Manuel Castilla au départ de La Rochelle à la barre de son super Pogo 1

Photo : Ch.Guigueno / Pipof.com/voile

Sam Manuard, vainqueur de la première étape, quatrième de l’édition 2001, est en train de remporter la course… par élimination. Après Duthil qui démâte devant ses yeux au départ de Lanzarote, c’est Mc Kee qui vient de connaître de gros soucis à bord de Team Mc Lube, alors qu’il le devançait de 50 milles après le passage de l’équateur.

Samedi matin, l’Américain a déclenché à intervalles réguliers sa balise de détresse pour prévenir le comité de course qu’il connaissait des soucis mais restait à bord et ne demandait pas assistance. Aujourd’hui, c’est au tour de Sébastien Roubinet, qui barre un plan Manuard, de connaître des soucis. Il a aussi déclenché sa balise pour prévenir le comité de course mais ne demande pas assistance. Sébastien était alors cinquième de la course.

Les deux hommes, d’après le site officiel, feraient route vers le Brésil de l’ouest. Un choix de route qui leur permet de rentrer à terre au débridé sous gréement de fortune… ou pas. Il y a deux ans, le Cap Verdien Antonio Pedro Da Cruz avait démâté. Il était parvenu à brêler un gréement de fortune mais il n’avait pas pu rejoindre Bahia. Impossible de remonter au vent avec un gréement rapiécé. Il avait donc rejoint la terre au Nord de Bahia.

Reste qu’il n’est pas évident que Jonathan Mc Kee ait réellement démâté. Si mon mât s’était affaissé, il serait ralenti et n’aurait pas couvert 46 milles sur les dernières seize heures à près de trois noeuds de vitesse Vitesse #speedsailing moyenne. Une tête de mât cassée pourrait expliquer un ralentissement du mini mais pas le déclenchement de la balise. Jonathan s’est fait peur à bord du mini, il a sans doute évalué de gros dégâts puis il est parvenu à trouver une solution de réparation provisoire pour reprendre sa route.

Une possibilité est donc qu’il ait tapé dans un objet flottant et que / ou bien que sa quille ait cassé ! C’est encore ce qui était arrivé il y a quatre ans à Sébastien Josse sur son plan Rolland. Mais Mc Kee possède un bateau équipé d’un système encore plus extrême puisque son plan Rogers dispose une quille pendulaire qui avance et recule. Si l’axe a cassé, la quille s’est enfoncée, seulement retenue par un palier et/ou les bouts de l’axe de rotation.

Dans ce cas, Jonathan aurait pris le temps d’évaluer les dégâts et aurait peut-être pu relever sa quille et la fixer. Mais dans ce cas, il ne peut plus incliner son voile de quille et il réduit sa vitesse Vitesse #speedsailing pour éviter à sa réparation de fortune de se dégrader. Il peut alors faire une route honorable vers la terre au débridé pour ne pas serrer le vent assez fort… Mais pour rejoindre Salvador de Bahia, ce sera une autre histoire Histoire #histoire .

Jonathan le Goéland ayant les ailes brisées, c’est donc Sam Manuard qui se retrouve au commandes de la course et en position de grand favori pour s’imposer sur cette 14^e édition de la Transat 650. Jonathan est toujours second au pointage de ce matin mais il va vite céder cette place à Armel Tripon qui se retrouve en position de virtuel second de la course au classement cumulé des deux étapes. Armel qui navigue avec le performant plan Finot à quille fixe et ballasts, est même le plus rapide des dernières 16 heures chez les premiers prototypes. Moulin Roty a couvert 106 milles à 6,6 noeuds de vitesse moyenne quand Manuard a couvert 96 milles à 6 noeuds et Pierre Rolland 79 milles à moins de 5 noeuds.

Manuard, Tripon et Rolland sont donc désormais les hommes du trio favori pour le podium à Bahia. Mais pour le classement de l’étape car pour le général, cela risque d’être serré entre Pierre le Brestois et Richard le Reclassé. Mais le Rochelais compte quand même 120 milles de retard sur le Breton.

Chez les séries, les risques de casse sont bien moindre puisque les bateaux sont plus solides que les prototypes et équipés de manière plus solide avec un gréement plus court. Mais en apprenant ce qui se passe devant, certains vont sans doute lever un peu le pied. Comme l’écrivait il y a deux jours Loic Le Bras, certains sont surpris de découvrir une navigation au près serré après le Pot-Au-Noir. Pire, la mer est hachée et effectivement casse-bateau.

Dans ces conditions, David Raison qui est encore en hémisphère Nord, se retrouve menacé par un Manuel Castilla déchaîné ! Manuel barre un bateau exceptionnel qui n’est autre que l’ancien Pogo première génération de Christian Bouroulec, le patron du chantier Structures qui avaient ensemble remporté la Mini-Transat Mini-Transat #MiniTransat 1999… En seize heures, Manuel a couvert 106,7 milles. Il a donc été plus rapide qu’Armel Tripon sur la même période (mais dans les conditions bien différentes). Castilla est désormais à moins de dix milles de Raison et son Pogo 2, et seize milles devant Sineau et son autre Pogo 2.