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Grand Prix de Fécamp

Karine Fauconnier s’impose sous les falaises de Haute Normandie

Franck Cammas prend la deuxième place sur son nouveau trimaran

dimanche 29 août 2004Information ORMA / Multi Cup 60’

La dernière journée du Grand Prix du Port de Fécamp a encore offert un final à couper le souffle. Le match à trois entre Sergio Tacchini, Gitana 11 et Groupama 2, arbitré par Géant dans le rôle du trouble-fête, a été sans merci. Au départ de la toute dernière course, rien n’était joué entre les trois multicoques. Mais c’est finalement Karine Fauconnier et ses hommes qui s’imposent d’un souffle. Superbe !

Deuxième victoire en grand prix et deuxième victoire d’affilée pour l’équipage de Karine Fauconnier sur Sergio Tacchini après la Transat Québec - St Malo
Photo : G.Martin-Raget/Royale Production

Elle l’attendait son Grand Prix ! Depuis sa victoire sur le fil à Cagliari en 2003, et après avoir frôlé le sacre à la Trinité, Karine Fauconnier s’impose finalement à Fécamp après une première moitié de saison démarrée tambour battant (2e au Grand Prix de la Trinité sur Mer, 5e dans the Transat The Transat #thetransat #ostar , 1re dans la Québec Saint Malo). Il s’en est fallu de peu pour que le scénario incroyable de La Trinité se reproduise et que Groupama 2 arrache la victoire dans la dernière manche. Mais son hook de trinquette cassé en a décidé autrement.

Une dernière manche sous haute tension

« Ce n’est plus de mon âge ! » a lâché le tacticien Luc Pillot visiblement éprouvé -mais heureux- en arrivant à quai. « Quel stress et quel bonheur !" renchérit Karine Fauconnier, radieuse. « La dernière manche était à couteaux tirés. C’était vraiment chaud sur le départ avec Groupama. J’ai essayé de ne pas trop penser au résultat en me concentrant sur la barre, mais c’était très dur pour les nerfs. ».

Le suspens est en effet monté à son comble dans l’ultime manche du jour. Sergio Tacchini et Groupama 2, les seuls à être partis sous trinquette (une configuration obligatoire pour Karine Fauconnier dont le solent s’était déchiré dans la régate précédente) ont navigué en tandem pendant une grande partie de la régate. A mi-parcours, Groupama 2 était virtuellement en route pour la victoire avant que son avarie ne lui enlève tout espoir.

Franck Cammas et ses hommes terminent à égalité de point avec Gitana 11. Le nombre de victoires départageant les ex æquo, ils montent donc sur la deuxième marche du podium.

« On n’a jamais vu un bateau neuf gagner un Grand Prix » avait prédit Franck Cammas. Les faits ont bien failli le contredire. Car force est de constater que Groupama 2 a superbement réussi son entrée en scène. Les bonnes fées ont du se pencher sur les plans de ce trimaran vert signé Van Peteghem-Lauriot Prévost. Grâce à leur aisance à remonter au vent et leur grande vitesse Vitesse #speedsailing au portant, Franck Cammas et son équipage étaient les seuls à pouvoir s‚autoriser quelques fautes de navigation. C’est dire s’ils sont dangereux dès qu‚ils retrouvent leur savoir-faire. Ils en ont fait la démonstration ce dimanche sous les falaises. Ils remportent en effet haut la main deux des trois parcours banane disputés dans un vent soutenu (15 noeuds fraîchissant 20-25 noeuds en cours de journée).

Gitana 11 s’affirme comme un des favoris

Leurs adversaires, en revanche n’ont pas eu droit à l’erreur. Une layline mal calculée, une voile mal bordée, une manoeuvre hasardeuse et ce sont très vite des places perdues.

« Quand tu es devant, avec du vent frais, les choses ont souvent tendance à jouer en ta faveur. Lorsque tu es derrière, la moindre petite épine peut se transformer en enchaînement catastrophe » avouait Yann Guichard le tacticien de Gitana 11. Les hommes de Fred Le Peutrec, ont certes perdu une place aujourd‚hui, mais ils signent à Fécamp un superbe Grand Prix et confirment leur statut de grands favoris.

Les trimarans de 60 pieds bord à bord sous les falaises de Fécamp
Photo : G.Martin-Raget/Royale Production

Le jour de Géant

Ce dimanche était aussi la journée de Géant. Perplexes ce matin quant à leurs performances dans le petit temps, Michel Desjoyeaux et ses hommes ont été sans complexes dans des conditions ventées. Ce dimanche, ils ont retrouvé des ailes et sont venus semer la zizanie dans le ménage à trois formé par Sergio Tacchini, Gitana 11 et Groupama. A défaut de pouvoir entrer dans le trio de tête, Géant a été le véritable arbitre de ce podium et le grand animateur de la journée qu’il termine d’ailleurs sur une victoire de manche.

