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Tour de France à la Voile

A Royan, Cédric Pouligny sort vainqueur d’une nuit blanche

Abandon de Safran-Multiplast suite à la blessure d’un équipier

mardi 12 juillet 2011Redaction SSS [Source RP]

Une étape d’anthologie ! Ce sont les mots de Daniel Souben à l’arrivée à Royan. Certaines étapes sont réputées difficiles à cause de leur pièges redoutés de tous les marins : c’est le cas du tour de la Bretagne et de ses « cailloux ». Pour cette étape de ralliement Pornic-Royan de 122 milles, rien ne présageait un parcours aussi épique. Certes, les fichiers météo annonçaient des orages. Mais dans la nuit noire, les coureurs se sont fait surprendre par leur violence. Sous des arborescences d’éclairs et des pluies diluviennes, le vent a soufflé jusqu’à 40 noeuds !

Les M34 M34 #M34 sont pourtant partis sous le soleil peu après 21h. Après un rappel général, ils s’élancent vers la bouée de dégagement mouillée dans le 15° pour 0,9 mille. Le passage de la marque est digne du plus beau parcours banane : un véritable embouteillage ! Safran-Multiplast est en tête devant Nantes Saint-Nazaire E.Leclerc, Sud de France/Languedoc-Roussillon et BAE Systems. Au crépuscule, Toulon Provence Méditerranée, qui a trouvé le bon rythme depuis quelques jours, remonte la flotte et s’enfonce dans la nuit en tête en empannant le premier la marque tribord des Chevaux. 5 milles après l’Ile d’Yeu, le vent mollit et tourne. Puis, en quelques secondes, le vent forcit : l’anémomètre passe de 5 noeuds à 30 noeuds. Dans l’obscurité la plus totale, les bateaux se retrouvent couchés à la surface de l’eau. Bretagne Crédit Mutuel Elite et Batistyl Ville de Pornic déchirent leurs spis. Sur Bred-La Normandie, c’est le point d’amure (sur le bout dehors) qui lâche. Ceux qui parviennent à « rester debout » foncent sous les éclairs à plus de 15 noeuds sous Grand Voile seule.

Mais à ce moment là, même pour les équipages professionnels, la gestion des hommes et du matériel prend le pas sur la course. Fabien Henry, skipper de Toulon Provence Méditerranée, qui court le Tour de France à la Voile depuis des années, n’était pas très à l’aise dans ces bottes : « il ne fallait pas se laisser impressionner par le vent ! Moi j’ai eu tendance à lever un peu le pied et François Gabart et Erwan Israël m’ont poussé à être un peu plus dessus. Ils ont été bons à ce moment là car il fallait en effet rester agressif pour faire la différence ». Frédéric Dalle, le skipper d’Ile de la Réunion – Ville du Port parle de l’étape la plus dure qu’il ait connu en 8 tours !

Dans ces conditions, les équipages aguerris sortent forcément en tête. « Les pros restent les pros. Ils nous ont mis un caramel » analyse Benoît Charon à l’arrivée. A l’aube, en effet, les leaders du général constitue le peloton de tête et se détache sur un horizon encore tourmenté. BAE Systems mène devant l’équipage de Fabien Henry et celui de Bertrand Pacé. Le spi rouge de Courrier Dunkerque pointe son nez en 4e position. Les hommes de Corentin Douguet sont 5es. Derrière eux, il ne reste plus que l’horizon encore sombre et tourmenté. Les autres sont loin...Mais la course n’est pas terminée. Il reste 20 milles pour atteindre Royan. La remontée de l’estuaire permet à Sud de France / Languedoc-Roussillon de doubler Toulon Provence Méditerranée et de monter sur la seconde marche du podium derrière BAE Systems. Les Omanais, déjà vainqueurs du mythique tour de la Bretagne, engrangent une seconde victoire d’étape de ralliement ! Cédric Pouligny, skipper de BAE Systems est très impressionné par la progression des Omanais, qui découvrent la voile depuis seulement deux ans, encadrés sur cette étape par 4 professionnels anglais et rochelais. Cette nuit, ceux qui étaient il y a encore peu de temps, footballeur, pêcheur, ingénieur, windsurfeur ou militaire, ont fait des surfs à 30 noeuds sous grand spi ! Des conditions qu’ils n’avaient jamais connues auparavant ! Au compteur à l’arrivée : 9,4 noeuds de moyenne. Et sur les visages, l’immense joie de gagner pour la seconde fois une étape de ralliement qui restera dans les annales du Tour de France à la Voile et aussi la fierté d’un skipper qui transmet à vitesse Vitesse #speedsailing Grand V tout son talent de régatier. Des moments uniques qui font que forcément, cette étape là sera inoubliable pour les Omanais comme pour Cédric Pouligny, Gérald Véniard, Alex Pallu de la Barrière et Nick Black !

