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Route du Rhum • Point course

Michel Desjoyeaux file à grand vitesse vers la deuxième place

Franck-Yves Escoffier quatrième toutes classes confondues

mardi 19 novembre 2002Information Route du Rhum

Il prend diablement ses aises ce satané anticyclone des Açores ! Il s’étend presque majestueusement sur les photos satellites sur 1 000 milles soit 1 800 kilomètres de large et barre une bonne partie de l’Atlantique du Nord au Sud. Et si pour les premiers c’est de l’histoire Histoire #histoire ancienne, pour d’autres il commence à hériter de sales noms d’oiseaux. Il faut dire que certains comme Lalou Roucayrol (Banque Populaire) assistent impuissants au retour vitesse Vitesse #speedsailing grand V de Michel Desjoyeaux (Géant) qui devrait lui chatouiller sa deuxième marche du podium en fin de journée aujourd’hui. Lalou est bloqué et navigue lentement, trop lentement, bloqué dans cette dorsale de hautes pressions qui n’arrête pas de bouger et de prendre ses aises. Pendant ce temps-là, Stève Ravussin sur son TechnoMarine-Match TV glisse vers la Guadeloupe bâbord amure. Il fait un bord direct vers les Antilles, reste vigilant et commence à trouver que son téléphone ressemble trop à un standard ! Pendant ce temps là, Ellen MacArthur (Kingfisher) et Mike Golding (Ecover) poursuivent leur collé-serré alizéen. Un pas de danse à coups d’empannages pour chercher à contrôler l’un ou pour mieux chercher à quitter l’autre.

Le Malouin mangeur de crêpes réalise la grande performance de cette Route du Rhum avec son trimaran de 15 mètres
Photo : G.Martin-Raget/Promovoile

Conditions de navigation : Vent Nord-Est de 20 nœuds pour les premiers avec passages de grains à 25/30.

Vigilant le Suisse en ce moment. Stève Ravussin sait que tout peut encore arriver, surtout dans ces alizés tendance musclés où le moindre enfournement sous genaker et grand voile un ris peut transformer son TechnoMarine-Match TV en siège à bascule : « j’ai 28 à 30 nœuds de vent en ce moment et le bateau va assez vite. Je fais un long bord vers la Guadeloupe et ne pourrait avoir à empanner qu’à l’approche de l’île maintenant ». Appuyé sur son flotteur privé de son foil Foil #foil , Stève redouble d’attention : « Mes flotteurs sont moins volumineux que ceux des trimarans plus récents et ils ont tendance à enfourner. Aussi, j’ai mis un peu de ballast pour l’appuyer sur les fesses ». A 80% du potentiel de vitesse Vitesse #speedsailing du bateau, Stève cherche avant tout à contrôler la situation et avoue franchement qu’il ne navigue pas comme à son habitude lorsqu’il a la barre aux dents et tire sur les bateaux.

Il est vrai que rien ne peut l’inciter à le faire. Il compte 613 milles d’avance sur le deuxième, Lalou Roucayrol, et vient de passer ce midi la barre des 1 000 milles restants à courir. « Je pense que mon arrivée est pour jeudi soir ou vendredi matin » conclue-t-il. Son de cloche que l’on imagine différent sur Banque Populaire de Lalou Roucayrol. Et là où TechnoMarine-Match TV navigue à 23/24 nœuds, Banque Populaire se déhale à 8/9 nœuds dans des vents de face. Comme beaucoup il a été pris dans les « filets dérivants » de cet anticyclone des Açores qui s’étend, voir même, en rejoint un autre calé plus au Nord-Ouest. « J’avais une chance sur quatre que cela se passe comme cela… c’est pour moi » avait-il lâché à la vacation de 4h30 ce matin.

