Sea, Sail & Surf news
Photo : JP Epron / Maxi Catamaran OrangeTROPHEE JULES VERNE
Orange aux portes des 40es
Peyron : "On repart dans l’Est "
samedi 16 mars 2002 –
Qu’il est puissant cet anticyclone ! Longtemps cette nuit, Bruno Peyron et ses hommes ont cru jouer gagnant contre lui. En maintenant bon gré mal gré un cap Est-Sud Est, ils ont pensé garder suffisamment de vitesse Vitesse #speedsailing pour passer sous son centre, quitte à naviguer au près. Mais le refus est là. Le vent qui va continuer de mollir tout au long de la journée, s’est installé face à la route du maxi catamaran. Obstinés, les hommes de Peyron insistent. Le bateau cogne, s’ébroue.
Le près n’est pas son allure favorite et dans une rafale à 25 noeuds, il le fait savoir ; lors d’une manoeuvre un peu " chaude ", une des grandes lattes de la grand voile explose et soumet l’équipage à un régime désormais connu et maîtrisé : affalage, réparation, redémarrage... Mais la mer est dans le sens du vent et secoue méchamment le bateau. Il faut composer. " On repart dans l’Est " explique Peyron, " on laisse passer le centre anticyclonique et on attend la rotation au Sud-Ouest, puis Nord Ouest, avant de plonger plein sud dans du vent fort, 30 noeuds probablement dès demain... Quarantièmes, nous voilà ! "
Les 40° de latitude Sud seront franchis dans quelques heures. Orange va s’engouffrer dans un univers vierge de tout repère, et l’impatience teintée d’appréhension envoie chez chaque marin son corollaire d’inquiétude et de curiosité. Un sentiment unanime cependant, le désir ardent de vitesse Vitesse #speedsailing ! En finir enfin avec cette route imparfaite et les pièges de l’Atlantique. Donner à Orange ces vents puissants dont il raffole. L’archipel Tristan da Cunha se trouve pile sur la route du maxi, dernière vision terrestre avant longtemps pour l’équipage. Les prochaines terres se nommeront " Prince Edward, Crozet, Kerguelen... "
Ils ont dit :
Gilles Chiorri : " Nous nous dirigeons droit sur un drôle d’archipel, Tristan da Cunha, du nom du navigateur portugais qui l’a découvert en 1713. Abandonnée en 1961 suite à une irruption volcanique, elle sert aujourd’hui de base militaire et météorologique aux Anglais. C’est paraît-il, le paradis de la crevette géante ! Un de ces cailloux porte le nom très engageant de ..." Inaccessible ".
Yves le Blévec : " Orange est impressionnant. En novembre dernier, il m’a fallu 30 jours sur mon mini 6,50 pour rallier l’équateur, contre un peu plus de 7 jours pour Orange. Le bateau est exigeant et nous nous astreignons à beaucoup de maintenance, mais finalement, on oublie vite sa démesure. Il reste en définitive un bateau à dimension humaine. Je prends par ailleurs beaucoup de plaisir à naviguer en si bonne compagnie. Le Grand Sud exerce sur ceux qui, comme moi, ne le connaissent pas encore, un mélange de curiosité et d’appréhension. Je sais que les trois prochaines semaines seront extraordinaires... "
Bruno Peyron : " Nous allons subir aujourd’hui le passage de l’anticyclone. Dès que le vent et la mer nous offriront un bon angle d’attaque, nous descendrons plus sud. C’est le prix à payer. Les températures de l’air et de l’eau ont fraîchi. On va rentrer dans un autre rythme de vie, avec la vitesse, le froid et l’inconfort d’un bateau qui surfe parfois brutalement sur l’océan. "
Denis van den Brink / Mer & Media / Orange
Voir la carte du tour du monde : Geronimo vs Orange
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