Géant (Michel Desjoyeaux) glisse bâbord amurre sous Sopra Group (Philippe Monnet)
Photo : G.Martin-Raget/Royale Production

Revue des troupes

Derrière, le peloton est resté très serré jusqu’au bout et s‚est battu sur des petits riens, sans parvenir à inquiéter le trio de tête. En Grand Prix, ce sont une multitude de détails qui font la différence, tant le niveau de régate est devenu élevé. Le différentiel de progression entre les bateaux est mince mais déterminant, qu’il s’agisse du maniement des trimarans entre deux bouées, ou des avancées techniques réalisées.

Cinquième au classement général, Foncia est en progression depuis le Grand Prix de la Trinité, même si Alain Gautier évoquait un nécessaire programme de modifications pour améliorer les performances de son bateau. Sébastien Col, son tacticien, insistait quant à lui sur les progrès à faire en régate : « il y a deux ou trois bateaux au dessus du lot. Par à rapport à la Trinité, nous faisons moins d’erreurs de navigation, mais nous devons encore nous améliorer à tous les niveaux et prendre plus d’aisance dans les situations de contact. »

Derrière, Banque Populaire a été capable de belles manches (une place de 2e samedi) et de jolis coups tactiques mais reste trop irrégulier pour transformer ces quelques étincelles en une place correcte au classement général. L’équipage, en partie recomposé, doit aussi apprendre à naviguer ensemble.

Banque Covefi termine en septième position. Thierry Douillard, responsable technique et équipier du bateau, en explique les raisons : « nous sommes moins véloces que les leaders, avec un petit déficit de vitesse Vitesse #speedsailing au portant. Nous devons progresser dans de nombreux compartiments du jeu Jeu #jeu et être patients car c’est seulement notre deuxième Grand Prix sur le bateau. Mais si nous ne prenons pas d’excellents départs et si nous ne naviguons pas proprement, ce sera difficile de rentrer dans les trois premiers. »

On attendait mieux aussi de Sodebo, 8e de ce Grand Prix, qui n‚a pas pris le départ de la dernière manche pour cause de winch cassé. Son skipper Thomas Coville est déçu mais reste rationnel : « c’est frustrant de ne pas faire un bon résultat, mais nous essayons de faire bonne figure et d’assumer nos choix concernant le bateau, plus à l’aise en course au large. Les multicoques continuent à progresser énormément et tout se joue sur des petits détails, c’est d’ailleurs ça qui est passionnant en Grand Prix. » .

En retrait à Fécamp, Sopra Group a eu du mal à décoller de la neuvième place si ce n’est dans la dernière régate du jour. Les multiples changements d’équipage sont certainement un frein à la progression du bateau qui cherche encore son rythme en Grand Prix.

L’Hydratruc d’Yves Parlier plante... et a bien failli finir comme le trimaran de Marc Guillemot...
Photo : G.Martin-Raget/Royale Production

Enfin Mediatis Région Aquitaine, seul catamaran de la flotte est un cas à part. Certes, l’épreuve de Fécamp était une première et le bateau doit encore être apprivoisé en équipage sur les régates entre deux bouées. Mais comme Yves Parlier le pressentait, les régates en baie ne sont peut-être pas un format idéalement adapté à son hydraplaneur. Le Grand Prix du Port de Fécamp est d’ailleurs son premier et dernier Grand Prix de la saison : l’équipage sera absent à Calvi et Marseille.

Pour Gitana X qui a chaviré vendredi dernier, c’est aussi l’incertitude quant à la suite du programme méditerranéen. Retourné ce matin dans le port de Fécamp, le trimaran dont la plate-forme est quasiment intacte sera remorqué lundi vers la Bretagne.

