibilité est faible. La température à l’intérieur du bateau est de 2°. A l’extérieur, il fait zéro degré. L’eau n’est pas très chaude non plus mais cela s’arrange en même temps que nous nous décalons vers l’Est. Globalement, je suis content car j’avais bien anticipé l’arrivée de la dépression. La compétition est ouverte et il faut avoir l’œil partout car personne n’est à l’abri d’une erreur. La course au large, c’est souvent jouer au gagne petit en espérant qu’à un moment, la porte s’ouvre. Avec Jean, on se tire la bourre et chacun espère qu’il va toucher le jackpot. »
- Alex Thomson (Hugo Boss) : « Hier, j’ai vraiment cru la fin du monde arriver ! Le baromètre a chuté brutalement. J’ai eu des rafales à 70 nœuds et sous mât seul, le bateau s’est couché, mât dans l’eau ! J’ai maintenant 25 nœuds de vent et une mer vraiment très grosse. L’intérieur du bateau est complètement chamboulé. J’ai utilisé des vêtements pour aveugler la voie d’eau sur le pont. Je communique beaucoup avec mon équipe et Marc Lombard. Nous n‘avons pas totalement défini la nature de la réparation a effectué. Ce qui est sûr c’est qu’il me faut trouver un endroit sec et abrité pour travailler. Je suis à 5 ou 6 jours de navigation de l’Afrique du Sud. Je table ensuite sur 4 ou 5 jours de réparation. J’espère avoir assez de matières premières pour faire un travail dont je puisse avoir 100% confiance avant de repartir dans les mers du sud. Restera encore le problème de mon avitaillement en gasoil et en nourriture pour tenir jusqu’aux Sables d’Olonne. Mais ça, c’est une autre histoire Histoire #histoire ... »
- Roland Jourdain (Sill et Veolia) : « Il fallait trouver le passage pour ne pas faire trop de près. Ensuite, il y a eu la bascule de vent et le portant est arrivé. Mais j’avais vraiment mal pour le bateau quand la bascule est arrivée. J’ai dû sous toiler le bateau car le vent est entré par le nord-ouest et la mer était du sud-ouest. J’ai changé ma latte en haut de la grand-voile dans la nuit. J’ai affalé et au moment de la renvoyer je ne pouvais plus la hisser. Du coup, j’ai été obligé de changer de drisse de grand-voile ce qui m’a pris trois heures. »
- Jean Le Cam (Bonduelle) : « C’est vrai que l’on a pas le temps de dormir, c’est un peu le problème du Vendée Globe en fait... J’ai du dormir trois heures cette nuit. Soit tu as trop de vent, soit tu n’en as pas assez : c’est toujours pareil, on est jamais content avec ce que l’on a ! J’ai eu de la neige Neige #snow avec de la grêle. J’étais au près et la neige Neige #snow faisait des paquets dans la grand-voile. J’entendais des gros bruits sur le pont et je me demandais d’où cela venait... En fait, au près, il y a des amas de neige qui se font dans la grand-voile et quand ils tombent sur le pont, cela fait un bruit sourd... ».


Samedi 4 décembre : Lourde avarie de safran et de secteur de barre pour Hervé Laurent • Nouveau cahssé-croisé entre Le Cam et Riou

« C’était prévisible, je savais que j’allais perdre la tête de la flotte » lâche Vincent Riou (PRB) à la vacation du jour. « Mais comme d’habitude, j’ai fait ce que j’avais envie de faire. Concrètement quand l’eau est en dessous de 5°, cela signifie qu’il peut y avoir des glaçons mais quand c’est inférieur à 2°, la présence des glaces est évidente. Donc quand l’eau approche de 5°, j’essaye de trouver d’autres solutions ». Vincent a donc mis un peu de nord dans sa route et de ce fait, a laissé les îles du prince Edward dans son sud.

De ce fait, Jean Le Cam (Bonduelle) sur une route plus directe est repassé devant au classement de 16 heures. Il glisse sous les îles du prince Edward et compte 14,4 milles d’avance sur Vincent. Par contre, les vitesses ont fortement augmenté pour les deux leaders qui tutoient actuellement les 17 nœuds de vitesse moyenne sur 4 heures. Ils naviguent actuellement dans un vent de nord-ouest de 30 nœuds et glissent cap sur les Iles Crozet qui sont à 400 milles dans les étraves. De la pression dans les voiles pour les leaders, qui s’accompagne par des écarts encore plus significatifs avec Roland Jourdain (Sill et Veolia), Sébastien Josse (VMI) et Mike Golding (Ecover). L’anglais avoue à la vacation du jour : « J’ai l’impression d’aller systématiquement là où il ne faut pas aller depuis que je suis privé d’infos météo, suite à mes problèmes de standard F. C’est très frustrant. Je suis au près quand mes adversaires filent au portant. Je vais encore perdre beaucoup de milles aujourd’hui ». Et si Mike a raison, il parle au nom de Bilou et de Sébastien qui naviguent plus nord par rapport à la route directe et également dans moins de vent. A 16 heures, Bilou a perdu 40 milles sur la tête de la course par rapport au classement de 11 heures et Jojo 60 milles...

