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Transat Jacques Vabre

Douze 60’ et sept 50’ open quittent Le Havre

Meilleurs départs pour Cheminées Poujoulat et Défi Vendéen

samedi 5 novembre 2005Information Transat Jacques Vabre

Ils sont partis. Ce samedi 5 novembre à 15h, les dix-neuf monocoques engagés dans cette septième Transat Jacques Vabre Transat Jacques Vabre #TJV2015 - douze 60 pieds Imoca Imoca #IMOCA et sept 50 pieds - ont lâché les chevaux sous les falaises du cap de La Hève, noires d’une foule compacte. Dans un flux de sud-ouest d’une vingtaine de nœuds et une mer déjà relativement formée, les 19 duos se sont élancés pour une partie de saute vagues annoncée musclée. Trois à cinq jours de mauvais temps et de mer forte pointent devant leurs étraves. Ce qui a conduit le comité de course à donner un départ en ligne directe vers le large, sans petit parcours en baie.

Bernard Stamm et Yann Eliès (Cheminées Poujoulat) ont pris le meilleur départ sur la ligne chez les 60 pieds, Jean-François Durand et Karen Leibovici (Défi Vendéen) ont fait de même chez les 50 pieds. Mais très vite, un groupe de six bateaux incluant tous les favoris a pris les devants, le duo Roland Jourdain-Ellen MacArthur (Sill et Veolia) et Mike Golding-Dominique Wavre (Ecover) se disputent l’honneur de mener la danse. C’est déjà le combat des chefs.

C’est parti pour 4340 milles de course trans-océanique. Plus de 8000 kilomètres en duo sur ces concentrés de technologie que sont désormais les 60 et 50 pieds monocoques. Les grains pluvieux de la matinée se sont peu à peu déchirés sur la cité havraise et c’est sous une lumière automnale d’entrée des artistes, dans des conditions pour l’instant maniables (20 nœuds de sud-ouest et mer agitée) que les 19 monocoques engagés dans la Transat Jacques Vabre Transat Jacques Vabre #TJV2015 ont commencé à remonter la Manche, bâbord amures, au près océanique. La grande majorité de la flotte avait opté pour un ris dans la grand voile et trinquette.

Objectif commun : laisser au plus vite les falaises havraises de Sainte Adresse pour pouvoir rêver à une arrivée en Baie de tous les Saints sans avoir à les évoquer tous (les Saints) pour trouver les bonnes trajectoires, tirer les bons bords et optimiser le fonctionnement de la machine. Quadrature du cercle : avec une météo qui annonce deux fronts successifs d’ici mardi, beaucoup de vent et de la mer forte, il leur faudra rester dans le groupe de tête sans trop tirer sur la machine et prendre le risque d’un incident mécanique.

Au top départ - directement vers le large, sans bouée de dégagement donc, à hauteur de la bouée de chenal LH12 - c’est le Cheminées Poujoulat de Bernard Stamm et Yann Eliès qui se montrait le plus malin et surtout le plus rapide sur la ligne. Même chose chez les 50 pieds pour le Défi Vendéen de Jean-François Durand et Karen Leibovici.

Sill et Veolia en tête

Mais au bout des 30 premières minutes de course, un groupe de six 60 pieds ayant opté pour la voilure un ris-trinquette, avait pris environ 500 mètres d’avance sur ceux qui avaient préféré le foc de brise comme voile d’avant. Dans ce groupe de meneurs, très proches les uns des autres, on retrouvait tous les grands favoris : Mike Golding et Dominique Wavre (Ecover), Roland Jourdain et Ellen MacArthur (Sill et Veolia), Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron (Virbac-Paprec), Jean Le Cam et Kito de Pavant (Bonduelle). Brian Thompson et Will Oxley (Skandia). Marc Thiercelin et Eric Drouglazet (Pro-Form) sont là aussi.

Chez les 50 pieds, Artforms, le plan Finot de Kip Stone et Merfin Owen, menait la danse. Au près océanique, les vitesses sont déjà élevées, de l’ordre de douze nœuds. Sur une mer gris acier, c’est déjà du grand spectacle.

