Sea, Sail & Surf news

Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

Open 60

Antoine Koch en route vers Le Cap

Journal de bord d’un duo en hémisphère sud

lundi 6 janvier 2003Christophe Guigueno

Cinquième de la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum à la barre de son monocoque de 60 pieds, le jeune skipper parisien a décidé de ne pas passer les fêtes comme les autres. Architecte naval, ingénieur et Figariste de talent, le jeune homme a décidé d’aller affronter les mers du sud afin de se prérarer en vue du Vendée Globe... 2004.

Il est donc parti de Pointe à Pitre avant Noël avec un équipier. Ensemble, ils ont lancé "L’Imprononçable" (l’Héautontimorouménos pour les fidèles, l’ex-Fila de Giovanni Soldini pour les spécialistes !) le 21 décembre dernier vers l’Afrique du Sud. Tous les jours, il compte sa vie à bord à son PC terre animé par Magalie. Extraits :

31 décembre

"On a débouché une bouteille pour les fiançailles hier, on a même de l’avance sur vous. C’est aujourd’hui qu’il faut prévoir les bonnes résolutions de demain, pensez-y. Chez nous, mêmes conditions de nav, tribord amure. Le Fou de Bassan, notre pote, se rapproche de plus en plus de notre loft, donc tout va bien.
- Position à 10h30 TU : 1°55S / 36°05W à 7noeuds dans le 80°, à 3592 milles du Cap."

01 janvier

"On s’est fait un gueuleton hier soir, à faire pâlir d’envie n’importe quel Terrien... Apéro : krill (dico pour certains...) avec un coup de rouge. Repas : alors là, c’est du sérieux : confit de canard du Sud-Ouest (pêché la veille), haricots verts frais, le tout arrosé généreusement d’un Montagne St-Emillion Grand Cru (Château l’Océan 2002), à vous en faire péter la panse. Même qu’il en reste encore... Un pur et simple délice, une caresse de la vie sur cet océan de mer, une joie simple mais ô combien succulente. Parfait. Nous avons passé une bonne soirée à discuter, aussi, on était heureux d’être là. Désolés si on manquait à certains et surtout certaines à terre. Promis, on vous revaudra ça, on vous montrera les photos... Donc, pour nous et contrairement à vous, l’année commence très bien, pas de mal au casque, pas de maux d’estomac, pas de bouche pâteuse, bref, une bonne année, une bonne bouffe juste ce qu’il faut.

Donc voilà, il fait beau et chaud, cet été... Pas mal pour un mois de janvier. Et vous ? On est au près, bâbord amure (on a viré il y a 1heure), il y a des poissons volants, des méduses voiliers (très belles) et toujours not’ pote le Fou d’Bassan (qui s’approche de plus en plus parce qu’Eric l’apprivoise. Vous aurez deviné le menu du déjeuner du premier janvier : Fou de Bassan aux algues à la façon Yves Parlier).

On devrait voir l’Archipel Fernando de Noronha en début de nuit prochaine (à 200M à l’Ouest de la corne do Brasil-mi-Amor). On est à 3488M du Cap (notez bien, on était à 5500M en Guadeloupe. On a donc franchi la barre de 3500M, pas anodine, puisque c’était la distance de la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum . Reste à savoir si on fera la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum qui nous reste à parcourir à la vitesse Vitesse #speedsailing de Macarthur ou de Monduteguy... voilà pour l’ETA), on avance à 7noeuds sur le fond, au 164°, on arrive donc, c’est sûr !"

- Position à 11h22TU : 1°37S / 33°36W.

02 janvier

"Fernando de Noronha, par le travers à 20 miles à 8h45 TU. Eric la voit peut-être dans ses songes. Parce que moi, de quart sur le pont, je ne vois rien. Avant l’aube, la lueur d’un phare. Après l’aube, un nuage planté au dessus de l’île. Rien de vraiment tangible. On ne peut pas éluder la question : cette île existe-t-elle réellement, n’est-elle pas un délire de géographe ? parce que, par rapport à l’immensité qui nous entoure, passer si proche d’une île et ne pas la voir, c’est louche...

Maintenant, on va pouvoir passer la pointe du Brésil grâce à un long bord bâbord vers le Sud/Sud-Est. Ca va durer pendant 4 jours. Puis après, le vent devrait adonner et nous, tourner vers la gauche et l’Afrique du Sud. Ensuite, ça pourrait s’accélérer si on réussit à accrocher une des dépressions qui circulent d’Ouest en Est au Sud de l’anticyclone de Ste-Hélène (le symétrique de l’anticyclone des Açores, chez nous). Pas pour tout de suite quand même la première dep australe...