Au général ce midi à Royan, Courrier Dunkerque est toujours leader. Sa 4e place à Royan lui permet de maintenir 8 points d’avance sur Sud de France/Languedoc-Roussillon (88 points). Bretagne Crédit Mutuel Elite 7e aujourd’hui à l’issue de l’étape, conserve sa 3e place au général provisoire. Mais les Bretons ne sont qu’à 4 points de Toulon Provence Méditerranée et de BAE Systems, 4es ex aequo à Royan avec 108 points ! Les Sudistes et les Omanais sont maintenant une menace directe pour l’équipage de Nicolas Troussel !

Abandon de Safran-Multiplast suite à la blessure d’un équipier

A 2h30 du matin, alors que les M34 M34 #M34 traversaient les orages violents, Arthur Ponroy, équipier de Safran-Multiplast, a été blessé à la tête (coup de palan d’écoute de Grand Voile). Julien Villion, skipper du bateau, a alors décidé de se dérouter vers Les Sables d’Olonne. Christophe Gaumont, directeur de course, prévenu de l’accident a immédiatement alerté le CROSS Etel. Entré en contact avec le bateau, le CROSS a effectué une consultation médicale avec le CMM Toulouse pour un premier diagnostic. La prise en charge d’Arthur a parallèlement été organisée. A 4h00 du matin, le M34 rejoint Port Olona. Arthur est débarqué pour être emmené à l’hôpital des Sables. A l’heure qu’il est, les nouvelles sont rassurantes. Arthur va bien. Plus de peur que de mal. Il repart tout de même des Sables avec 5 points de suture. A 8h00 ce matin, Julien et le reste de l’équipage sont donc repartis au moteur vers Royan. Ils abandonnent cette étape mais retrouveront demain, leurs 14 adversaires pour le parcours banane.

Ils ont dit :

Cédric Pouligny, skipper de BAE Systems :

« C’est top ! Nous sommes super contents. C’était des conditions difficiles : des orages, du vent fort… Le fait d’être trois rochelais à bord et de connaître les lieux ne nous a pas franchement aidés sur cette étape car les conditions étaient vraiment spéciales. J’ai une grande joie intérieure mais je suis aussi un peu fatigué. C’était chaud, on a eu jusqu’à 45 nœuds sur le speedo. Cela a été longtemps établi à 30 nœuds. Nous étions devant au début de la manche mais nous avons du faire une marche arrière pour dégager des algues. Puis après l’île d’Yeu, nous avons commencé à avoir de grosses rafales. On a planté, il a fallu affaler car nous étions sous grand spi. Dans une course comme celle-là, tu serres régulièrement les fesses. Il fallait gérer les hommes et le matériel, nous n’avons rien cassé. Nous avons navigué en bons marins. Les Omanais se sont extrêmement bien comportés. Ils apprennent vite et progressent de jour en jour. L’embraqueur, Fahad Al Hasni, m’impressionne vraiment ! Ils ne comptent que d’un à trois ans de voile, ils ont peu d’expérience. Pour eux, c’était la première navigation dans ces conditions. Mais à l’arrivée, ils se sont tous régalés ! ».

