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Route du Rhum • point course

Les cousins Guillemot survolent la flotte

Duel britannique en tête des monocoques

jeudi 14 novembre 2002Information Route du Rhum

Sur la zone de course des premiers multicoques et monocoques - ceux qui évoluent actuellement à moins de 300 milles de l’Archipel des Açores, Archipel qu’ils devraient parer cette nuit de jeudi à vendredi - le vent est toujours soutenu : 30 à 35 nœuds de secteur Nord-Ouest. Avec à la clé toujours des lignes de grains souvent chargés de grêle qui obligent les skippers a rester extrêmement vigilants. Pourtant, incontestablement, l’ambiance a changé sur cette Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum .

Michel Desjoyeaux a perdu un safran. Il se dirige vers Madère
Photo : G.Martin-Raget/Promovoile

Après la dépression des dernières 48 heures qui a entraîné son lot d’avaries et d’abandons, la course a repris tous ses droits. A l’image de Stève Ravussin (TechnoMarine), deuxième chez les multicoques au classement de 16 heures, qui pousse actuellement sa machine vers l’arrivée à plus de 20 nœuds de moyenne. Où encore Ellen MacArthur (KingFisher) qui se contente, elle, d’un 15 nœuds de moyenne sur son monocoque ! Dans cette course effrénée vers l’arrivée, trois bateaux vont être stoppés dans leur élan.

Marc Guillemot (Biscuits La Trinitaine-Ethypharm) et Michel Desjoyeaux (Géant) vont faire un stop pour redonner à leur monture tout leur potentiel. Le premier compte s’arrêter aux Açores, et Michel sur l’île de Porto Santo (Madère). Cette île servira également de lieu d’escale pour Roland Jourdain (Sill) qui doit réparer sa grand-voile déchirée. Et c’est la mort dans l’âme, après un superbe début de compétition, que Thomas Coville (Sodebo) a annoncé son retour au port.

Carénage des bras avant cassé et arraché par la violence et le poids des vagues, il fait actuellement route sur Lisbonne. Ils sont actuellement 6 multicoques ORMA à cingler vers la Guadeloupe, 12 monocoques IMOCA Imoca #IMOCA et un Classe I, 7 monocoques Classe 2, 4 monocoques Classe 3 et 5 multicoques Classe 2. Soit 35 concurrents sur l’eau sur les 58 qui ont pris le départ à St-Malo, le week-end dernier, de cette septième édition de la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum . 5 concurrents se sont arrêtés pour réparer et devraient reprendre la mer prochainement.

  35 à 40 nœuds de vent sur Banque Populaire, avec un Lalou Roucayrol qui se bat depuis plus de 12 heures pour renvoyer sa grand-voile, complètement affalé sur le pont. « Je suis toujours vivant sur mon radeau, explique le skipper lors de la vacation radio. Je n’ai pas mangé chaud une seule fois depuis le départ, je n’ai pas dormi une seule fois dans ma couchette ». A 100 milles du leader, Lalou, troisième au général, va désormais tout faire pour repasser à l’attaque. Il sait que la porte de sortie n’est plus très loin. « Dans 36 heures, nous devrions quitter ce flux fort de Nord-Ouest, affirme Karine Fauconnier (Sergio Tacchini). Je fais le dos rond sous tourmentin et mât seul, avec Ben Harper à fond pour atténuer le bruit incessant des vagues qui déferlent sur le pont ». Pour les rescapés de la classe ORMA, cette accalmie prévue et l’entrée dans les alizés d’ici ce week-end, sonne comme un nouveau départ, avec un bonus pour ceux qui ne vont pas être obligés de s’arrêter pour réparer. Ce qui est le cas d’Alain Gautier (Foncia), le plus au Sud de tous, idéalement en embuscade sur sa trajectoire. Une trajectoire qui pourrait se révéler très payante dans les prochains jours.  

Les monocoques subissent eux aussi les mêmes conditions. D’ailleurs Ellen MacArthur (Kingfisher) et Mike Golding (Ecover), qui mènent la danse, sont toujours les plus proches de la Guadeloupe. Avec ce mauvais temps et les allures de près qui ont animé ces premiers jours de course, ils ont merveilleusement tenu le choc face aux multicoques. Mais demain vendredi, ils devraient lâcher prise dans ce long bord de portant où les multicoques vont, sans forcer leur talent, 5 à 6 nœuds plus vite. La bataille entre les deux anglo-saxons va être passionnante à suivre.

La prestation d’Ellen, une nouvelle fois, force le respect. Tout comme celle de Régis Guillemot (Storagetek). Sur son monocoque de 13 mètres, il est allé, dans les dernières 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures , tout simplement presque aussi vite que le premier de la Classe 2, soit le 50 pieds monocoque de Nick Moloney (Ashfield Healthcare) et est aussi vite que le multicoque de Franck-Yves Escoffier (Crêpes Whaou !), lui aussi long de 50 pieds. Le Classement MMA de la meilleure progression journalière, diffusée systématiquement en fin de ce communiqué, est là pour le prouver.  