Sinon, désolés, mais on est obligé de dire qu’il fait toujours beau. Toujours chaud (mais pas trop, hein, juste comme y faut). Que le ciel est toujours bleu, et la mer aussi. Que les poissons volants, contrairement aux dinosaures, n’ont toujours pas disparu de la surface de la terre. Que le Fou de Bassan continue toujours à se rapprocher, en planant, de la chute de la grand voile. Et que de la chute de la grand voile à la marmite, il n’y a qu’un pas."

- Position à 10h00 TU 4°S / 32°53W à 7,5 nœuds à 3364M du Cap .

03 janvier

"Hier soir, pas un nuage à l’horizon, donc, quelques instants avant le coucher du soleil, Eric, en bon enfant sauvage à l’écoute de la nature, a dit : "ce soir, on va voir le rayon vert !" d’un ton qui ne prêtait pas à la discussion. Alors effectivement, j’ai vu mon premier rayon vert avec beaucoup d’émotion. Par contre, de savoir si c’était parce que l’horizon était dégagé ou parce qu’Eric l’avait commandé, ça, je sais pas...

Ensuite, on a pas très bien dormi, parce que , pour faire des essais sur le sommeil, on a échangé les horaires de nos quarts. Il va falloir quelques jours pour s’acclimater...

Au lot des surprises de la nuit, plein d’autres cadeaux venus du ciel. Un axe tombé du mât et des chiures de Fou de Bassan. Comme quoi, dans l’hémisphère Sud, le père Noël passe très en retard. On commençait à avoir peur d’être oublié.

Pour l’axe, c’est pas grave, c’est l’axe d’un chariot de latte et il suffira de profiter du petit temps d’aujourd’hui pour monter le remettre. Enfin, on a fait un atelier mécanique pour réparer le circuit de refroidissement de la mobylette (moteur).

Pour ceux qui connaissent, on a attelé la pompe de ballast au vase d’expansion d’eau de mer. L’eau passe donc dans le filtre, puis ensuite, circuit classique (pompe à eau, sans l’impeller, puis moteur). A priori, le débit de la pompe de ballast équivaut à celui normalement constaté. Que peut-il arriver si le débit est plus important (pas beaucoup plus, mais un peu ?) Merci, aux connaisseurs, de nous rassurer là dessus. Sinon, ça va, faut que ça tienne en gros 1h30 par 24h, pendant encore 10-15 jours.

Hier, on a pris notre douche hebdomadaire... sous le soleil, comme d’hab’, avec vue imprenable sur la mer...

Allez, aujourd’hui, c’est petit temps, alors hop ! dans le mât, puis après, lecture sur la terrasse, à côté de la piscine (ça, c’est rengaine !).

- Position à 13h00 TU 7°41S / 31°40W 6noeuds au 160°, à 751 milles de Isla da Trindade (voir Atlas), là où en principe, on tourne à gauche."

05 janvier

"On a fait du bateau, hier. On est des veinards, hein ? En fait, ça aurait pu être banal comme journée, mais avec mon pote on est monté sur le pont, faire des essais. Tirer un peu sur la bête, faire des essais de config. de voile, on a mis 3 minutes pour passer de grand voile haute + trinquette à grand voile 1ris + génois... pas mal, mais on a pas pu fêter ça, on a plus rien à boire qui nous fait rire !

Et la bonne nouvelle, c’est qu’on traîne pas en route, on est pas là pour cueillir les pâquerettes (on est en été nous !)... ça avance plutôt pas mal, entre 10 et 12 noeuds sur le fond, et la météo nous dit qu’on est pas prêts de s’arrêter. La température est en légère baisse la nuit, c’est beaucoup plus agréable pour dormir. Mais je vous rassure, il fait toujours 30° en journée. Par contre, toujours ce foutu courant dans le nez... on peu pas tout avoir, on est à 7 noeuds en surface.

Voilà, on sera à mi-parcours en distance aujourd’hui, on y était en temps il y a quelques jours. On est à 2818M du Cap à 11h15 TU.

- Position : 14°33S/ 29° 11W, ce qui fait par le travers de la ville de Brasilia, à 560 milles à l’est des côtes brésiliennes. Et à 350 milles au nord de l’île de Trindade.

Le routage nous prévoit une arrivée le 15 janvier...

Source Magali Jousselin



A la une