L’équipage de Marc Guillemot est sain et suf mais en mauvaise posture...
Photo : Ch.Guigueno / Pipof.com/voile

• Le classement général du Grand Prix du Port de Fécamp après 7 manches

- 1- Sergio Tacchini (Karine Fauconnier), 1 + 1 + 2 +3+2 + 4+3 = 16 points
- 2- Groupama 2 (Franck Cammas), 3 + 5 +3 +1 +1 +1 + 4 = 18 pts
- 3- Gitana 11(Fred Le Peutrec), 2 + 3 +1 +2 + 5 + 3 + 2 = 18 pts
- 4- Géant (Michel Desjoyeaux),7+6 +5 +8 + 3 + 2 + 1 = 32 pts
- 5- Foncia (Alain Gautier), 4+7+4 +5 + 8 + 5 + 5 = 38 pts
- 6- Banque Populaire (Lalou Roucayrol), 5+2+12 (DSQ) +6+4 + 6 + 8 = 43 pts
- 7- Banque Covefi (Stève Ravussin), 6+4 +7 +7+ 7+ 8 + 7 = 46 pts
- 8- Sodebo (Thomas Coville), 8+8+6 +4 + 6 + 7 + 12 (DNS) = 51 pts
- 9- Sopra Group (Philippe Monnet), 9+ 9 +8 +9 + 9 +9+ 6 = 59 pts
- 10- Mediatis Région Aquitaine (Yves Parlier), 12+12 +12 +12+10 +10 +9 = 77 pts
- 11- Gitana X (Marc Guillemot), 12+12 +12 +12 +12 +12 +12 = 84 pts

• La suite du programme 2004 pour les multicoques 60’

- Grand Prix de Corse Calvi : 23-26 septembre 2004
- Grand Prix de Marseille Métropole : 30 septembre-3 octobre 2004


- Karine Fauconnier - Sergio Tacchini - 1re : « Quel bonheur, mais quel stress ! Surtout à la dernière manche où le film de la Trinité ne pouvait pas se répéter. Au départ, c’est très chaud avec Groupama, on a vraiment faillit « aller au carton ». Ensuite le Grand Prix se jouait sur chaque bord. Alors j’ai arrêté de penser au classement et je me suis concentrée sur la barre. Je suis d’autant plus contente que nous avons eu quelques soucis techniques. A la première manche, notre système de remontée de dérive ne fonctionnait plus et à la seconde, nous cassons une écoute du solent (voile d’avant) et la voile se déchire. Heureusement, le vent a forcit pour la troisième et la trinquette suffit. Je suis heureuse pour toute l’équipe. Un nouvel objectif est atteint. La victoire ne pouvait pas nous échapper une seconde fois. C’est un atout énorme d’avoir cette « dream team » fidèle et complice... Et puis cette nuit, j’avais rêvé de la victoire ! »

Info Julia Huvé

- Franck Cammas - Groupama 2 - 2e : "Nous avions un point de retard sur Karine [avant le départ de cette 7e manche]. Nous devions la battre pour remporter le Grand-Prix. Alors que nous sommes devant à l’approche de la première bouée au vent, l’écoute de trinquette surpatte sur le winch. Du coup, elle nous passe devant. Nous la repassons au bord de vent arrière et sommes bord à bord dans le deuxième près quand la sangle de têtière de la trinquette casse. Le temps de l’affaler et d’envoyer le Solent, Tacchini était loin devant et trois autres bateaux nous avaient passés. Nous étions virtuellement troisième du classement général. Nous nous sommes battus pour doubler Sopra et Foncia et finalement franchir la ligne à quelques longueurs de Tacchini qui finit troisième derrière Gitana XI et Géant... [Lors du grand prix] nous n’avons pas très bien navigué, notamment le deuxième jour. Nos départs étaient calamiteux et notre stratégie pas très efficace. Malgré tout, nous sommes restés en lice pour la première place jusqu’à la fin. C’est très encourageant pour la suite de la saison... Nous sommes super contents du bateau. Il est vif, très rapide au portant et capable de faire beaucoup de cap au près. Il nous reste à l’apprivoiser pour en tirer le maximum. Mais c’est vraiment un bon bateau, tant dans le petit temps que dans la brise... Sergio Tacchini et Gitana XI étaient sans conteste nos deux principaux concurrents. Les autres étaient souvent assez irréguliers, notamment Géant qui remporte la dernière manche... Nous rentrons demain à Lorient avec Charles Caudrelier qui a déjà fait le convoyage aller. Puis nous descendons en Méditerranée pour le Grand-Prix de Calvi et celui de Marseille fin septembre et début octobre... [Au championnat ORMA] Nous nous rapprochons de Géant qui n’a plus que quatre points d’avance et nous en avons encore deux sur Karine. La fin de saison promet d’être chaude".

