Qui ne connaît pas la famille DESTREMAU, sur les plans d’eau de France ? La fratrie a écumé tout ce qui navigue sur nos rivages. Avec les résultats et la forme : terreur des pontons, bouffeur de brise, corsaire à l’occasion, capable d’envoyer dans la piole le numéro 1 (Jean-Francois Rivalant en l’occurrence, équipier d’avant des défis français depuis 1987 !) en tête de mât du petit Class 8 pour récupérer une drisse de spi en goguette (et finir en famille sur la quille).

Sébastien a tout fait : la Coupe (1995 et 2003), la Volvo Race, Sydney Hobart (vainqueur en 1998 sur Ausmaid), le Tour de France (vainqueur en 1996), la Kenwood Cup (vainqueur 50’ en 1998 sur Ragamuffin) et beaucoup d’autres... Il a navigué avec les meilleurs : Paul Cayard, Russell Coutts, Roy Heiner, Luc Gellusseau, Pierre Mas. Avec le Corum Sailing Team monté par ces deux derniers, il a gagné le championnat du monde de Mumm 36 en 1995, le titre mondial de One Design 48 en 1996. Forte figure et élément d’expérience du DEFI pour l’America’s Cup America's Cup #AmericasCup 2003, il a été tacticien en course sur FRA 69 et barreur d’entraînement à Lorient Lorient L’actualité du port de Lorient et de sa région. et à Auckland.

Agé de 39 ans, installé en Australie depuis 1996, marié et père de 2 jumeaux de 2 mois... il trouve encore le temps de courir au plus haut niveau et d’être le porte-parole des OzBoyz, décapant projet australien pour la prochaine America’s Cup America's Cup #AmericasCup .

Où en est le OzBoyz Challenge ?

 Aujourd’hui le OzBoyz Challenge se porte bien, très bien même. Le Club des supporters se développe rapidement. Des centaines de personnes ont souscrit en quelques semaines alors qu’OzBoyz Challenge est plutôt genre profil bas. Ca prouve s’il en était besoin que les Australiens sont encore attachés à la Coupe et qu’ils ont très envie de voir le projet aller au bout.

OzBoyz bénéficie d’un gros coefficient de "sympathie". Des chefs d’entreprises n’ont pas hésité à contacter le département Marketing de OzBoyz pour s’associer au projet. C’est la raison pour laquelle OzBoyz Challenge a récemment annoncé qu’il prendra part aux " Pre-Regattas 2004 " et qu’un Class America a été réservé pour les épreuves de 2004 et 2005. Encourageant, non ? Par contre, dire que le budget est bouclé serait prématuré.

Quels sont vos objectifs ?

 Les objectifs d’OzBoyz sont multiples mais le principal est sans doute de commencer une nouvelle ère 20 ans après le succès historique d’Australia 2 dans l’America’s Cup 1983. Cela prendra le temps qu’il faudra mais la Coupe doit revenir en Australie. C’est la mission qu’OzBoyz s’est fixé.

Si c’est dès 2007 qu’OzBoyz doit affronter et battre les Suisses, so be it. Mais il aura fallu auparavant gagner la finale des Challengers. Si c’était contre LE DEFI, ce serait encore plus croustillant !

Pourquoi avoir choisi l’Australie ?

 Nous vivons en Australie depuis 1996 avec ma femme et mes enfants qui sont Australiens. J’ai la double nationalité depuis quelques années et je considère l’Australie comme mon "home". Et puis, vu la foire d’empoigne qu’il y a en France en ce moment, il vaut mieux attendre que la poussière retombe un peu (on friserait presque le ridicule d’ailleurs) !! J’espère simplement que les dégâts occasionnés ne seront pas préjudiciables. Seul l’avenir nous le dira.

Les Australiens sont-ils intéressés par l’America’s Cup 2007 ?

 Paradoxalement, il semble que la Coupe en Europe soit un plus, bien qu’étant beaucoup plus chère et plus compliquée que si elle était restée chez nos voisins néo-zélandais.

Les Australiens n’étaient pas passionnés pour aller chercher la Coupe chez les " amis " kiwis. En 2003, c’était la première fois en 40 ans qu’il n’y avait pas de Team Australien. Peut-être qu’on est un peu du genre, "oui, oui, vous les kiwis avez la coupe, bravo, bravo... mais nous l’avons eue bien avant vous et surtout, c’est nous qui avons écrit l’histoire Histoire #histoire  !"

On va vivre un moment fabuleux avec cette Coupe en Europe et il est normal que les Australiens en soient, eux qui ont été les premiers à l’arracher aux Américains après 132 ans de suprématie.

D’où vient le nom OzBoyz Challenge ?

 OzBoyz provoque, bouscule, amuse, plaît et déplaît... Comme tous les noms géniaux, il a été trouvé de façon très simple. Les gens ne sont pas insensibles à OzBoyz (avec 2 Z). C’est un nom sympa, jeune et provocateur qui reflète assez bien la philosophie du projet.

