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Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

TROPHEE JULES VERNE

Orange a enjambé le méridien de Greenwich

L’équipage s’enfonce vers les immensités australes

mardi 19 mars 2002

Vers 8 heures ce matin, son grand catamaran Orange a enjambé la ligne imaginaire du méridien de Greenwich. Bientôt, c’est Bonne Espérance qui ne sera plus qu’un point géographique déjà oublié des hommes de Peyron. Le voisinage des quarantièmes a donné un second souffle au Géant. Sa foulée s’est allongée, son allure s’est débridée. Sa respiration est puissante et mesurée. Docteur Peyron veille aux efforts. Vague après vague, Orange s’enfonce en souplesse dans les immensités australes. Températures clémentes, mer maniable, vent établi en force et en direction... la vie s’est faite fluide pour treize coureurs de fond avides d’espace.

Depuis des jours qu’ils la cherchaient, ils la tiennent enfin et ne la lâcheront plus ; elle, cette fameuse pression qui pousse Orange à pleine vitesse Vitesse #speedsailing hors d’Atlantique vers l’Océan Indien. Entre l’anticyclone qui s’évacue au Nord Est et l’énorme dépression qui laboure le sud à plus de 40 noeuds, les marins d’Orange tracent leur sillon. Un trait enfin rectiligne, légèrement orienté au Sud Est et qui souligne à grande vitesse Vitesse #speedsailing le continent africain.

La dépression s’enroule dans le sens des aiguilles d’une montre. Sur sa bordure Nord Est, Peyron a choisi son vent ; un flux de 25 à 3O noeuds de Nord Ouest qui offre à son " géant " l’occasion de " faire le beau " : un ris dans la grand voile, gennaker medium en tête et trinquette à poste, Orange ne se fait pas prier. Au gré du jeu Jeu #jeu du barreur concentré à bien relancer derrière les vagues, la vitesse oscille constamment entre 23 et 28 noeuds. Les moyennes quotidiennes repartent à la hausse.

Les grandes journées sont là et Peyron en profite : " la mer est vraiment maniable et c’est maintenant qu’il faut attaquer " avoue-t’il. " Pas d’euphorie à bord cependant. On ne relâche pas la tension. La concentration est maximum, même si les mines réjouies des garçons font plaisir à voir. "

" On espère garder ce système plusieurs jours " renchérit Jean Baptiste Epron, " Peut-être jusqu’au milieu de l’Indien. Le vent passera alors Sud Ouest, et il sera temps pour nous de changer d’amurre pour descendre sur tribord vers Crozet... " En bordure du grand Sud, Orange et son escorte d’albatros glissent dans l’absolue liberté, au plaisir de la vitesse retrouvée et au bonheur d’une harmonie chaque jour plus complète : " Pensez donc ! 20 secondes pour prendre un ris ! " s’exclame Peyron.

Ils ont dit :

Bruno Peyron : " Nous sommes vraiment très satisfaits de nos conditions de navigation. Nous sommes en bordure d’un système très perturbé, dans un vent bien établi et sur une mer bien ordonnée... C’est idéal pour attaquer. Nous espérons maintenir ce rythme pendant quelques jours, avant d’aborder un passage plus compliqué avec une mer sûrement plus difficile. Aujourd’hui, le bateau glisse avec facilité. Il passe admirablement dans la mer. Orange est vraiment fait pour ces latitudes. "

Hervé Jan : " Nous naviguons dans un Nord Ouest stable. L’eau est à 16 degrés. Bien que nous soyons en ciré et bottes, il ne fait pas froid et nous vivons des journées agréables. Le bateau est à 100% de son potentiel. Le jeu Jeu #jeu de voiles n’a qu’une petite couture défaillante sur le premier ris de la grand voile à déplorer. On va vite, mais on navigue de manière suffisamment " conservatrice " pour ménager le bateau. "

Jean Baptiste Epron : " Depuis hier matin, c’est un vrai bonheur. La mer s’est enfin orientée dans le bon sens et nous filons à grande vitesse sans être ni secoué ni mouillé. Orange le Marseillais, (son port d’attache est Marseille-ndlr) est un bateau extrêmement sécurisant. Bien sûr, à grande vitesse, toutes les man˜uvres exigent énormément de vigilance. Traverser les filets pour se rendre d’une coque à l’autre peut s’avérer périlleux. On s’attache, on se surveille réciproquement et on alerte le barreur avant tout mouvement sur les filets. Je prends beaucoup de plaisir en tant que caméraman du bord. Quand je ne suis pas aux winches, je ressemble à un vrai touriste japonais, bardé d’appareils photos et de caméras... "

Denis van den Brink / Mer & Media / Orange

Voir la carte du tour du monde : Geronimo vs Orange



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