Info Vincent Borde

- Fred Le Peutrec - Gitana 11 - 3e : « Cette 3e place au général montre que tout le travail effectué par le Gitana Team depuis le début de la saison porte ses fruits, souligne le skipper de Gitana 11. L’arrivée de Yann Guichard à la tactique, la meilleure connaissance que j’ai du bateau après deux transats, plusieurs séries entraînements et de convoyages, la cohésion grandissante de l’équipage, notre nouvelle grand voile « à corne » et une équipe de préparateurs de haut niveau sont autant de facteurs qui participent à notre progression dans le classement du Championnat Orma 2004. Il reste encore deux épreuves en Méditerranée, le Grand Prix de Corse dans trois semaines et le Grand Prix de Marseille. A nous de continuer notre progression. Nous avons le mental et le bateau pour. Le résultat de ce Grand Prix de Fécamp est très encourageant pour l’ensemble du Gitana Team. »

Info Anne Massot

- Michel Desjoyeaux - Géant - 4e : « Enfin ! Finir par une victoire de manche nous remet vraiment du baume au cour. Cette dernière journée nous permet de relever la tête par rapport à notre journée d’hier et nous remet dans le coup pour la fin du Championnat ORMA. Le bilan de ce Grand Prix de Fécamp est largement positif sur le plan humain. L’équipage fonctionne bien, il a fait preuve de fluidité dans les manouvres et de beaucoup de combativité. Par contre, je n’ai jamais été à l’aise dans le petit temps et je pense que cette épreuve confirme cela. Puis Géant a une nouvelle fois prouvé tout son potentiel dans la brise. C’est vraiment dans ces conditions plus musclées que nos bateaux s’expriment ! Aujourd’hui, nous prenons des bons départs, exception faite de la première manche où je suis trop pressé sur la ligne, et nous trouvons tout de suite la vitesse. Christian Ponthieu, le nouveau tacticien du bord, n’avait jamais navigué sur des gros bateaux mais s’est extrêmement bien adapté. C’est aussi le cas de Christophe Espagnon qui occupait le poste d’embraqueur pour la première fois. Ils sont dans l’esprit de l’équipe. »

- Christian Ponthieu, Tacticien de Géant : « Il m’a fallu un petit temps d’adaptation mais aujourd’hui j’étais déjà plus à l’aise dans mon rôle. Cette première expérience à bord d’un multicoque est très positive. Ce n’est pas toujours facile de s’imposer face à 10 personnes mais tout s’est passé en douceur et j’ai hâte de retourner naviguer. Demain, je pars en convoyage pour la Méditerranée et je pense que cela m’aidera à m’imprégner un peu plus du bateau. Par exemple, cela me permettra de barrer et ainsi je pourrais mieux comprendre les sensations et les attentes de Mich. »

Info Effets Mer - Tiphaine Combot-Seta

- Stève Ravussin - Banque Covéfi - 7e : « On prend deux mauvais départ aujourd’hui et ensuite même en cravachant on ne peut pas revenir. J’ai voulu prendre trop de risque. D’autant qu’on ne maîtrise pas encore parfaitement le bateau. L’équipe est jeune et ce n’est que notre deuxième Grand Prix à bord de Banque Covefi. On a encore du travail mais on a également beaucoup à gagner dans de nombreux compartiments du jeu. On fait encore beaucoup d’erreurs c’est sûr, trop certainement mais même si ce grand prix ne restera pas dans les annales en ce qui concerne le trimaran Banque Covefi, il y a toutefois de nombreux points positifs à en tirer. L’équipage est en progrès permanent. Cela se ressent énormément dans les manœuvres, tout est beaucoup plus fluide. Nous avons encore parfois du mal à faire la différence avec nos petits camarades mais au contact, ça joue... Nous avons été vraiment handicapés par notre grand-voile, à ce niveau de la compétition, on n’a pas le droit à l’erreur. Mais je suis plutôt optimiste concernant Calvi et Marseille car nous aurons cette fois notre nouvelle grand voile de Grand Prix. Il est évident que nous avons de nombreux points à améliorer mais si on travaille et qu’on maintient le même rythme à bord, on devrait être plus que dans le match ! »

Info Bénédicte Etienne

- Thomas Coville - Sodébo - 8e : « Je suis extrêmement déçu, on s‚en doute. Ce n’est pas parce que le bateau est typé large qu’on termine 8e. On fait trop de petites erreurs, d’imperfections. On a choisi un agenda d’évolutions pour les Grand prix comme une grand-voile neuve ou une dérive nouvelle qui seront effectives l’an prochain. Cette année, on a privilégié le large. En vitesse pure, on est dans le match voir plus rapide. On peut vraiment aller très vite. C’est un des points positif »

Info Corinne Renié-Péretié



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