Sourire dents blanches au rendez-vous, Joé Seeten réalise une course admirable sur un bateau -comme à son habitude- remarquablement préparé. Et si Bilou devra se contenter d’une 4^e place, c’est un grand vainqueur des multicoques de classe II qui arrivera. En effet Franck-Yves Escoffier sur son Crêpes Whaou ! va remporter une superbe victoire puisqu’il aura joué pendant plus d’une semaine au contact des meilleurs 60 pieds ! Son avarie de pilote depuis trois jours l’oblige à ne quitter la barre que très peu de temps mais cela ne l’a pas empêché de conserver ses 300 milles d’avance sur la deuxième Anne Caseneuve (Yachting-casino.com). Ils sont encore 24 skippers en mer et c’est Etienne Svilarich sur son bateau de série -un Swan 441- qui ferme la marche. Il pointe à 1 815 milles de l’arrivée soit grosso-modo à la moitié de la course…

A 25 nœuds de vitesse Vitesse #speedsailing version slalom géant entre les embarcations, Lalou Roucayrol a fait preuve d’une maîtrise incroyable sur la ligne d’arrivée mouillée à l’entrée de Pointe-à-Pitre. Ambiance champ de mines sur cette ligne imaginaire qui a été coupée par Banque Populaire à 19 heures 46 minutes 00 seconde (heure TU). Banque Populaire aura donc mis 14 jours 07 heures 01 minute 00 seconde à la vitesse Vitesse #speedsailing moyenne par rapport à l’orthodromie (3 551 milles) de 10,35 nœuds. Lalou aura parcouru 4 059 milles sur l’eau soit 508 milles de plus que la route directe (orthodromie = 3 551 milles), soit une vitesse moyenne réelle de 11,83 nœuds. Lalou Roucayrol arrive donc troisième multicoque ORMA avec un écart sur le premier, Michel Desjoyeaux de 23 heures et 08 minutes. Mais beau troisième que ce Lalou qui avait un fan club aussi « bruyant » que la foule des Guadeloupéens toujours aussi nombreux pour célébrer ces héros de la course au large. « Je ne sais pas si vous avez remarqué lâche quelques minutes plus tard le Médocain de cœur, mais les trois bateaux sur le podium sont signés de trois architectes différents ! ». Bien vu Lalou, car si Géant est signé du Cabinet Marc Van Peteghem/Vincent Lauriot-Prévost, Biscuits La Trinitaine-Ethypharm est de Nigel Irens et Banque Populaire de Marc Lombard.

Autre arrivée mais cette fois ci du jour, celle de Joé Seeten sur son Arcelor Dunkerque. Le Dunkerquois a fait une course superbe, discrète mais des plus efficaces ! La preuve en est, il est le premier français du classement IMOCA Imoca #IMOCA derrière Ellen MacArthur (Kingfisher) et Mike Golding (Ecover). Il boucle cette transatlantique en 16 jours 00 heures 51 minutes et 51 secondes à la vitesse moyenne de 9,23 milles (sur l’orthodromie). Il coupe la ligne à 13 heures 36 minutes et 51 secondes TU et il faut saluer outre son grand sourire, les fameux « gens du Nord » qui avaient fait le déplacement pour accueillir le maître-voilier. En effet, canotiers et look début de siècle étaient sur le plan d’eau. Inutile de dire que cela surprend lorsque l’on se trouve dans une ambiance plutôt madras et torses nus. Chapeau, c’est le cas de le dire !

Côté arrivées, on attend aujourd’hui Roland Jourdain (Sill) qui connaît des problèmes d’énergie et avec qui nous ne pouvons correspondre et Franck-Yves Escoffier (Crêpes Whaou !). Pour le premier, saluons tout de même sa formidable remontée puisqu’après son arrêt à Porto Santo (Madère) de 12 heures, il a remonté de la 9^e place à la 4^e. Joé Seeten (Arcelor Dunkerque) aura repoussé les assauts du Quimpérois et su se placer, tel l’excellent régatier qu’il est, devant l’étrave rouge. Il aura magnifiquement géré son avance et Bilou ne pourra rester qu’impuissant.