Mais s’il ne peut qu’applaudir la performance de Stève Ravussin, il guette du coin de l’œil la progression de Michel Desjoyeaux sur ce Géant dont le nom va décidément bien au « professeur » comme on le surnomme. Géant file entre 18 et 22 nœuds sous genaker grand voile haute et la motivation du Mich’Dej’ est intacte : « C’est bien l’objectif de rattraper Banque Populaire ! Je suis actuellement à l’intérieur sous pilote avec les deux écoutes à portée de main au cas où, car plus on avance et plus les grains sont musclés. Et il ne s’agit pas de se laisser surprendre par la mobylette ! ». A midi ce jour, Géant compte 105 milles de retard sur Banque Populaire. Qu’en sera-t-il ce soir ? Nul doute qu’à cette vitesse Vitesse #speedsailing , Michel devrait croquer Lalou dans une dizaine d’heures maintenant… De son côté, Biscuits La Trinitaine-Team Ethypharm de Marc Guillemot a touché du vent et glisse cap au 227 à près de 15 nœuds de moyenne. Marco pointe à 257 milles de la troisième position tenu par Michel Desjoyeaux ce jour.

Côté monocoques, la lutte est toujours aussi chaude entre Ellen MacArthur (Kingfisher) et Mike Golding (Ecover). Les écarts varient entre 15 et 4 milles depuis le petit matin et la lutte se conjugue à coups d’empannages. Ellen a enfin quitté la bordure Sud de l’anticyclone et a plongé dans le chaudron alizéen. Sa manœuvre était claire : profiter le plus longtemps possible du flux plus Est de l’anticyclone pour se décaler vers l’Ouest afin d’avoir à faire le moins d’empannages possibles par la suite. Elle croise devant Mike au dernier pointage et sa manœuvre dans le mât d’hier n’est plus que du passé.

De son côté Mike Golding (Ecover) enchaîne les empannages. Seul petit souci, il a explosé un spi tout neuf -son « stomper »- hier mais cela ne nuit pas au moral toujours au beau fixe. Côté 3e place du podium, la lutte est chaude même si Joé Seeten (Arcelor Dunkerque) a plongé au Sud pour se recaler sur la route de Roland Jourdain (Sill). « Ce Joé, c’est bien mon souci du moment lâche Bilou (Roland Jourdain) ce midi. J’entame une course de vitesse avec lui mais avec 120 à 130 milles de retard sur le marin. J’ai fait un départ au tas cette nuit où je me suis retrouvé avec le bateau couché à 45°. Je me suis réveillé lorsque le clavier de l’ordinateur m’est passé sur le nez ! ». Nouvelle communication Communication #Communication avec Mike Birch sur Tir Groupé-Montres Yéma. L’homme a toujours autant de thé en stock pour passer le temps dans l’attente des alizés mais avoue clairement de pas vouloir entendre parler des leaders au classement. « Je n’ai pas de classements, puis-je les connaître ? » demande-t-il à la vacation. « Stop ! Je ne veux pas savoir où sont ceux qui sont trop devant moi… » ponctue-t-il d’un petit rire !


« A mon triste regret, je vous annonce officiellement le retrait de la course du bateau Bonduelle. A bientôt, Jean Le Cam ». C’était hier soir, mardi 10 novembre à 19h05 précises, que Jean a envoyé cet e-mail au Comité de Course de la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum . On peut dire que Jean l’a avoué presque sous la torture cet abandon ! Il poursuit : « La fissure dans le bras avant est importante, on pourrait s’y glisser à l’intérieur. La collision de nuit avec Groupama, retourné sur ma trajectoire, était un petit choc, presque amical. La partie endommagée n’était pas un élément structurel. Evidemment, je suis déçu mais dans notre malheur, il y a du positif, on a pu ramener le bateau en sécurité ».

C’est hier soir que Karine Fauconnier a mis pied à terre à Funchal (Madère), trois jours et demi après la rupture du flotteur tribord de Sergio Tacchini qui avait entraîné son démâtage. Secouru par Bob Escoffier sur son Adecco Etoile Horizon, Karine compte rejoindre la France dans le courant de la journée de demain soit mercredi en fin de journée. Vers 1h30 ce matin, c’était au tour de l’équipe technique, partie à bord d’un remorqueur à la recherche du trimaran, de toucher terre. Sergio Tacchini a trouvé place au port de Porto Santo (situé sur une autre île de l’archipel). Les manœuvres de port ont été facilitées par l’aide de l’équipe technique du trimaran Foncia d’Alain Gautier, déjà à quai.

