Armel, vous courrez la Transat ag2r en double avec Damien Grimont. Quels objectifs peuvent bien avoir deux vainqueurs de la Mini Transat embarqués sur le même bateau ?

Avec Damien, c’est la suite logique de notre histoire. Je voulais partir avec quelqu’un de meilleur que moi pour apprendre, acquérir un bagage supplémentaire sur ce nouveau bateau, prendre toujours plus d’expérience. Damien a prouvé qu’il était très bon en météo, en stratégie et il a plus d’expérience que moi sur ce bateau. Je pense que c’est le coéquipier idéal. L’idée c’est de s’étalonner en vitesse, être le plus possible au contact des meilleurs. On s’entraîne ensemble en ce moment, il me faut acquérir les automatismes, l’ergonomie du plan de pont, la chronologie optimale des manœuvres. Damien m’aide aussi à m’affiner à la barre. Je serai le skipper de Gedimat mais on prendra les décisions à deux. Si on pouvait finir dans les dix premiers ce serait déjà parfait. Quand on voit l’incroyable qualité des navigateurs engagés dans cette épreuve, c’est un objectif déjà élevé...

Vous enchaînerez seul ensuite avec la Generali Méditerranée. Ce sera votre baptême du feu en solitaire sur le Figaro 2...

Oui, même si j’ai déjà fait du Figaro première génération tout seul et que c’est même ce qui m’a donné le goût de la course en solitaire. Là encore, ce sera très intéressant de se frotter aux autres, de voir réellement où j’en suis sur ce bateau qui est tout nouveau pour moi. C’est sur que si je sens des coups à tenter je ne me gênerai pas, mais ces deux premières courses seront surtout forcément riches en enseignements. Sachant qu’ensuite la Solitaire du Figaro arrive vite et que c’est toujours le point d’orgue de la saison.

D’une manière générale, l’objectif de cette première saison 2004 ?

C’est certain que je vais essayer de faire quelque chose au classement des bizuths (ceux qui débutent en Figaro, NDR), là encore je sais que c’est un objectif ambitieux mais je vais viser ce podium là, être dans les trois premiers des nouveaux arrivants. Ce serait déjà très bien pour une première saison. Il faut bien comprendre : je suis dans la position d’un club de foot qui passe de deuxième en première division et ce serait bien prétentieux de ma part de dire que je veux tout gagner du premier coup. Ce qui est sur c’est que je jouerai évidemment toutes mes cartes à fond, je vais toujours sur l’eau pour la gagne !

Tout est allé très vite depuis votre fabuleuse saison 2003 en Mini et la victoire à Salvador de Bahia...

(Rires) Tout s’est très bien enchaîné en effet, pourvu que ça dure ! Et le partenariat avec Gedimat me met dans des conditions idéales pour attaquer cette indispensable étape qu’est le Figaro. Ce qui est appréciable chez ce partenaire, c’est que ce ne sont pas des gens qui tentent juste un coup pour voir. Si ça se passe bien - et il n’y a aucune raison pour que ça se passe mal - nous ne sommes qu’au début de notre aventure commune. J’ai la grande chance de pouvoir me consacrer uniquement à mon métier de marin, de m’entraîner dans de bonnes conditions. C’est très stimulant... A moi de jouer et d’être bon sur l’eau !

L’avenir plus lointain vous y pensez déjà ?

Bien sur, nous rêvons tous de grands bateaux ! Disons que je m’inscris dans la logique en passant cette étape de m’aligner en Figaro après mon parcours en Mini. Mais je ne veux pas brûler les étapes. Pour l’instant je débute dans cette série et il y a de très belles épreuves à courir avec ce Figaro que je viens d’acheter : l’Ag2r, la Generali, la Solitaire du Figaro, la Course des falaises, et Saint-Nazaire / Cuba... en 2005. J’ai hâte !

Interview DéfiMer