Au tout premier classement officiel de 16h, Roland Jourdain et Ellen MacArtur avaient pris la tête.. pour un dixième de mille devant Mike Golding et Dominique Wavre. Mais pour résumer, les quatre favoris à savoir Sill et Veolia, Ecover, Virbac-Paprec et Bonduelle étaient comme alignés sur une ligne de départ, après 10 milles parcourus sur la route directe. Le combat des chefs a déjà commencé et il y a fort à parier qu’il ne cessera pas de sitôt. Les favoris sont là. Et bien là. Chez les 50 pieds, c’était le Gryphon Solo de Joe Harris et Josh Hall qui pointait en tête.

Reste qu’il faudra ménager la monture et les hommes car les conditions vont s’avérer de plus en plus musclées. Pour cette nuit, le météorologue de la course Louis Bodin prévoit en effet un vent de sud-sud-ouest très irrégulier, entre 20 et 30 nœuds, et surtout une houle qui sera de plus en plus forte au fur et à mesure de la progression vers la sortie de La Manche. Dimanche, la mer sera forte avec une houle de sud-ouest de 4 à 5 mètres. Le plus fort est attendu pour lundi et mardi avec des vents pouvant aller jusqu’à 40 nœuds. Il va y avoir du sport. C’est rock’n roll comme dirait le vénérable Little Bob qui profite ce soir de la Transat Jacques Vabre Transat Jacques Vabre #TJV2015 pour fêter ses 30 ans de carrière sur la scène des Docks Océane du Havre.

Bruno Ménard

Juste avant le départ, ils ont dit

Jean Maurel, directeur de course : « toujours un peu d’angoisse »
- « Il y a toujours un peu d’angoisse dans ces cas-là. Nous aurions préféré qu’ils aient 24 ou 48 heures plus calmes au début pour s’amariner. A partir de maintenant, c’est clair qu’on ne va pas beaucoup dormir pendant quatre ou cinq jours, le plus fort étant annoncé mardi avec beaucoup de vent et une mer forte... Les conditions sont dures, ils devront avant tout bien gérer le matériel. Mais tous sont bien préparés et en partant du Havre en novembre, ce n’est pas inhabituel d’avoir ce genre de conditions ».

Jean Le Cam (Bonduelle) : « ne rien casser »
- « On préfère toujours 15 nœuds de vent au portant à 40 nœuds au près. L’idée est de gérer pour être dans le wagon de tête sans rien casser et en ménageant aussi les bonhommes, jusqu’au cap Finisterre... et jusqu’à Bahia ! »

Loïck Peyron (Virbac-Paprec) : « ça va remuer... »
- « On va voir de belles images de grosse mer, ça va remuer mais pas de souci. Avec Jean-Pierre (Dick, NDR), on a déjà fait un peu de brise au près pendant notre qualification et nous sommes performants. La situation météo est intéressante avec deux passages de fronts successifs et des phénomènes qui n’ont pas les mêmes vitesses. Il va falloir bien travailler ça. »

Roland Jourdain (Sill et Veolia) : « mériter notre ticket-soleil »
- Avec Ellen MacArthur, Bilou a le moral : « on va avoir un week-end sportif, pas trop facile mais ça me va : il faut bien qu’on mérite notre ticket vers le soleil. »

Marc Thiercelin (Pro-Form) : « pensez à nous mardi »
- « A chaque fois que je viens, la facture météo est salée. La plus grosse angoisse c’est le matériel, avec la tentation d’allumer pour rester devant. Au début ça va aller, mais pensez à nous lundi et surtout mardi. Ceci dit, on va voir des paysages sublimes, c’est toujours magnifique Ouessant dans des creux énormes. De votre côté, soyez prudents sur l’autoroute. »

Walter Antunes (Galileo) : « je rentre à la maison »
- Pour le seul Brésilien de la course, « c’est une intense émotion de quitter ce ponton après tout ce travail. C’est déjà une grande victoire d’être là... et puis moi je rentre à la maison ! Le mauvais temps va durer quelques jours mais j’ai une grande confiance dans le bateau, ça va aller, rendez-vous à Bahia ! »

Servane Escoffier (Vedettes de Bréhat) : « ça fait chaud au cœur »
- La plus jeune des Escoffier a eu droit à des au revoir familiaux émouvants : « Ce sont des moments importants et quand je vois tous ces gens qui sont venus nous soutenir, ça donne envie de bien faire aussi pour eux. Maintenant, il faut y aller. On part pour 5 jours de mauvais temps et il faudra savoir rester prudents. »



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