Sea, Sail & Surf news

Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

Trophée Jules-Verne

Retour sur une première tentative avortée pour Geronimo

samedi 2 mars 2002

Le 18 février, à 2 heures 25 minutes et 16 secondes, Geronimo, emmené par le team Cap Gemini & Ernst Young / Schneider Electric, coupait la ligne départ du tour du monde au large de Ouessant. Le détenteur du trophée Jules Verne s’attaquait ainsi à son propre record Record #sailingrecord , jamais battu depuis 1997. A bord de ce majestueux trimaran de course, le plus grand au monde, Olivier de Kersauson avait embarqué 10 hommes d’équipage, triés sur le volet et conjuguant à merveille, passion, fougue et expérience.

Dès les premières heures, le ton était donné et, Geronimo justifiait pleinement ce nom magique d’un chef indien, combatif et intelligent. « C’est un merveilleux bateau, fin et vif » confiait alors son capitaine. Tambour battant, le trimaran traversait le golfe de Gascogne à près de 25 nœuds de moyenne. Profitant de conditions météo toujours favorables, il fallut à peine deux jours pour que les 11 marins atteignent le sud de l’Espagne, contre 4 jours en 97 et, en 60 heures ils doublaient les Canaries. Des performances exceptionnelles qui laissaient présager de belles moyennes, alors qu’Olivier de Kersauson ne poussait ni le bateau, ni les hommes. Sans tirer sur la machine, la descente express s’est poursuivie au même rythme quatre jours durant, jusqu’au large des côtes de la Mauritanie, non loin du tropique du Cancer.

Au niveau des îles du Cap Vert, après 3700 kilomètres de cavalcade, le vent jusque là portant et bien alimenté, tourne et baisse en intensité. Geronimo ralentit, les quarts Cap Gemini Ernst & Young / Schneider Electric en profitent pour ranger Geronimo et faire un check up complet. A l’approche du fameux Pot au Noir, la brise, toujours instable et de plus en plus timide, voire capricieuse, continue son travail de sape jusqu’à totalement abandonner le trimaran qui résiste et glisse néanmoins dans le moindre frémissement d’air. Le 27 février, après quatre jours pénibles, c’est enfin la délivrance. Geronimo s’arrache à un système météo poisseux qui semblait l’accompagner et passe l’Equateur. En 20 années de navigation, Olivier de Kersauson n’avait jamais connu un pot au noir aussi éprouvant pour les nerfs. Pour autant, grâce aux manœuvres incessantes des marins et à la vélocité de Geronimo, c’est malgré tout avec deux jours d’avance sur son précédent record Record #sailingrecord qu’Olivier de Kersauson passe dans l’hémisphère sud après 9 jours et 7 heures de navigation.

Les alizés du sud est entrent enfin franchement et Geronimo reprend de la vitesse Vitesse #speedsailing . A 20 nœuds, le trimaran met le cap au sud vers la prochaine marque de passage, le cap de Bonne Espérance. Les prévisions de Pierre Lasnier, le routeur, sont relativement optimistes. L’obstacle à venir, l’anticyclone de Saint Hélène semble se décaler à l’est et permettra ainsi à Geronimo de faire un cap proche de la route directe. A bord, le moral est au beau fixe, « on a de belles choses devant nous » se réjouit le skipper.

Durant ses dernières 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures en course, Geronimo laisse plus de 400 miles dans son sillage et après 12 jours de mer, l’équipage, totalement rodé et soudé regarde déjà vers le tropique du Cancer. Vendredi matin, à la latitude des côtes nord du Brésil, une brise de 25 à 30 nœuds accompagne le trimaran qui glisse dans une mer encore peu formée. Geronimo navigue à plus de vingt huit nœuds, lorsque la barre se bloque avec un bruit épouvantable, proche de celui d’un marteau piqueur et de violentes vibrations. L’équipage ralentit, change d’allure, mais rien n’y fait : De façon aléatoire, sans prévenir, le safran décroche avec violence pendant plusieurs secondes, de plus en plus fréquemment, interdisant aux équipiers d’accélérer, risquant de tout casser et surtout de faire chavirer le plus puissant trimaran jamais construit. « A moyen terme, ces vibrations violentes pourraient détruire l’appareil à piloter. Elles sont de plus en plus violentes et fréquentes. Nous ne pouvons pas réparer en mer, ni continuer en course dans de telles conditions, c’est dangereux. C’est hélas simple, nous rentrons à notre base pour examiner les dégâts causés et éviter que ça s’amplifie » confiait Olivier de Kersauson à son PC à terre peu après les premiers décrochages. La mort dans l’âme, ils ont fait demi-tour.

Information Rivacom pour Geronimo. A suivre sur http://www.grandsrecords.com



A la une