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MOD70 European Tour

Yann Guichard et ses hommes remportent la deuxième étape entre Dun Laoghaire et Cascais

mercredi 12 septembre 2012Redaction SSS [Source RP]

En franchissant la ligne d’arrivée ce mercredi matin à 7h 37’ 36 (heure française), Yann Guichard et ses hommes remportent la deuxième étape entre Dun Laoghaire et Cascais du MOD70 European Tour. Ils devancent de seulement trois quarts d’heure, Michel Desjoyeaux et son équipage, suivis de près par Musandam-Oman Sail et Groupe Edmond de Rothschild… L’arrivée des quatre premiers s’est une nouvelle fois faite dans un mouchoir de poche quand toute la flotte s’est retrouvée encalaminée à quelques milles de l’arrivée !

Ils ont dit

Yann Guichard (Spindrift racing)

« Encore une arrivée sur le fil ! Incroyable : ça s’est resserré encore une fois… Cinquante milles avant l’arrivée, on a réussi s’échapper un peu du peloton et gagner cette deuxième étape qui fut vraiment dure. La première était exigeante physiquement, mais là, on a tiré sur les bonhommes, on a très peu dormi. Avec des conditions extrêmement variées, à l’image de l’arrivée où on passe de trente nœuds à deux nœuds en quelques minutes, à seulement cinq milles de la ligne ! Cela a été comme ça pendant presque toute la manche, des changements d’intensité qui sollicitent le bateau et surtout les hommes : nous n’avons pas arrêté de manœuvrer parce que nous avions un peu les nerfs… On a fait une superbe première nuit le long des côtes irlandaises et on passe en tête au Fastnet, alors se faire dépasser comme cela nous est arrivé avant le cap Finisterre, ça nous a mis la pression. On a saisi notre chance sur la fin trois heures avant le dernier empannage au large de Péniche. Juste avant, FONCIA sous notre vent nous a déposé sur place et quelques heures plus tard, on s’est retrouvé sous son vent ! Et dès que le pointage de minuit et demi est tombé, on a empanné discrètement dans la nuit sans lune pour aller chercher les premiers le vent de Nord que nous espérions plus à terre. Pas de problème technique à bord, mais physiquement on arrive rincé, épuisé et surtout nerveusement cramé : il y a tout le temps du stress parce qu’on voit en permanence un autre bateau, et il n’y a pas une seconde de répit. Et l’arrivée dans la pétole était le summum : on s’est dit que ça allait se terminer comme la première étape quand on a vu revenir nos concurrents derrière la pointe de Cascais ! On a réussi à tenir avec un peu de chance parce que nous sommes arrivés avec le dernier souffle de la légère brise thermique… »

Michel Desjoyeaux (FONCIA)

« Un final pointu dont on se serait bien passé ! On finissait à toute allure sur les côtes portugaises à près de trente nœuds de moyenne depuis plusieurs heures et alors que nous nous préparions à changer de voiles pour contourner les deux dernières marques de parcours, le vent s’est complétement cassé la figure… En pleine nuit, on ne savait pas si cela allait durer deux minutes ou deux heures et la brise a tourné dans tous les sens avec du courant de marée contraire. Nos poursuivants ont eu le temps de réagir et nous ont même dépassé. On a finalement réussi à les passer sur des choix de bord pas faciles à prendre ici, à Cascais : avec le jour qui se levait, le vent était mal distribué entre la brise nocturne qui disparaissait et le nouveau vent qui s’installait tout doucement. Le mal était fait quand Spindrift racing a empanné en premier au milieu de la nuit dernière : nous étions en tête mais on a navigué un peu trop près du vent quand il a réussi à glisser. Il est arrivé par derrière et nous a dépassé : une fois en route directe vers Cascais, il n’y avait plus grand-chose à espérer, si ce n’est un coup de Jarnac sur la ligne. Le rythme a été soutenu toute l’étape avec de belles pointes de vitesse Vitesse #speedsailing après une grosse bataille le long de l’Irlande : nous avons dû faire vingt-six virements de bord sous trinquette et un ris dans la grand-voile ! Puis de grands bords vent de travers sous gennaker ou génois dans de la mer pas toujours plate, puis finir à trente… et trois nœuds. C’était mou du genou et on ne s’y attendait pas du tout. On a galéré avec notre safran central qui s’est relevé, probablement sur un choc avec un objet flottant : le cordage s’est coincé et nous avons mis beaucoup de temps à réparer. Nerveusement, il y a eu des moments incertains : on ne savait vraiment pas comment on allait se sortir de la zone de calmes avec deux bateaux qui s’étaient légèrement échappés (Musandam-Oman Sail et Groupe Edmond de Rothschild). Mais si on a pu sortir en tête de cette pétole, ça n’a pas suffi puisque Spindrift racing s’est échappé : on s’est un peu endormi… »

Sidney Gavignet (Musandam-Oman Sail)

