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Québec - St Malo

Desjoyeaux mène la flotte des multicoques à l’entrée de l’Atlantique

Onze trimarans concentrés dans un mouchoir de poche de 11 milles

mardi 13 juillet 2004Redaction SSS [Source RP]

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Géant mène la flotte des multicoques Orma mais onze trimarans sont concentrés dans un mouchoir de poche de 11 milles au classement de 15 heures ce jour. • Groupama a cassé son safran bâbord (gauche) en heurtant un « gros poisson » et compte s’arrêter vers Saint-Pierre et Miquelon pour le changer. Un safran de secours avait été embarqué au cas où. • Les conditions de vent assez mal établies aident les uns pour punir les autres. Vent de Sud de 20 nœuds propulsant les uns un temps, ce dernier tombe d’un coup pour mieux se rétablir au Sud-Ouest. La flotte devrait doubler Saint-Pierre et Miquelon dans la nuit. • Côté 50 pieds, Crêpes Whaou ! reste le leader en classe multicoques et Ciment Saint-Laurent a pris la tête de la flotte des monocoques de Classe 2. 

Photo : B.Stichelbaut

« Nous naviguons actuellement à 30 nœuds juste en appui sur le foil Foil #foil du flotteur sous le vent » lâche Vincent Riou sur Géant. Un Géant qui a pris le commandement de la flotte au pointage de 15 heures ce jour. Mais la chasse est lancée et derrière Groupama, Tim Progretto Italia, Foncia, Sergio Tacchini et Banque Covefi sont à moins de 5 milles du leader. La sortie Atlantique va réellement prendre des allures de nouveau départ avec onze bateaux concentrés en moins de 12 milles. Seule ombre au tableau : l’avarie survenue sur Groupama lors de la vacation radio du jour. « Nous avons touché quelque chose... » lâchait Franck Cammas à 11h30. En fait, il s’agit du safran bâbord (gauche soit sous le vent) qui a cassé au contact d’un poisson. Groupama envisage de faire un « pit stop » vers Saint-Pierre et Miquelon pour changer l’appendice cassé, l’équipage ayant à bord un safran de secours.

Bel effet d’élastique en ce mardi 13 juillet sur la flotte Orma. Alors qu’un groupe de tête s’échappait ce matin, voilà que l’arrière garde a fait un saut de géant sur le groupe de tête juste avant de doubler la pointe Sud des Iles de la Madeleine. Et là où le groupe de tête du moment composé de Groupama, Géant, Sergio Tacchini, Tim Progretto Italia, Foncia et Sodebo bataillaient au près, Banque Covefi, Gitana 11, Banque Populaire, Sopra Group et Gitana X filaient sur un seul bord vers les Iles de la Madeleine à laisser à bâbord (gauche). Du coup, onze multicoques sur douze bataillent maintenant dans un mouchoir de poche de 12 milles juste au large de la pointe Nord de l’Ile de Cape-Breton. « Nous étions un peu décrochés hier soir et maintenant nous voilà dans le groupe ! » lâche Stève Ravussin (Banque Covefi) ce midi. « Là, nous naviguons entre 27 et 30 nœuds et c’est assez paisible car la mer est plate. Il faut dire que l’on a un bon barreur en ce moment avec Laurent Bourgnon. On est tous à fond sur la même ligne, c’est génial ! ». Même ambiance sur Banque Populaire via la voix de Gilles Favennec : « On a fait trois quatre à heure à fond de balle à 30 nœuds ! On a des conditions excellentes avec cette mer plate. Là, on fait route sur Saint-Pierre et Miquelon. Nous avons Sopra Group en visuel et derrière on pense que ce sont Gitana X et Gitana 11. Je pense que l’on devrait buter sur un système météo mais pour l’instant nous devrions avoir un vent de Sud-Ouest avec des petits moments de mou... ». « Le vent de Sud est rentré comme nous l’attendions » analyse de son côté Vincent Riou, le navigateur du moment sur Géant, le bateau vainqueur de la dernière Transat Anglaise. « Nous avons 20 nœuds de vent actuellement et les conditions sont sympa sur cette mer plate. Nous sommes au reaching (vent de travers) sous solent et grand voile haute et cela va vite. Groupama est juste derrière nous. La tête de la flotte est assez groupée et depuis le départ de cette Transat Québec-Saint Malo, c’est une régate permanente ! ». Le futur proche ? « Nous devrions avoir ces conditions là jusqu’à Saint-Pierre et Miquelon. Ensuite nous devrions nous placer sur la face Nord de l’anticyclone des Açores qui est assez haut et bien calé. Nous devrions alors bénéficier d’un flux d’Ouest assez organisé. Pas de conditions extrêmes prévues mais des conditions intéressantes pour naviguer ». Et si le vent devrait tourner progressivement au Sud-Ouest et permettre à la flotte de tête de progresser rapidement vers la porte de sortie Atlantique, Yves Parlier sur Médiatis-Région Aquitaine souffre toujours plus : 236 milles de retard sur le leader après 48 heures de course. « Nous n’avons vraiment pas de chance. Du vent arrière dans le fleuve du Saint-Laurent et maintenant du près pour passer la marque de parcours le long de la Gaspésie. On espère que les 60 pieds vont un peu s’arrêter avant l’anticyclone et que nous nous allons bénéficier d’une dépression que l’on devrait toucher avant eux. Cela nous permettrait peut-être de revenir au contact... Mais on devrait rapidement accélérer une fois la bouée Percé passée ».

