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Transat 650

Antoine Rioux : "finir troisième… c’est fabuleux"

Friday 4 November 2011Redaction SSS [Source RP]

Trois jours après son exceptionnelle performance, Antoine Rioux, le skipper du plan Lombard Festival des Pains, commence tout juste à « redescendre sur terre », selon ses propres mots. Troisième de la Charente Maritime / Bahia Transat 6,50, il revient pour nous sur sa course, ses moments forts et ses difficultés.

Hier, Antoine Rioux a retrouvé sa petite famille à l’aéroport de Salvador de Bahia ; ce matin, il a accueilli Gwénolé Gahinet, le vainqueur en catégorie série de la Transat 6,50 qu’il avait conseillé et aidé avant la course, et cet après midi, il a enfin décroché son téléphone pour répondre à nos questions et nous raconter SA course. Une course qui a été rude, ardue, pénible même, de son propre aveu. Mais une course qu’il a terminée à une fantastique troisième place… Une consécration inespérée et complètement inattendue pour ce marin originaire du Pays Granvillais, qui avait perdu son bateau il y a deux ans sur la même course. Une sacrée revanche, à savourer comme du bon pain tout droit sorti d’une boulangerie Festival des Pains ! Chapeau Antoine !

Antoine, troisième de la Charente Maritime Bahia Transat 6,50, la fameuse Mini-transat Mini-Transat #MiniTransat , que demander de plus ?

Antoine Rioux : "C’est clair, c’est incroyable, c’est inespéré. Si on m’avait dit avant le départ que je finirais à cette place, je ne l’aurais pas cru. Déjà, emmener le bateau jusqu’ici, au Brésil, pour moi, c’est un exploit. Alors finir troisième… c’est fabuleux. Oui, c’était vraiment mon année : un super bateau, des supers partenaires à commencer par mon sponsor titre Festival des Pains, mon mariage, la naissance de ma fille Elisa quelques jours avant le départ, et cette troisième place… Ouah (il souffle), je me demande comment je pourrais faire mieux par la suite ! Pour revenir à la course, l’arrivée a été d’autant plus magique que je n’avais plus de radio BLU à bord depuis trois jours. Je n’avais donc aucune information sur mon classement et celui des copains. Je pensais que Beber (Bertrand Delesne, Zone Large) était largement devant. Je croyais également que Jorg (Jorg Riechers, Mare.de) était plus proche de moi que ça. Bref, je pensais être 5 ou 6 au général… Troisième, tu te rends compte ? je suis sur le podium de la Mini Transat… C’est dingue."

A quel moment ça s’est joué ?

AR: "Pour moi, il y a eu deux passages clés : Aux alentours du Cap Vert d’abord. Ca ne se voit pas forcément sur la cartographie, mais je sors relativement Ouest au passage de cette marque de parcours. J’étais donc bien positionné à ce moment là, alors que je n’étais pas au mieux sur la première partie du parcours, entre Madère et les Canaries. Ensuite il y a eu le Pot au Noir. Je n’ai pas voulu pousser trop dans le Sud Est contrairement à beaucoup des copains. Pour moi, il fallait rester proche de la route directe, et même un peu à l’ouest, pour moins subir l’influence du Pot au Noir. C’est ce qui c’est produit. C’est là que je suis passé devant Jorg Riechers d’ailleurs. Bien sûr, j’étais un peu plus « serré » à la sortie (NDLR : une fois dans les Alizés de l’hémisphère Sud, l’angle du vent par rapport au bateau était moins favorable par rapport à ses concurrents situés plus à l’Est), mais sur l’ensemble, la stratégie a été payante."

Beaucoup de concurrents, notamment les « récidivistes » (ceux qui ont couru plusieurs Transat’), ont trouvé cette édition particulièrement difficile. Tu confirmes ?

AR : "Oui, la course a été très dure. On dit même que c’est l’édition la plus difficile depuis 2003. Je ne l’ai pas faite mais on m’a dit qu’elle avait été très éprouvante. Je veux bien le croire ! Nous, on a eu du mauvais temps quasiment tout le temps, une mer forte, des orages, des grains très violents… la totale. J’ai passé 2/3 de la course en combinaison sèche (NDLR: combinaison de gros temps qui permet au navigateur de rester au sec - c’est relatif - malgré l’humidité, les embruns, la pluie, etc.), c’est pour dire les conditions qu’on a rencontrées. Tout était trempé à l’intérieur… Et puis ce mauvais temps, cette absence de soleil, ça te porte sur le moral. On a eu une belle journée au Cap Vert, une autre dans le Pot au Noir, et une en arrivant ici. Sur trois semaines de course, c’est pauvre ! Mais ce qui m’a le plus pesé, c’est la solitude : sur la fin, je me suis retrouvé 9 jours sans parler à personne. Aucun contact VHF. J’appelais Beber trois fois par jour : rien. Oui j’ai trouvé le temps long parfois.

Tu y as quand même trouvé du plaisir ?

