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Mini 6.50 Des Pieds et Des Mains

Alix Jaekel : "Qu’on soit handicapé ou valide, il y a de la place pour tout le monde !"

jeudi 7 mars 2024Redaction SSS [Source RP]

Alix Jaekel, finaliste de la sélection "Handi(cap) sur la Mini Transat 2025", organisée au printemps 2023 par Des Pieds et Des Mains, va prendre la barre du Mini 6.50 aux couleurs de l’association, créée en 2005 par le skippeur handisport Damien Seguin. Elle succède à Benoit David, le navigateur unijambiste vainqueur de la sélection, finalement contraint de se retirer du projet.

"C’est une histoire Histoire #histoire de planètes mal alignées." C’est par ces mots que Benoit David, amputé d’une jambe à l’âge de 19 ans, justifie son retrait du projet soutenu par la Fondation d’entreprise OCIRP. "Une décision très difficile à prendre" pour cet homme engagé, fondateur de l’association "Marcher sur l’eau" - une école de voile handivalide -, qui rêvait d’être à la barre de "ce projet extraordinaire, porté par une association qui l’est tout autant". Avec elle, le Varois comptait bien faire tomber les barrières du handicap, comme il l’a toujours fait. Mais la réalité l’a rattrapé, non sans regrets, mais sans remords : "Je souhaite bon vent à l’association et à Alix (Jaekel) qui, j’en suis persuadé, sera une super ambassadrice pour Des Pieds et Des Mains. C’est une navigatrice talentueuse et surtout une personne qui saura porter les valeurs prônées à travers ce beau projet."

"Semer des graines dans notre sillage, quelles que soient nos différences"

C’est donc Alix Jaekel, deuxième de la sélection handivalide, qui remplace Benoit David au pied levé. Elle sera investie d’une mission, chère à l’association Des Pieds et Des Mains : "Faire voler en éclats les préjugés sur le handicap par une pratique mixte de la voile". Et incarnera une ambition commune avec la Fondation d’entreprise OCIRP, pour que chacun puisse se construire dans un environnement Environnement accessible à tous, qui s’adapte aux différences. La jeune femme, âgée de 35 ans, se dit "motivée comme jamais" pour défendre cette cause qui lui tient à cœur. Et qu’importe si elle n’est pas elle-même en situation de handicap, bien au contraire : "On ne doit pas attendre d’être personnellement touché par le handicap pour s’en préoccuper, explique la skippeuse, qui a récemment débuté les entraînements au Centre d’Excellence de Voile (CEV) de La Rochelle. L’inclusion ça nous concerne tous. Qu’on soit handicapé ou valide, il y a de la place pour tout le monde ! J’ai envie de partager cette vision, sans avoir la prétention de parler "au nom de...". Et la voile est un sport génial pour ça. C’est un support réjouissant pour mettre en lumière ces sujets. Symboliquement pour certains et concrètement pour d’autres, on va pouvoir embarquer plein de monde avec nous. Tous ensemble, on va partager une belle aventure Aventure et semer des graines dans notre sillage, quelles que soient nos différences". Pour faire changer le regard sur le handicap et renforcer la mixité, dans le monde de la voile et la société par ricochets.


Alix Jaekel et la voile : coup de foudre à Brighton

Alix Jaekel est née et a grandi à Paris, loin des plans d’eau. Rien ne la prédestinait donc à faire de la voile son métier. C’est à Brighton, sur la côte sud de l’Angleterre, où elle a débarqué pour poursuivre une jeune carrière de communicante, qu’elle a finalement découvert la navigation, sur le tas et sur le tard, à l’âge de 30 ans. Et en embarquant sur des voiliers de propriétaires qu’elle a tiré ses premiers bords, non sans appréhension : "J’avais peur de l’eau ! Pourtant, très vite, j’y ai pris goût. La voile et moi, ç’a été un coup de foudre !" À bord, elle s’est dévoilée, a beaucoup appris sur elle, réalisant des choses qu’elle pensait jusque-là impossibles. "C’est comme si j’avais découvert un autre monde, dans lequel j’avais des super pouvoirs, décrit Alix Jaekel. Une découverte trop folle pour la garder pour soi !" Alors après deux ans de régates côtières et hauturières outre-Manche (Round the Island, Cowes Week, Transmanches, Régates du RORC…), elle se dit maintenant "prête à transmettre ces super pouvoirs à un public qui ne s’imagine pas en avoir !"

Employée d’une voilerie dirigée par Xavier Dagault - navigateur atteint d’une sclérose en plaques, accompagné il y a quelques années par… Des Pieds et Des Mains ! - Alix Jaekel, titulaire d’un CQP "initiatrice voile habitable", ne manque jamais une occasion d’embarquer : convoyages, régates, entraînements… Récemment, elle a aussi participé à l’expédition Via Sedna, entre terre et mer. Avec un équipage 100% féminin, elle a vogué pendant trois mois jusqu’aux montagnes du Groenland. "Naviguer en équipage c’est une expérience humaine très forte, mais aujourd’hui je suis attirée par le solitaire", confie la Rochelaise. Un faux solo. Car pour elle, la Mini Transat, l’objectif ultime du projet à l’horizon 2025, "c’est LA course où on n’est jamais seul." Celle sur laquelle elle emportera un océan d’espoir dans son sillage. Celui de millions de personnes en situation de handicap.



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