Une note des plus salées puisque Hervé va voir son UUDS se faire coucher par deux fois par la tempête. C’est au matin qu’il a pu faire un bilan technique des dommages : « je ne connais pas encore l’étendue exacte des dégâts de la nuit, mais déjà j’ai vu que le secteur de barre tourne sur la barre. Un des pilotes est mort, et comme rien n’arrive seul, il y deux bidons de gasoil qui ont explosé dans le bateau. L’intérieur est devenu une vraie patinoire avec une odeur très forte. Ce qui me tracasse le plus, c’est une avarie sur le safran bâbord et j’ai vraiment l’impression qu’il y a du jeu Jeu #jeu . Avec la mer actuelle, c’est trop chaud pour aller voir de plus près, mais ça ne me plaît pas du tout ». Au dernier pointage de 16 heures, Hervé marche à 12 nœuds de vitesse moyenne sur 4 heures et se trouve à 490 milles de la longitude du cap de Bonne-Espérance. Il navigue encore au près mais devrait toucher d’ici peu la bordure nord de la dépression placée dans le sud-ouest dans l’Afrique du Sud. De ce fait, il devrait toucher des vents plus favorables. Cela lui permettra alors de faire le check complet de son bateau et de connaître d’une manière plus précise l’étendue des dégâts.

Et la liste des petites avaries continue comme si c’était « le cadeau de bienvenue » dans les mers du Sud. Raphaël Dinelli (Akena Vérandas) a fait part hier soir à la direction de course que le bas étai est cassé. Raphaël a immédiatement réduit la toile et consolidé le mât en envoyant le tourmentin à l’avant. Benoît Parnaudeau (Max Havelaar/Best Western) a connu des problèmes avec ses embouts de lattes de grand-voile dans 60 nœuds de vent et Anne Liardet (Roxy) a des problèmes d’informatique, de lazy-jacks, de pompe de vidange et de générateur. Ce deuxième groupe est indiscutablement mis à rude épreuve et, s’il n’est pas sous le feu des projecteurs, est en train de vivre une très difficile entrée en matière dans les mers du Sud...

- Vincent Riou (PRB) : « Hier, les modèles étaient imprécis sur l’avenir. Aller au Sud ne me tentait pas beaucoup. Par contre, remonter un peu au Nord me laissait plus de liberté. Il faut que je me débrouille là où je suis. Je suis au portant dans 24 à 28 nœuds de vent. Il y a une dorsale derrière donc il faut mettre du charbon aujourd’hui. Pendant 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures , les accélérateurs seront assez hauts. Cela risque d’être une course de vitesse. »
- Mike Golding (Ecover) : « Ce n’est jamais bien d’être derrière. Je préfère faire course en tête. Cecidit, le vent rentre par l’arrière dans le sud et je pourrais peut-être trouver à certains moments quelques avantages à ma position. Mon objectif est d’atteindre le Horn à 100% de mes moyens, avec le minimum de retard sur la flotte. Les nouveaux Lombard vont très vite au portant. C’est dans la remontée de l’Atlantique que j’aurai ma chance. Par ailleurs, je tiens à souligner que Seb (Sébastien Josse) fait une course fantastique. »
- Marc Thiercelin (Pro-Form) : « Je suis resté du bon côté du front et j’ai lofé un peu. En fait, le vent est resté toujours au nord-ouest, c’était au moins une bonne nouvelle ! Au reaching, le bateau va vite. Autrement, j’ai eu une grosse avarie il y a quelques jours qui a failli me coûter mon mât. Maintenant je n’ai plus que le solent à l’avant et la grand-voile. Pour mon bout dehors ? En fait, le bateau a planté dans la vague, il a plongé sous l’eau... le bateau s’est redressé je ne sais pas comment, et j’ai entendu crac... Ce n’était pas le mât. Par contre devant, le gennaker volait avec le bout dehors au bout. J’ai essayé de le récupérer mais je n’ai pas pu. J’ai scié le câble de gennaker pour l’abandonner. Le bout dehors est arraché à la base de la coque. Et comme mon grand génois est fixé sur le bout dehors, du coup je n’ai plus de spinnaker, de gennaker et de génois principal. Cela me limite dans les combinaisons de voile maintenant ! Si cela n’est pas trop handicapant dans le Sud, ensuite ce ne sera pas des plus faciles pour la remontée ! ».


