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Route du Rhum

Il faut sauver Fuji !

Loïck Peyron : "je vais chercher mon bateau"

samedi 16 novembre 2002Redaction SSS [Source RP]

A bord du cargo russe Sun Maria qui l’a récupéré hier matin, Loïck Peyron organise le rapatriement de son trimaran Fujifilm. Débarquant cette nuit aux Açores, le skipper s’envolera ensuite vers Lisbonne, avant de rallier Vigo et d’embarquer sur un remorqueur en compagnie de membres de son équipe technique. "Fujifilm dérive à 2 ou 3 nœuds dans la bonne direction, et sera à environ 100 milles de Vigo lorsque nous appareillerons… Cela se présente plutôt bien", précise Loïck, impatient de retrouver ce "bébé" sur lequel toute l’équipe Fuji a tant travaillé.

On le reconnaissait à ses foils courbes... Le trimaran Fujifilm va être récupéré par son skipper

"L’ambiance est super à bord, lance le skipper joint ce soir au téléphone, même si cela gîte beaucoup, il reste une très grosse mer et je vois bien que les gars ne sont pas rassurés ! Il faut dire que dans le coin, il s’est passé des trucs énormes ces derniers jours, et lorsqu’on sort un peu du contexte de la course, on s’aperçoit vite qu’il n’y a pas que les bateaux du Rhum qui ont souffert… La situation est quand même assez incroyable, et aucun modèle n’annonçait ça. L’état de la mer a été dingue, je n’avais jamais vécu les conditions que je viens de subir ces derniers jours. J’ai été victime de ce que les anglais appellent une "Rogue Wave", une vague scélérate… On ne contrôle pas la mer, mais on a beau savoir ça, elle se charge de nous le rappeler quand même ! Et à quel prix… Cela dit aujourd’hui, on peut en parler facilement car il n’y a pas eu de drame humain, c’est juste du carbone cassé."  

"On sait depuis 20 ans que le flotteur au vent est le talon d’Achille des trimarans, car lorsqu’ils sont hors de l’eau, ils ne sont pas soutenus : s’il y a un choc, ils entrent en vibration et ils peuvent casser - on a conscience de ça, c’est pourquoi on les conçoit avec des marges de tolérance énormes, mais ça ne nous met pas à l’abri des phénomènes exceptionnels, la preuve. Fondamentalement, les bateaux sont structurellement costauds, et d’ailleurs Marc Guillemot a strictement les mêmes flotteurs que ceux de Fujifilm, et il est encore en course. Je me poserais peut-être des questions si cette aventure Aventure m’était arrivée avec un bateau sorti du chantier 2 mois plus tôt, mais là je n’ai aucun doute sur le travail réalisé tant par l’architecte, le constructeur ou l’équipe qui n’a cessé de l’améliorer. Fujifilm a 10 000 milles, dont la plupart ont été parcourus ’à l’attaque’, je pense à la Course des Phares, par exemple ! Ce début de Rhum n’a fait que renforcer ma conviction : ce bateau est intelligent et parfaitement bien fait - il a simplement été victime d’une conjonction d’événements néfastes, et ce n’est pas le seul dans les environs ces derniers jours, loin de là".

"Je suis en route pour récupérer Fujifilm, et on continuera à le faire progresser. J’ai très envie de renaviguer, c’est tellement fascinant de mener ces engins ! Il y a des milliers d’années que les bateaux vont sur la mer et écrivent de belles histoires… Il faut en écrire d’autres, avancer, travailler, car si les marins n’étaient pas là pour améliorer leurs bateaux, on traverserait toujours l’Atlantique sur des Santa Maria".

Information Windward / http://www.loickpeyron.com



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