Franck-Yves Escoffier (Crêpes Whaou !) sera indéniablement un grand vainqueur. Il a mené de barre de maître cette Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum dans sa classe. Premier, premier et encore premier de sa classe ! Le marin-pêcheur a été impressionnant jouant même dans la cour des plus grands jusqu’à l’approche des Açores. Bravo pour cet homme qui aura passé les trois derniers jours de course rivé à sa barre pour cause de panne de pilote automatique. La Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum c’est aussi cela : la formidable performance de marins quasi inconnus du grand public mais ont largement les mots pour écrire les pages d’histoire Histoire #histoire de la course au large. Il mérite sans aucune remarque l’admiration de tous…

TechnoMarine-Match TV à l’endroit !

L’autre bonne nouvelle du jour est le retournement réussi du TechnoMarine-Match TV de Stève Ravussin. A la vacation de 12 heures, Stève était encore en train de préparer le retournement de l’ex Brocéliande Foncia d’Alain Gautier : « Je suis content d’avoir retrouvé mes copains et mes frangins, et on bosse pour récupérer le bateau. Nous avons chargé environ une tonne de chaînes sur le flotteur et nous allons essayer de le remplir d’eau avec les moto pompes. Pour le moment il flotte encore trop et il faudra beaucoup le charger pour en faire couler une partie. Nous pourrons alors tracter l’autre flotteur et redresser le bateau. J’ai déjà eu une expérience de genre en redressant Primagaz qui avait chaviré dans l’Ostar 1996, mais nous l’avions redressé par l’arrière et cela avait pris six jours ! J’ai passé mes jours d’attente à bricoler, à m’astreindre à de petites tâches journalières, j’en ai profité pour couper des bouts pour empêcher le mât de cogner contre la coque, j’ai récupéré des voiles la trinquette et l’ORC ». Mais c’est donc chose faite, et Stève a remis sur pattes son trimaran qu’il va maintenant remorquer jusqu’à Pointe-à-Pitre.

Pierrick Garenne  

Gouttes de Rhum

On savait hier qu’Elie Canivenc sur Leasecom-Ymag avait percuté un OFNI (Objet Flottant Non Identifié ) et cassé son safran. Et s’il souhaitait faire route jusqu’aux Sables d’Olonne, il ne compte plus rejoindre les côtes françaises beaucoup trop loin dans la mesure où ses deux pilotes ont grillé suite à l’inondation de son compartiment arrière. Il a fait route vers La Corogne (Espagne) et y est arrivé aujourd’hui.

Week-end beaucoup plus calme pour le bateau "virtuel" de la SNSM comparé à celui des premières arrivées à Pointe-à-Pitre… Le fier vaisseau, symbole de la solidarité des gens de mer, continue d’être au large des Açores ! Sans un second souffle de générosité, il risquerait de se retrouver tanqué « chez Peter », café mythique de l’île d’Horta dans l’attente d’un vent favorable. Rallier la Guadeloupe avant la clôture de la ligne d’arrivée semble un rêve qui s’envole, mais tout est encore possible et pour cela il suffit de taper www.10metre1euro.org. Sa dernière position au 25 novembre 2002 à 07h00 était 39°50 N et 20°50 W soit à 790 nautiques de Saint-Malo.  

Classement scratch Basse-Terre- ligne d’arrivée

Depuis la première édition, cette course dans la course, initiée par la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Guadeloupe qui la dote d’un total de 20 000 euros, est très prisée des skippers. Voici le classement, forcément provisoire, après l’arrivée des six premiers. La distance de ce parcours est de 25,4 milles et deux classements existent : monocoques et multicoques (sans distinction de classe).