Le safran cassé d’Hellomoto de Conrad Humphreys
Photo Conrad Humphreys

Dimanche 5 décembre : Roland Jourdain lâche 194 milles en 24 heure Josse 212 ! • Avarie de safran bâbord pour Conrad Humphreys

Jean Le Cam (Bonduelle) et Vincent Riou (PRB) sont partis. Les reverra t’on ? Leurs poursuivants immédiats, ceux qui, jusqu’à l’entrée dans l’Océan Indien composaient « le Club des cinq », sont en droit de s’interroger. Si la vue du classement de ce matin ne les déprime pas trop. Car les chiffres sont impitoyables ; à 506 milles de son leader et ami Jean Le Cam, Roland Jourdain (Sill et Veolia) vient de « lâcher » 194 milles en 24 heures. Plus lourde encore l’addition que règle ce matin Sébastien Josse (VMI) : 676 milles de déficit et une perte sèche sur 24 heures de 212 milles. Sanction comparable enfin pour Mike Golding (Ecover), désormais relégué à 774 nautiques, et qui a égrainé 202 milles en chemin depuis hier matin. Seuls capables d’enchaîner sans coup férir les trains de dépression, les deux leaders accrochent en métronomes les flux portants, réduisant à leur plus stricte expression les phases de transition. Comme le disait si joliment Sébastien Josse, ils naviguent dans le tempo du vent.

Les premières dépressions très creuses que rencontrent les coureurs dans le Sud Ouest de la pointe de l’Afrique ont laissé de douloureuses traces. Trois voiliers boitent bas vers Cape Town et/ou ses parages plus tranquilles pour inspecter leurs blessures et envisager sereinement les perspectives d’avenir. Il s’agit d’Hugo Boss (Alex Thomson) et son roof déchiré par l’enfoncement de l’embase du vit de mulet. Compagnons de misère, Hervé Laurent (UUDS) et Conrad Humphreys (Hellomoto) déplorent tous deux de graves avaries de safran, bâbord pour le premier, tribord pour le second. Groggy, le reste de la flotte devrait profiter d’une zone de transition pour remettre en ordre les voiliers chahutés, réparer qui son moteur, qui ses lazy jacks, qui son étai etc... la course et le Sud ont peu d’égard pour ces hommes et ces bateaux.

• CLASSEMENT DU 05/12/04 04:00 GMT (05H00 PARIS)

Rg Nom Skipper Dist Arr Ecart Vmg Vit moy Cap moy
- 1 BONDUELLE JEAN LE CAM 15946,4 0,0 18,3 18,3 112
- 2 PRB VINCENT RIOU 15983,9 37,5 13,7 14,3 99
- 3 SILL ET VEOLIA ROLAND JOURDAIN 16453,3 506,9 5,7 6 140
- 4 VMI SEBASTIEN JOSSE 16623,2 676,7 9,7 10 137
- 5 ECOVER MIKE GOLDING 16720,9 774,5 10,5 10,5 123
- 6 VIRBAC-PAPREC JEAN-PIERRE DICK 17257,5 1311,1 13,7 14,3 112
- 7 SKANDIA NICK MOLONEY 17285,3 1338,9 11,2 13,2 98
- 8 TEMENOS DOMINIQUE WAVRE 17311,5 1365,1 18,5 19,2 114
- 9 PRO-FORM MARC THIERCELIN 17318,3 1371,9 13,7 16,4 98
- 10 ARCELOR DUNKERQUE JOE SEETEN 17475,4 1529,0 11,4 15,2 91
- 11 HELLOMOTO CONRAD HUMPHREYS 17624,8 1678,4 5,1 8,2 82
- 12 UUDS HERVE LAURENT 17647,0 1700,6 5,8 7,6 92
- 13 VM MATERIAUX PATRICE CARPENTIER 17649,5 1703,1 10,1 11 108
- 14 OCEAN PLANET BRUCE SCHAWB 17660,9 1714,5 11,2 11,3 124
- 15 HUGO BOSS ALEX THOMSON 17783,1 1836,7 6,4 8 95
- 16 ROXY ANNE LIARDET 17939,5 1993,1 10,1 10,1 132
- 17 MAX HAVELAAR BEST WESTERN BENOIT PARNAUDEAU 18015,1 2068,6 8,7 10,1 164
- 18 AKENA VERANDAS RAPHAEL DINELLI 18041,2 2094,7 6,8 6,9 146
- 19 BENEFIC KAREN LEIBOVICI 18047 2100,6 9,2 10,9 166
- 20 BROTHER NORBERT SEDLACEK 18346 2399,5 12,9 14,2 111



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