AR : "Oui, heureusement. Les dernières 24 heures ont été fabuleuses. De la glisse pure. J’étais à 13-14 nœuds de moyenne, sous deux ris et spi medium. Ca pulsait. Le matin, je suis allé chercher le thermique à terre, sous grand spi. Le vent est monté progressivement. Je me suis retrouvé à faire des pointes à 22 nœuds, mais je n’ai pas voulu affaler mon grand spi, j’arrivais, ej ne voulais plus manoeuvrer ! C’était énorme.

Tu peux nous raconter quelques anecdotes qui ont marqué ta course ?

AR : "Ah, les anecdotes, mais il faudrait des semaines pour toutes les raconter. J’en donnerai juste trois :

La plus cocasse, c’est l’épisode de l’orque après le passage du Cap Vert. J’étais à l’intérieur quand j’ai entendu un sifflement vraiment très puissant, bien plus puissant que celui d’un dauphin. J’ai tout de suite compris qu’il s’agissait d’un gros poisson. J’ai bondi à l’extérieur. La, j’ai ressenti une première secousse sous le bateau, un bang… puis un deuxième. J’ai vraiment eu peur. Je me suis dit « ça y est il est en train de défoncer le bateau ». Et puis j’ai vu apparaître un orque, de 5-6 mètres environ. Moi je sautais partout sur le bateau en hurlant pour essayer de le faire fuir. Et puis je l’ai vu prendre son élan derrière le bateau et foncer sur mon tableau arrière. Plus de peur que de mal heureusement. Mes safrans sont solides. Mais j’ai quand même du faire un strat’ (un collage avec de la résine et du tissu carbone – Merci Axson et Composites Distribution)… Ca aurait pu être la catastrophe.

Sur le plan humain, il y a eu l’abandon de Seb qui a été terrible pour nous (NDLR : peu avant le Cap Vert, Sebastien Rogues, Eole Généraration Suez, le vainqueur de la première étape, s’est blessé au dos en tombant dans son bateau, le contraignant à l’abandon). Avoir un pote en détresse comme ça à la VHF, c’est terrible. On était plusieurs à se relayer avec les copains, Lucas Montagne, Thomas Normand. On se sent peu de chose dans ces moments-là.

Et puis il y a eu sur le plan personnel, cette délivrance de l’arrivée, et le bonheur d’apprendre que je finis 3ième au général. Mythique. Et le premier coup de fil avec Mathilde, ma compagne, à l’arrivée."

Et la suite, comment la vois-tu ?

AR: "La suite immédiate, c’est du repos, et du temps avec ma famille. Mathilde vient de me rejoindre avec ma petite fille et mes parents. On va profiter, se pauser.

La suite sur le plan sportif, c’est naturellement continuer. Mais là, ça ne dépend pas de moi, mais des sponsors. J’ai deux options : soit continuer en mini et faire évoluer la plateforme. Je n’en suis qu’au début de l’histoire Histoire #histoire avec mon bateau, et je suis persuadé que je peux énormément progresser. L’objectif, c’est clair, serait de gagner la Mini. Mais c’est un pari. L’autre option serait de passer sur un autre support plus ambitieux, avec de plus grandes retombées médiatiques : Un « 40 pieds » par exemple (bateaux de la Class40 Class40 #Class40 pouvant disputer la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum , la Transat Jacques Vabre Transat Jacques Vabre #TJV2015 ou même le tour du monde). Avis aux partenaires ! En parlant de partenaires, j’en profite pour leur adresser ici un immense "MERCI", car c’est grâce à eux, à leur confiance et à leur soutien que j’en suis là aujourd’hui."

Si tu continues en mini, penses-tu que le bateau de David Raison (Teamwork Evolution) est battable ?

AR : "Oui bien sûr. Il faut bien voir que c’est David Raison qui a gagné autant que son bateau. Le « Magnum » (nom de baptême de son proto, en allusion à la glace du même nom et à son étrave ronde) va effectivement très vite à certaines allures mais le bonhomme qui est aux manettes, y est pour beaucoup. Il ne faut pas oublier que David a une expérience énorme : 4 Transat, 1 Transat AG2R, une ou deux saisons en Figaro. C’est d’abord à lui, à sa préparation, à son travail que revient sa victoire. Il y a aussi le facteur chance : je pense que les conditions météo étaient bonnes pour lui. Et il les a exploitées à fond. C’est un grand marin, un grand vainqueur. Son bateau est une évolution, pas une révolution.

De mon côté, mon bateau est seulement en début de carrière. Le proto qu’a dessiné Henri Paul Schipman (Cabinet d’architecture navale Marc Lombard) a un énorme potentiel. Il a un volume très prononcé à l’avant également. A part l’usure de l’amure de spi et quelques départs à l’abattée à cause de petits pépins liés au pilote, je n’ai eu absolument aucun souci mécanique. Le bateau est sain. Il va vite, il est puissant, et il a une grande marge de progression… Je pense qu’il a toutes les armes pour gagner la Mini Transat."

- Info presse Hervé Olagne / www.antoinerioux.com



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