Les échos du Rhum

A 14 heures, la jonction a été faite entre le trimaran Eure&Loir-Lorenove et le chalutier Eric Vincent qui avait appareillé la veille de Concarneau. Ouf de soulagement pour Francis Joyon qui avait vu dans la nuit son trimaran s’enfoncer par l’arrière, avec l’intrusion de beaucoup d’eau dans sa coque centrale. Les conditions sont toujours musclées sur zone, notamment avec une mer encore bien formée. Mais dès cet après-midi, Francis et son équipe vont tenter de remettre à l’endroit le trimaran en coulant, dans un premier temps, un des flotteurs. Ensuite, avec des élingues nouées autour des bras de liaison du côté du flotteur non coulé, le chalutier de 20 mètres va tirer perpendiculairement pour faire revenir le bateau dans le bon sens. Cette manœuvre va s’effectuer à environ 250 milles des côtes de Bretagne Sud.

Alain GRINDA , skipper du monocoque Classe 3 Fantasy Forest, était prêt à reprendre la mer dès hier mercredi, des solutions techniques ayant été trouvées pour résoudre tous ses problèmes. Cependant, suite à l’avis de coup de vent annoncé sur le zone Bretagne Ouest/Atlantique Nord pour la nuit de mercredi, à jeudi, avec des vent de 120 km/h , Sylvie VIANT et le PC course ont accordé des dérogations exceptionnelles afin de préserver la flotte. Alain, qui devait quitter le quai avant 20h33’ ce soir, a été autorisé (et même encouragé) à ne reprendre la mer qu’aujourd’hui jeudi, dès le passage du plus gros du front. Le règlement prévoit en effet que l’escale au port ne peut excéder 72 heures. Le nombre d’escale dans la course est également limité à deux. Alain a appareillé ce matin. Ils sont à nouveau quatre à concourir dans cette classe, après le démâtage, cette nuit, de Conrad Humphreys (Hellomoto). Ce dernier rentre sous gréement de fortune vers la France.

Jean-Pierre Dick (Virbac) fait route au moteur, à 4/5 nœuds, vers La Corogne depuis son démâtage. Jean-Pierre pense arriver ce soir dans le port espagnol puisqu’il a assez de fuel pour effectuer la distance. Lors du largage de son mât, il s’est profondément entaillé le pouce avec son couteau en coupant son gréement dormant (drisses, haubans, etc).

Recroquevillé à l’arrière de sa coque centrale, souffrant du froid dans sa combinaison qui n’est plus sèche que par le nom, Yvan Bourgnon (Rexona Men) attend sereinement les secours qui devraient arriver demain dans la soirée, en provenance de Vigo. Mais Yvan s’est fait une belle frayeur avec le passage tout proche du monocoque Mille Visages qui, malgré l’envoi par Yvan de signaux de détresse, ne l’a apparemment pas vu. En revanche, il a apprécié la liaison VHF avec Loïck Peyron (Fujifilm) qui, depuis le cargo qui venait de le récupérer, lui a prodigué tous ses encouragements.

C’est demain matin que Frédéric Le Peutrec, à bord de Bayer CropScience, reprendra la mer. Après étude des différents schémas météo, Jean-Yves Bernot, le routeur de Fred, prévoit une fenêtre favorable pour un départ dans la matinée de vendredi. « Il est clair que le contexte environnant de cette Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum prête à réflexion, avoue Frédéric. Mais je suis toujours dans la course, pas du tout déconcentré. Cela fait trop longtemps que je suis alimenté par l’énergie de faire cette Transat. Je me sens bien, avec l’envie d’y retourner ».  
- Patrick Favre (Millimages-Gédéon), non localisé, monocoque IMOCA Imoca #IMOCA  : « Je n’avais pas le mode d’emploi du bateau mais maintenant c’est bon ça glisse plutôt pas mal. Le vent est de NW et je fais un cap au SSW mais Didier devant moi fait une superbe course. De toute façon on a la place qu’ on mérite. »  


- Claude Thelier (Archipel Guadeloupe), 4e Classe 2 multicoques : « J’ai vécu une fin de nuit et un début de matinée assez difficile. J’ai perdu mes moyens et j’ai paniqué devant la situation. Il a fallu un appel à mon équipe à terre pour me remettre en selle. J’étais alors à 30 milles des côtes du Portugal et je m’y voyais déjà drossé. En fait tout vient de mon problème de GV. J’ai passé pas mal de temps dans mon mât à 15 m de haut avec 60 noeuds de vent. C’est un peu l’instinct de survie qui m’y a poussé ! »  

- Michel Desjoyeaux (Géant), 7e multicoque ORMA : « Ca va plutôt pas mal, j’ai encore un mât et trois coques. Il y a pire que moi en ce moment. Sinon, j’ai quand même mon lot de soucis. J’ai perdu mon foil Foil #foil tribord qui a glissé dans son puit en arrachant au passage le safran. J’ai bien un safran de secours mais aller au fond du flotteur pour tenter cette réparation ne m’enchante guère. Je vais certainement faire un pit-stop à Madère pour réparer. »  