Fabien Henry, skipper de TPM :

« Nous avons fait un beau début de course jusque l’Ile d’Yeu. Puis, 5-6 milles après, nous avons eu de violents orages. Le vent a changé en direction et en intensité. Je crois que cela a un peu semé la panique sur la flotte. Nous étions tous sous grands spis. Nous, nous avons réussi à le sauver. Pendant trois heures, le vent a beaucoup varié. A l’approche de la marque BXA, nous nous sommes trop focalisés sur Bretagne Crédit Mutuel et nous nous sommes un peu trop décalés par rapport au reste de la flotte qui était plus à terre. BAE Systems nous est passé devant sous petit spi. On retrouve les équipages les plus expérimentés devant, c’est logique dans ces conditions. Nous n’avons rien cassé. C’était un sprint, il fallait être dessus. La difficulté était de rester agressif, de ne pas trop se laisser impressionner par le vent. François Gabart et Erwan Israël ont été très bons car ils m’ont incité à ne pas mollir alors que j’avais tendance à plutôt vouloir lever le pied pour préserver le matériel. »

Benoît Charon, skipper de Bred/La Normandie :

« Nous nous attendions aux conditions rencontrées mais cela a quand même été un peu violent. Cela s’est passé pareil pour tout le monde. Jusqu’à l’Ile d’Yeu, c’était tranquille puis nous avons eu une molle, le vent a adonné. On a empanné et derrière, c’est rentré très fort, jusqu’à 35 nœuds. On était spi dans l’eau, la grand voile battait. Le bateau était couché sur l’eau. Notre spi a cassé au niveau du point d’ancrage. Les pros restent les pros. Ils nous ont mis un caramel ! Dans ces conditions difficiles, nous avons molli… eux pas ! »

Corentin Douguet, skipper de Nantes Saint-Nazaire E.Leclerc :

« C’était musclé et rapide ! Ca a très bien commencé pour nous. Mais au premier orage, sous sommes complètement partis en vrac ! En pleine nuit, nous n’avons rien vu venir. Nous étions couchés : on dérivait à 2 noeuds alors que ceux qui sont restés debout avançaient à 15 noeuds. Ce matin, il a fallu rester concentré car le vent tournait pas mal. Nous sommes contents d’avoir réussi à rester dans le bon parquet de la flotte. »

Daniel Souben, skipper sur Courrier Dunkerque, 4e sur la 7e étape de ralliement :

« C’était une étape difficile avec de grosses conditions… La nuit était claire avec de gros orages et un vent fort très instable… Dans la nuit, on ne voyait rien, ce qui a rendu la tâche encore plus difficile. Nous avons été surpris par la renverse de vent… Nous avions dix nœuds et lorsque nous avons empanné, nous sommes passés à plus de quarante nœuds ! Et heureusement que nous n’avons rien cassé… Et nous sommes à bon port en bonne place… Même si nous regrettons que nos adversaires directs soient devant. Les Omanais ont beaucoup perdu en début de course. Ils ont dû faire une marche arrière car ils avaient une algue dans leur quille… Quand le vent fort est rentré, nous avons failli nous percuter car nous, nous étions en vrac tribord amure avec le spi en drapeau et eux arrivaient bâbord… Ils nous ont évités mais sont partis au tas. Les bateaux ne sont vraiment pas passés loin ! Ensuite, chacun a vécu sa vie dans les orages. La priorité, ce n’était plus la course, c’était plus de ne pas casser, de préserver les hommes… en essayant de faire la route directe. Avec des conditions météo comme ça, la course passe au second plan mais reprend tous se droits quand l’acalmie arrive, comme au petit matin. C’est une étape d’anthologie ! »


Extrait du classement général provisoire après 21 courses :

  • 1 Courrier Dunkerque / Daniel Souben : 80 pts
  • 2 Sud de France / Languedoc Roussillon / Bertrand Pacé : 88 pts
  • 3 Bretagne-Crédit Mutuel Elite / Nicolas Troussel : 104 pts
  • 4 BAE Systems / Cédric Pouligny : 104 pts
  • 5 Toulon Provence Méditerranée / Fabien Henry : 108 pts
  • 6 Nantes Saint Nazaire E. Leclerc / Corentin Douguet : 161 pts
  • 7 Ile de France / Jimmy Pahun : 175 pts
  • 8 BRED - La Normandie / Benoît Charon : 185 pts
  • 9 Côtes d’Armor Bretagne / Stéphane Letertre : 195 pts
  • 10 Batistyl Ville de Pornic / Cyrille Le Gloahec : 234 pts


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