Ici à Newport, les derniers préparatifs battent leur plein, troublés néanmoins par les conditions météos très ventées causées par le passage au large d’une dépression tropicale Gustav. On a mesuré jusqu’à 53 noeuds dans le port et les pontons flottants prenaient l’allure de mini montagnes russes.

Parmi les concurrents, le contraste est saisissant : certains bateaux sont de vériables enseignes commerciales alors que d’autres ont leur coque vierge d’autocollants, faute d’avoir trouvé un sponsor. Sur certains bateaux s’affairent une équipe de professionnels alors que sur d’autres ce sont des amis qui sont venus donner le dernier coup de main. On sent vraiment que dans cette course se cotoient deux mondes très différents, non pas dans l’esprit mais surtout dans les moyens : les amateurs purs, présents sur la ligne de départ au prix de grands sacrifices financiers (on parle même sur les pontons qu’un skipper aurait obtenu de son ex-femme un prêt de US$ 50’000 pour préparer le bateau !) et les teams professionnels qui se déplacent avec leur équipe d’assistance et leur container autour du monde.

Parmi les favoris de la course dans la catégorie reine des 60 pieds, reviennent sur toutes les lèvres les noms du Suisse Bernard Stamm (Groupe Bobst Armor Lux) sur son plan Rolland très puissant et le seul français en lice, Thierry Dubois sur Solidaires, un plan Nivelt. Parmi les outsiders, Graham Dalton sur le dernier né des 60 pieds Open, Hexagon, une version « turbo « de Kingfisher mais qui part avec un très gros handicap de 60 heures de pénalité sur la première étape. Une pénalité due à son arrivée tardive à Newport en raison d’un démâtage survenu au début de sa traversée pour se rendre au départ. Bien que le classement de cette édition d’Around Alone se fasse aux points et non au temps, on peut d’ores et déjà dire que la première étape semble « grillée » pour Graham et il lui sera difficile de revenir dans la course pour la victoire finale.

Autres outsiders, l’italien Simone Bianchetti sur le plan Lombard Tiscali (ex Whirlpool de Catherine Chabaud) et Patrick de Radigues sur Garnier (ex-Aquitaines innovations de l’extra-terrestre Parlier). Seul skipper à ne pas avoir un bateau dessiné par un européen, Bruce Schwab sur Ocean Planet, part lui sans sponsor et en n’ayant toujours pas réuni le budget pour finir la course. Son bateau se démarque franchement des autres 60 pieds Open par son bau réduit et son mât aile dépourvu d’haubannage latéral. Et finalement, la plus jeune skipper et la seule femme de l’épreuve, l’écossaise Emma Richards sur Pindar, un plan Finot (ex Gartmore). Une participation tardive annoncée seulement en juilllet, mais un team complet à l’anglo-saxonne pour préparer le bateau devraient permettre à cette jeune fille d’en étonner plus d’un.

En classe II, un skipper et son bateau sortent nettement du lot : l’américain Brad Van Liew, le seul à avoir déjà participé une fois à cette course. Son 50 pieds Tommy Hilfiger Freedom America (ouf...) est un plan Finot qui avait fini 2^e il y a 4 ans. Toujours en 50 pieds, on trouve un canadien et le vétéran de cette épreuve, John Dennis, qui à 57 ans a aussi la particularité d’être diabétique. Puis Tim Kent, sur Everest Horizontal, représente véritablement l’esprit « Around Alone » qui est un peu l’esprit « Mini » au carré. Sa coque est totalement blanche, il ne possède pas de sponsor principal, il a hypothéqué sa maison, il est criblé de dettes, sa femme et ses filles vendent des t-shirts sur les pontons, bref, pour Tim, c’est déjà un véritable exploit que d’être aujourd’hui sur la ligne de départ.

Dans la « sous-catégorie » des 40 pieds, le combat sera très intéressant car 3 nouveaux bateaux ont été construits en prévision de cette course. Le Japonais Kojiro Shiraishi, sur Spirit of Yukok ( le premier japonais à avoir participé à Around Alone) possède un Open 40 du groupe Finot. Même si ce dernier n’a pas été conçu spécialement pour cette course car il s’agit d’une version « équipage » avec deux barres à roue, cuisine etc ), il sera intéressant de voir ses performances. Koshiro a convoyé le bateau seul depuis le Japon cet été, il connaît donc déjà bien le bateau !!!

Le bermudien Alan Paris sur BTC Velocity chevauche lui un plan Jutson qui est le bateau le plus étroit de la flotte. A surveiller donc particulièrement sur la deuxième étape avec le franchissement du pot au noir ! Et son ami Derek Hartfield, contre qui il courrait déjà lors de la régate en solitaire Bermuda 1-2 (Newport-les Bermudes), a contruit soi-même son bateau de a à z dans un hangar sur la côte est canadienne. C’est le seul Open 40 à avoir une quille basculante, les deux autres bateaux possédant une quille fixe et des ballasts latéraux.

Votre serviteur ayant trouvé une place à bord d’un de ces bolides des mers, ne manquez pas de suivre le compte rendu du Prologue vécu de l’intérieur, samedi sur seasailsurf.com !!!