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TROPHEE JULES VERNE

Orange coupe le monde en deux en 34 jours

40 puis 50 noeuds de vent à venir

jeudi 4 avril 2002

Combinaisons sèches revêtues, capuches rivées sur la tête, masques de plongée sur les yeux, mains cramponnées à la barre ou rivées sur les écoutes... Le menu de cette journée un peu spéciale est au froid et à l’humidité à bord du maxi-catamaran Orange. Le géant Marseillais surfe les montagnes liquides des eaux froides du Grand Sud à plus de 30 noeuds et avale près de 510 milles au pointage de 11 heures ce jeudi 4 avril. Comme prévu le vent a tourné progressivement au nord-ouest en forcissant. A bord, le 3e ris dans la grand voile vient d’être pris et l’équipage courbe l’échine en attendant 50 noeuds de vent pour la fin de la nuit. A conditions exceptionnelles, jour exceptionnel puisque le maxi-catamaran est à mi-parcours de ce trophée Jules Verne.

Deux mondes en un : 13h00 sous le soleil au PC Presse Paris, 21h00 dans la nuit froide et noire pour le maxi-catamaran Orange qui navigue à 518 milles du sud de la Nouvelle-Zélande. Il vient de laisser sur tribord les îles Judge and Clerck et flirte avec les 54 degrés de latitude Sud à quelques encablures de la zone de convergence antarctique. Il fait nuit et l’équipage vient de réduire une nouvelle fois la grand-voile préférant anticiper le coup de chien qui leur arrive sur le museau, soit 50 noeuds de vent de nord-ouest prévu pour la nuit.

" Cela va très vite lâche Bruno Peyron à la vacation du jour qui ne durera que quelques minutes tellement la communication Communication #Communication est de mauvaise qualité. Nous avons fait des pointes à 36/37 noeuds dans les surfs aujourd’hui et nous nous attendons à avoir un bon coup de vent pour cette nuit car nous allons traverser un front actif. Nous venons de prendre le 3e ris ".

Et si 40 noeuds soufflent actuellement sur le petit point orange posé sur la carte du monde, il faut se dire que les garçons attendent 50 noeuds dans les heures qui viennent. Il faut alors imaginer l’environnement Environnement ambiant : eau à 4°, température extérieure guère plus haute, montagnes russes liquides à dévaler, lance à incendie branchée en permanence dans la figure, accélérations et décélérations qui vous font valdinguer à l’intérieur des coques et qui vous tassent un peu plus au fond de votre couchette et bien sûr, angoisse permanente de croiser la dérive d’un iceberg ou d’un glowler isolé...

" Désolé problème de communication Communication #Communication et pas le temps de rentrer dans le détail/Attaque à donf tout début de nuit... " : peut-on lire sur le mail envoyé illico presto par Bruno que l’on imagine arc-bouté sur sa table à cartes, lampe frontale sur la tête essayant de taper tant bien que mal ce court texte...

Et si la nuit s’annonce rude, le maxi-catamaran Orange en profite tout de même pour allonger la foulée et avaler en moyenne 500 milles par 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures à plus de 20 noeuds. A ce rythme, le géant Marseillais qui pointe à 280 milles plus Sud que la position d’Olivier de Kersauson à la même longitude devrait doubler le Cap Horn dans 8 ou 10 jours. Et ce sera à ce moment là que, tel un juge de paix, le dernier grand cap à laisser à bâbord donnera l’avance du maxi-catamaran Orange sur le tenant du Trophée Jules Verne. Le plus grand océan du monde est aujourd’hui devant les étraves du géant Marseillais : Pacifique les voilà !

Pierrick Garenne / Mer & Média / Orange

Voir la carte du tour du monde : Orange autour du monde



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