Classement multicoques :
 1 Banque Populaire en 2 heures 05’ 59’’
 2 Géant en 2h 19’ 21’’
 3 La Trinitaine-Ethypharm en 2h 22’ 54’’

Classement monocoques :
 1 Kingfisher en 4h 02’ 00’’
 2 Ecover en 4h 16’24’’
 3 Arcelor Dunkerque en 4h 08’ 24’’    

En direct du Rhum

 Elie Canivenc (Leasecom-Ymag) : « Pour moi, ma Route du Rhum a plus ressemblé à un Tour de France à la Voile ! »

 Franck-Yves Escoffier (Crêpes Whaou !) : « Drôle d’anecdote quand même ! Sill (Roland Jourdain) a été le dernier bateau que j’ai quitté à Fréhel. Ensuite je suis passé juste derrière lui au large de Ouessant. Nous étions bord à bord hier et maintenant il sera dans la Darse quelques heures avant moi… »

 Luc Coquelin (Florys) : « Le parcours côtier est une façon de bien terminer la course ! Le problème est qu’il faut bien arriver c’est à dire éviter la nuit et surtout les grains qui peuvent te faire terminer le parcours au près. Et ça, ce n’est pas sympa du tout ! »

 Hervé Cléris (Vaincre la Mucoviscidose) : « Cela glisse tout seul. Cette nuit il y a eu énormément de grains avec pas de vent dessous mais que de la flotte… Le bateau est rincé à l’eau douce entièrement. Depuis quelques jours maintenant j’essaye de prévoir mon ETA (heure estimée d’arrivée) sur Pointe-à-Pitre. Je pense y arriver mercredi… »

 Claude Thellier (Archipel Guadeloupe) : « J’ai cassé ma drisse de grand-voile, j’ai entendu un bruit et j’ai retrouvé ma grand voile sur la bôme, mieux ferlée qu’au port !... J’ai essayé de grimper au mât, mais passé le deuxième étage de barre de flèches c’est un peu scabreux. J’ai fait un bricolage en passant par le réa de balancine, et j’espère que ça va tenir si on ne navigue qu’au portant. Du coup je porte un grand spi et deux ris, et j’avance à 9 nœuds par 13-14 nœuds de vents ».

 Didier Munduteguy (60^e Sud) : « Je suis assez fatigué, pas moralement, mais éprouvé physiquement, chaque mouvement est un effort. J’ai énormément donné, et je me rends compte que ma préparation physique était insuffisante ».

 Bob Escoffier (Adecco Etoile Horizon) : « Je viens d’avoir, mon neveu (Clément Surtel) au téléphone, mais je n’ai pas beaucoup de nouvelles de la course. Autrefois avec la BLU on pouvait écouter les autres concurrents, aujourd’hui avec le téléphone satellite on n’a pas de nouvelles, il paraît que c’est le modernisme... ».

 Jérôme Thiriez (Passion Entreprendre) : « J’ai encore cassé une drisse de spi et il ne m’en reste plus qu’une. Je ne suis pas encore sur le Boulevard des Alizés. Pour l’atteindre, il faut descendre Sud, mais ça ne rapproche pas de la Guadeloupe... Alors on refait de l’Ouest et on est de nouveau coincé... La mer, c’est une école de calme ».

 Patrick de Radigues (Garnier Belgium) : « J’ai déchiré mon génois, j’enroule et je déroule sans arrêt le genaker. Je souhaitais figurer dans les 5 premiers, pour le moment je suis 6^e et ce n’est pas trop mal ».

 Miranda Merron (Un Univers de Services) : « En voulant mettre mon genaker hier je me suis rendue compte qu’il y avait toute une partie qui n’avait pas été cousue par la voilerie. Aussi, j’ai passé mon après-midi d’hier à tout recoudre ! C’est fini et maintenant je peux naviguer normalement dans les alizés, sauf la nuit où je l’affale pour ne pas le déchirer dans un grain que je ne verrai pas ! »

 Mike Birch (Tir Groupé-Montres Yéma) : « Tout se passe bien sur mon bateau ! Je navigue à mon rythme, barre et dors bien. Tout se passe bien ! Oui pas problème pour la vacation de demain, je devrais normalement être là ! (rires) ».