- Pierre Yves Guennec ( Lehning-Lapeyre-Blanchet-Gourbeyre), 5e classe 2 multicoques : « J’ai un peu joué au sous-marin depuis le départ mais maintenant j’arrive enfin à accéder à mon téléphone. J’ai eu quelques petits soucis de GV, résolu depuis, mais qui m’ont tout de même pas mal ralenti. Je suis bien content du prêt de la combi de survie car en ce moment c’est un peu la lessiveuse ! Je dois avoir 1 m de toile à l’avant mais tout est en ordre à bord et j’attends patiemment une rotation du vent pour pouvoir enfin descendre. »

- Antoine Koch (L’héautontimorouménos), 7e monocoques IMOCA : « Je n’ai pas encore barré depuis le début. C’est invivable dehors et de toute façon il y assez de boulot à bord. Je n’ai pas vraiment l’impression d’être en course, ça ressemble plus à un convoyage qu’à une étape du Figaro. Par contre, je suis assez surpris, ça ne ressemble pas trop à ce que j’ attendais. J’espère de meilleures conditions dans les heures à venir car pour le moment je me traîne un peu. »

- Roland Jourdain (Sill, 4e Monocoque IMOCA à 07h00 GMT) à la vacation de 4h30 ce jeudi 14 novembre : « J’ai déchiré ma grand-voile au dessus du troisième ris. Je pense que c’est arrivé dans le coup de vent d’hier matin. Et comme il n’y a pas plusieurs alternatives, je vais sur Madère où m’attendra une équipe technique. Je ne sais pas encore ce que je vais faire : soit je répare soit je prends mon ancienne grand voile. Je pense être là-bas dans 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures (ndlr : Sill est à 417 milles de Madère) et ce stop devrait me prendre environ 4 heures... Mais c’est vrai que nous avons eu un sacré coup de vent. Je l’estime à plus de 70 noeuds. De toutes les façons, mon anémomètre ne marchait plus et n’indiquait plus rien tellement c’était fort ! ».  


Classement du Jeudi 14 novembre à 16 heures françaises (15H00 TU)

  Multicoques de 60’ ORMA
- 1 - Marc Guillemot - Biscuits La Trinitaine - Ethypharm - 2618 milles de l’arrivée
- 2 - Steve Ravussin - TechnoMarine - 2622
- 3 - Lalou Roucayrol - Banque Populaire - 2728
- 4 - Alain Gautier - Foncia - 2776
- 5 - Karine Fauconnier - Sergio Tacchini - 2832
- 6 - Michel Desjoyeaux - Géant - 2838
- 7 - Jean Le Cam - Bonduelle - 3425
- 8 - Jean - Luc Nélias - Belgacom - 3443
- 9 - Frederic Le Peutrec - Bayer CropSciences - 3476

  Monocoques 60’ IMOCA
- 1 - Ellen McArthur - Kingfisher - 2543 milles de l’arrivée
- 2 - Mike Golding - Ecover - 2549
- 3 - Joé Seeten - Arcelor - Dunkerque - 2708 milles de l’arrivée
- 4 - Roland Jourdain - Sill - 2754
- 5 - Didier Munduteguy - 60e Sud - 2771
- 6 - Miranda Merron - Un Univers de Services - 2817
- 7 - Antoine Koch - L’Heautontimoroumenos - 2858
- 8 - Patrick Favre - Millimages - Gédéon - 2900 milles (position de 8h43 GMT)
- 8 - Patrick De Radiguès - Garnier Belgium - 2960
- 9 - Frédéric Lescot - Dinan Pays d’Entreprises - 2970
- 10 - Mike Birch - Tir Groupé - Montres Yéma - 3038
- 11 - Georges Leblanc - Ciments St Laurent - Ocean - 3149
- 12 - Elie Canivenc - Leasecom - 3168

  Monocoque classe 1
- 1 - Bruno Reibel - Ville de Dinard - 3066 milles de l’arrivée  

Monocoques Classe 2
- 1 - Nick Moloney - Ashfield Healthcare - 2816 milles de l’arrivée
- 2 - Luc Coquelin - Florys - 2877
- 3 - Roger Langevin - Branec III - 2926
- 4 - Hervé Vachée - Mille Visages - 2932
- 5 - Clément Surtel - Laiterie St Malo - 2998
- 6 - Bob Escoffier - Adecco Etoile Horizon - 3020
- 7 - J. F. Durand - Défi Vendéen - 3511

  Monocoques Classe 3
- 1 - Regis Guillemot - Storagetek - 2839 milles de l’arrivée
- 2 - Etienne Svilarich - Grain de Soleil - 3010
- 3 - Jérôme Thiriez - Passion Entreprendre - 3015
- 5 - Alain Grinda - Fantasy - Forest - 3442  

Multicoques Classe 2
- 1 - F. Y. Escoffier - Crêpes Whaou ! - 2668 milles de l’arrivée
- 2 - Anne Cazeneuve - Yachting - casino.com - 2802
- 3 - Hervé Cleris - Vaincre la mucoviscidose - 2909
- 4 - Claude Thelier - Archipel Guadeloupe - 2960
- 5 - P.Y. Guennec - Lehning - Lapeyre - Blanchet - Gourbeyre - 3143


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