Safran gauche de cassé sur Groupama...

C’est vers 11h45 (heure française) que Groupama a cassé son safran sous le vent (gauche) alors qu’il naviguait à 28 nœuds bord à bord dans le groupe des leaders. « Franck Proffit était à la barre et moi au téléphone avec le PC Presse quand il y a eu un choc assez violent » explique Franck Cammas.« Nous avons à priori heurté un gros poisson et cassé le safran de flotteur bâbord qui était sous le vent. C’est dommage mais nous en avons un de secours à bord de Groupama. Nous allons donc profiter du passage de St Pierre pour le mettre en place. L’opération devrait être assez rapide ». Distant de 140 milles à 16 heures ce jour, Groupama devrait donc aller se mettre à l’abri pour pouvoir changer le safran endommagé. Un équipier devra alors se mettre à l’eau pour présenter le safran de secours. Groupama, qui a joué depuis le coup de canon libérateur dans le groupe de tête, devrait donc s’arrêter dans une dizaine d’heures près de l’archipel français.

Et si la flotte Orma devrait doubler Saint-Pierre et Miquelon vers 3 heures demain matin (à 14 nœuds de vitesse Vitesse #speedsailing moyenne), il est difficile de pronostiquer un ordre de passage au large du cap Race (pointe Sud-Ouest de l’archipel français). En effet, le coup d’élastique de ce matin pourrait une nouvelle fois se reproduire dans ces conditions de vent assez erratiques et irrégulières. Le vent de Sud devrait tourner au Sud-Ouest mais au classement de 15 heures, on se rend compte que les vitesses moyennes décroissent une nouvelle fois. Un coup de pouce devant, un coup d’épaule derrière, la vigilance et la réactivité vont être de mise avant de toucher les régimes météo mieux établis sur l’Atlantique. Une sortie Atlantique qui approche puisque demain, le terrain de jeu Jeu #jeu va largement s’ouvrir. Côté 50 pieds, l’un avance pendant que l’autre... recule. Et si Crêpes Whaou ! mène toujours la danse, son avance a fondu avec 1,8 petits milles sur Jean Stalaven à 15 heures au lieu des 45 milles à 3 heures ce matin. Côté monocoques 50 pieds, le local de l’étape Ciment Saint-Laurent a glissé devant Marina Fort Louis-Ile de Saint Martin (lire Ils ont dit). Le canadien Georges Leblanc compte 7,4 milles d’avance sur Luc Coquelin lui-même à 0,1 mille de Roger Langevin sur son Branec III. A noter que la flotte des 50 pieds n’a pas encore quitté les rives de la Gaspésie.