Quel souvenir gardes-tu de l’édition 2003 avec LE DEFI, près d’un an après ? Un souvenir génial, inoubliable et on s’en serait douté, une grosse envie de continuer et de terminer le travail inachevé. Je me suis personnellement régalé avec l’aventure Aventure du DEFI Areva. Si c’était à refaire, je re-signerai tout de suite. Pas mal de regrets aussi, bien sûr avec des déconvenues sur le plan humain. Disons qu’en fonction des personnes présentes, l’Equipe avec un grand E peut avoir plusieurs significations. La politique interne n’étant pas ma tasse de thé, je me reproche un peu de ne pas avoir été plus fort à des moments où des décisions importantes devaient être prises. Ça, c’est une des lecons pour la prochaine fois. Le plus enrichissant pour moi a été de voir comment une équipe pouvait réagir à l’énormité de la pression exercée par l’America’s Cup. Comment on pouvait passer des mois à bâtir, souder et renforcer une équipe et comment les choses pouvaient évoluer très vite après des défaites à répétition.

Et puis après, il y la cerise sur le gateau. LA Manche, la seule, l’unique (ndlr : La régate du 2em Round Robin contre l’Italien Mascalzone Latino, décidant de l’accès en Quart de Finale), celle qu’il ne faut pas perdre sous peine d’élimination. Après treize défaites, tu te rends compte que ce que tu as fait nuit et jour pendant des semaines était pour préparer cette manche-là. Remis dans le contexte, c’est presque le match de ta vie.

Le jour venu, tu dois aller au bout de toi-même. La pression est là, tu la vois, tu la sens, tu peux presque la toucher. Une journée qui fait des heureux et des malheureux. Le match racing poussé à son paroxysme,... tu gagnes... ou tu rentres chez toi. Dur et sanglant mais génial, vraiment trop génial

Quels enseignements pour OzBoyz Challenge ?

 Des tonnes. Sur ce qu’il faut faire et là où il faut s’améliorer. Le plus gros enseignement que j’ai tiré et donc communiqué à OzBoyz Challenge dès que le groupe a été établi est qu’il faut faire très, mais très, attention au "casting" dont découle la loyauté de l’équipe envers le projet. La Coupe est un événement très court (quelques semaines) comparé aux années de préparation. Du coup, on est obligé de réagir très vite et très fort quand ça ne va pas. On aurait peut être manqué un peu de punch à ce niveau là. (Ce qui reste à prouver quand même).

Est-ce très différent de travailler avec les Australiens ?

 Oui. Les Australiens sont des gens "faciles" qui ne se prennent pas trop la tête. Le "She’ll be right Mate" est leur mode de vie.. Ils savent mettre leur ego dans leur poche et surtout ils vont accepter des décisions parfois difficiles à avaler sans les contester ou plutôt sans les critiquer auprès d’autrui. Le Français est différent, plus individuel, plus contestataire et critique, mais également plus chaud et plus capable de formidables coups d’éclat comme de déroutes retentissantes. Comme pour tout, il y a du bon et du mauvais dans les deux camps.

Combien êtes-vous aujourd’hui à travailler au sein du OzBoyz Challenge ?

 Aujourd’hui OzBoyz Challenge est en phase de négociation et de sélection/recrutement du personnel navigant. Qu’ils soient experts ou amateurs. Des personnes très expérimentées (Coupe et autres) ont rejoint le syndicat dans les douze domaines qui sont considérés comme essentiels pour OzBoyz. Ils font partie du "Advisory Board" et conseillent le syndicat quand le besoin s’en fait sentir. Côté job, ça n’est pas moins de 83 positions qui sont disponibles ou vont être mis à la disposition du public. Aujourd’hui, tout le secteur sportif est publié sur le site internet et on peut demander un poste de navigant ou d’encadrement sportif on-line. Pour cela, il suffit de clicker sur www.ozboyzchallenge.com. La prochaine vague de recrutement devrait être lancée d’ici la fin du mois. Elle devrait concerner les Squads Technique et Design Team.

Comment vois-tu cette prochaine Coupe ?

 Le Defender (Alinghi) et le Challenger of Record Record #sailingrecord (Oracle) ont joué et continuent à jouer un jeu Jeu #jeu extrêmement dangereux. N’ayant aucun souci d’argent, ils font monter les enchères tout en faisant poireauter les syndicats potentiels. Je ne serais pas étonné qu’un certain nombre d’équipes potentielles jettent l’éponge. On est en droit de se demander "à qui profite le crime ?"

Par contre, ca va être une Coupe géniale, dantesque. Pour y avoir tactiqué pour Luc Gellusseau (sur un bateau K.Challenge !! tiens, tiens...marrant ça), le plan d’eau de Valence est super et les régates seront très serrées. Les conditions y sont tellement stables qu’il sera très difficile de revenir sur l’adversaire si on s’est fait distancer suite à un mauvais choix stratégique. Du coup, les départs seront chauds et il faudra tactiquer très serré. On va enfin avoir une Coupe America avec des bateaux au contact, du vrai match racing avec des pénalités, slam dunk, collision etc,.... Ça risque de donner du boulot aux équipes techniques ... mais quel spectacle ça va être !!

Côté public et ambiance, les Espagnols ne sont pas les derniers à savoir organiser de belles fêtes en général. On peut s’attendre à ce que les longues nuits de travail soient agrémentées d’un fond de " Flamenco ", arrosé de quelques verres de Sangria. Olé !