Transat 650 Charente Maritime Bahia
Deux étapes et la Mini pour Yannick
mardi 30 octobre 2001 –
Yannick a volé la vedette à Brian, à seulement quelques milles de l’arrivée qu’il coupe en vainqueur avec 27 minutes d’avance sur son homologue Anglais. Qui l’eut cru ? Pas Yannick en tout cas. « J’étais persuadé que Brian était déjà arrivé », lance le skipper, « je suis sur le cul ! ».
Hier soir à 17h, les deux solitaires étaient encore à plus de 16 milles l’un de l’autre, à l’avantage de Brian. Puis, dans la soirée, les deux marins avaient pris des options différentes, Yannick longeant les côtes du Brésil, tandis que Brian préférait tirer vers le large pour ne pas subir les « molles » thermiques nocturnes.
Coup de chance (ou de génie) formidable pour Aquarelle.com, puisque contre toute attente, la côte s’est avérée payante. Le vent est rentré hier, et Yannick a filé à 9 -10 noeuds. « A ce moment là j’ai su que j’étais au bon endroit. J’ai pris la côte au Nord du Brésil pour avoir un angle d’attaque serré. Et puis le vent est rentré. » Cependant, il ajoute ne pas savoir où s’est jouée la différence avec le skipper de Lighthouse Life Foundation..
A peine la ligne franchie, Yannick a couru à l’avant d’Aquarelle.com pour embrasser son mât et son bateau. Pourquoi ? « Parce qu’il aurait pu tomber à plusieurs reprises, mais qu’il a tenu le coup. On a essuyé des grains assez violents dans le fameux pot au noir. J’ai un super bateau ». Rappelons que Aquarelle.com est un plan Mangnen 2001, dessiné par le double vainqueur des Mini-Transat 97 et 99, Sébastien Magnen, skipper de talent et architecte naval également de talent, installé à Marans. »
Brian, quant à lui, est forcément un peu déçu. Mais une fois à terre, il a reconnu avoir fait une très belle étape, et s’être rattrapé de sa première manche. « Ça fait partie de la course, le vent nous joue des tours, il faut l’accepter ». Et c’est avec une caipirinha, un cocktail local, que l’Irlandais est venu saluer le vainqueur de l’étape et de la Transat.
L’équipe du Conseil Général de Charente-Maritime, et son Président Claude Belot, étaient sur les pontons pour féliciter comme il se doit les premiers à fouler la terre brésilienne. Et c’est un grand merci que le Président a adressé à Yannick pour cette si belle victoire.
Aquarelle.com , d’un bout à l’autre
Yannick Bestaven monte à nouveau sur la première marche du podium pour cette deuxième étape, Lanzarote (Canaries) - Bahia (brésil), longue de 2 900 milles.
C’est une performance exceptionnelle. De mémoire de Ministes, jamais un skipper n’était parvenu à faire un doublé sur les deux étapes. On savait déjà qu’il remporterait la Transat avec l’avance qu’il avait sur les grands favoris à Lanzarote, mais personne ne se doutait qu’il était en mesure de briller d’un bout à l’autre.
Yannick avait remporté la première étape, loin devant Brian Thompson avec 22 heures et 19 minutes d’avance, en 11 jours, 6 heures et 53 minutes. Il remporte la deuxième étape sur les chapeaux de roues, en 18 jours 14 heures et 30 minutes. Au total, Yannick aura mis 29 jours, 21 heures et 27 minutes pour venir à bout de cette transat.
Sur cette partie de la course Yannick n’avait pris les commandes de la horde des protos qu’une seule fois, deux jours après son départ de Lanzarote. Le reste du temps il n’était jamais loin derrière les leaders, prêt à surgir en temps et en heure.
Au sortir du pot au noir, Brian s’est fait la belle, avec 34 milles d’avance sur le vainqueur de la Transat. Mais Yannick avait une réserve de plus de 22 heures d’avance sur l’Irlandais ce qui lui a permis de rester serein jusqu’à la fin. « Je surveillais surtout Arnaud et Simon qui pouvaient éventuellement compromettre ma victoire. Pour Brian, en revanche, je savais que même s’il avait 15 milles d’avance hier, ça le faisait »
Il aura fallu un peu plus de 18 jours à l’Arcachonnais pour boucler cette deuxième étape Lanzarote / Salvador de Bahia avec une moyenne de 6.60 noeuds sur toute la traversée (contre 4.5 nœuds sur la première étape).
Après le coup de pétole au sortir des Canaries, les bateaux n’ont pas traîné et sont partis pleine balle au portant. Même le pot au noir n’a pas eu raison des premiers qui ont passé la ZCIT (zone de convergence inter-tropicale) comme des fleurs.
« Le plus beau moment dans une course, c’est l’arrivée ». Petit feu d’artifice, ambiance chaleureuse et fruits exotiques. Il est vrai qu’après plus de 18 jours en mer, c’est un beau premier contact avec la terre ferme. « La dernière semaine de course était un peu monotone. On est resté sur un long bord. J’en avais un peu marre. Pour le reste, c’était fabuleux. J’ai vu des couleurs de ciel incroyables, et des nuages très volumineux dans le pot au noir. »
Pour son premier « pot au noir » Yannick a été bien loti, il s’est à peine arrêté, mais comme beaucoup il a subi la mauvaise propagation des ondes radio. Conséquence : un manque terrible de conversations VHF avec les autres concurrents. A 10 mètres de Ronan Guérin (l’Artisanat) la frustration de ne pas pouvoir communiquer était trop grande, et Yannick n’a pas résisté à l’envie de faire demi-tour pour naviguer à couple. « J’ai vraiment fais demi-tour pour aller discuter avec lui. Après 10 jours de mer, c’est top de pouvoir parler. On est resté un bon moment comme ça, ensuite chacun est reparti de son côté » confie-t-il.
Sur les derniers milles, c’est l’option tactique sur la descente des côtes brésiliennes qui a fait la différence. Brian Thompson a choisi de rester au large des côtes pour ne pas être pénalisé par les baisses de vents thermiques, tandis que Yannick a tenté le tout pour le tout à la côte. Le choix était payant. Yannick était sur un bord plus serré et quand le vent s’est levé hier, il a pu grignoter l’Anglais et lui voler la victoire d’étape qui lui était quasiment acquise.
Arrivées à Salvador de Bahia ce matin Mardi : |
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1er - Yannick Bestaven (Aquarelle.com) à 5h 32mn 10 s (heure française) |
2e – Brian Thompson (Light House Life Foundation) à 5h 59mn 30s |