« Tout s’est joué à trois cents mètres de la ligne d’arrivée… Et je crois que se sera souvent le cas puisque nous arrivons à chaque fois tout près des côtes. Aller bien dans le petit temps comme Foncia, c’est un bon atout. Leur équipage a compris comment faire marcher un MOD70 dans la pétole : cela leur a servi la nuit dernière et sur cette arrivée. Mais nous sommes contents parce que nous avons appris encore et encore : on comble une partie de notre déficit au fil des manches. On s’était bien décalé dans l’Ouest mardi après-midi pour avoir un meilleur angle pour le dernier sprint vers Cascais, mais tout le monde attendait dix nœuds de secteur Nord et il y a eu vingt nœuds ! Et en étant à l’extérieur du virage, on a eu un peu moins de vent que les autres quand la brise est rentrée. On s’est un peu trompé, mais ce n’était évident pour personne : il n’y a pas de regrets à avoir. Nous ne sommes pas encore aussi à l’aise dans le petit temps que les deux leaders : cela nous fait douter parfois et ce n’est pas bon. C’était une belle étape, en particulier le long des côtes irlandaises, même si nous avons un peu moins bien négocié l’atterrissage sur le Fastnet. Nous avons trouvé la vitesse Vitesse #speedsailing au près dans la brise. On gagne tout de même une place au classement général : il y a de quoi remonter du terrain. Mais nous faisons encore trop de « boulettes », or la monotypie ne pardonne pas les erreurs si petites soient-elles ! Nous ne sommes pas encore au niveau pour les City Race mais nous avons eu aussi des « tuiles » avec notre équipage (malade, blessé). Mais c’est en voie d’amélioration au fil des manches : les deux leaders sont un cran au-dessus, mais le delta se réduit… »

Sébastien Josse (Groupe Edmond de Rothschild)

« Les conditions de navigation ont été très variées depuis le départ de Dun Laoghaire avec beaucoup de retournements hiérarchiques. On a commencé avec de la brise contraire dans le canal Saint-Georges et en mer Celtique jusqu’au Fastnet, puis nous avons rattrapé le front et sommes entrés dans une dorsale anticyclonique. Et à la fin, il a fallu traverser une zone sans vent au large du Portugal, pour finir avec du vent soutenu jusqu’au Tage. Il y a donc eu de tout côté météo et cela ne s’est pas joué seulement à la fin : il fallait en permanence être au contact et cela demande beaucoup de concentration et d’efforts. Les tout derniers milles n’ont finalement pas changé grand-chose. On s’était judicieusement décalé mardi après-midi pour réaliser notre trajectoire en « aile de mouette » dans l’anticyclone : c’était plutôt propice à une bonne option, mais la zone de transition avec des calmes au large de Porto a totalement redistribué les cartes. Les modèles n’étaient pas d’accord et il y a eu une part de malchance sur ce coup. On essaye de se raccrocher à une donnée numérique, mais elle ne correspond pas toujours à la réalité du terrain. Or une fois dans les calmes, on a vu Spindrift racing toucher un peu plus de pression plus dans l’Est : il était trop tard pour recoller… Il y a toujours une part de risque dans une option ! Nous n’avons eu aucun problème technique à bord, à part un petit plantage électronique en Manche, sans conséquence. »

Stève Ravussin (Race for Water)

« C’est forcément décevant d’être cinquième sur cinq ! Mais c’est un petit manque de qualités de notre équipe parce que nous n’avons pas encore assez de rigueur suisse. En fait, on perd une bonne heure avant le Fastnet avec notre histoire Histoire #histoire de hook qui ne marchait plus quand nous voulions renvoyer la toile. Avec des monotypes et des équipages de ce niveau, il n’y a pas le droit à l’erreur… On a tout de même réussi à revenir au contact le long des côtes du Portugal et nous avons essayé une option qui n’a pas marché : c’était trop tôt. Mais quand on est leader, on prend certaines décisions qui ne sont pas les mêmes que celles des poursuivants, a fortiori celles du dernier. Le but est de gagner, pas de terminer quatrième… Cela n’a pas payé. Tant pis. Après le départ de Dun Laoghaire, on avait creusé l’écart avec une bonne vitesse au près dans la brise. Notre navigateur Franck Cammas avait bien négocié ce début d’étape. Mais on a aussi des progrès à faire au niveau manœuvres : nous n’avons pas eu autant de temps pour nous entraîner que les autres teams. On voit tout de même que ces MOD70 vont très vite : en moins de six jours, nous avons fait Kiel-Dun Laoghaire-Cascais ! Ce sont vraiment de belles régates. »


Arrivées à Cascais (heure française)

1-Spindrift racing (Yann Guichard) le 12 septembre à 7h 37’ 36 : 2j 15h 37’ 36 à 15,5 nœuds de moyenne 2- FONCIA (Michel Desjoyeaux) à 8h 26’ 49 : 2j 16h 26’ 49 3- Musandam-Oman Sail (Sidney Gavignet) à 8h 33’ 22 : 2j 16h 33’ 22 4- Groupe Edmond de Rothschild (Sébastien Josse) à 8h 37’ 36 : 2j 16h 37’ 36 5- Race for Water (Stève Ravussin) à 8h 53’ 30

Classement du MOD70 European Tour

(Kiel City Race + 1re étape avec bonus + Dun Laoghaire City Race + 2e étape avec bonus) 1- Spindrift racing (Yann Guichard) 11+47+12+52 = 122 points 2- FONCIA (Michel Desjoyeaux) 12+53+10+46 = 121 points 3-Groupe Edmond de Rothschild (Sébastien Josse) 10+44+11+41 = 106 points 4- Musandam-Oman Sail (Sidney Gavignet) 9+34+8+42 = 93 points 5- Race for Water (Stève Ravussin) 8+38+9+35 = 90 points



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