Un autre oiseau blanc avait été touché par les débuts de la marée noire occasionnée par le naufrage du pétrolier géant, le Prestige, au large du Cap Finisterre. En effet, Georges Leblanc sur son Ciments St-Laurent Océan connaissait nombre de problèmes électriques après avoir traversé dans la nuit de samedi à dimanche une nappe de pétrole et subit l’assaut d’embruns huileux qui avaient maculé tout le bateau. Il a réussi à, globalement, tout nettoyé et surtout à faire fonctionner son électronique.

Il était 9 heures ce matin lorsque Eure & Loir-Lorénove de Francis Joyon est entré dans le port de La Trinité-sur-Mer. Remorqué par le chalutier breton Eric Vincent, c’est ce dernier qui l’a remis également à l’endroit dans le courant de la journée de dimanche. C’est dans des conditions de mer et de vent très difficiles -6 mètres de creux et 25 nœuds de vent- que Francis Joyon, Christophe Houdet, Loïc Quello et les membres d’équipage du chalutier ont commencé l’opération de retournement. Ils ont dû plonger plusieurs fois pour passer les aussières nécessaires au bon déroulement de l’opération. « Dans cet enchevêtrement de bouts de mât cassés et de cordages, le pneumatique ne pouvait pas accéder aux zones les plus difficiles. Nous étions donc dans l’eau la plupart du temps explique Francis. A midi nous avions fini. Quatre heures seulement pour ce genre de manipulation, c ?est vraiment exceptionnel ! Même s’il a fallu ensuite et pendant plus de 8 heures, vider les 20 tonnes d ?eau du bateau que nous avions immergé en parti pour l’aider à se retourner ».

Alain Grinda (Fantasy-Forest) vient de quitter Concarneau et reprend la course ce jour.

Pierrick Garenne


  Stève Ravussin (TechnoMarine-Match TV) : « En fait j’estime avoir fait environ 40 heures de près soit 350 milles dans cette Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum  »

- Patrick de Radiguès (Garnier Belgium) : « J’espère avoir choisi la bonne option en descendant plein Sud. Je pense que je vais revenir rapidement dans la course dès que je mettrai le cap à l’Ouest. Mon objectif est d’arriver et si possible dans les cinq premiers ! »

- Mike Golding (Ecover) : « Le vent est monté pendant la nuit et j’ai éclaté mon Stomper (nouveau spi qu’il sortait pour la première fois). L’autre spinaker va bien aussi, donc c’est bon. J’ai eu vraiment une nuit chargée mais j’ai réussi à bien m’organiser pour prendre du repos. C’est vraiment une belle journée et je suis très content de naviguer au portant. Autrement je suis à la barre tout le temps. Comment est la Guadeloupe ? J’ai vraiment hâte d’y être pour voir à quoi cela ressemble ! »

- Roger Langevin (Branec III) : « Ce fichu anticyclone qui se déplace Sud-Ouest, puis Nord-Ouest puis devient stationnaire nous complique bien la vie. Et la stratégie fait fumer le cerveau puisque je suis en même temps routeur, météo, décideur, pilote et marin. Mais ceci dit c’est cela qui est passionnant pour un amateur qui part a la conquête de je ne sais quoi... »

- Franck-Yves Escoffier (Crêpes Whaou !) : « J’ai eu une amputation du petit doigt en allant à la pêche au casier (ndlr : Franck-Yves est pêcheur professionnel). Et là, j’ai du mal à fermer la main droite, il y a des craquelures et cela suppure. Mais cela va bien autrement, il n’y a pas de problème ! »

- Didier Munduteguy (60e Sud) : « J’étais à 50 milles derrière Joé Seeten et la porte s’est refermée juste devant moi. Lui il a attrapé les alizés et moi je me suis fait prendre par l’anticyclone. C’est un peu rageant mais c’est cela aussi la voile… »

