Yann Elies (Generali) remporte sa troisième étape sur la Solitaire (archive prologue)

Photo : Ch.Guigueno / Pipof.com/voile

Quel suspense ! Et bien malin celui qui, à mesure que la flotte se rapproche du but, s’ose au moindre pronostic. Qui sera sacré(e) roi (ou reine) d’Angleterre ? Car mercredi après-midi, les pointages se suivent et s’accordent pour dire que les solitaires progressent groupés, au point de laisser la porte ouverte à tous paris. A quelques encablures de l’arrivée, seule certitude : le podium va se jouer à dans les ultimes risées et bouffées d’air. A 18h30, à la bouée Owers, Dominic Vittet (ATAO Audio System) pointe en tête devant Erwan Tabarly (Thales), Antoine Koch (Nobody), Jérémie Beyou (Delta Dore) et Thierry Chabagny (Le Caennais Blochon-Martin). Au passage de Pullar, faites vos jeux un nouveau groupe mène la danse à petite cadence, à 4,5 nœuds sur le fond. En tête, on croise de nouveau Yann Eliès (Groupe Générali Assurances), Benoît Petit (Défi Santé Voile), Jérémie Beyou (Delta Dore), Antoine Koch (Nobody), Marc Lepesqueux (Maisons Pierre) ou encore Samantha Davies (Skandia), auteur d’une superbe remontée dans ses eaux. On prend les mêmes et on recommence... dans le désordre ! Il reste encore 10 milles à courir jusqu’à la ligne mouillée sous haute tension, alors que les solitaires buttent contre le courant contraire.

Mais, régatier affûté, rompu aux batailles à armes égales, Yann se faufile devant et tire le meilleur de son monotype Monotype #sportboats dans les faibles souffles d’air. Voilà « l’insolent du Solent » qui signe à Portsmouth, après s’être imposé sur la Générali Méditerranée, sa troisième victoire d’étape sur la Solitaire Afflelou Le Figaro (voir dans les Echos). C’est peu dire que le jeune Briochin a le vent en poupe et n’a pas son pareil pour décrocher tous les lauriers. Il s’impose in extremis devant Antoine Koch (Nobody) et Jérémie Beyou (Delta Dore), au terme d’un parcours mené avec l’intensité d’une régate au contact. A noter que Jean-Luc Nélias (Chauss-Europe), 9^e, décroche la première place chez les bizuths.

On connaît désormais la suite et le dénouement en terre anglaise. Cette première « Manche » se solde donc sur des infimes écarts, puisque les solitaires font leur entrée à tour de rôle à quelques précieuses secondes près, à l’issue d’un parcours que tous annonçaient pourtant comme celui de tous les dangers. Le suspense aura duré jusqu’au bout de la ligne. C’est le « ouf ! » de soulagement pour beaucoup, qui voient que les compteurs ne sont pas loin de rester zéro. Les dix premiers se sont en effet succédés à Portsmouth en moins de 10 minutes. Ce qui rend la victoire de Yann Eliès encore plus belle !

Laure Faÿ

• Yann Eliès : jamais deux sans trois...

A 30 ans tout ronds, Yann Eliès maîtrise tout l’art et la manière de la navigation solitaire. Le voilà déjà triple vainqueur d’étape sur la Solitaire Afflelou Le Figaro. A se rafraîchir les mémoires iodées, on se rappelle en effet qu’il s’était imposé dans l’ultime étape à Cherbourg à l’issue de l’édition 2002 remportée par Kito de Pavant. L’année dernière, Yann récidivait sur la première étape, à Gexto-Bilbao, après une remontée en fanfare sur la tête de flotte partie des Sables d’Olonne. Le cru 2003, qui a vu le sacre d’Armel Le Cléac’h à 13 secondes près, se soldait ensuite avec un peu moins de réussite pour Yann. Mais c’est de l’histoire Histoire #histoire ancienne et de trois pour le Breton ! On comprend surtout que celui qui entend, dans le sillage de son père Patrick vainqueur en 1979, accrocher la reine des épreuves en solitaire à son palmarès, a retrouvé toute sa fougue. S’il reste trois étapes à courir et si rien n’est joué à l’issue de ce premier parcours, disons que Yann semble bien lancé !

 Yann Eliès (Groupe Générali Assurances) : « C’est un vrai plaisir tellement cette victoire est une surprise. C’est un peu comme si j’avais gagné le Figaro (rires...) Je tombe un peu des nues parce que ce matin c’était un peu la soupe à la grimace : je n’étais pas très bien, 15^e, après une nuit de pétole avec des vents erratiques. Mais en ce moment tout me réussit, paraît que c’est la confiance. J’espère quelle ne va pas me lâcher. Maintenant, il ne faut pas s’enflammer, c’est une victoire d’étape qui ne crée pas beaucoup d’écarts, comme à chaque fois que je gagne une étape. Mais un de ces quatre, je vais bien finir par en gagner une qui assomme tout le monde et celle-là, ce sera la bonne ! »

 Antoine Koch (Nobody) : « C’est rassurant cette deuxième place après deux ans, sans Figaro, un peu entre parenthèses. C’est surtout la première course du bateau. C’est une bonne surprise. Il n’y a pas du tout d’écarts en temps, c’est juste le prologue, qui se termine bien. Le fait que je navigue avec une coque blanche (vierge de partenaires, ndlr), cela fait partit des aléas du métier : il y a des hauts et des bas. Ces bas-là, il faut savoir les oublier - et les sacrifices - qui vont avec pour se concentrer sur la suite de la course. »

 Jérémie Beyou (Delta Dore) : « On n’a pas chômé cet après-midi ! C’est une étape avec peu des mini-écarts. Quand, c’est serré comme ça, chacun a sa chance. Derrière, il ne faut pas baisser les bras Je n’étais pas au mieux ce matin, mais je ne me suis pas découragé... pour une fois. Et ça a payé. Je suis content. Mais vu la météo, avec du vent portant, qui revenait par derrière, cela ne devait pas créer beaucoup d’écarts. Des si petits écarts sur La Solitaire, cela devient une tradition. C’est un peu usant, tout le monde à la même vitesse Vitesse #speedsailing et tout le monde est à fond. Pour faire du gain, il faut bien régler, bien barrer et retirer toutes les algues... il faut bien travailler ! »