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Trophée Jules Verne

Ouessant - Bonne-Espérance en 16 jours 14 heures 35 minutes et 26 secondes

Deuxième record en Atlantique pour Geronimo

mardi 28 janvier 2003Redaction SSS [Source RP]

Parti le 11 janvier à 3 heures 00 minutes et 09 secondes TU, Olivier de Kersauson et ses 10 équipiers ont battu le record Record #sailingrecord de Ouessant - Bonne-Espérance hier soir après 16 jours 14 heures 35 minutes et 26 secondes de mer. Geronimo passe ainsi le premier cap du parcours du Trophée Jules Verne avec 2 jours 4 heures et 5 minutes d’avance sur le catamaran Orange de Bruno Peyron.

Le trimaran aux couleurs de Cap Gemini Ernst & Young et Schneider Electric réalise du même coup les meilleurs chronos jamais enregistrés entre la Manche, l’équateur et la pointe de l’Afrique.

« Ça fait plaisir ! Sur la première partie du parcours, on a réussi à tirer notre épingle du jeu Jeu #jeu . Ce n’était pas évident, la descente n’était pas facile. De plus, pour détourner l’anticyclone, nous avons quand même été arrêté une douzaine d’heures à cause d’une molle. Il n’y avait pas d’autres cheminements possibles. C’est donc la preuve que le bateau marche bien. Nous sommes contents. Les temps de référence ne sont pas absolus, mais comme le sport est toujours relatif, c’est une belle relativité ! »

Si aucun bateau n’avait jamais été aussi vite jusqu’au cap de Bonne-Espérance, Olivier de Kersauson sait que le plus dur reste à faire : « On a des systèmes complètement pourris qui nous arrivent dessus, et par conséquent beaucoup de mal à faire du gain sud rentable. Le Sud est obstrué par des dépressions très nord. Impossible de faire la belle glissade qui nous permettrait de plonger pour aller s ’aligner sur la latitude sud Kerguelen et rouler. Le passage à l’air bien tordu sur au moins 1500 milles. Nous ne sommes pas dans le schéma et dans ces zones-là je n’aime pas les anomalies météorologiques parce qu’en général, elles ne sont pas porteuses de bonnes choses ».

« Le bateau est impeccable. Il fait l’objet d’une surveillance très forte parce que l’on sait très bien que le tour est long et qu’un trimaran comme Geronimo, il faut lui faire subir un certain stress mais pas trop. Il y a toujours cette espèce de torture entre l’envie d’aller plus vite et la nécessité d’économiser le matériel pour avoir un bateau en état de courir quand on arrive au cap Horn. Psychologiquement c’est assez frustrant parce qu’il y a des moments où l’on voudrait libérer les chevaux à tout prix et puis d’autres où l’on sait qu’à chaque fois que l’on se met à taper fort et qu’on rentre dedans, le matériel prend un coup. Il y a donc cette gestion qui n’est pas simple, que nous n’avons pas trop eu à faire sur la descente parce que celle-ci était harmonieuse, délicieuse sur le plan météorologique et assez marrante en plus. Les moments forts : les passages de l’Equateur et du Pot au Noir, relativement court et dont nous sommes sortis vite parce que Geronimo marche très bien dans les petits airs. Ensuite, on a eu une descente relativement souple. Maintenant on arrive dans des systèmes beaucoup plus chaotiques et brutaux. Il va falloir rester souples nous aussi. Dans quelques heures, on se prend un coup de vent. Entre 45 et 50 noeuds, et même certainement plus. Cependant ce n’est pas cette force de vent qui nous inquiète, mais plutôt les mers dégueulasses que le vent lève dans ce coin. Depuis ce matin, nous avons une mer complètement incohérente, par le travers, hachée, brisant assez haut alors que nous avons des vents qui ne dépassent pas 30 n ?uds. Il n’y a pas péril en la demeure… Dans ces mers-là, lorsqu’on va vite, les bateaux prennent des chocs et c’est ce que nous essayons d’éviter. Je pense qu’aujourd’hui nous avons tourné très raisonnablement, à une bonne vingtaine de n ?uds même dans les pires moments. Pour bien se placer sur le Trophée Jules Verne, il ne faut jamais être en dessous des 20 noeuds, c’est la règle numéro un ».

Si Geronimo fait son baptême du feu dans le Grand Sud, il en est de même pour 7 des hommes d’équipages : « C’est un équipage qui a navigué et dont beaucoup ont dû travailler jeunes parce qu’ils n’avaient pas automatiquement des parents qui leur permettaient de faire « coureur amateur » avant de faire « coureur avec succès ». En fait, ce sont des gars qui ont été embarqués sur des bateaux depuis très longtemps. Certains ont commandé des bateaux de charter. C’est un équipage qui à une expérience des gros bateaux et qui possède de vraies valeurs maritimes. Pour ce qui est de se mettre à la course, ils en avaient tous fait à une époque et je crois que c’est quelque chose que l’on reprend vite. Je suis content de l’équipage que j’ai et j’en suis fier. Ça tourne bien. L’ensemble des man ?uvres se passe en un temps record Record #sailingrecord . C’est sûr que lorsque l’on a sur le pont des gars habitués à remonter des fils de chalutiers, ils savent où mettre leurs doigts lorsque les winches tournent. Ca se passe avec beaucoup de rapidité sans avoir à parler ni être vigilant. Je suis vraiment content. De plus, on s’amuse bien : l’équipage est enthousiaste, content d’être là, du bateau, content de descendre, d’arriver dans ces mers-là. C’est un plaisir de voir des gens qui ne sont pas blasés et vraiment contents de faire ce que l’on fait. Cet état d ’esprit est formidable, tout comme ce goût d’y aller, de maneuvrer, de barrer et de faire du bateau. On fait bien marcher le bateau en même temps qu’on le préserve dans un état d’esprit très rigoureux. J’ai commandé pas mal de bateaux de course. Je n’ai pas eu une faute de maneuvre depuis le départ. C’est dire à quel point la concentration est forte. Je pense que c’est une énorme qualité pour un équipage. Il est important d’être concentré pour que jamais un winch ne démarre pas au moment où il doit démarrer, un bout reste coincé ou une voile ne monte pas… C’est également un signe de respect, d’engagement auprès du bateau et du programme. Je suis fier de ça. Geronimo navigue dans les mers Australes. Pour l’instant, les hommes de Cap Gemini Ernst & Young et Schneider Electric n’ont vu qu’un albatros, « pas envoyé par le syndicat d’initiative, parce que trop maigrichon ». Bientôt les belles lumières et la vraie magie du sud.

Information http://www.grandsrecords.com

Position de Geronimo : Jour 17
- Position du bateau à 13H00 TU ce jour (14H00 locale) : 41°45S - 26°28E
- Distance parcourue en 10 heures : 197 milles
- Vitesse Vitesse #speedsailing moyenne sur les 10 dernières heures : 19,7 nœuds



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