Trophée Jules Verne
Orange profil bas samedi à Vannes
Le catamaran sera démâté puis réparé…
vendredi 15 février 2002 –
"Compte tenu du vent qu’il y a actuellement ici, il est impossible pour des raisons évidentes de sécurité d’entreprendre ce démâtage aujourd’hui" [1] a déclaré Gilles Ollier, le responsable du chantier Multiplast et architecte du catamaran lors de la conférence de presse que les hommes d’Orange ont donné en début d’après midi. "Nous ne pourrons réaliser celui-ci que demain matin. Ensuite nous analyserons les morceaux, soit la tête de mât et la partie endommagée. On évaluera ensuite les zones abîmées et celles aussi non endommagées."
La partie cassée de la tête de mât est en effet restée ballante le long du tube pendant toute la journée. Pour entreprendre une première évaluation des raisons qui l’ont fait s’arracher du reste du tube, Bruno Peyron a fait envoyer un homme en tête de mât. Sa mission : photographier et filmer la déchirure. Levé par la grue qui devait déposer le mât, Ronan Le Goff est donc aller filmer la pièce. Puis le film a été étudié confidentiellement par les responsables de l’équipe. Après avoir visionné ces images, Bruno Peyron a insisté sur le fait "qu’il ne faut négliger aucune hypothèse. Pour l’instant nous croisons nos impressions, soit celles des marins que nous sommes et celles des techniciens et des professionnels que sont les gens de Multiplast qui se sont tout de suite mobilisés."
L’équipe reste encore dans l’expectative. Au moment où l’incident s’est produit, soit une demi heure après le top départ, l’équipage venait d’envoyer un genaker en tête de mât. De son côté, la grand-voile était arisée à un ris. Le catamaran filait alors à 27-28 noeuds, quand un grand bruit a fait lever toutes les têtes en l’air. Ils ont pu voir la tête du mât s’arracher dans une poussière de carbone.
"On peut avouer que nous avons tous pleuré au moment de l’accident" a concédé Gilles Chiorri, le chef de quart. "Mais le choc passé, tout l’équipage a retrouvé une force et une motivation exceptionnelle. Le professionnalisme reste le même. A ce titre, il faut dire que quelques minutes après l’accident, Florent (Chastel, n°1 sur le bateau) montait en tête de mât et Vladimir (Dzalda Lyndis, mécanicien et plongeur à bord) avait mis sa combinaison de plongée au cas où il devrait aller à l’eau pour récupérer des parties du mât. Tout cela sans que l’on dise la moindre chose ! Aujourd’hui, nous partageons la même envie de repartir ensemble."
La question est bien entendu : quand ? Reconstruire la partie haute du mât d’Orange, soit les quatre mètres qui séparent le capelage d’étai de la tête de mât, pourrait bien prendre une dizaine de jours. Il faut ensuite remâter le bateau, le convoyer à Brest Brest #brest et attendre une nouvelle fenêtre météo favorable pour prendre la direction du Sud. De plus, plus le temps passe, plus l’automne austral approche et, avec lui, ses vents violents et des icebergs dérivants. Des pièges qui rendraient toute navigation dans les mers du Sud dangereuse, si ce n’est impossible.
[1] Propos recueillis par Pierrick Garenne / Mer & Média
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