- Stephan Fodor (Sodebo) : « Nous avons un vent de 27 nœuds et naviguons à 21 nœuds. Nous venons de dérouler le gennaker. C’est vrai que nous avions beaucoup de retard hier soir mais ce matin nous sommes assez satisfaits d’être revenus au contact du groupe de tête. C’est vrai qu’il n’y a pas énormément de place à bord ! Notre américain du bord (Cam Lewis) avec ses 2 mètres 06 prend un peu de place mais on y arrive... (rires). Autrement le bateau est très sec, la mer est plate ».

- Thierry Brault(Sopra Group) : « Cela glisse à bord car il y a eu une petite fuite d’huile. Nous sommes sous gennaker et l’on navigue à 18/20 nœuds en ce moment. Ensuite, on devrait être au reaching jusqu’à Saint-Pierre et Miquelon. C’est au départ que nous n’avons pas été très inspirés. Nous avons pris le chenal Nord alors que tous les autres sont partis dans le Sud. Cette option n’a pas payé... ».

- Gilles Favennec (Banque Populaire) : « L’ambiance à bord est excellente. Nous avions fait le convoyage ensemble déjà pour bien apprendre à nous connaître. Les systèmes de quart fonctionnent bien et nous sommes très solidaires les uns des autres. La bouteille de vin rouge de Lalou ? Oui, elle a été débouchée... ».

- Yannick Bestaven (Médiatis-Région Aquitaine) : « Nous tirons des bords le long de la côte de la Gaspésie. C’est vrai que c’est dur de s’être fait lâcher comme cela dans le Saint-Laurent. Mais, nous avons eu du près dans le petit temps et ce n’est vraiment pas notre allure favorite. Nous ne sommes pas très loin des 50 pieds et c’est vrai que ce n’est pas très bon pour le moral mais la course n’est pas terminée ! ».

- Stève Ravussin (Banque Covefi) : « Il y a une super ambiance à bord. Il faut dire que l’on se connaît tous très bien et c’est très important. On est tous potes ! J’adore vraiment cette transat... Il n’y a pas vraiment de quarts d’organisés à bord. Chacun va se reposer quand il le juge utile ».

- Isabelle Magois (Marina Fort Louis-Ile de Saint Martin) : « Nous avons vu Ciment Saint-Laurent nous passer. Il était à trois mètres de nous et il a profité d’une veine de vent et de courant et il est parti. C’est incroyable parce qu’à dix mètres près, tu n’as pas les mêmes conditions. Il y a de gros effets de côtes et tout d’un coup tu peux te retrouver à 12 nœuds. Mais rien n’est terminé ! Autrement, nous avons eu un banc de bélougas juste à l’avant du bateau tout à l’heure ».

- Thierry Demachy (Gifi) : « Nous sommes tombés dans une zone sans vent dans la nuit. Nous avons même reculé et tourné sur nous-même plusieurs fois pendant un moment ! C’est la grosse angoisse en fait ces conditions de vent... Tu vois les bateaux qui passent à côté de toi, impuissant. Nous étions deuxième et nous voilà maintenant quatrième ».

Pierrick Garenne 


Voir en ligne : http://www.quebecsaintmalo.com


• Classement à 15 heures

Multicoques Orma : 1. Géant (à 2334,1 milles de l’arrivée) ; 2. Groupama (à 1,1 milles du leader) ; 3. Tim Progretto Italia (à 1,1 milles du leader)

Multicoques Classe 2 : 1. Crêpes Whaou ! (à 2539,2 milles de l’arrivée) ; 2. Jean Stalaven (à 1,8 milles du leader) ; 3. Nootka (à 5,1 milles du leader)

Monocoques Classe 2 : 1. Ciment Saint-Laurent (à 2739,6 milles) ; 2. Marina Fort Louis-Ile de Saint Martin (à 7,4 milles du leader) ; 3. Branec III (à 7,5 milles du leader)



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