- Roland Jourdain (Sill) : « Je vais me plaindre au Tour-Operator aujourd’hui. Il n’y a pas de soleil, le vent n’est pas régulier… Ce n’est absolument pas le cliché que l’on a des alizés ! »

- Clément Surtel (Laiterie de Saint Malo) : « Je vide 100 litres d’eau toutes les quatre heures à peu près. J’ai une fissure sur le ballast de 15 centimètres et une petite fissure au puits de dérive. Je vais tenter d’assécher tout cela et de réparer aujourd’hui. Je commence à en avoir marre de l’humidité ! »

- Miranda Merron (Un Univers de Services) : « Je suis à 60° de la route directe en ce moment et suis toujours à la recherche des alizés. Tu te dis que c’est pour demain… mais cela fait deux jours que je me dis cela ! »

- Pierre-Yves Guennec (Lehning-Lapeyre/LPP Balnchet Gourbeyre) : « C’est vrai que j’étais un peu sous-marin la première semaine. J’ai gardé ma combinaison de survie pendant plusieurs jours. Moi, je navigue avec une bonne carte papier et une règle Cras. Je n’ai pas d’électronique du tout ! »    


CLASSEMENT 19/11/02 15:00:00 GMT

Multicoques 60 ORMA
- 1 ;TechnoMarine ;Steve Ravussin ; 925.0
- 2 ;Banque Populaire ;Lalou Roucayrol ; 1569.4
- 3 ;Géant ;Michel Desjoyeaux ; 1641.6
- 4 ;Biscuits La Trinitaine - Ethypharm ;Marc Guillemot ; 1882.1

Monocoques 60 IMOCA
- 1 ;Kingfisher ;Ellen McArthur ; 1125.9
- 2 ;Ecover ;Mike Golding ; 1150.3
- 3 ;Arcelor-Dunkerque ;Joé Seeten ; 1565.4
- 4 ;Sill ;Roland Jourdain ; 1695.3
- 5 ;60e Sud ;Didier Munduteguy ; 1854.0
- 6 ;Garnier Belgium ;Patrick De Radiguès ; 1968.1
- 7 ;Millimages-Gédéon ;Patrick Favre ; 2079.1
- 8 ;Un Univers de Services ;Miranda Merron ; 2100.8
- 9 ;Tir Groupé-Montres Yéma ;Mike Birch ; 2174.9
- 10 ;Dinan Pays d’Entreprises ;Frédéric Lescot ; 2253.1
- 11 ;Ciments St Laurent-Ocean ;Georges Leblanc ; 2344.7
- 12 ;Leasecom / Ymag ;Elie Canivenc ; 2042.4
- NL ;L’Heautontimoroumenos ;Antoine Koch

Monocoques Classe 1
- 1 ;Ville de Dinard ;Bruno Reibel ; 2391.3

Monocoques Classe 2
- 1 ;Ashfield Healthcare ;Nick Moloney ; 1957.0
- 2 ;Florys ;Luc Coquelin ; 2013.6
- 3 ;Mille Visages ;Hervé Vachée ; 2015.7
- 4 ;Branec III ;Roger Langevin ; 2028.6
- 5 ;Laiterie St Malo ;Clément Surtel ; 2184.6
- 6 ;Adecco Etoile Horizon ;Bob Escoffier ; 2614.2

Monocoques Classe 3
- 1 ;Storagetek ;Regis Guillemot ; 2017.0
- 2 ;Passion Entreprendre ;Jérôme Thiriez ; 2303.2
- 3 ;Grain de Soleil ;Etienne Svilarich ; 2346.3
- 4 ;Fantasy-Forest ;Alain Grinda ;3445.0

Multicoques Classe 2
- 1 ;Crepes Whaou ! ;F. Y. Escofier ; 1433.3
- 2 ;Yachting-casino.com ;Anne Cazeneuve ; 1714.3
- 3 ;Archipel Guadeloupe ;Claude Thelier ; 2065.9
- 4 ;Vaincre la mucoviscidose ;Hervé Cleris ; 2069.2
- 5 ;Lehning-Lapeyre-Blanchet-Gourbeyre ;P.Y. Guennec ; 2340.6



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